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Classons...


Je pense que je vais en décevoir certain(e)s, mais je ne peux vous cacher qu'hier soir, j'ai commis l'erreur de m'avachir dans mon beau canapé rouge tout neuf pour contempler le triste spectacle de notre télévision de service public. Je dis bien erreur car avant même de regarder la boîte à images, je savais à quoi m'attendre et pourtant, dans un élan de masochisme incontrôlé, je me suis laissé aller...
Puissiez-vous me pardonner ! Juste une circonstance atténuante néanmoins : je n'ai pas été capable de regarder la chose jusqu'à sa fin tardive, faut quand même pas exagérer.
Résumons les faits : France 2 nous avait délégué deux officiants, Michel Drucker (le gentil Michel Drucker, n'oublions jamais que Michel Drucker est gentil) et Thierry Ardisson (pauvre Ardisson, pitoybale, qui se croyait obligé de ponctuer chacune de ses interventions d'une lourde vanne généralement localisée au niveau de la ceinture) pour commenter les résultats d'un classement des 100 plus grandes personnalités de l'histoire de France, sur la base d'une enquête menée auprès d'un échantillon de 1038 personnes, soi-disant représentatives de l'ensemble de la population française. Tout ce monde était confortablement installé au Sénat, en présence d'un public composé de différentes sommités (Yves Duteil, David Douillet notamment) venues là en leur qualité d'experts pour apporter leurs commentaires éclairés.
Une première question me taraude néanmoins : où donc étaient passés Jean-Luc Delarue (et son oreillette, ses fiches, son stylo, son débit), Laurent Ruquier (et ses tristes calembours permanents) et Daniela Lumbroso (déléguée à la culture de France 2) ? pourquoi nous avoir privé de leurs bons services ?
Je m'égare... ainsi donc, au gré des heures (à 23h30, ce n'était pas fini, va savoir jusqu'où les courageux téléphages ont dû veiller...), on nous a expliqué qui comptait vraiment dans l'histoire de notre beau pays, la FRANCE !!! Je ne vous garantis pas une restitution fidèle de cette momentable soirée mais, entre deux accès de somnolence (Les Inconnus avaient inventé une expression qui me plaît beaucoup : une boulimie de nonchalance), un oeil fermé, l'autre à moitié ouvert, je crois avoir retenu l'essentiel : Michel Sardou, Raymond Poulidor, Renaud, Francis Cabrel, Michel Sardou, Aimé Jacquet, Patrick Poivre d'Arvor et... Michel Drucker himself !
J'exagère ? Oui, incontestablement puisqu'entre ces personnalités essentielles s'étaient glissées quelques erreurs de casting comme Vercingétorix, Clémenceau, Jeanne d'Arc, Jean Renoir, Claude Monet, Emile Zola, Simone Veil, Jean Racine, Jean Moulin et quelques autres dont l'influence est, on le sait, mineure dans la vie de l'Hexagone depuis des siècles.
Forcément, au bout d'un certain temps, on craque et l'on se dit que si l'échantillon est vraiment représentatif, alors nous, braves Français, avons une perception de notre histoire pour le moins incongrue, qui vous fait privilégier le présent, le futile, l'accessoire au détriment de ceux qui ont été de véritables forces d'impulsion à travers l'histoire. Non pas que ces derniers se soient trouvés absents du classement, mais bien trop largement sous-représentés au regard des chanteurs de variété et des sportifs par exemple. Je ne sais plus qui, à un moment, a dit que la présence de ces derniers était importante parce qu'ils "faisaient rêver". Ah oui ? Est-ce qu'ils ne contribueraient pas un petit peu aussi à l'endormissement général ? Non ? Ah bon, pourtant, il m'avait semblé...
Et puis, à quoi bon un classement ? On veut quoi à la fin ? A quoi tout cela peut-il bien servir, en dehors d'occuper une soirée entière de télévision ? Je cherche la réponse à cette question, mais je ne trouve pas, j'imagine que cette statisticomania doit bien répondre à un besoin profond chez nous, une nécessité de mettre en ordre le brouillard des pensées de nos contemporains, peut-être est-ce que bon nombre d'entre nous trouvent ces palmarès rassurants...
Alors j'ai tout stoppé, ma patience a tout de même des limites, et je me suis mis "Le pas du chat noir", le très beau disque d'Anouar Brahem, entre les oreilles...
Dommage qu'il ne soit pas français, celui-là, je l'aurais bien mis dans les 100 premiers. Mais non, je rigole !

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