« Ça faisait presque 15 ans que nous ne nous étions pas quittés, très attachés l'un à l'autre, lui a l'écoute permanente de mes moindres mouvements, moi le protégeant de toutes les agressions extérieures. Au début de notre histoire pourtant, nos relations furent un peu conflictuelles, sa présence m'était plutôt désagréable, j'avais l'impression qu'il cherchait à s'imposer dans ma vie alors que j'étais certain de pouvoir me débrouiller sans lui. Et puis le temps a fait son oeuvre, j'ai compris qu'il ne me voulait que du bien et qu'en cas de coup dur, il serait là, à veiller sur moi. C'est vrai qu'il ne m'a jamais laissé tomber, qu'il était devenu au fil des mois et des années comme un alter ego, invisible mais terriblement stimulant...
Il est parti brutalement samedi matin, je le savais condamné mais les médecins m'avaient promis qu'il en avait encore pour quelques mois... Depuis, je vis comme au ralenti, sa présence me manque énormément, je ne suis plus le même. »
COUPEZ ! STOP ! C'EST NUL ! C'EST QUOI CETTE HISTOIRE ?
Oh, qu'est-ce qu'il a, lui ? Qu'est-ce qu'il n'aime pas dans mon histoire ? C'est gnan-gnan ? Ça va faire pleurer dans les chaumières ? Faut évacuer les sentiments, peut-être ?
JE VEUX DES FAITS, RIEN QUE DES FAITS... TES ÉTATS D'ÂME, ON S'EN BAT L'OEIL AVEC UNE QUEUE DE SARDINE, MON GARS !!!
L'est rigolo, lui... Des faits, des faits... Je suis pas journaliste, moi, déjà que j'arrive même pas à être écrivain... J'essayais juste de dire les choses comme je les ressens de l'intérieur, c'est une façon de ne pas me cacher, de dire tout cela au mieux. Des faits, des faits, il en a de bonnes... Bon, j'essaye...
« Samedi 28 janvier, 11h30, Polyclinique de G. à N.
Nous sommes arrivés à l'heure prévue, et dès notre entrée dans le hall, le docteur D. est venu à notre rencontre. A peine sommes-nous installés sur la table d'examen que celui-ci laisse échapper un juron après le lancement de son premier diagnostic :
Merde, je l'ai perdu, je n'ai plus de réponse !
Je le vois qui commence à s'agiter, il interroge son écran, cherche une solution pour le ramener à nous mais on dirait que la cause est entendue, il ne pourra rien faire. Ayant pour habitude de ne jamais renoncer, il tente une ultime manoeuvre et arrête toute l'alimentation électrique de son appareil de contrôle. Il voit bien que je suffoque, que je me sens comme pris à la gorge, j'ai l'impression d'avoir perdu le contrôle de moi-même. C'est une sensation extrêmement désagréable, non pas douloureuse, mais très proche d'un étouffement qu'on ne parvient pas à juguler. Je commence à avoir un peu peur... »
OH ! TU VAS PAS EN PLUS T'APITOYER SUR TON SORT, ON T'A DIT QU'ON S'EN FOUTAIT DE CE QUE TU RESSENS ! UN PEU DE RECUL, DE DERISION... MERDE, C'EST PAS COMPLIQUÉ !
Ok, je raconte avec distance et dérision alors : comme j'ai pu l'écrire voici plusieurs mois (cf. la note appelée Stimulo), je suis porteur d'un stimulateur cardiaque depuis bientôt 15 ans. Samedi, je me rendais à un contrôle bisannuel en sachant parfaitement que je devrais bientôt m'habituer à l'idée de remplacer prochainement le bestiau, au mois d'avril probablement, car cet appareil un peu magique avait fait son temps. Et comme à chaque fois, une fois bien enduit aux endroits stratégiques d'un gel absolument insupportable (ben oui, vous savez bien, quand c'est fini, on vous file deux pauvres morceaux d'essuie-tout pour enlever ce qui reste mais y en a jamais assez, parce que les médecins, ils vous en badigeonnent dix fois trop, vous vous en foutez plein les doigts sans parvenir à en mettre sur le papier, il en reste toujours et ça colle aux vêtements... c'est aussi pénible que de pisser dans le train... enfin, pour les mecs, hein ?), mon chirurgien commence a scruter les résultats qui tombent de son ordinateur, un peu comme les résultats des courses au PMU. Il analyse les graphiques, empoigne son stylet, me colle un capteur sur la poitrine et commence à vérifier le niveau de charge de la pile. Et là... PAF ! Ecrasé comme une vieille bouse le pace maker !!! Aux abonnés absents et surtout, le voilà qui s'auto-commute en « mode secours », ce qui signifie en langage moins obscur qu'il se met à me stimuler oreillette et ventricules... à l'envers ! Enfin, c'est ce que j'ai cru comprendre après avoir demandé deux ou trois explications techniques que je ne suis pas certain d'avoir bien comprises... Vous imaginez le truc ? Je suis allongé, et mon coeur commence à vivre sa vie tout seul, môssieu fait sa petite crise d'indépendance, il se la joue autonomiste corse (ou basque, ou breton, choisissez, je veux vexer personne), j'ai le rythme qui s'emballe alors que je suis immobile... bref, je suffoque un tantinet, d'autant que je ne suis guère rassuré par les mimiques de mon ange gardien qui cherche une solution, qui cherche, farfouille, commence à perdre doucement son calme légendaire. Aux grands maux les grands remèdes, il arrête tout (une sorte de 'reset' si l'on veut causer façon informatique) pendant que moi, je commence à me demander comment je vais me tirer de cette affaire. Parce que je suis venu en voiture et même si Saxoman a gentiment proposé d'accompagner son père en ces moments particuliers, ben le problème, c'est que le fiston, il a pas le permis de conduire. Alors je vais redescendre comment, moi ? Et j'ai le souffle toujours aussi court, ça devient un peu inquiétant cette histoire... Surtout, je devine qu'il va falloir que je passe sur le billard plus tôt que prévu, c'est pas que ça me fasse peur, m'enfin, c'est pas non plus mon sport préféré...
Ouf ! Après un redémarrage anxiogène, mon docteur chevronné a pu procéder à la mesure d'urgence : l'arrêt complet du pace maker. Me voici désormais sans filet et condamné à une certaine inactivité physique en attendant l'implantation de son successeur, qu'on me promet de dernière génération, le nec plus ultra dans sa catégorie.
Une question me taraude néanmoins et je ne manque pas d'interpeller mon spécialiste :
- Et si mon pace maker s'était commuté en mode secours un dimanche au lieu de tomber en panne ici, en votre présence ?
- Ben mon vieux, là, vous étiez baisé !
Et surtout vachement rassuré... Le truc qui est bien dans cette histoire, c'est que je dois rester au maximum chez moi avant l'opération, soit pendant une dizaine de jours. Et que je pourrai, toutes les heures, toutes les minutes même si j'en ai envie, aller bavarder avec ma chaudière qui fonctionne maintenant à merveille, depuis que je l'ai affranchie de son esclavagiste portugais. Et si elle m'écrit : DEFAUT PACE MAKER, je lui en colle une !
Il est parti brutalement samedi matin, je le savais condamné mais les médecins m'avaient promis qu'il en avait encore pour quelques mois... Depuis, je vis comme au ralenti, sa présence me manque énormément, je ne suis plus le même. »
COUPEZ ! STOP ! C'EST NUL ! C'EST QUOI CETTE HISTOIRE ?
Oh, qu'est-ce qu'il a, lui ? Qu'est-ce qu'il n'aime pas dans mon histoire ? C'est gnan-gnan ? Ça va faire pleurer dans les chaumières ? Faut évacuer les sentiments, peut-être ?
JE VEUX DES FAITS, RIEN QUE DES FAITS... TES ÉTATS D'ÂME, ON S'EN BAT L'OEIL AVEC UNE QUEUE DE SARDINE, MON GARS !!!
L'est rigolo, lui... Des faits, des faits... Je suis pas journaliste, moi, déjà que j'arrive même pas à être écrivain... J'essayais juste de dire les choses comme je les ressens de l'intérieur, c'est une façon de ne pas me cacher, de dire tout cela au mieux. Des faits, des faits, il en a de bonnes... Bon, j'essaye...
« Samedi 28 janvier, 11h30, Polyclinique de G. à N.
Nous sommes arrivés à l'heure prévue, et dès notre entrée dans le hall, le docteur D. est venu à notre rencontre. A peine sommes-nous installés sur la table d'examen que celui-ci laisse échapper un juron après le lancement de son premier diagnostic :
Merde, je l'ai perdu, je n'ai plus de réponse !
Je le vois qui commence à s'agiter, il interroge son écran, cherche une solution pour le ramener à nous mais on dirait que la cause est entendue, il ne pourra rien faire. Ayant pour habitude de ne jamais renoncer, il tente une ultime manoeuvre et arrête toute l'alimentation électrique de son appareil de contrôle. Il voit bien que je suffoque, que je me sens comme pris à la gorge, j'ai l'impression d'avoir perdu le contrôle de moi-même. C'est une sensation extrêmement désagréable, non pas douloureuse, mais très proche d'un étouffement qu'on ne parvient pas à juguler. Je commence à avoir un peu peur... »
OH ! TU VAS PAS EN PLUS T'APITOYER SUR TON SORT, ON T'A DIT QU'ON S'EN FOUTAIT DE CE QUE TU RESSENS ! UN PEU DE RECUL, DE DERISION... MERDE, C'EST PAS COMPLIQUÉ !
Ok, je raconte avec distance et dérision alors : comme j'ai pu l'écrire voici plusieurs mois (cf. la note appelée Stimulo), je suis porteur d'un stimulateur cardiaque depuis bientôt 15 ans. Samedi, je me rendais à un contrôle bisannuel en sachant parfaitement que je devrais bientôt m'habituer à l'idée de remplacer prochainement le bestiau, au mois d'avril probablement, car cet appareil un peu magique avait fait son temps. Et comme à chaque fois, une fois bien enduit aux endroits stratégiques d'un gel absolument insupportable (ben oui, vous savez bien, quand c'est fini, on vous file deux pauvres morceaux d'essuie-tout pour enlever ce qui reste mais y en a jamais assez, parce que les médecins, ils vous en badigeonnent dix fois trop, vous vous en foutez plein les doigts sans parvenir à en mettre sur le papier, il en reste toujours et ça colle aux vêtements... c'est aussi pénible que de pisser dans le train... enfin, pour les mecs, hein ?), mon chirurgien commence a scruter les résultats qui tombent de son ordinateur, un peu comme les résultats des courses au PMU. Il analyse les graphiques, empoigne son stylet, me colle un capteur sur la poitrine et commence à vérifier le niveau de charge de la pile. Et là... PAF ! Ecrasé comme une vieille bouse le pace maker !!! Aux abonnés absents et surtout, le voilà qui s'auto-commute en « mode secours », ce qui signifie en langage moins obscur qu'il se met à me stimuler oreillette et ventricules... à l'envers ! Enfin, c'est ce que j'ai cru comprendre après avoir demandé deux ou trois explications techniques que je ne suis pas certain d'avoir bien comprises... Vous imaginez le truc ? Je suis allongé, et mon coeur commence à vivre sa vie tout seul, môssieu fait sa petite crise d'indépendance, il se la joue autonomiste corse (ou basque, ou breton, choisissez, je veux vexer personne), j'ai le rythme qui s'emballe alors que je suis immobile... bref, je suffoque un tantinet, d'autant que je ne suis guère rassuré par les mimiques de mon ange gardien qui cherche une solution, qui cherche, farfouille, commence à perdre doucement son calme légendaire. Aux grands maux les grands remèdes, il arrête tout (une sorte de 'reset' si l'on veut causer façon informatique) pendant que moi, je commence à me demander comment je vais me tirer de cette affaire. Parce que je suis venu en voiture et même si Saxoman a gentiment proposé d'accompagner son père en ces moments particuliers, ben le problème, c'est que le fiston, il a pas le permis de conduire. Alors je vais redescendre comment, moi ? Et j'ai le souffle toujours aussi court, ça devient un peu inquiétant cette histoire... Surtout, je devine qu'il va falloir que je passe sur le billard plus tôt que prévu, c'est pas que ça me fasse peur, m'enfin, c'est pas non plus mon sport préféré...
Ouf ! Après un redémarrage anxiogène, mon docteur chevronné a pu procéder à la mesure d'urgence : l'arrêt complet du pace maker. Me voici désormais sans filet et condamné à une certaine inactivité physique en attendant l'implantation de son successeur, qu'on me promet de dernière génération, le nec plus ultra dans sa catégorie.
Une question me taraude néanmoins et je ne manque pas d'interpeller mon spécialiste :
- Et si mon pace maker s'était commuté en mode secours un dimanche au lieu de tomber en panne ici, en votre présence ?
- Ben mon vieux, là, vous étiez baisé !
Et surtout vachement rassuré... Le truc qui est bien dans cette histoire, c'est que je dois rester au maximum chez moi avant l'opération, soit pendant une dizaine de jours. Et que je pourrai, toutes les heures, toutes les minutes même si j'en ai envie, aller bavarder avec ma chaudière qui fonctionne maintenant à merveille, depuis que je l'ai affranchie de son esclavagiste portugais. Et si elle m'écrit : DEFAUT PACE MAKER, je lui en colle une !
Commentaires
C'est assez dur aussi pour les filles de faire plipli dans le train...surtout quand c'est kradok.
Pour le reste, enfin, le coeur de cette note (ah ah)...comme dirait l'autre...we are family!
xxx
Sacré week-end Mr Y a K.a,
C'est ti pas un coup du gazoman, qui aurait traficoté le système électronique de la chaudière de façon à mettre HS le pace maker... juste un petit court-circuit histoire de venger sa cousine Mme Craspouette qui maintenant se retrouve à la rue.
Faut garder le moral au beau fixe car le nouveau modèle est bien plus performant, j'ai lu un article à ce sujet dans "L'ordinateur individuel", il paraît que la version CPA6GRAVE1PILEHS du nouveau pace maker de chez Microsoft est vraiment au top. En effef, en plus de soutenir notre pompe à sentiments, cette version comprend pour le même prix une clé USB de 1Go, un lecteur MP3 intégré et prochainement un forfait téléphonie illimitée sera mis en place.
En attendant tu auras un peu plus de temps pour répondre aux idiots de champignons qui viennent polluer ton blog.
Bises et à bientôt
Nan pas du tout ! J'ai installé mes quartiers dans la buanderie, je ne quitte pas ma chaudière des yeux depuis ce matin et j'attends de pied ferme qu'elle m'indique "DEFAUT MACHIN" et là... pan sur le nez ! Mais je crois qu'elle a compris maintenant.
Le temps de répondre ? On verra, j'ai du boulot moi !!!
Je vous envoie plein de courage Y'a K.A., à défaut de mieux.
je parle pour Blogi, qui a eu un "DEFAUT DISQUE DUR", cet aprèm...elle te rappelle notre devise
"Surtout...pas trop d'efforts!"
Ecouter de la musique c'est pas contre indiqué pour ces 10 jours ?
Toutes mes pensées pour ce moment sans doute un peu difficile.
Pour les piles rechargeables je vous conseille des Vander... ah ah... euh... Je n'ai pas résisté, shame on me.
Bon je n'ai plus qu'à sortir de ce blog en regardant mes pieds.
Oh, inutile d'avoir honte... Vander lui-même fait cette vieille blague, je l'ai encore récemment entendu qui s'en régalait avec ses musiciens pendant la balance d'un concert de Magma au Triton. Le micro d'Antoine Paganotti était désespérément muet et pourtant, et pourtant la pile venait d'être changée, aux dires de Jean-Pierre Vivante, patron des lieux. Et là, dans une grande inspiration humoristique, Christian expliqua que : "ce n'étaient pas des piles Vander".
C'était le 17 mai 2005, pour être précis, et l'invité du jour était un certain Janncik Top, que je n'avais jamais vu sur scène auparavant. Mais ceci est une autre histoire !
Tout plein de courage ! Ma foi, c'est tout ce que je trouve à dire, mais je le pense sincèrement.
Et à la famille aussi...
Excellent Willmanx ! ( piles Vander )
Je ne connais pas Jean-Pierre Vivante, mais j'entends parler du Triton quand l'amie de son frère, Marie-Jo, passe avec nous un week-end, au rythme de 2 week-ends par an depuis 5 ans. Jacques Vivante est même déjà venu une fois à la maison... Mais je n'ai jamais mis les pieds au Triton!!
Je ne connais pas Jean-Pierre Vivante, mais j'entends parler du Triton quand l'amie de son frère, Marie-Jo, passe avec nous un week-end, au rythme de 2 week-ends par an depuis 5 ans. Jacques Vivante est même déjà venu une fois à la maison... Mais je n'ai jamais mis les pieds au Triton!!
Désolée, erreur de manip!!