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"Benêt-volat"

Y a des jours, comme ça, où je me dis que je suis tout de même un peu con ! Je m'en suis aperçu hier lors de ma visite chez le cardiologue.

Pour que vous compreniez bien, je dois néanmoins vous apporter quelques précisions sur le contexte : je ne vais pas voir n'importe quel cardiologue. Celui-là fut autrefois le propriétaire de la maison que j'ai louée durant 12 ans (le lieu enchanteur où la Fraise et Saxoman ont vu le jour, fait leurs premiers pas, grandi...), c'est lui qui a veillé sur moi il a 15 ans lorsque j'ai dû me faire implanter ce stimulateur cardiaque en instance de remplacement et nous avons, petit à petit, fait en quelque sorte partie de son cercle familial. Nous étions voisins, nos maisons n'étant distantes que de quelques mètres et nichées dans un magnifique coin de verdure quelque part à Nancy. Mais je suis aussi devenu pour lui une sorte de "conseiller informatique", lorsqu'il a commencé à s'équiper en Macintosh et en PC, j'ai formé sa secrétaire, j'ai toujours veillé par ailleurs à ce qu'il bénéficie des services des prestataires les plus compétents. Et je suis resté pour mon cardiologue une sorte de "hot line" bienveillante.

Hier donc, j'ai dû me rendre à son cabinet pour un petit check-up : je vois d'ici que tous, vous frémissez d'inquiétude ! Non, pas de panique, mon coeur tient le coup, sa forme est plutôt bonne, même si son défaut de fabrication est, lui, bien là : un sinus cardiaque très très paresseux, une pulsation à 50 alors que je ne suis pas au repos et que je ne suis pas spécialement sportif non plus... et qui descend à 35 au plus noir de la nuit. On appelle ça une bradycardie (du grec bradus qui signifie lent... c'est le Littré qui dit ça, donc ça doit être vrai). Une fois débarrassé des mètres cubes de gel qu'il me fallait ôter avec un essuie-tout qui vous gratte les dessous de bras, une fois rhabillé (à ce moment-là, vous vous apercevez que vous avez oublié un bon gros paquet de gel, là, juste au niveau des côtes, qui vient coller à la chemise toute propre que vous aviez préparée pour l'occasion...), me voilà en train de signer un chèque d'un montant fort sympatique ma foi, 101,70€, pour une prestation somme toute assez courte, entre un quart d'heure et vingt minutes. Mais bon... je ne dis rien, c'est un métier, cardiologue...

A peine rechaussé, voilà t-y pas que mon spécialiste m'appelle du fond de son local d'examen (hum hum, j'ai l'impression que le coup était prémédité parce qu'il n'y avait pas de client après moi...) avec un air un peu ennuyé pour m'expliquer qu'il avait un gros souci : pas moyen d'enregistrer avec le graveur de DVD connecté à son échographe. "Ca ne marche pas, j'obtiens juste une image complètement pixellisée, je ne vois rien"... Un problème ennuyeux pour lui, parce qu'il semble maintenant obligatoire pour ces professions médicales de garder une trace informatisée de leurs examens. Il fulmine contre le mode d'emploi qui lui présente une télécommande avec des touches que lui, ne voit pas sur la sienne. "C'est quand même incroyable, je n'ai pas la même télécommande que sur le mode d'emploi...". OK, chef, on va voir ce qu'on peut faire... Je vérifie les branchements, c'est bon de ce côté là ; je regarde les principales commandes du graveur de DVD et commence à me pencher sur le cas de cette drôle de télécommande. Je compare scrupuleusement avec le dessin du mode d'emploi et, hop là ! Je fais coulisser vers le bas la partie inférieure de la zappette et que vois-je ? Les touches mystérieuses ! Ô miracle ! Quel talent ! Du coup, l'utilisation du graveur de DVD s'en trouva fort simplifiée et après deux ou trois essais et exercices pratiques concluants, je n'eus aucune difficulté à convaincre mon cardiologue qu'il allait maintenant devenir un expert en maniement des images archivées.

La seule différence, c'est que ma prestation fut on ne peut plus bénévole... Vous imaginez l'intervention d'un spécialiste, le déplacement... J'ai fait un rapide calcul et je me suis rendu compte que même en divisant par deux mon tarif par rapport au sien, il me suffirait de travailler moins de 20 heures par mois pour toucher le même salaire brut que celui que l'Education Nationale me verse généreusement.

C'est là que je me suis trouvé un peu nigaud tout de même. Ah, le bénévolat, c'est bon pour les consciences mais alors, pour le porte-monnaie, c'est pas le pied !

Commentaires

  • Le coup de la zapette m'a bien fait marrer.

    Monsieur Y'a K.A. dans le cadre de la promotion des emplois de service, le dépannage informatique peut être agréé par les directions du travail en vue d'un abattement fiscal pour le client égal à la moitié de votre prestation. Renseignez-vous sur ces possibilités...
    (C'est sûrement incompatibles avec la digne fonction étatique que vous exercez).

  • Bac+15 et ça sait baisser un clapet. Incroyable.

    Bon je fais ta pub ! EEHHHH je connais un mec qui vous dépanne pour que dalle !

    Tu peux traverser la France ? Nan ?

  • ça sait pas baisser clapet !!!! grrrrrr

  • A posteriori, mon commentaire était drôlement sérieux. ouhla...

  • @Al1 :oui, je peux me déplacer, mais dans certaines limites néanmoins. Un rayon de 150 mètres autour de ma maison, du lundi au vendredi de 14h à 15h, et encore...

    @Willmanx : a posteriori, sérieux ? Meuh non, car c'est un poster rieur ! (Niveau blague carambar, je sais...)

  • Ah! Un cardiologue qui n'a pas de coeur! Même pas un crayon publicitaire à offrir au gentil dépanneur ... benêt-vole. (warff, un nouveau concept)
    J'envoie l'article à mon beau-frère qui ,accesoirement, est cardiologue. Je ne garantis pas que ça le fera rire! ;-)

  • Ah! Un cardiologue qui n'a pas de coeur! Même pas un crayon publicitaire à offrir au gentil dépanneur ... benêt-vole. (warff, un nouveau concept)
    J'envoie l'article à mon beau-frère qui ,accesoirement, est cardiologue. Je ne garantis pas que ça le fera rire! ;-)

  • Cela dit, mon cardiologue est quelqu'un d'absolument adorable ! Il est devenu un ami et c'est toujours avec grand plaisir que je le dépanne. Mais cette petite anecdote m'a rappelé que, finalement, certaines compétences ont plus de valeur que d'autres...
    Et puis faut être sincère, le bénévolat, j'ai tendance à y plonger facilement... j'aurais jamais pu être commerçant, je crois...

  • Oui, sans doute que ton cardiologue t'apprécie beaucoup également. Mon mari est aussi médecin et il y a un tas de gens qu'il aime vraiment beaucoup, qu'il aimerait bien voir en dehors du cadre médical et avec lesquels pourtant il est obligé de garder ses distances. Le bon exercice de la médecine ne peut, malheureusement, trop s'encombrer d'un trop grand attachement affectif à l'égard de ses patients. Il deviendrait fou de chagrin sinon. Ceux-ci finissant tous invariablement un jour ou l'autre, malgré toute sa bonne volonté, au cimetière (sur lequel nous avons une charmante vue).
    Les personnes avec lesquelles il est le plus lié ne sont pas forcément les mieux soignées. Il a tendance à occulter les signes de la maladie chez les gens de son entourage par peur de leur trouver une maladie grave. J'en sais quelque chose et, après sa journée de travail pas toujours très drôle, j'ai plutôt intérêt à afficher une mine avenante et pleine de santé!

    J'imagine que pour ton cardiologue, c'est la même chose.

  • Ben voilà, c'est bien ce que je pensais : étymologie de "bénévole" :
    un bénêt qu'on vole !

  • un benêt qu'on vole ? non que pouvait faire le cardiologue ? refuser l'aide ? la seule solution est le geste totalement gratuit et hors de sa profession. Peut être y pensera-t-il. Il a en tout cas, côté amical et côté pratique, de la chance de vous avoir pour patient

  • Ben oui, de toutes façons, je crois que j'ai un gros mental de bénévole, ça me fait toujours plaisir de rendre service comme ça, sans rien demander en retour. Et puis mon cardiologue, je lui suis redevable de tellement de choses...

  • C'est vrai. Ce que je n'aime pas, c'est les gens qui font des trucs qu'on ne leur a pas demandé, et qui après attendent la même chose en retour (alors que, j'insiste, on n'avait RIEEN demandé) et quand ça vient pas tout de suite, ils font leur mater dolorosa. Grompf...

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