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Miles ahead

medium_miles_davis.jpgJe n'aurai pas la prétention de résumer la somme artistique que fut la carrière de Miles Davis. Trop énorme... trop de génie dans une démarche allant toujours de l'avant, en recherche perpétuelle. On peut se gausser de l'extravagance du personnage, on peut aussi être irrité par ce qui ressemblait chez lui à une certaine forme d'arrogance, rien n'y fera : l'Artiste était au-dessus de la mêlée, et le temps parlera pour lui. En témoigne d'ailleurs l'ultime enregistrement du trompettiste, "Doo Bop", tellement critiqué au moment de sa sortie et qui démontrait pourtant que, plus que jamais, Miles ouvrait de nouvelles pistes sur lesquelles s'engouffrèrent bien des musiciens depuis les années 90.
Dans ma propre histoire et dans ma relation avec l'univers musical, je serai éternellement redevable à Miles Davis d'avoir su "inventer" un nouveau langage à la fin des années 60, qu'on baptisa, pour d'évidentes raisons de commodité, "jazz-rock". C'est grâce à Miles Davis et aux innovations de sa formation de l'époque (au sein de laquelle évoluaient quelques musiciens ayant pour nom John McLaughlin, Wayne Shorter, Herbie Hancock, Tony Williams ou bien encore Joe Zawinul...) que j'ai pu ouvrir mes oreilles à de nouveaux espaces sonores qui, depuis, constituent pour moi une source inépuisable de bonheurs musicaux. Mahavishnu Orchestra ? Weather Report ? Tony William's Lifetime ? Si ces noms évoquent quelque chose pour vous, alors vous me comprendrez aisément...
Je ne répondrai pas non plus à la question que se posent souvent les Davisologues : quel fut sa plus grande formation ? Les spécialistes balancent entre deux quintettes, celui des années 60 avec Wayne Shorter (saxophone), Herbie Hancock (piano), Tony Williams (batterie) et Ron Carter (contrebasse) et l'un de ses prédécesseurs, au cours des années 50, avec Red Garland (piano), Paul Chambers (contrebasse), Philly Jones (batterie) et John Coltrane (saxophone).
Je me régale souvent du coffret "Quintet 1965-1968 Complete Recorings" qui met en scène la première de ces deux formations et j'apprends avec bonheur la publication d'une intégrale "The legendary Prestige quintet sessions" pour ne pas avoir à trancher. Ce "nouveau coffret" (dont on trouvait la quasi totatlité du contenu dans "Chronicle", une autre intégrale rassemblant les enregistrements de Miles Davis pour le label Prestige entre 1951 et 1956) rassemble des enregistrements appartenant à la période 1955-1958 et ravira aussi bien les afficonados de Miles Davis que les Coltraniens dont je fais partie.
Musique libre, inspirée - et pourtant, on doit se souvenir qu'à l'époque, Miles Davis avait des engagements contractuels à tenir avec le label Prestige alors même qu'il avait déjà signé un autre contrat avec Columbia et qu'il enregistrait donc aussi pour des raisons très matérielles - dont la hauteur est telle qu'elle paraît souvent inégalée.
Je suis certain que si le Paradis existe, c'est cette musique-là qu'on doit y écouter en boucle, le soir, tranquillement assis sur un nuage en buvant une pinte avec Saint-Pierre. Autour de vous, soyez certains qu'il doit y avoir foule mais après tout, quelle importance, le ciel est si grand. Il y aura de la place pour tout le monde. Enfin, pour ceux qui l'auront mérité, uniquement !
En plus - soyons aussi mesquins de temps à autre - ce coffret de 4 CD (augmenté d'un livret d'une quarantaine de pages) nous est proposé à un prix qui vaut tout de même le détour : moins de 50 €.
A 48 heures de cet exaspérant passage obligé qu'est devenu aujourd'hui la fête de l'alcool... euh, de la musique voulais-je dire, ce petit cadeau musical arrive à point nommé. Avec son air d'éternité, il est un excellent remède à la médiocrité ambiante et remet les pendules à l'heure dès les premières minutes. Tout est dit, dans un souffle, c'est magique !

Tiens, j'ai bien envie de vous en proposer un court extrait. La composition s'appelle "Tune up" et je n'ai pas pu résister au plaisir de vous laisser écouter un chorus de John Coltrane, qui, déjà, habitait sur une autre planète.


Commentaires

  • Ben oui... l'idée c'est quand même un tout petit peu de partager les passions, de donner envie à l'autre d'en savoir plus, non ? Et puis, tu sais, moi... les étiquettes...
    Par exemple : on range sous la bannière "jazz" à la fois la musique de Glenn Miller et celle de John Coltrane. Ben je suis désolé mais si le jazz, c'était uniquement "In the mood", je crois que je n'aurais pas été voir de plus près. Trop vulgaire au sens originel du terme, c'est de la musique pour digérer, qui ne dérange personne et moi, ça ne m'intéresse pas. En revanche, le jour où tu te prends - c'est une simple illustration, hein ? - un thème comme "A love supreme" et ses quatre mouvements, tu t'aperçois qu'on est vraiment dans une autre dimension. Et que malgré leur âge (enregistrées en décembre 1964), ces 40 minutes n'ont pas pris une ride, elles sont toujours là, comme un joyau.
    Miles Davis, c'est pareil, à cette différence près qu'il a eu la chance de vivre suffisamment "vieux" (encore que...) pour évoluer sur une cinquantaine d'années... et défricher encore et encore.
    Et puis il y a les petits jeunes. Tiens, "Xenophonia" de Bojan Z : on appelle ça du jazz, mais c'est tellement plus. C'est de la musique, sans concession, très forte. Ce qui ne signifie pas qu'elle n'est pas accessible à tout le monde, loin de là.
    Il faudrait juste qu'on ajoute aux enseignements dès l'école primaire une éducation à la musique, mais sous toutes ses formes. Au lieu de ça, les formatages radio et télé font du dégât... au point que j'enrage un peu de constater à quel point nos "jeunes" sont devenus très conservateurs dans leurs "choix" musicaux.
    Ouh là... je m'égare... tout cela pour dire qu'avec tout ce qu'on raconte, il faudrait qu'on arrête de travailler pour avoir le temps de tout écouter.
    Tu ne crois pas ?

  • Comment ça on n'est conservateurs dans nos choix ? Comment ça je suis plus un jeune (26 ans..?). J'ai pour réputation d'écouter des gens morts, ou, a minima des groupes qui ont terminé de jouer ensemble.

    Il existe pas mal de nouveaux, mais j'ai toujours envie d'aller écouter ce qui les a fait commencer. Ecouter ce qui les inspire... Il en reste quand même qu'il y a du bon dans les groupes de maintenant.
    En jazz, moi j'aime Julien Lourau qui varie à chaque album ses expériences musicales. Que du bon.

  • J'oubliais de préciser que Kind Of Blue de Miles Davis est pour moi la perle des perles. L'immanquable album qui remplit les oreilles de n'importe qui de paix et de douceur...

  • @ Willmanx :
    - Julien Lourau ? Excellent choix, cher ami ! D'ailleurs, son pianiste n'est-il pas un certain Bojan Z ? A écouter et ré-écouter : "Fire", "Forget", mais aussi "The rise" et quelques autres...
    - je ne te classais pas parmi les jeunes dont je parlais, j'évoquais plutôt nos actuels adolescents... Car à de rares exceptions près, je n'entends que choses vulgaires ou, au mieux, des redites. Je crois que ce sont là les dégâts cumulés de plus de 20 années de radios dites libres et de programmes télévisés ou la crétinerie semble la règle de fonctionnement. Et les bons dont tu parles, oui ils existent mais à quel prix ?
    - "Kind of Blue" : ben oui ! D'ailleurs, le coffret dont je parle se situe chronologiquement peu de temps avant... et si l'on ajoute Cannonball Aderley au sax alto et que l'on remplace Red garland par Bill Evans... on y est !!!

  • Je vais peut-être me le procurer, ce fameux coffret. Pour une douzaine d'euros au maximum. Bon, pour ce prix-là je n'aurai ni livret, ni coffret, mais l'essentiel est sans doute ailleurs..

  • Ah ben... moi je crois bien que ce soir, je lirai le livret ! Mais il est bien vrai que l'essentiel est la musique !!!

  • Et à part ça, Maître Docteur es jazz, que pensez-vous d'un autre coffret, "The Complete Bitches Brew Sessions"?

  • Autre période, tout aussi passionnante, c'est le coffret qui fait suite à un autre (The Complete In A Silent Way Sessions) : avec ces deux-là, on a la naissance du jazz-rock !
    Je n'ai pas ce coffret, mais seulement le double CD "Bitches Brew"... mais je ne désepère pas !!!
    Pour résumer : c'est du tout bon

  • Avec ce morceau, je me crois revenue à mon école de musique que j'ai quittée en 1999... malheureusement.
    J'aimerais avoir le temps d'écouter des CD mais en passant l'aspirateur le samedi matin, cela ne va pas bien ensemble. Ni en regardant la TV en famille. Il n'y a que quand je suis seule à la maison que j'y arrive à peu près. Mais c'est très rare. En voiture, cela ne me plait pas car le trajet est trop court du travail à la maison.
    Je vous souhaite un bon week end tous les deux.

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