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Bonheurs du hasard, hasards du bonheur


Certains croient à la prédestination, d'autres pas. Je pense faire partie de la seconde catégorie, étant persuadé que nous ne sommes, nous individus, que le produit de multiples hasards qui s'entrechoquent, créant en nos vies des bifurcations inattendues, des inflexions parfois brutales et qui, reconnaissons-le, peuvent paradoxalement nous laisser penser que nous ne sommes pas totalement maîtres de notre propre existence.
J'aurais, comme chacun d'entre vous j'en suis certain, des tonnes d'histoires à vous raconter sur ce sujet mais... j'aimerais surtout vous faire part d'un tout récent "accident de hasard", dont je fus hier la victime plutôt bienheureuse... Vous me pardonnerez d'entrer parfois dans les détails, tant pis...
Hier donc, vers 13 heures, il faisait un temps splendide : ciel bleu, douceur, un printemps qui voulait se donner des allures d'été. Des conditions propices à une flânerie urbaine qui semblait me tendre les bras d'autant qu'il me restait quelques heures à récupérer dans mon boulot (oui, Rastaffarin, tant pis, la Fonction Publique attendra, j'aurai certainement une fois de plus contribué à creuser le déficit du budget de l'Etat et je dis cela avec... détermination !). Ni une ni deux, j'opte pour l'hypothèse buissonnière et préviens illico mes collègues qu'ils devront se passer de moi quelques heures. Nonobstant leur probable souffrance, je propose à ma femme de l'accompagner à pied jusqu'à son travail (soit tout de même près de 2,5 km) avant d'aller musarder ici et là, la truffe en l'air comme le chien que j'aurais pu être dans une autre vie (malheureusement, les hasards ont fait de moi un être humain et, pour être Lorrain, je sais quel intérêt j'aurais pu avoir à être couvert d'une bonne couche de poils)... L'ayant quittée, je me glisse dans la peau d'un inspecteur des travaux finis et vais contempler le gros chantier de la Place Stanislas (dont la rénovation enchante les vrais urbains que nous sommes ! Automobilistes obsessionnels, allez vous faire voir ailleurs et partez polluer un peu plus loin, merci... il ne reste plus aujourd'hui à éradiquer que les poussettes pour bébés pilotées avec une lenteur insupportable par bon nombre de parents béats, exhibant fièrement leur progéniture braillarde qu'ils revendiquent comme la plus belle du monde... oh, STOP, je rigole, c'est de l'humour) avant de m'engager dans le rue des Dominicains (si vous n'habitez pas Nancy, prenez donc un plan de la ville, ce sera plus simple). Et là... tatata !!! Roulement de tambour, messieurs les hasards : bonjour ! Qui vois-je face à moi ? Mon propre frère (je passe sur certains détails) qui n'est pas du tout un régional de l'étape et dont je me suis éloigné voici près de 30 ans pour de complexes raisons que je ne vais pas exposer ici. Pourtant, celui-là, on peut dire qu'il a compté dans ma vie, c'est quand même lui qui m'a filé de le virus de la musique, c'est lui qui m'a chaperonné lorsque j'étais gamin, qui me laissait écouter des disques et encore des disques dans sa chambre, sans parler des innombrables heures de jeu qui nous avaient valu de nous endurcir les genoux, pour les avoir trop frottés sur le parquet brut du grenier en voulant reconstituer à notre manière le Tour de France de cyclisme. Euh, là je pense que vous ne suivez plus, je reviendrai un autre jour sur ce sujet qui mérite de plus amples explications.
Mais la vie a ses mystères et en m'éloigant de lui (ou lui en s'éloigant de moi, ou les deux à la fois), c'est tout une part de moi-même qui était comme en sommeil, paralysée. Oh, certes, nous nous échangions régulièrement une carte postale de convenance, des voeux au moment des fêtes de Noël mais... rien d'autre, la dernière fois que nous nous étions vus, c'était en février 2002 lorsque notre père est mort.
Et là, hier 18 mars 2005, vers 14 heures, je le retrouve, détendu, en bonne compagnie, qui me demande des nouvelles de tout le monde, qui veut savoir où en est Tagadaughter dans la préparation de ses examens, qui m'explique qu'il s'est fabriqué un CD en téléchargeant des séquences musicales sur le site de son neveu (donc, mon fils), qu'il aime beaucoup ce qu'il fait... nous échangeons nos numéros de téléphone portable avant de nous quitter.
Quelque temps après (rue Saint Jean, vous suivez sur le plan ?), je ne peux résister au besoin de lui envoyer un texto dans lequel je lui dis que j'espère beaucoup que ce hasard sera le prélude à de vraies retrouvailles entre frères... Sa réponse ne tarde pas puisqu'il me répond très peu de temps après qu'il en est lui-même certain et qu'il en a envie et besoin autant que moi !
Inutile de vous préciser que cette belle journée fut donc bien plus ensoleillée pour moi qu'elle ne le semblait aux autres et on voit bien dans toute cette petite séquence comment les hasards se sont enchaînés les uns aux autres : cette décision impromptue de modifier mon emploi du temps, puis le trajet vers le centre ville, ce temps passé à observer les travaux pour, au final, synchroniser mon itinéraire avec celui de mon propre frère se trouvant là, juste là, alors qu'il habite dans la Marne !!!
Du coup, j'en viens à me dire que je vais revenir sur mon appel à l'hiver de l'autre jour ! Vive le printemps, vive le soleil, vive le ciel bleu, vive l'école buissonnière qui m'ont donné l'occasion de tourner une page de 30 ans de grisaille...
Et vivent les hasards !

Commentaires

  • Des fois, c'est pas facile de dire ce qu'on voudrait dire, même si on ne se dit pas forcément qu'on aurait vraiment envie de le dire... et bam, la vie le fait pour nous, et on s'apperçoit que c'était si simple...
    Avec mon pôpa, on s'est fait la tête pendant pas loin de deux ans pour des histoires compliquées...

    Purée, c'est con ce que j'écris, moi... Allez, retour au boulot, ça vaut mieux...

  • Meuh nan, c'est pas con ce que tu écris ! OK, tu vas bosser mais, please, prends aussi un petit bain de soleil.

  • Cher Tagada-Papounet, permettez-moi, je vous prie, de poster un billet résolument contraire. Je ne crois pas au hasard, ni aux hasards. Je suis persuadé que nous faisons de notre vie ce qu'elle est, que nos actes enclenchent d'autres actes, qui nous déterminent et/ou nous transforment en retour, mais que toujours et encore, jour après jour, nous avons le choix. Outre le jazz, nous partageons une expérience indicible, celle que des mots ne pourront jamais évoquer et rendre, sans oublier, en outre, que cette expérience est toujours personnelle... Mais, je me souviens de cette année 1990, une mauvaise année, je me souviens d'un escalier qui menait chez un homme en blouse blanche. Je me souviens aussi d'un ascenseur qui y menait aussi. Je me souviens de cet homme qui allait aussi dans la même officine. Lui prenait toujours l'ascenseur, moi, toujours l'escalier... La suite est évidente... Nous sommes maîtres de ne pas prendre l'ascenseur, de prendre des voies de traverse, de flaner ( merde à Raffarin et à ses confrères ), de ne pas se lever, de se promener dans le centre d'une ville de Lorraine, d'envoyer subitement un sms à une âme fraternelle, de poster sur un frigo ( private joke... ), de courir le long de la coulée verte et soudain d'accélérer... le hasard n'a pas sa place, la volonté oui... Je ne vous connais pas, peut-être la vie ne me fera pas le plaisir de vous recontrer ( Raffarin entend délocaliser les individus de mon genre ), mais je sais, je sens que vous êtes un être de volonté... Voilà... Et dans cette Marne verte, le soleil est revenu aussi, avec dans le ciel un bleu lorrain, comme un fait exprès...

  • Peut-être que pour dire les choses autrement et en ce qui concerne ce "hasard" du 18 mars, faudrait-il que je re-précise mon point de vue. Hier en début d'après-midi, je ne me suis pas dit subitement : "Tiens, qu'est-ce que j'aimerais retrouver vraiment mon frère !". Non, si j'ai décidé quelque chose, c'est de m'accorder une flânerie en raison du temps estival qui régnait. C'est cette décision qui a, comme dans un effet boule de neige, provoqué la rencontre. Et ce sont les regards échangés, les non-dits durant cette rencontre qui m'ont ensuite poussé à ma seconde décision, celle d'envoyer un texto. Certes, j'aurais pu ne pas le faire mais la seule certitude que j'aie, c'est que si le temps avait été pluvieux, j'aurais été travailler et je n'aurais vu personne. Peut-être que ces retrouvailles devaient se faire un jour ou l'autre mais le puzzle se serait reconstitué autrement.
    Et pour le reste, même en cas de délocalisation sous la houlette du bossu de Matignon, la route qui mène à Nancy devrait rester ouverte !

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