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Gauche viarca


J'apprends hier soir en écoutant les informations qu'après s'être extasiés un peu démagogiquement il y a quelques années en découvrant le langage fleuri et inversé des banlieues et des cités, les linguistes s'inquiètent en constatant que pour bon nombre de jeunes, les pires difficultés s'annoncent puisque le corpus du vocabulaire de certains n'est constitué que d'environ 400 mots, alors que 2500 seraient un minimum nécessaire.
Aussitôt, une contre-analyse nous est proposée et l'on entend l'écrivain Erik Orsenna dédramatiser la question en nous expliquant qu'il est bon que notre langue subisse régulièrement des coups de boutoir et évolue au gré des époques. Il cite pour appuyer son propos l'expression "avoir la haine", sensée être la plus fidèle traduction du sentiment de haine.
Pas très convaincant, m'sieur Orsenna, vraiment pas. Une observation assez digne d'un certain état d'esprit "gauche caviar", du genre j'habite dans le XVIème mais je vous ai bien compris mes amis. Sur le principe, on ne peut qu'être d'accord avec l'idée qu'une langue doit vivre, accueillir de nouveaux mots, en refouler d'autres, malaxer, triturer mais... à condition toutefois qu'il s'agisse pour celui qui la parle d'un enrichissement conscient, et que cette évolution contribue, pour chacun d'entre nous, à une meilleure maîtrise de la pensée et de la manipulation des idées. Or, sans être alarmiste ni excessivement pessimiste, je suis bien obligé de constater que la fracture est là, que le fossé s'élargit entre ceux qui savent (ou essaient de savoir) et les autres. Et qu'avec 400 mots, on est nu face aux autres, sans beaucoup de défenses.
Alors, par pitié, arrêtons avec ces discours cucul la praline et revendiquons, inlassablement, le besoin de partager cette vraie richesse qui s'appelle langue française, avec son passé, son présent et son avenir.

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