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Plumeau cru, plumeau cuit !

Après ma tirade consacrée aux méfaits de certains chauffagistes, laissez-moi temporairement épuiser le sujet de mes relations avec le monde du travail (le vrai, celui avec les mains, pas la clique de ces feignants de travailleurs du cerveau dont je fais partie) en évoquant l'histoire éloquente de notre dernière tentative de recrutement, qui se solda - finalement, ça devient une habitude - par un retentissant échec !

Le contexte : ayant acheté une maison, le précédent propriétaire, dans sa grande mansuétude, crut bon de nous proposer les services d'une personne chargée chez lui du ménage depuis plus de 20 ans, nous louant la qualité de son travail et son attachement à des murs qui étaient sur le point de changer d'occupants... Il nous proposait en quelque sorte de nous léguer comme par héritage naturel une perle rarissime ! Il aurait même été coupable, selon lui, de se priver de ses inestimables services...

Halte-là ! Je vous arrête ! Vous imaginez certainement que je vais railler la triste condition des employées de maison, que sournoisement je pourfendrai les travers d'une corporation à bas revenus, qui ne peut pas se défendre face à de si basses attaques ! Point du tout, bien au contraire. Sachez que si les moyens m'en étaient donnés, j'aurais à mes côtés une bonne douzaine d'employé(e)s, totalement dévoué(e)s à ma cause, m'obéissant au doigt et à l'oeil, j'aurais enfin à la maison une dictature personnelle, j'agirais sans le moindre remords dans le simple but de satisfaire une autorité totalement défaillante par ailleurs, dans le cadre professionnel notamment, au détriment d'une équipe qui, bien sûr, n'aurait jamais son mot à dire. L'un(e) nettoierait les sols, l'autre dépoussiérerait, un(e) autre encore lessiverait, repasserait, j'aurais également une manucure personnelle, une cuisinière, je crois même que j'embaucherais quelqu'un(e) uniquement pour faire la vaisselle et nous préparer, après le repas de midi, un ou deux expresso. Sans oublier un jardinier, sensé entretenir à l'année les quelque 100m2 de nos privilèges extérieurs. Cerise sur le gâteau, j'embaucherais une employée de maison dont l'unique tâche serait d'épousseter chaque jour et un à un tous mes disques, sans oublier ces bon vieux vyniles qui nécessitent une attention particulière. Non non non, vous ne m'aurez pas, je ne dirai aucun mal de qui que ce soit, je vous raconte simplement une histoire vraie !

Ainsi donc nous eûmes, ma femme et moi, l'insigne honneur de rencontrer cette perle rare, au domicile de celui qui allait être notre vendeur (vous m'avez compris, c'était donc là où habitons maintenant) et aussitôt, une première chose nous mit particulièrement mal à l'aise : alors que nous procédions à une sorte d'entretien d'embauche, nous eûmes très vite la sensation que c'est nous qui étions mis sur le grill ! Et puis la chère (on verra plus loin à quel point cet épithète était adapté) dame ne nous regardait pas lorsqu'elle répondait à nos questions bébêtes (vous voyez le genre : ce qu'il faudrait entretenir, à quel rythme hebdomadaire, à quel tarif, bref, du basique). Son regard semblait chercher un ailleurs invisible, mais en général dans une direction très opposée à la nôtre. Bizarre quand même... Puis les choses se compliquèrent : elle exigeait d'être totalement seule dans la maison si elle travaillait pour nous ! Ah bon ? Vous avez quelque chose à cacher ? On n'est donc plus libres d'aller et venir comme bon nous semble dans notre propre maison ? Une exigence d'autant plus compliquée qu'elle nous expliqua très rapidement que quatre heures, au minimum, seraient nécessaires pour laver les sols du premier étage (environ 90 m2) et dépoussiérer les meubles. Une tâche dont nous nous acquittons, nous modestes dilettantes du plumeau, en moins de deux lorsque nous prenons notre temps. Et puis, attention : "Pour laver les sols, je ne prends pas n'importe quel produit, il me faut ceci cela..." Oh ! Oh ! Oh ! Ce sera tout pour votre service, chère madame ? Non, car il y avait encore plus fort !!! Le tarif ! Lorsqu'elle nous eut fait part de ses exigences financières (incluant un nombre assez impressionnant de jours de congés) qui me firent penser qu'elle devait confondre sa situation avec celle d'un footballeur à l'époque du mercato, ma Fraise de fille sortit sa calculette mentale et s'aperçut qu'au rythme de 35 heures hebdomadaires, notre Cendrillon nettoyeuse percevait chaque mois un salaire supérieur à celui d'une jeune agrégée d'anglais. Je veux bien moi, mais faut quand même pas pousser mémère dans les orties, hein ? OK pour défendre la cause de l'artisanat et des tâches manuelles, mais de là à s'endetter à ce point pour un p'tit coup d'aspirateur distrait, pas question.

Dès le lendemain, j'envoyai à la perle rare un courrier très poli dans lequel je la remerciais de sa proposition mais que, bla bla bla, nous ne pourrions faire appel à ses services. Grand bien nous en prit car les premières semaines consécutives à notre emménagement nous permirent de découvrir que cette passionaria du plumeau entretenait finalement des relations très distantes avec la poussière et la saleté en général. La maison que nous avions achetée, pour charmeuse qu'elle soit, était tout de même à cet égard dans un état de saleté assez déplorable. En 20 ans, il semble bien que de très nombreux recoins et fonds de placards n'avaient jamais eu l'honneur d'une visite, même rapide, de celle qui avait pour mission de les maintenir dans un état de propreté honorable. Je n'évoque même pas les vitres, dont nous crûmes au premier abord qu'elles étaient toutes de "verre cathédrale", probablement pour masquer l'intérieur des lieux aux yeux de voisins trop curieux. Même pas, un premier nettoyage nous démontra qu'il n'en était rien et que, Ô joie, on voyait même la rue et le jardin à travers !!!

Mais vous savez ce qui est le plus rigolo dans cette histoire ? La dame, oui cette pierre précieuse du lavage multi-fonctions, avait un cousin... chauffagiste, grand spécialiste des chaudières "DEFAUT BRULEUR" ! J'appris très vite qu'il avait un air de famille avec elle, en particulier dans le sérieux de son travail !!! Et l'un comme l'autre sont désormais hors de portée de notre maison...

Commentaires

  • Mékifé le ménage qui n'était pas fait avant maintenant??
    Pas facile celle-ci...
    Pour la chaudière, j'ai suivi le parcours et j'arrive à me repérer dans le sous-sol et je visualise très bien l'écran lumineux et clignotant qui annonce DEFAUT BRULEUR et Monsieur Y a K.A veillant sur la veilleuse en attendant les secours.
    En revanche l'épisode 1 de Plumeau cru, plumeau cuit !
    me laisse songeur.
    Mais que va devenir Madame Craspouette.
    Comment vivre sans toucher le salaire d'un agrégé, et les mots-croisés du mercredi après midi (4h de suite ...et sans faiblir, le tout en buvant une tasse de café confortablement installée dans le magnifique canapé du salon de ses généreux propriétaires), et son cousin Léon Labuse, le vieux complice de toujours qui croyait avoir enfin trouvé la bonne affaire (très lucrative et sans risque d'être victime d'un accident du travail...).
    Affaire à suivre...

  • @Cèpe Solitaire : le rapport heure/surface laisse bien deviner une superbe cruciverbiste, voire une amatrice du roman photo de "nous deux"... Et puis si le jardin est sympa on peut préparer son bronzage au printemps. Quel sans coeur ce Y'a K.A. ;-)

    L'avantage des métiers du cerveau, c'est qu'on peut déguiser la paresse en hardiesse de la tâche... Les "personnages" de cette chronique sont aussi improbables que profondément humains ! On a l'impression de lire un roman de Pennac parfois et pourtant tout est si vrai... c'est terrifiant. Les liens du sang ont-il un lien avec le courage que l'on met à l'ouvrage ? Y'a-t-il un gène de la paresse ?

  • Bonsoir,
    J'ai atterri par hasard chez toi ce soir, j'ai ri (bcp), et j'ai aimé ta sélection de musique (bcp)
    Du coup, tu m'a donné envie de publier aussi une petite sélection. J'aimerais bien la partager avec toi !
    Vas donc voir dans mon blog, à droite dans les albums photo !
    Bises

  • C'est fait, tu es même linkée ici ! Et pour ce qui est de parler musique, no problemo, d'ailleurs j'en profite pour te recommander le dernier CD de Steve Reich !

  • Au Cèpe et à Willmanx...le pire, c'était le jour de l'emmènagement...elle était là!!!! pas pour nous mais pour ceux qui partaient (oui, en novembre on se l'est jouée "grand chassé croisé des juilletistes et des aoutiens")...donc elle lavait la maison...enfin lavait...déjà que la veille j'avais, ô joie ô bonheur aspiré tout le 2ème chalet suisse avec la grâce d'une patineuse est-allemande...bref, elle était là, à rien foutre...puis elle est sortie, est restée sur le trottoir juste face à la porte d'entrée en pleurant, et ça m'a bien fait rire (car contrairement au Y a KA je suis vraiment méchante)...et par contre, j'ai plus rigolé du tout quand j'ai découvert le seau plein d'eau dégueulasse qu'elle avait subrepticement laissé en plein couloir.
    Bref.
    Bon débarras

  • @ La Fraise des Bois et willmanx
    Je dois bien vous l’avouer, ce thriller urbain me glace le sang.
    Un psychopathe à la clé de 12 qui ne répond plus au téléphone, qui arrive avec quelques heures de retard ou quelques jours…, normal me direz vous, il avait certainement d’autres clients à fouetter le bougre. Peut-être un gentil petit couple de retraités qui ne demandait qu’une seule chose, que la chaudière de marque XXX (pas de pub sur ce blog) soit complètement révisée de façon à terminer ce rude hiver sans craindre de terminer en glaçon. Espérons simplement que ces braves petits vieux aient eu la bonne idée d’aller faire leurs courses à la superette du coin à 19h55 (et oui, fermeture à 20h), et ainsi ne soient pas tombés sur ce détraqué uniquement sensible à la beauté étincelante da sa clé FacXX toute neuve, trouvée chez sa précédente victime.
    Encore plus glloq l’attitude de Miss Craspouette qui le jour du départ des anciens propriétaires, versait une larme non pas de tristesse, mais de regret car elle et son complice étaient à deux doigts d’en finir avec ce couple très crédule. Pas de chance, ils venaient de décider de quitter les lieux au plus vite pour fuir loin de cette bâtisse qui visiblement cachait un secret terrifiant. Qu’avaient-ils donc découvert dans cette fameuse chaufferie du sous-sol ?
    Des larmes de colère coulaient sur ses joues car à cet instant précis elle venait de réaliser qu’elle perdait à jamais tout espoir de pouvoir enfin devenir riche et de vivre dans ce joli et coquet petit chalet Suisse en prenant l’identité de ces pauvres malheureux avec son amour de toujours, son affreux et cynique cousin Léon Labuse.
    La rage se faisait sentir, son visage se crispait dans d’affreuses déformations et tout cela en raison de la sage décision qui fut prise par la famille Y a K.A , mettre dehors au plus vite ce couple malfaisant atteint de la maladie du mono neurone.

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