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Caméra traîtresse...

Après la longue note consacrée à mes souvenirs cyclistes - en chambre uniquement, je le rappelle - j'aimerais revenir sur une image surprenante vue à la télévision jeudi dernier, dans l'émission "Envoyé Spécial", sur France 2.

En lien avec l'actualité du moment, les responsables du magazine avaient choisi de suivre pas à pas durant cinq jours quelques personnes clés de l'organisation des manifestations anti-CPE, parmi lesquelles le responsable national de l'UNEF. Dont j'ai oublié le nom, qu'il veuille bien me pardonner. Celui-ci, déjà très rompu à l'exercice de la chose politique - bon sang ne saurait mentir, on n'est pas fils de sa mère-maire pour rien - est un personnage brillant, plutôt mesuré et à des années lumière des étudiants en sociologie ou en "info-comm" un peu caricaturaux et mous du genou que les médias nous surexposent depuis quelque temps, probablement pas sans intention d'ailleurs, et dont le discours, très vite à court d'arguments, aurait plutôt tendance à desservir la cause qu'ils cherchent à défendre. Lui, est résolument contre le CPE, c'est évident mais avance dans le débat avec un vrai sens des responsabilités et déploie beaucoup d'efforts pour coordonner les mouvements issus des Universités. Il est dans rôle, efficace semble-t-il, et assez soucieux de ne pas voir dégénérer les défilés qui ont connu un point culminant le mardi 28 mars 2006, un peu partout en France. Tiens, c'est amusant, le temps d'une fraction de seconde, je me suis dit : "Toi, dans quelques années, tu auras pris du galon et je ne serais pas surpris de te voir à nouveau dans les médias, parlant au nom d'un parti politique".

Mais pourquoi donc a-t-il accepté de se laisser filmer, le temps d'une pause repas, dans une succursale du temple du "fast food", dont il n'est même pas utile de citer le nom ? Comment n'a-t-il pas perçu l'énorme contradiction entre la revendication forte qui est la sienne et pour laquelle il déploie une énergie incroyable et le fait de s'afficher dans cette enseigne qui, d'une certaine manière, en est le parfait contre exemple ? Ici, me semble-t-il, règne une gestion des ressources humaines plutôt anglo-saxonne, non ? Le CDD, le temps partiel, les horaires exotiques sont le quotidien de la quasi-totalité des salariés. Le "turn over" de la main oeuvre est très fort, les possibilités de promotion réservées à une infime minorité, le rôle des syndicats réduit à son strict minimum. C'est une entreprise efficace, mais sans le moindre état d'âme, dont les managers parlent une belle langue de bois quand on les interroge et dont l'existence n'est justifiée que par l'objectif d'engranger les profits maximum dans les délais les plus brefs (il faut bien assurer les lendemains de ces pauvres retraités richissimes résidant en Floride...), tous continents confondus. Une illustration parfaite du phénomène de la mondialisation uniformisation.

Point de jugement ici de ma part. C'est juste que la superposition m'a semblé étonnante.

Alors piégé le jeune homme ? Ou, comme beaucoup d'entre nous, perdu dans ses propres contradictions à demander au marché du travail qu'il nous propose une situation sécurisée pour les décennies à venir, tout en consommant en masse tant de produits issus du capitalisme financier dictatorial qui règne en maître sur notre belle planète ?

Bon, j'arrête, j'ai un coup de fil à donner. Zut, qu'est-ce que j'ai fait de mon téléphone portable fabriqué en Corée ? Raah, ch'suis bête, il était juste derrière mon ordinateur portable américain fabriqué en Chine...

Commentaires

  • Pas vu perso, mais bon ... ce que tu relèves est effectivement troublant.

    Ceci étant j'ai pas tres loin de moi l'exemple du self made man qui a eu une ascension rapide et forte dans cette maison, la promotion interne y existe donc.
    Pour le turn-over et les droits syndicaux là il est clair qu'il y a du boulôt.

    Tu parles de retraités en Floride, on dit aussi que les fameux fonds de pension aux exigences délirantes seraient détenues aussi par de très nombreuses veuves écossaises ( ou alors c'est encore une légende ).

    Quant à ton téléphone il est dans la poche de ton pantalon cousu en Taïlande je pense ;-)

  • Interessant. Ton post me fait penser a une chose : il faudrait que j'ecrive un petit quelque chose sur la maniere dont la France et les manifs sont percues et exposees ici aux States...

  • sans transition : y a t il un lien entre le fait que tu soies de l'educnat et le fait que je sois assaillie de pop-up dela Camif chaque fois que j'ouvre ton blog ? tu t'es fait sponsoriser?

  • @ Mille Pattes : ah non ! Moi môssieu, je porte du pantalon Made in Italy... Bon c'est vrai qu'en ce moment, l'Italie...

    @Eurydice : beuh non, j'y suis pour rien... Faut demander à Monsieur Hautetfort... Et ton post sur les manifs françaises vues de Bushland est attendu !

  • Tiens, un pop-up de la CAMIF !!!
    Mais, bon, il y a longtemps que la CAMIF ratisse au-delà de l'Éducation Nationale...

  • ouaip la camif et maître chronique c'est un peu triste : On vient lire des choses qui nous sortent de notre quotidien et on se rappelle finalement qu'on a pas encore changé les draps...

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