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Sacré Fred !

Chroniques du Nancy Jazz Pulsations 2006 – Episode 1
Jeudi 12 octobre – Salle Poirel – Nancy


C’est reparti ! Chaque année, nous consacrons plusieurs soirées à la musique vivante dans le cadre du Festival Nancy Jazz Pulsations. L’occasion pour moi de tenter de vous en retracer les grandes lignes et, plus égoïstement, de noter noir sur blanc des souvenirs qui ne demandent pas mieux que de s’effacer avec le temps. Notre épisode 1 s’inscrit d’ores et déjà comme l’une des plus belles soirées de musique qu’il nous ait été donné de connaître depuis un bon bout de temps et les bonheurs qui nous ont été offerts ne sont pas près, eux, de s’évanouir.

Déjà, ils sont 17 sur scène ! Sous la conduite du bassiste arrangeur Fred Pallem (lunettes noires, costume et… baskets blanches), les musiciens du Sacre du Tympan, au look rétro savamment entretenu, ont tout balayé sur leur passage ! Passons sur la virtuosité de chacun des exécutants et arrêtons-nous plutôt sur la précision diabolique des arrangements, sur l’incroyable diversité des palettes sonores que le chef peut créer en combinant à l’infini les instruments dont il disposent : claviers, guitare, batterie, vibraphone, flûte, saxophones, trompettes, trombones… une invincible armada qui possède cette qualité irremplaçable du talent combiné à un vrai humour et à une belle dose d’imagination. Mais surtout, avec le Sacre du Tympan, je crois que nous étions tous un peu comme des enfants. Imaginez la bande originale d’un drôle de film un peu foutraque où se côtoieraient John Ford, Fellini, James Bond, Louis de Funès, Jacques Tati et même le cirque Pinder. Le Sacre du Tympan, c’est tout cela : une musique jubilatoire, roborative et ébouriffante. Son côté imprévisible fait aussi tout son charme : fermez un instant les yeux, vous êtes le passager d’une voiture des années 50 ou 60 (une grosse américaine, avec banquette à l’avant, des enjoliveurs blancs) qui filerait à un rythme un peu trop rapide sur une route nationale et puis, soudain, alors que son conducteur n’a même pas pris le soin de clignoter, vous voilà maintenant un peu ballotté sur une départementale au revêtement incertain. Ah, ça secoue, croyez-moi ! Vous vous accrochez comme vous le pouvez à la portière, vous jetez un coup d’œil à votre chauffeur qui, lui, est d’un calme olympien et vous regarde avec un sourire entendu. Tout va bien, on avance, on file même, on se laisse guider et on apprécie le paysage qui défile sur le côté. Voilà, vous êtes bien à bord du Sacre du Tympa, un peu assommé mais finalement très consentant. Fred Pallem a gentiment taquiné le public qui lui semblait « studieux » - un public en fait très calme entre les différents morceaux mais qui n’a pas ménagé ses applaudissements et a rappelé le groupe qui, pour l’occasion, a fait appel à un pianiste de luxe en la personne de Bojan Z… qu’on allait retrouver quelques minutes plus tard sur scène en trio. Oui, un public studieux mais surtout et d’abord enchanté !
Le Sacre du Tympan : un beau moment de musique, un public aux anges, des échos souvent nostalgiques, un frisson garanti pour quiconque a gardé une âme d’enfant.
J’en redemande !

Bojan Z, lui, c’est autre chose. Ce pianiste qu’on avait découvert aux côtés du contrebassiste Henri Texier et à plusieurs reprises dans la formation de Julien Lourau est aussi un grand monsieur qui a déjà à son actif six albums sous son nom, dont le dernier, « Xenophonia » est une pure merveille. Avec lui, on entre dans un univers dont l’accès est, a priori, moins immédiat que celui de Fred Pallem, mais la beauté a ses secrets qu’une oreille curieuse a tôt fait de découvrir. On s’émerveille vite des sonorités que Bojan Z extirpe de ses claviers (piano, Fender Rhodes et « xenophone »), on vibre à la complicité qui s’établit en quelques secondes entre les musiciens, les dialogues se multiplient (piano / contrebasse, piano / batterie et contrebasse / batterie). Avec des pointures telles que Rémi Vignolo (contrebasse) et Ari Hoenig (batterie), Bojan Z peut s’exprimer en toute confiance et nous transporte vers de belles contrées dont on imagine qu’elles ne sont jamais très loin de ses terres natales, quelque part du côté de la Bosnie ou de la Serbie. S’il a choisi, pour d’évidentes raisons de commodité, de raccourcir son patronyme (Z pour Zulfikarpasic), monsieur Bojan n’a rien renié de ses origines. Toute cette richesse, il nous l’offre et nous l’acceptons avec joie. Nous étions bien là en présence d’une personnalité de premier plan et il était très important, essentiel même, d’en avoir conscience au moment même où sa musique nous imprégnait. Chapeau bas !

Ces deux beaux concerts ont parfaitement démontré qu’on pouvait aisément marier exigence et accessibilité. Le public, venu nombreux dans la Salle Poirel, est visiblement ressorti conquis. Avec de tels musiciens, la cause de l’Art ne semble pas définitivement perdue…

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Commentaires

  • note pour vous rassurer et pour vous dire que vous avez toujours au moins un lecteur ;-)

  • Ouf !
    Je peux dormir sur mes deux oreilles !

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