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  • Ami du soir, bonsoir !


    Les virus et autres chevaux de Troie ayant encore frappé, j'ai dû batailler ferme hier soir pour redonner vie à mon ordinateur, qui s'était - semble-t-il - laissé abuser par un ennemi malgré la présence d'une protection, visiblement insuffisante. Le plus amusant dans cette histoire, c'est que quelques symptômes m'avaient mis en alerte et que j'avais justement choisi d'installer un nouveau dispositif plus efficace (anti-virus + pare-feu) pour me rassurer. Bou diou de bou diou, voilà t'y pas que cette saloperie de virus contrariait l'installation du logiciel lui-même !!! Hé, les mecs, on fait comment ? Ben... on appelle la ligne chaude du fournisseur et on gère au mieux ! Je ne serai pas chien et ne me joindrai point à la meute des râleurs professionnels, car je dois bien avouer que j'ai reçu un accueil très courtois, les explications et les démarches à suivre ont été très claires, aussi bien au téléphone que par messagerie dans un second temps.
    Au final, presque trois heures plus tard après moult redémarrages en modes variés, nettoyage de fichiers et installation rigoureuse de la barrière sanitaire ainsi correctement configurée, j'ai pu rejoindre ma Tagada de fille - la pauvre, à la veille de son premier écrit d'agrégation d'anglais, stressée comme pas deux, le teint livide, accrochée, vissée même, à son téléphone portable et réussissant l'exploit de réaliser à une seule main une sauce de salade, mais tout de même pas l'essorage ! - et avaler distraitement quelques tortellini un peu tièdes, et pour cause, les pauvres m'attendaient depuis longtemps.
    Nom d'un chien, j'ai beau être familiarisé depuis longtemps avec la chose informatique, je ne peux m'empêcher de bougonner devant la complexité de l'utilisation d'un ordinateur ! On parle de démocratisation de l'objet, de taux d'équipement des familles, de couverture du territoire en haut débit mais... imaginez-vous quel peut être le calvaire du citoyen lambda qui n'a pas eu la chance d'apprendre à parler au minimum un esperanto du PC ? J'ai toujours réussi, avec ou sans aide, à débrouiller ces situations pénibles mais je n'ose penser à l'angoisse de celui ou celle qui vient d'investir une somme rondelette dans un ordinateur pour s'apercevoir ensuite qu'il entre dans une ère de forte dépendance vis-à-vis de ceux qui savent, encore plus pénible lorsque ces derniers sont auss ceux qui vendent...
    Alors je vous laisse deviner quel bonheur paisible fut le moment de retrouver mon bon ami le livre. Ah, le plaisir de se glisser sous la couette, de l'empoigner et de découvrir la suite de l'histoire, de vivre avec les personnages, en toute proximité, de souffrir ou rire avec eux. Un livre, au moins, ça ne vous casse pas les pieds avec des histoires de setup, de redémarrage en mode sans échec ou de msconfig... Les problèmes techniques du livre, ils sont pour les imprimeurs, chacun son boulot. Les livres existent, ils sont des êtres vivants - j'ai déjà expliqué quelle relation tactilo-sensuelle j'entretenais avec eux - et rien ne remplace ce sentiment d'abandon qui vous gagne à entrer dans leur univers.
    Et ce matin, j'étais frais et dispo pour convoyer dans la banlieue profonde de Metz quelques agrégatives (featuring Miss Tagada, obviously) ainsi délestées du fardeau d'un trajet qui ne s'annonçait pas comme particulièrement touristique. Il est parfois essentiel, quand on est père, de se satisfaire ainsi du travail bien accompli. Et pour le coup, les histoires de virus ou de plantage d'ordinateur, on les oublie, on s'en moque comme de l'an 40, on les a même oubliées et on attend avidement la prochaine rencontre avec son ami du soir, le bouquin.
    Sauf qu'il reste un truc d'ordre technique qui me contrarie un peu la lecture : ce sont ces p... de b... de m... d'yeux de quasi-quinqua qui réclament leurs lunettes qu'évidemment j'ai laissées dans mon sac (ben oui, vous savez bien que j'ai plus de poches, sauf sous les yeux...) et qu'il faut que je me relève alors que j'étais déjà bien installé au chaud dans mon lit et que ça m'énerve de me dire qu'il va falloir que je recommence mon petit cérémonial...
    Au secours, ma petite femme, reviens-moi vite de Pologne, parce que je m'aperçois qu'en moins de deux jours, je commence à attraper des manies de vieux garçon !!!

  • ILS ont encore frappé !


    Dans une note du mois dernier, je m'étais un peu emporté contre certains - je devrais plutôt dire certaine - de mes collègues dont la pensée vagabonde en permanence bien au-dessous du niveau de l'intelligence d'une huître fatiguée. Leur truc, c'est la référence permanence à un ennemi invisible, dont on connaît l'identité qui se résume à un seul mot : ILS !
    Aujourd'hui, la crise de paranoïa a encore provoqué quelques dégâts ! Mais dans sa grande clémence, l'ennem'ILS nous a laissé quelques rarissimes perles dont on ne sait si elles doivent déclencher chez nous crise de fou rire ou larmes de tristesse.
    Je vous plante le décor : il est 8h25, j'arrive au bureau et une bonne partie de l'équipe (5 personnes en moyenne à cette heure), pourtant sensée travailler à partir de 8 heures, a encore le derrière vissé dans le petit réduit jaune criard qu'on appelle "la cafét". Chaque matin, sous l'impulsion perverse des plus aigris, un nouveau sujet de conversation convoque ILS à se manifester. On pourrait appeler ce moment de la journée le café du commerce, je préfère néanmoins le baptiser "commerce du café", car c'est bien entendu ce dernier qui est le prétexte à repousser au plus tard le moment de s'avachir devant son bureau, en attendant la pause bien méritée de 10h30.
    J'arrive, je salue chacun et, juste au moment où je m'apprête à monter au premier étage, voilà... PAF ! - l'ennemi qui s'avance, même pas masqué : il vient de frapper sur la Place Stanislas, dont la rénovation avance à grands pas et qui va redonner à ce lieu historique toute le lustre qu'il mérite. Voitures chassées, pavage identique à ce qu'il était à l'origine, nettoyage des façades, aménagement de trois rues voisines qui deviennent piétonnes elles aussi. Un vrai bonheur de citoyen, une attraction pour les touristes, un sentiment de réussite pour nous, pétitionneurs de la première heure, qui allons pouvoir enfin flâner en ce lieu magique en toute tranquillité.
    Oui mais voilà : ont-ILS vraiment refait la Place à l'identique ? Pas sûr, car ILS disent que c'est faux, d'ailleurs, la preuve, c'est que les pavés sont tellement clairs qu'on en a les yeux éblouis. Et puis, cette légère pente dans le sens de la montée, de l'extérieur vers le centre, là où se trouve la statue du bon roi Stanislas... "Hé, vous vous rendez compte ? Quand on est Rue des Dominicains, on ne voit même plus la Pépinière" (notre parc de centre ville). J'ergote un minimum, étonné de cette vision exceptionnelle : "Ah bon, tu réussissais à voir le Parc depuis le Rue des Dominicains ?"... "Euh, non, enfin, on ne voit plus la façade des Césars" (une pizzeria).
    Ouh la la la la, nous y voilà, on touche à l'essentiel ! C'est l'estomac qui parle... Mais comment elle s'y prend pour arriver à ne plus voir cette précieuse façade ? Elle se couche par terre, sur le ventre, en regardant dans l'autre sens ? Franchement, j'ai beau chercher, j'ai du mal à comprendre.
    Ou plutôt je comprends trop bien : une nouvelle manifestation de la résistance à tout changement. Ah, où est-il le bon temps de la Place Stanislas plane, formidable mini-circuit automodébile pour les brutes épaisses adeptes du sprint en zone urbaine ? Mieux encore, pourquoi ne pas revenir aux années 60, quand la place était non seulement autorisée à la circulation des engins motorisés mais qu'en outre, elle était un magnifique parking, dégueulant de bagnoles à n'en plus finir, reflet fidèle de cette paresse anti-écologique qui vous interdit d'imaginer qu'au-delà de 100 mètres, un trajet ne puisse plus être piéton ?
    Pardon pour cette phrase interminable, mais là... ce matin, j'avais la machine à coups de pied au cul qui me démangeait. J'ai vite quitté le bocal empuanti par la clope et je me suis réfugié dans mon bureau où, histoire de rester en accord avec moi-même, je me suis mis au travail, en rêvant du mois de mai et du jour où je pourrais m'installer au soleil de la Place Stanislas, en sirotant in Ti Punch bien mérité.

  • L'ami Henri


    J’aurais pu vous parler de la mort du Pape et si j’avais eu le moindre talent de dessinateur, je vous aurais volontiers proposé, à la manière de Plantu, un petit dessin vous mettant en scène un Jean-Paul II levant le bras rageur du vainqueur dans la dernière ligne droite d’une course vers l’au-delà et regardant derrière lui la mine déconfite du Prince Rainier, battu sur le fil.
    Mais tout ceci n’aurait pas été très politiquement correct. Il faut dire que cette idée m’avait traversé l’esprit en entendant, samedi matin, les journalistes d’Europe 1 nous lire successivement les bulletins médicaux des deux mourants, comme s’ils étaient embarqués dans je ne sais quelle course vers l’éternité.
    Donc, pas de pape, pas de Jean-Paul II, pas de raillerie sur Monaco, c’est pas bien !
    Alors je vais revenir à vendredi soir, à une si belle soirée passée dans le sud meusien, à Commercy (oui, le pays des madeleines, les seules, les vraies, je dis cela aux habitants de Liverdun qui osent baptiser de la même manière leurs propres petites brioches. Or, seule celle de Commercy peut revendiquer le nom de Madeleine, c’est historique !).
    C’était la soirée d’ouverture de la nouvelle édition du Festival de Jazz de cette petite ville, avec à l’affiche un grand monsieur, un très grand monsieur devrais-je même dire : le contrebassiste Henri Texier.
    Henri Texier, on l’imagine volontiers chez lui, chantant à tue-tête les thèmes de ses compositions avant de les écrire et de les arranger. Car sa musique, c’est d’abord un chant : d’amour, de révolte, de fraternité, c’est une source d’énergie assez unique à laquelle il est si bon de puiser qu’on y revient sans cesse. Autour de lui et formant pour l’occasion le Strada Quintet (un nom donné en hommage à Fellini, car Henri Texier entretient avec le cinéma de très belles relations, et en particulier avec le cinéma italien), il y avait Sébastien Texier, le fiston saxophoniste et clarinettiste, au jeu lyrique et dissonant, François Corneloup dont le saxophone baryton est un enchantement mélodique, Gueorgui Kornazov, tromboniste explosif et tonitruant et, le temps d’un soir, intérimaire jubilant du plaisir d’être d’une si belle fête, Franck Agulhon et sa batterie, faussement appliqué et parfaitement intégré.
    Vendredi soir, ce si beau Strada Quintet a largement puisé dans le répertoire du dernier disques d’Henri Texier, « (V)Ivre », nous offrant même une composition inédite en introduction : « Work Revolt Song ». Durant une heure et demie, le temps s’est comme arrêté, nous avons tous retenu notre souffle, comme si nous ne voulions pas priver d’oxygène cette fanfare endiablée et multicolore, puisant ses influences aux quatre coins du monde, en Inde, en Afrique, en Amérique… dans une communion qui ne porta jamais si bien son nom.
    Henri Texier, c’est aussi un être humain qui a su garder sur le monde le regard d’un enfant effrayé par la brutalité des hommes, de ce système totalitaro-capitaliste qui broie tout sur son passage, au mépris de ceux qui souffrent. Henri Texier est homme de compassion, sa musique suinte la révolte (« Mais ce n’est pas toujours facile de se révolter », confiera-t-il entre deux morceaux) tout en nous encourageant à rester humbles. Une fois de plus, il nous met en garde face à ceux pour qui la culture est l’ennemi, il ne baisse pas les bras et entame avec sa contrebasse un nouvel acte d’amour.
    Nous avons la chance de connaître Henri Texier personnellement : voici quelques années, nous fûmes par le plus grand des hasards voisins de vacances à Saint-Gilles Croix-de-Vie et, déjà un grand fan, j’avais osé l’aborder et lui dire tout le bien que je pensais de sa musique. Depuis, nous avons gardé le contact et nous ne manquons jamais une occasion d’aller le voir lorsqu’il se produit dans la région, voire même à Paris. Chaque année, nous échangeons nos vœux et c’est toujours avec une certaine impatience que nous attendons le petit « bricolage » cartonné qu’il aura inventé pour nous souhaiter amicalement une bonne année.
    Dans les loges, Henri Texier est exténué, non par le concert qui fut pour tout le groupe un moment privilégié, mais plutôt par le voyage qui le précéda. Néanmoins, il nous accueille avec beaucoup de chaleur, demande des nouvelles de chacun d’entre nous, ses yeux pétillent de malice et de douceur, sa courte barbe devenue blanche (monsieur Henri va fêter ses 60 ans) est celle d’un sage dont on recherche la compagnie.
    Sur l’instant, nous sommes conscients de vivre un de ces moments dont on sait qu’ils resteront gravés pour longtemps dans nos mémoires. Son héros est là, devant nous, d’une désarmante simplicité et nous savourons, seconde après seconde, le plaisir qu’il nous procure.
    Il ne reste qu’un mot à dire, à lui dire : MERCI, monsieur Henri, à très bientôt.

  • Jeunesse éternelle


    J'ai du mal entendre... ou plutôt, j'ai trop bien compris ! Nos amis les banquiers nous aiment tellement qu'ils envisagent des prêts immobiliers sur 50 ans, en réponse à la flambée des prix dans ce secteur. Ainsi, les mensualités seront réduites et les jeunes pourront plus facilement acquérir leur premier logement.
    Sont vraiment trop gentils ces gens-là, j'aime beaucoup leur démarche tout empreinte de philantropie au point qu'ils consentent à nous faire ainsi le cadeau d'un radieux avenir. Ou peut-être qu'avec cette espérance de vie qui ne cesse d'augmenter, ils voient là un moyen supplémentaire de grossir le porte-feuille de leurs actionnaires. C'est juste une question de calcul risque après tout. Une histoire de probabilités.
    En plus, comme ça, c'est super chouette car si je sors ma calculette et que je prends l'hypothèse d'un jeune disons de... 25 ans, qui achète son premier logement : "Bonjour monsieur le banquier, je voudrais des sous pour 50 ans siouplaît". Le jeune, pendant 50 ans, il essaie de trouver du travail (pas sûr, ça) et lorsqu'il aura 75 ans, non seulement ce toujours jeune sera propriétaire mais en plus il pourra envisager un nouvel achat car, au rythme où vont les choses (paraît qu'on gagne trois mois de vie par an), il sera parvenu enfin à l'âge adulte et aura devant lui plus de 25 ans à vivre, au bas mot, puisqu'il sera quasi-certain de devenir plus que centenaire. Chouette, tout ça, non ? Et surtout, je suis heureux pour vous les jeunes qui allez pouvoir vous offrir, tous, un véritable parc immobilier pour votre descendance...
    Vraiment, je ne trouve pas les mots... merci mes amis banquiers !
    Y a juste un truc qui me chiffonne... J'avais cru comprendre que les banques contribuaient elles-même un peu à la flambée de l'immobilier... Mais j'ai dû me tromper...