Il y a moins de deux semaines, je vous avais parlé de "Quarantaine", un livre de Jim Crace que j'avais acheté comme ça, subitement, par un après-midi de beau temps, un vendredi estival, un jour de ciel bleu.
Mais hier, j'ai une fois encore été victime de mon syndrôme préféré, celui de la pile à ordre variable... Laissez-moi vous expliquer.
Alors qu'une fois encore je flânais quelques minutes au rayon bouquins d'une "grande surface culturelle", je tombe nez à nez avec la réédition en collection de poche d'un bouquin de l'écrivain américain Pat Conroy, "Le prince des marées". Or, je garde depuis près de sept ans un souvenir formidable d'un autre livre du même auteur, "Beach Music". Pat Conroy, ce sont de grandes et belles histoires (certains le disent héritier de Faulkner et Tennessee Williams, mais je me garderai bien de donner mon opinion, car je ne connais pas suffisamment ces derniers...), ce sont des personnages qui aiment, qui souffrent, qui rient, c'est une Amérique dite profonde (ici, l'histoire se déroule en Caroline du Sud), à des années lumières de la nation triomphante que nous desservent les Bush-médias à longueur de CNN ou Fox News... Pour ne rien gâter, Pat Conroy écrit de gros pavés, ce "Prince des Marées" compte plus de 1000 pages et c'est le genre de détails qui me font un peu saliver car je sais que je vais pouvoir passer un bon paquet d'heures immergé dans une grande histoire dont je sortirai un peu lessivé mais avec l'impression d'avoir côtoyé des êtres humains à la fois proches et pourtant tellement extra-ordinaires !
Donc, vous avez compris, j'ai acheté ce livre (10,36€ - 10€ de chèque cadeau = 0,36€, ça fait pas cher la page, vous en conviendrez) et je l'ai aussitôt placé en deuxième position sur ma liste de bouquins en souffrance, juste sous "Quarantaine" dont il était question un peu plus haut, ce livre dont il me reste un peu plus de 200 pages à lire.
Seulement voilà : ce "Prince des Marées" a commencé à me narguer... Je le voyais, là, confortable, dodu, avec ses histoires qui commençaient à suinter, à me tendre les bras. Alors je l'ai empoigné, j'ai regardé l'illustration en première de couverture, j'ai relu le résumé, miam miam, y a bon cette histoire. Et puis je suis allé cherché mes lunettes, j'ai allumé une lampe, vous savez, celle qui est juste à côté du fauteuil club en cuir rouge, celui qui, justement, est là pour vous installer confortablement dans la peau d'un lecteur tranquille. Et j'ai commencé à entre dans l'histoire.
Trop tard, j'étais contaminé : adieu, non plutôt au-revoir "Quarantaine", ce sera pour plus tard, désolé, le gars Conroy m'a encore eu, je sais déjà que cette histoire va me happer durant un sacré moment, que je n'aurai de cesse, chaque soir en posant le livre pour dormir, de le retrouver le lendemain pour continuer.
C'est un peu mon travers, ça, plusieurs bouquins entamés, des histoires qui risquent de se mélanger, une certaine impatience parfois en mettant le nez sur un livre auquel je ne pensais pas quelques minutes auparavant et qui emporte tout avec lui. Comme s'il était là exprès pour moi, comme si nos routes devaient se croiser.
C'est idiot ce que je raconte... c'est en pleine contradiction avec une précédente note, celle où je disais que je ne croyais pas à une certaine prédestination. M'en fous, même mes contradictions, je les assume.
Profitez-en, c'est mon jour de bonté !!!