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LexiChronique

  • C'est Bon et ça roule !

    Voilà un vrai plaisir de lecture… et de musique. J’avais curieusement laissé passer en son temps la publication de «Rolling Stones, une biographie» de l'écrivain François Bon et je finis par me demander, à la lecture des soixante-dix premières pages, déjà dévorées, de ce que l’on peut sans risque de se tromper qualifier de somme, comment il m’a été possible d’attendre aussi longtemps !

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  • Brouillons de culture

    C'est le bazar ! Je voulais parler de tout un tas de choses cette semaine... Je ne suis pas certain néanmoins que ce que j'avais envie de vous raconter soit toujours digne d'intérêt ni très original... Mais vous savez comment sont les choses de l'intérieur : ça bouillonne, ça se bouscule au portillon, on regrette de ne pas avoir sous la main le petit calepin pour griffonner l'idée ou l'évènement. Alors voilà, c'est du vrac que je vous propose...

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  • Tu me fais Tournier la tête…

    En fouillant dans mes archives, j’ai retrouvé un vieux texte (écrit voici plus de 14 ans maintenant) consacré à Michel Tournier, un écrivain pour lequel j’ai la plus grande admiration. Du « Roi des Aulnes » aux sublimes « Météores », en passant par « La Goutte d’Or » ou ces belles notes le lecture que sont « Le Vol du Vampire » ou bien encore d’autres textes passionnants comme « Célébrations », l’œuvre de ce monsieur est captivante. Je vous livre cette petite note telle que je l’avais écrite, quelques heures après avoir rencontré ce grand monsieur à Nancy.

    Nous avons rencontré Michel Tournier vendredi en fin d’après-midi, à l’occasion de la sortie d’un livre de l’écrivain qui mêle textes et photographies : intitulé “Le crépuscule des masques”, il rassemble un certain nombre de réflexions personnelles de l’auteur dont on sait qu’il vit intensément l’opposition entre l’image et le signe (voir notamment le thème de “La Goutte d’Or” qui reflétait déjà cette contradiction en mettant face à face deux cultures).

    medium_tournier.jpgTournier, qui est maintenant âgé de 68 ans, commence à se parer des rides de la vieillesse, en d’autres mots il se chiffonne, et tout me porte à croire qu’il est atteint d’un début de surdité. J’en veux pour preuve cette façon qu’il a de se pencher en avant sur la table en plaçant sa main en coquillage autour de son oreille pour mieux comprendre le prénom qu’on lui cite avant une dédicace. Un peu iconoclastes les premières impressions ?

    En fait, pas tant que cela : on a envie de parler de Tournier comme d’un ami de longue date, avec ses qualités, ses défauts et ses petits travers. Le personnage n’impressionne pas, il est dans la vie comme dans ses livres : précis, pédagogique, toujours prêt à raconter une anecdote qui viendra illustrer de façon très méthodique les propos qu’il tient. Le cerveau de Tournier est parfaitement structuré, il est garni d’une multitude de petites cases, des greniers magiques, que son propriétaire ouvre à sa guise selon les besoins de la conversation. On peut lui apporter la contradiction, lui reprocher aussi une trop grande sécheresse de ses productions depuis quelques années, il ne s’en offusquera pas, bien au contraire ! Il fera rebondir la discussion, vous expliquera dans un long soupir qu’il vaut mieux ne pas attendre un nouveau roman tel que “Les Météores” et l’on sent chez l’écrivain un besoin de souffler, de vivre à un rythme bien plus calme que ses personnages. Un début de retraite ?

    On peut tout aussi bien lui dire notre admiration, lui expliquer ce que l’on aime dans ses livres : Tournier sait goûter avec délectation aux compliments, c’est certain, mais je suis persuadé qu’il déteste la flatterie. La glorification gratuite ne le touche pas, bien au contraire, il apprécie le commentaire qui lui prouvera que vous l’avez lu - il s’en étonnera, comme surpris du temps que vous lui avez consacré - et saura à son tour vous poser des questions sur un sujet qui le passionne.

    Je connaissais un peu le caractère du personnage et je me suis amusé à le titiller, alors que nous parlions de photographie, en évoquant le cas de ce photographe aveugle, imbu de lui-même, méprisant ses confrères voyants, que Pivot avait invité un beau jour dans son “Bouillon de Culture”. Il fallait voir Tournier bougonner, tempêter contre Pivot : “Je lui en veux à Pivot ! Quand je pense à tous ces photographes de talent que je connais et dont personne ne parle ! Pivot a trop recherché le sensationnel : un photographe aveugle ! Et pourquoi pas un musicien sourd ?” En plein dans le mille…

    Sacré Michel Tournier, personnage insaisissable, qui fond de bonheur lorsqu’un enfant lui dit avoir lu ses bouquins, qu’on sent ivre de plaisir à l’idée de parler, d’être écouté. Il y a du narcissisme chez cet homme là, comme chez bien d’autres.

    En tous cas, une bien agréable demi-heure, non pas au coin du feu dans un ancien presbytère à Choisel, mais derrière la modeste vitrine d’un petit magasin de photographie, Grande Rue, à Nancy.

    A la fin, on est tout surpris en regardant Tournier qui lève le sourcil et vous demande, un peu désappointé : “Vous partez ?”, comme si la situation s’était inversée ; vous étiez venu le voir, un peu intimidé, pour lui poser quelques questions, avec la crainte de paraître idiot et de l’ennuyer. Et c’est lui qui réclame l’échange, c’est lui qui devient le demandeur.

    Attendrissant, il y avait derrière cette question finale comme un peu de désarroi…

    [Note écrite le dimanche 20 septembre 1992]

    Addendum 2006 : depuis ce soir de septembre 1992, j'ai eu l'occasion de rencontrer brièvement Michel Tournier, lors de manifestations littéraires telles que "Le Livre sur la Place" à Nancy. La dernière fois, c'était je crois en 2004 lors de la publication de son essai "Le bonheur en Allemagne". Les années ont passé, le bonhomme est octogénaire mais son esprit toujours aussi vif. Il nous l'a démontré cette année-là lors de la remise du prix de la Ville de Nancy avec un texte sublime consacré à George Sand. Ecriture nerveuse, idées faussement simples, une culture littéraire, historique et philosophique hors du commun, et un humour tonifiant.

    Aujourd'hui, Tournier publie "Les Vertes Lectures", que je vais m'empresser d'acheter. A ce sujet, laissons donc son auteur vous présenter lui-même son dernier livre...

    http://www.academie-goncourt.fr/m_tournier.htm

  • En quête de Charlie...

    Il y a toujours près de moi un livre... ou deux, trois parfois, tous commencés, parce que sans papillonner pourtant, il m'arrive d'être pris d'envies complémentaires qui nécessitent d'avoir plusieurs fers au feu. En ce moment par exemple, je me régale du bouquin de l'acteur Denis Podalydès, « Scènes de la vie d'acteur », du livre de René Rémond consacré au XXe siècle et d'un policier signé John Harvey, « Preuve vivante ». Je ne peux pas rester longtemps sans bouquiner et,    pour avoir longtemps pratiqué cet exercice que d'aucuns jugent impossible à réaliser, l'on risque de me trouver souvent un bouquin entre les mains, un casque sur les oreilles, me distillant intimement une musique et m'apportant la concentration nécessaire à l'immersion dans les univers créés par les écrivains. Je viens également de m'apercevoir qu'à l'exception de quelques livres mis en exergue dans ce blog, je ne vous avais pas encore fait part de mes coups de coeur en ce domaine. L'occasion, donc, d'inaugurer une nouvelle catégorie de notes, que je baptise « Impressions », et de vous dire deux mots, justement, de John Harvey et avant tout de son personnage exemplaire, l'inspecteur Charlie Resnick.

    Je vous parle ici de onze beaux bouquins, dix romans et un recueil de nouvelles, qui mettent en scène un inspecteur de police, Charlie Resnick, et les membres de son équipe, quelque part du côté de Nottingham. Car nous sommes ici en Angleterre, assez loin semble-t-il de l'eldorado dont nous rebattent les oreilles toute la clique des ayatollahs ultra-libéraux assez en vogue de nos jours, jamais en manque d'une idée nouvelle pour nous expliquer que l'herbe est toujours plus verte ailleurs. Chez John Harvey, l'Angleterre n'est pas miraculeuse, elle est terre de contrastes, on y voit des communautés s'y opposer, la souffrance est une réalité quotidienne pour bon nombre de gens qui vivent la précarité dans ce qu'elle a de plus cruel. Tous les personnages ont une vraie consistance, avec leurs joies, leurs peines, leurs amours difficiles au point que finalement, ce que l'on a coutume d'appeler les « intrigues policières » passent très souvent au second plan, parce que c'est la vie de ces êtres humains de chair et de sang qui nous happe. Et que la lecture de ces bouquins s'apparente aussi, parfois, à une salutaire prise de conscience.

    Charlie Resnick, d'origine polonaise, vit seul avec ses quatre chats (Bud, Miles, Dizzy et Pepper) dont on devine que les noms traduisent la passion de leur maître pour le jazz et c'est tout naturellement qu'on s'invite à ses côtés lorsqu'il choisit un vieux 33 tours de Monk, Billie Holiday ou Lester Young. On salive à le voir se composer d'incroyables sandwiches à base de Stilton, d'huile d'olive, d'oignons et de tomates dont il raffole, on frémit lorsque sa cravate subit à intervalles réguliers les assauts d'une sauce vinaigrette coulant d'un sac en papier en provenance directe d'un traiteur voisin du commissariat. Resnick est un homme au grand coeur, mais timide aussi, paternaliste presque avec sa jeune inspectrice Lynn Kellog, dont la vie personnelle est compliquée par une drôle d'histoire de coeur avec un cycliste et par la maladie de son père. Resnick vit seul dans une maison, mais on sait qu'il a été marié à Elaine et que cette histoire est toujours très douloureuse, pour lui comme pour elle. Un couple brisé malgré le ciment de leurs origines polonaises.

    Et puis, il faudrait parler de tous les membres de l'équipe de Charlie Resnick : outre Lynn Kellog, c'est Kevin Naylor dont le couple est toujours sur le fil du rasoir, c'est Mark Divine, le réac obsédé sexuel, c'est Diptak Patel dont les origines pakistanaises sont souvent un lourd fardeau à porter dans son insertion professionnelle, c'est Graham Millington, c'est Jack Skelton, le commissaire divisionnaire sportif dont la fille Kate est aux prises avec tous les pièges de son adolescence, une fille coincée entre un père et une mère qui se déchirent.

    Ici, on parle de la vie, la vraie, une vie formidablement écrite par un John Harvey très inspiré qui a mis fin aux « aventures » de son personnage Resnick parce qu'il savait bien que cette histoire devait forcément s'arrêter un jour... et parce qu'il pensait que 10 romans, c'était bien, un bon chiffre en quelque sorte. On aurait volontiers continué cette belle aventure mais le mieux étant parfois l'ennemi du bien, on se dit que tout est bien ainsi et qu'une fois ces pages dévorées, on finira par s'y replonger tôt ou tard.

    Tous les livres de la série Charlie Resnick sont disponibles chez Rivages / Noir. Je ne saurais que trop vous conseiller de les lire dans leur ordre chronologique.

    Coeurs solitaires (n° 144)
    Les étrangers dans la maison (n° 201)
    Scalpel (n° 228)
    Off Minor (n° 261)
    Les années perdues (n° 299)
    Lumière froide (n° 337)
    Preuve vivante (n° 360)
    Proie facile (n° 409)
    Eau dormante (n° 479)
    Now's the time (n° 526)
    Derniers sacrements (n° 527)

    Pour en savoir plus : une interview donnée par John Harvey au magazine Lire.

  • Le dessus de la pile


    Il y a moins de deux semaines, je vous avais parlé de "Quarantaine", un livre de Jim Crace que j'avais acheté comme ça, subitement, par un après-midi de beau temps, un vendredi estival, un jour de ciel bleu.
    Mais hier, j'ai une fois encore été victime de mon syndrôme préféré, celui de la pile à ordre variable... Laissez-moi vous expliquer.
    Alors qu'une fois encore je flânais quelques minutes au rayon bouquins d'une "grande surface culturelle", je tombe nez à nez avec la réédition en collection de poche d'un bouquin de l'écrivain américain Pat Conroy, "Le prince des marées". Or, je garde depuis près de sept ans un souvenir formidable d'un autre livre du même auteur, "Beach Music". Pat Conroy, ce sont de grandes et belles histoires (certains le disent héritier de Faulkner et Tennessee Williams, mais je me garderai bien de donner mon opinion, car je ne connais pas suffisamment ces derniers...), ce sont des personnages qui aiment, qui souffrent, qui rient, c'est une Amérique dite profonde (ici, l'histoire se déroule en Caroline du Sud), à des années lumières de la nation triomphante que nous desservent les Bush-médias à longueur de CNN ou Fox News... Pour ne rien gâter, Pat Conroy écrit de gros pavés, ce "Prince des Marées" compte plus de 1000 pages et c'est le genre de détails qui me font un peu saliver car je sais que je vais pouvoir passer un bon paquet d'heures immergé dans une grande histoire dont je sortirai un peu lessivé mais avec l'impression d'avoir côtoyé des êtres humains à la fois proches et pourtant tellement extra-ordinaires !
    Donc, vous avez compris, j'ai acheté ce livre (10,36€ - 10€ de chèque cadeau = 0,36€, ça fait pas cher la page, vous en conviendrez) et je l'ai aussitôt placé en deuxième position sur ma liste de bouquins en souffrance, juste sous "Quarantaine" dont il était question un peu plus haut, ce livre dont il me reste un peu plus de 200 pages à lire.
    Seulement voilà : ce "Prince des Marées" a commencé à me narguer... Je le voyais, là, confortable, dodu, avec ses histoires qui commençaient à suinter, à me tendre les bras. Alors je l'ai empoigné, j'ai regardé l'illustration en première de couverture, j'ai relu le résumé, miam miam, y a bon cette histoire. Et puis je suis allé cherché mes lunettes, j'ai allumé une lampe, vous savez, celle qui est juste à côté du fauteuil club en cuir rouge, celui qui, justement, est là pour vous installer confortablement dans la peau d'un lecteur tranquille. Et j'ai commencé à entre dans l'histoire.
    Trop tard, j'étais contaminé : adieu, non plutôt au-revoir "Quarantaine", ce sera pour plus tard, désolé, le gars Conroy m'a encore eu, je sais déjà que cette histoire va me happer durant un sacré moment, que je n'aurai de cesse, chaque soir en posant le livre pour dormir, de le retrouver le lendemain pour continuer.
    C'est un peu mon travers, ça, plusieurs bouquins entamés, des histoires qui risquent de se mélanger, une certaine impatience parfois en mettant le nez sur un livre auquel je ne pensais pas quelques minutes auparavant et qui emporte tout avec lui. Comme s'il était là exprès pour moi, comme si nos routes devaient se croiser.
    C'est idiot ce que je raconte... c'est en pleine contradiction avec une précédente note, celle où je disais que je ne croyais pas à une certaine prédestination. M'en fous, même mes contradictions, je les assume.
    Profitez-en, c'est mon jour de bonté !!!

  • Connaissance et sensualité

    Vendredi après-midi, je me suis acheté un livre. Oui, et alors, me direz-vous ? Bonne nouvelle, il avait un peu de temps, il s’est rendu au rayon bouquins dans un magasin dont, pourtant, il essaie de limiter au maximum sa contribution au chiffre d’affaires. On est content pour lui, tant mieux.
    Mais qu’est-ce que vous êtes susceptibles ? C’est le soleil qui vous tape sur la tête, vous ne supportez pas le passage brutal de l’hiver à l’été ? Vous en avez marre de voir la tête de Rastaffarin et du baron Machin, vous savez, l’ultra-libéral qui a su trouver en son temps les fonds publics pour renflouer son navire familial ? Oh, c’est pas grave, je vous disais cela uniquement pour vous faire part d’une certaine forme de relation que j’entretiens avec les livres et qui me paraissait un tout petit peu digne de retenir votre attention. Ceux qui m’aiment me suivent et hop !
    Donc, j’étais là, devant des centaines de bouquins étalés non sans une certaine indécence, j’avais dans l’idée de lire plutôt un roman, plutôt anglo-saxon et plutôt en collection de poche (c’est quand même moins cher…). Mon œil a parcouru rapidement les piles de hauteurs et de tailles variables, j’ai repéré une couverture plus sympa que les autres, un paysage désertique, des tons allant du beige au brun et j’ai empoigné la chose. Bonne souplesse sous la main (important, ça, la souplesse, parce que quand je lirai dans mon lit, le bouquin ne refusera pas obstinément de rester ouvert, une typographie lisible sans lunettes (ben oui, à 47 ans, il faut accepter de faire quelques concessions et je me suis vu contraint, voici 18 mois, de chausser des loupes pour m’adonner à la lecture), l’idée aussi que le texte n’est pas suffisamment dense pour vous faire tourner les pages une ou deux fois par demi-heure seulement (moi, j’aime bien tourner souvent les pages d’un livre, je lutte ainsi mieux contre le sommeil qui me gagne). En quatrième de couverture, je lis le «pitch», comme dirait l’autre, je constate que le sujet m’intéresse : il s’agit de l’histoire de cinq pénitents qui tentent de survivre durant l’épreuve de la quarantaine, il y a deux mille ans, dans le désert de Judée. Je ne connais pas l’auteur, mais il est anglais, un certain Jim Crace (ce qui me le rend tout de suite sympathique car il est le quasi-homonyme de Jim Croce, un chanteur américain que j’aimais beaucoup et qui, comme d’autres grands, est mort brutalement dans un accident d’avion, vous voyez ici à quel point mon esprit est un peu torturé...) né en 1946. Enfin, le titre est «Quarantaine» et voici qui me correspond bien, pour 3 ans encore, même si je sais qu’il ne s’agit de MA quarantaine à moi tout seul.
    Tout cela pour, finalement, dire que j’entretiens avec les livres une relation visuelle, tactile, olfactive même (vous ne respirez pas un bouquin au moment de l’acheter ?) et que je suis persuadé qu’en notre époque de haute technologie et de dématérialisation des supports (celle qui gagne la sphère de la musique notamment, mais qui peut être combattue dès lors qu'un vrai effort est fait dans la présentation, et accessoirement le prix, il suffit pour s'en convaincre de voir le dernier coffret consacré à Charlie Parker dont j'ai déjà parlé ici. Ce coffret donne à lire, à voir et à toucher tout autant qu'à entendre), l’objet livre a encore de beaux jours devant lui. D’ailleurs, les tentatives qui ont vu le jour jusqu’à présent se sont soldées par des échecs, me semble-t-il. Je ne crois pas que les e-books aient connu un franc succès : il leur manque une âme, un parfum, un douceur au toucher qui les rendent uniques. Vous vous imaginez, vous, au lit ou sur la plage, en train de lire sur un écran qui sera probablement illisible la plupart du temps ? Ne tournant plus les pages mais appuyant du doigt sur le bouton «Page suivante» ? Incapables de mesurer le chemin qui vous reste à parcourir jusqu’à la fin ? Nan nan nan… je ne suis pas vieux jeu en disant cela, je suis quasi certain d’avoir raison. Il nous faut préserver cette alliance magique entre connaissance et sensualité !
    Le livre est plus menacé par la propagation de l’inculture auprès des générations en devenir par les médias mercantiles que par un hypothétique transfert des textes vers des supports numériques (bien utiles, quant à eux, pour archiver).
    Et puis, quelle que soit la stratégie implacable de la communication mise en place à l’échelle de la planète qui a su créer le besoin autour de ces livres, quel bonheur tout de même de voir tous les gamins du monde se précipiter avec leurs parents pour acheter le dernier tome d’Harry Potter ! On les imagine, rentrant chez eux, se nichant dans leur chambre et se mettre… à lire, tout simplement, télévision éteinte ! Alors je me dis qu'avant-hier, devant tous ces bouquins, peinant à choisir, j'étais un peu comme eux, à la recherche de cette magie de l'imaginaire que seuls les livres et ceux qui les écrivent peuvent nous transmettre.