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CinéChronique

  • Dérèglements

    Je crois que je commence à en avoir assez de toutes ces futilités dont on nous rebat les oreilles à longueur de journée, quel que soit le vecteur de ces informations non essentielles, radio, télévision, journaux, etc. Le choix ne manque pas, en effet : dérèglements climatiques à répétition, raréfaction des matières premières, famines dont les effets sont démultipliés par les coups de boutoir d’une spéculation honteuse et méprisante, fractures sociales perceptibles à l’échelle de chaque pays comme au plan mondial, modèles de société inégalitaires portés haut et fort tels des étendards par les vainqueurs du moment...

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  • Brouillons de culture

    C'est le bazar ! Je voulais parler de tout un tas de choses cette semaine... Je ne suis pas certain néanmoins que ce que j'avais envie de vous raconter soit toujours digne d'intérêt ni très original... Mais vous savez comment sont les choses de l'intérieur : ça bouillonne, ça se bouscule au portillon, on regrette de ne pas avoir sous la main le petit calepin pour griffonner l'idée ou l'évènement. Alors voilà, c'est du vrac que je vous propose...

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  • Gindou, c'est où ?

    Voici l'exemple même d'un évènement qui semble surgi de nulle part et dont l'existence est à mettre au crédit d'une équipe de passionnés qu'il convient de saluer ici, tant il est vrai que leur acharnement magnifique ressemble à s'y méprendre à un formidable message d'espoir face à la vacuité culturelle qui nous inonde par personnel politique et médias complaisants interposés.

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  • Cinéma m'était conté

    Je me demande si je ne vais pas faire mienne la théorie du complot. Non, non, ne riez pas, c’est vrai. Je n’évoque pas ici les luttes invisibles entre d’obscures forces contre d’autres non moins ténébreuses à des fins de domination du monde ; non ça, je le laisse à d’autres qui ont bien plus d’imagination que moi et qui y croient vraiment. Je parle du vrai complot : celui qui ME vise, personnellement et dont j’ai depuis longtemps pu établir la preuve. Laissez-moi vous expliquer.

    Je suis ce que l’on appelle, non pas un cinéphile, mais un gourmand de cinéma. Attention toutefois, pas celui qu’on nous propose de visionner à travers la ridicule fenêtre d’un poste de télévision, même à écran plat HD et bidule machin chouette (bizarre comme on a tendance, de nos jours, à nous vendre de petits bijoux technologiques fort coûteux d’ailleurs… De somptueux contenants alors que le contenu est souvent affligeant). Point du tout ! Pour moi, le cinéma ne se comprend qu’en salle et en version originale. Je fuis autant que je peux les « complexes » (marrante cette dénomination car quand je m’approche des supermarchés du cinéma, je suis plutôt frappé par l’extrême simplisme de leur fonctionnement : tu paies, tu bouffes, tu te vautres, tu ne réfléchis pas, accroche-toi aux sièges de ton quarante-neuvième taxi). J’ai une sainte horreur de tout ce qui s’apparente aux « blocks busters » américains, ces films pour adolescents attardés qui nous expliquent le monde en deux catégories : les bons et les méchants et qui se complaisent dans la surexposition d’une violence qu’ils prétendent dénoncer ; je leur préfère de très loin tous les films qui nous racontent des histoires d’êtres humains, avec des vies qui s’entrecroisent, des observations fines de notre société, des œuvres marquées par un minimum de subtilité et de justesse. Bref, je suis en quête de ces petites vibrations qui me laissent espérer qu’il reste encore ici bas suffisamment de forces créatrices pour que ce monde continue de travailler un peu, rien qu’un peu, à l’épanouissement de l’espèce humaine (oui, je sais, c’est idiot, je n’ai cependant aucunement l’intention d’évoluer à cet égard). Et croyez-moi, malgré le tapage médiatique qui entoure certaines productions (auquel notre beau pays n’échappe pas… voyez donc en ce moment la promotion faite pour cette chose appelée « Hell Phone »), on trouve vraiment de quoi se nourrir pour peu qu’on ait la chance d’habiter une ville suffisamment grande. Pour combien de temps ? Ah, ceci est une autre histoire…

    Tiens, tout ceci me fait penser également à une manie très franchouillarde de traduire les titres des films… quand les producteurs veulent bien les franciser d’ailleurs, ce que personnellement je ne leur demande pas puisque seule la version originale m’intéresse ! Le plus marrant, c’est quand un film conserve son titre original malgré un doublage la plupart du temps calamiteux. Et le pire, très certainement, c’est le film français qui se pare des atours du film américain pour faire croire que… Tiens, prenez « Hell Phone », une fois de plus… moi j’aurais bien aimé un truc idiot du genre « Le téléphone infernal »… Mais bon, je suis vieux, je ne suis pas le cœur de cible comme disent les pros du marketing. Ridicule… Revenons donc à notre histoire de traduction. En général, c’est pitoyable et je suis plié de rire à l’idée de tout le jus de crâne consommé uniquement pour aboutir à un résultat dont on imagine qu’il va faire accourir le public dans les salles. Vous voulez un exemple, sommet du stupide ? Un film australo américain vient de sortir en France. Son titre original est « Music and Lyrics », ce qui, je ne vous l’apprends pas, signifie « Paroles et Musique », un titre déjà pris en France par un film d’Elie Chouraqui je crois.  Donc, pas possible, déjà pris, il faut trouver autre chose. Ce film met en scène Hugh Grant qui joue le rôle d’un musicien, ancienne gloire des années 80 qui se voit offrir une chance de revenir sur le devant de la scène parce qu’une diva l’invite à chanter avec elle sur son prochain album.  D’où le titre français « Le come back »… On pourra s’interroger sur le bien fondé d’un tel choix, mais après tout, cette expression est depuis longtemps passée dans notre langage courant. Pourquoi pas ? Certes, j’aurais préféré « Le retour » mais ceci ne me regarde pas… Le problème, il est ailleurs, il est juste au-dessous. Le truc qui est nul, c’est le sous-titre : « A la recherche de la nouvelle gloire ». Oh la la la la ! Tu parles d’une connotation à la con… Ah ben oui, ça donne vachement envie d’aller le voir le film maintenant… Ou plutôt, je crains fort que grâce à ce bonus d’un haut intérêt culturel ne se rendent en masse pour voir ce film des hordes de pies jacasseuses pré pubères et d’insupportables goinfreurs de tonneaux de pop corn et de bidons de soda à haute teneur en sucre…

    Ce qui m’amène à mon sujet du jour car, en attendant la venue du désert culturel qui nous guette inexorablement, je continue à fréquenter les salles obscures avec régularité et toujours le même bonheur. Pourtant… pourtant, il faut souvent être armé d’une patience d’ange pour supporter les travers de nos congénères… Voici en quelques lignes une douzaine de portraits de drôles de cinéphages régulièrement côtoyés depuis plusieurs années… Je tiens à préciser ici même que cette liste est non exhaustive et qu’il vous est offert la possibilité de la compléter grâce à vos propres expériences

    Scène 1
    Les filles qui viennent à plusieurs et qui jacassent
    : ah, oui, celles-là, je les adore ! Y a rien à faire, il faut absolument qu’elle viennent au minimum par grappes de trois, elles n’en finissent pas de s’installer, et que je vais m’asseoir là, ah ben non, plutôt toi, moi je me décale d’un siège, prends ma place. Euh, ça vous ennuie de vous décaler parce qu’on est douze et comme ça, on pourra rester ensemble ? Et quand tout ce petit monde est, enfin, assis, voilà que ça se relève pour ôter son manteau, son écharpe, son pull ou je ne sais quoi d’autre, comme si l’opération avait été rigoureusement impossible à envisager au moment de leur arrivée. Mais le pire est à venir ! Vous pensez en avoir fini avec cet aréopage cacardant quand vous devez vous rendre à l’évidence : les demoiselles devant vous, vous pouvez en être certain, elles ne se sont pas vues depuis au moins cinq ans ! Incroyable le nombre de trucs qu’elles ont à se raconter. Notez bien que dans ces cas-là, moi j’écoute pas ! J’entends, bien malgré moi et je suis obligé de tout savoir sur la famille, l’ex-mari, le copain, le repas de midi mal digéré, les collègues de bureau qui, forcément, leur font des misères. Elles n’ont rien à dire mais qu’est-ce qu’elles le racontent longtemps…

    Scène 2
    Celui ou celle qui pue ou dont le parfum vous fait littéralement exploser les narines
    . Et croyez-moi, c’est plus fréquent que vous ne le pensez, surtout en fin de semaine. Je ne sais pas pourquoi les cinéphiles odorants ont une tendance insupportable à venir s’installer à proximité du petit recoin bien tranquille dans lequel je me suis installé quelques instants plus tôt. C’est comme la fumée de cigarette. Vous êtes quelque part, dehors, et toc ! Y a un mec qui fume et qui expectore comme un fou furieux. Ben vous pouvez être sûr que la fumée, c’est direct pour mes naseaux. Ils sont là, trois cents autour de vous et comme par hasard, le nuage les contourne en douceur, totalement indifférent à leur présence parce que c’est vous qu’il a repéré et dont il va faire sa victime. Alors le gars qui pue, c’est pareil : juste à côté de vous ! Et d’une séance à l’autre, vous aurez le choix entre une bonne vieille fragrance de sueur bien acide ou un pull que son propriétaire a méthodiquement roulé dans un gros cendrier plein juste avant de vous rejoindre. Remarquez, c’est comme le parfum… Je pense être très souvent victime de maniaques du vaporisateur qui, sachant qu’ils vont me trouver dans la salle de cinéma, s’aspergent sauvagement avant de venir se poser au plus près de moi.

    Scène 3
    La tête qui dépasse
    … Comme je l’ai écrit un peu plus haut, je ne fréquente guère les usines à pop corn – même s’il m’arrive parfois de m’y rendre – ce qui, en d’autres termes, signifie que j’ai plutôt tendance à me vautrer dans des salles obscures appartenant à une autre époque que la nôtre, dite moderne, d’où vous ne devrez pas conclure qu’elles sont sales et poussiéreuses, loin de là, mais que leur agencement est propice à bien des gênes (à ce sujet, durant toute l’histoire de la construction des cinémas, il semble que personne n’ait un jour imaginé une disposition des sièges en quinconce…). Et la première d’entre elles, c’est la grosse tête ! Oh la la la, qu’elle m’énerve celle-là ! Vous avez repéré un film qui n’intéressera pas grand monde, vous décidez d’aller le voir un dimanche soir, vers 19 heures, au plus creux de la fréquentation hebdomadaire et lorsque vous arrivez au cinéma, vous constatez avec bonheur que moins d’une douzaine de pékins ont eu la même idée que vous. Génial ! Vous choisissez votre place, pas trop loin, pas trop près, plutôt au milieu de la rangée et vous savourez d’avance le plaisir de regarder votre film bien tranquille. Et toc ! Le géant vert a décidé d’arriver à la dernière minute et de se caler confortablement dans le seul siège qu’il n’aurait même pas dû voir : celui qui, pile poil, est devant le vôtre… Saloperie, plus moyen de se décaler car les places à côté sont encombrées des manteaux des autres occupants. Ah, zut ! Et que je dois me tordre le cou, me pencher sur le côté pendant que l’autre là, devant, parfaitement inconscient du mal qu’il répand, se fiche éperdument de son entourage qu’il domine de toutes façons de la tête et des épaules. Ah c’est chiant ces types là ! Et je ne parle pas de celle qui va se pointer avec une coiffure hirsute, trente centimètres de haut voire plus, les poils bien dressés sur le sommet du crâne, comme s’il était nécessaire de se déguiser ainsi pour venir s’installer dans le noir alors que personne ne vous voit sauf le couillon qui est juste derrière.

    Scène 4
    Le crétin qui se rhabille pendant une heure pendant que vous faites des contorsions pour essayer d’entrevoir le générique
    . Ben c’est vrai, moi, j’aime bien regarder le générique jusqu’au bout, oui oui, jusqu’au moment où l’on découvre avec impatience les lieux du tournage, tous les sponsors à remercier, le titre de toutes les chansons avec le nom des interprètes et l’année de sortie du disque. Le sommet de cette quête, c’est la marque de la pellicule ! C’est tout de même essentiel, non ? Alors pourquoi faut-il qu’il y ait toujours un abruti qui choisisse ce moment privilégié pour se lever, procéder à quelques étirements musculaires inélégants et prendre tout son temps pour se rhabiller sans imaginer une seule seconde qu’il n’est pas dans son salon ? Et quand il a fini, voyant que ses voisins ou voisines de rangée n’ont pas encore bougé, le mec, il attend. Debout. Tranquille. Et moi, je suis derrière, plié en deux, allongé ou presque sur ma voisine (pas de panique, c’est Madame Maître Chronique) qui tente un mouvement symétrique pour lire elle aussi toutes les vitales mentions. Et pan, on se cogne la tête à cause de ce type qui s’en moque éperdument. Tout ça parce qu’il n’a pas compris qu’un film, un vrai, c’est un tout. Le mec là, il doit être du genre, lorsqu’il est invité à dîner, à arriver après les entrées et à repartir avant le dessert, sous prétexte qu’il n’aime que la viande.

    Scène 5
    Le voisin (ou la voisine) qui s’étale et occupe tout l’accoudoir
    . Je n’ai rien contre les personnes à forte corpulence (on ne doit plus dire qu’ils sont gros), non, vraiment rien. Maîtriser son physique suppose suffisamment de chance pour qu’on ait le devoir de ressentir le maximum de compassion à l’égard de ceux qui sont victimes d’obésité. Mais tout de même, une fois de temps en temps, changez de voisin ! Pourquoi moi ? Pourquoi faut-il que vous me choisissiez comme partenaire et que, comme si j’étais invisible – je suis mince, certes, mais ne me dites pas que vous ne m’avez pas vu – vous vous croyiez le droit d’accaparer tout l’accoudoir alors que la moitié me revient naturellement. Tu parles, c’est commode après, faut se pousser de l’autre côté et demander à Madame Maître Chronique si je peux opérer une opération rapprochement. Qu’elle acceptera bien volontiers d’ailleurs, d’autant qu’elle aussi est souvent la victime d’un encombrant voisin qui va la contraindre à entreprendre la même manœuvre. Pas grave en fait, on se tient bien chaud et on profite mieux du film, sauf si notre tortionnaire – Ô malchance – a sombré dans les bras de Morphée et commence à ronfler… Mais c’est une autre histoire !

    Scène 6
    L’abruti qui téléphone
    . Quand j’arrive dans une salle de cinéma, tel le chien de Pavlov, je suis animé de manière automatique d’un mouvement consistant à plonger la main dans ma poche droite pour en extirper et éteindre mon téléphone. Normal. Mais pas normal pour tout le monde, si j’en crois les quelques énergumènes qu’il nous est arrivé de débusquer de temps à autre. D’un seul coup, vous entendez le type devant vous qui parle. Ce qui prouve que dans sa grande mansuétude, il vous aura tout de même épargné sa sonnerie. Et là, il se met à parler comme s’il était seul au monde en vous regardant d’un air stupide et ravi lorsque vous lui suggérez de couper court à cette conversation qui n’intéresse personne et qui, de toutes façons, est totalement dénuée d’intérêt. Encore que… elle vous aura au moins appris une chose essentielle, c’est ce que type, là, avec son machin collé à l’oreille, il est au cinéma. Oui, parce qu’il n’arrête pas de le répéter à son correspondant : « je suis au cinéma, je suis au cinéma ». Et l’on suppose qu’à l’autre bout du fil se trouve quelqu’un qui lui aura posé cette question vitale : « T’es où ? ». Je passerai ici sous silence les dépendants du SMS qui, toutes les trois minutes, se mettent à répondre aux messages qu’ils reçoivent et nous font profiter d’un contre éclairage qui vous donnerait envie de vous lever, d’attraper leur téléphone et de le fracasser en mille morceaux en le piétinant jusqu’à ce qu’il disparaisse complètement. Mais on me dit que ce ne serait pas cinématiquement correct.

    Scène 7
    Celui ou celle qui fouille pendant de longues minutes dans un sac en plastique qui fait du bruit
    . Oh que c’est pénible ça ! Oh que c’est pénible ! Je n’arrive pas à comprendre pourquoi autant de gens viennent au cinéma armés de redoutables emballages et autres sacs en plastique ou, pire, en papier, dans lesquels ils fouinent pendant d’interminables minutes dès lors que la salle est plongée dans l’obscurité. Vous me rétorquerez que tant qu’il fait jour, ils éprouvent moins de difficultés à trouver ce qu’ils cherchent. OK, mais répondez donc à cette question : que cherchent-ils ? Pourquoi éprouvent-ils ce besoin pressant de prendre en main ce je ne sais quoi qui, c’est mécanique, se trouve justement au fond du sac et est introuvable ? Signalons à ce sujet que votre plaisir sera par ailleurs décuplé quand votre voisin aura, enfin, trouvé l’objet de sa quête - qui se trouve souvent être un bonbon bien emballé dans un papier sonore - et l’aura enfourné avant de le sucer bruyamment, la bouche ouverte. Mais il faut être bien chanceux pour avoir le privilège d’un tel spectacle. Je fais partie des heureux élus, vous l’aurez compris.

    Scène 8
    Ceux qui causent jusqu’à ce que le générique de début soit fini et qui recommencent dès le début du générique de fin
    . J’ai expliqué un peu plus haut quel était mon bonheur de me repaître des moindres détails des génériques, de début comme de fin. C’est mon droit et je crois ne nuire à personne en savourant le moindre des détails technico-pratiques qui font qu’un film est une petite entreprise pour laquelle travaillent un grand nombre de corps de métiers. Mais on dirait parfois que je suis le seul… Ah qu'ils sont énervants les bavards ultimes, et patati et patata et c'est reparti pour l'exposition gratuite de scènes familiales dont on n'a rien à faire. Oh ben on a vraiment bien mangé à midi et puis la Claudine elle est passée à la maison. Mais nom d'un chien, c'est vraiment obligatoire de parler aussi fort, vous avez vu que votre voisin de fauteuil, il a placé une oreille juste à côté de vous. C'est vraiment impossible de lui susurrer vos histoires ? Non, apparemment, il semble acquis que tout le monde va en profiter. On a beau, une fois de temps en temps, vous fusiller d'un regard noir, rien n'y fait, le moulin à paroles est enclenché jusqu'à l'extrême limite. La limite, c'est quand la dernière lettre du générique s'est affichée et encore... si le film commence par une scène assez sonore, le bavard va en profiter pour terminer son récit... qu'il reprendra là où il l'avait arrêté au moment même où il apercevra le mot fin. Et avec un peu de chance, s'il est devant vous, peut-être vous fera-t-il profiter de l'exercice décrit à la scène 4...

    Scène 9
    Le retardataire qui fait déplacer toute une rangée parce qu’il a décidé de s’asseoir ici et pas ailleurs
    . Eh oui, c'est un spécimen assez courant celui-là... Allez savoir pourquoi, alors que les deux tiers des fauteuils sont inoccupés, notre ami va décider que SA place était celle-là et pas une autre. Manque de bol, le siège visé se trouve inéluctablement sur ma rangée et qui se trouve correspondre au choix de pas mal d'autres personnes. Donc, pendant que monsieur (et parfois monsieur et madame) nous met au garde à vous et passe ses troupes en revue, vous voilà, debout, plaqué contre l'assise relevée de votre siège, tenant d'une main le manteau que vous aviez méticuleusement plié sur vos genoux et de l'autre le reste de vos affaires. Evidemment, la corpulence du nouvel arrivant vous obligera parfois à vous contracter jusqu'aux limites du supportable, vous retenez votre souffle car vous n'êtes pas forcément en harmonie avec les choix olfactifs des nouveaux passagers et... ouf ! Vous vous effondrez à nouveau, scrutant les sièges voisins et comptant ceux qui restent vides pour estimer la probabilité de renouveler l'opération avant le début de la séance.

    Scène 10
    Les porcs entrent en action
    . Attention, ils disposent d'armes très redoutables : des bidons pleins de pop corn et des citernes de soda à la couleur marron très très foncée. Je précise toutefois que ces goinfres bruyants ne peuvent exercer leur talent que dans un seul des cinémas que je fréquente, les deux autres ayant toujours refusé de céder à la pression des marchands de kilos. C'est tout de même bizarre cette habitude d'engloutir toutes ces cochonneries dans le noir et d'afficher un air béat marquant l'évidente fierté d'appartenir au monde moderne. On va au cinéma pour voir un film, non d'un chien, pas pour bâfrer comme un animal... Mais revenons à nos gloutons ! Attention, âmes sensibles s'abstenir. Car le supplice pourra être de longue durée, voire s'éterniser jusqu'à la fin du film. Dommage qu'on n'ait pas encore inventé les boules Quiès sélectives, celles qui vous isoleraient des bruits parasites et laisseraient passer la bande son du film. Vous, vous êtes assis, tranquillement, vous attendez votre instant chéri, celui du film. Et voilà qu'une main indélicate commence à fourrager tout au fond du bidon de pop corn. Oui oui, au fond car je ne sais pas si vous l'avez remarqué, mais le goinfre ne va jamais manger le pop corn qui se trouve en haut de sa gamelle, mais bien celui qui est au-dessous. Il plonge comme un fou furieux, tourne, retourne et mélange longuement avant d'ouvrir en grand son bec affamé et de mastiquer bruyamment, bouche ouverte bien sûr. Ah on sait qu'il mange le cochon et il ne vous laisse guère de répit. Ou plutôt, vous croyez souvent qu'il en a enfin fini avec son goûter mais non. Il se ménage des pauses, il savoure, il salive en prenant son temps ; vous espérez dix fois que son repas est terminé, qu'il va s'assoupir et somnoler tranquillement et pan ! au moment où vous aviez acquis la certitude de sa sieste, enfin tranquille, il réitère, le salopard. Un récidiviste du babinage... Et ça fouille, et ça fouine, et ça touille et scrooountch scrouuuuntchscrouuuuntch scrouuuuntch. Bien sûr, toute cette pitance finit par dessécher son palais et vous allez maintenant profiter amplement de l'aspiration du soda. La paille étant bien calée entre les trois cents glaçons (qui lui auront été vendus au prix fort), c'est le gargouillis maximum, jusqu'à dernière goutte, vous avez à vos côtés les Chutes du Niagara inversées ! Chanceux que vous êtes, pour le prix d'un ticket de cinéma, vous aurez en plus voyagé en de lointaines et sauvages contrées, celles de nos plus charmants concitoyens.

    Scène 11
    Le petit pépé qui se fait raconter le film par sa femme, parce qu’il n’entend plus très bien
    . C'est bien, très bien même, sur la fin de sa vie, de conserver suffisamment d'énergie pour s'extraire de son chez soi, et renoncer aux automatismes télévisuels pour décider d'aller voir un bon film. Seulement voilà... j'ai remarqué que mes voisins âgés ont une fâcheuse tendance à être un peu durs de la feuille. Le hic, c'est quand ils viennent en couple... "Qu'est-ce qu'il a dit ?" Et mamy, forcément, doit répéter la dernière phrase à son papy qui, parfois, a besoin qu'elle lui répète une fois encore. Remarquez, c'est bien pour moi hein ? Je suis toujours certain de ne rien perdre d'essentiel mais j'éprouve souvent une drôle de vertige avec cette double bande son. Heureusement, les exploitants des salles de cinéma ont bien compris l'enjeu et savent vous massacrer les oreilles en vous assénant, souvent, un niveau sonore à la limite du supportable. Un grand merci à eux.

    Scène 12
    La petite mémé qui reconnaît un acteur (ou une actrice) mais qui ne retrouve plus son nom
    . D'ailleurs, il est fort possible qu'elle soit la femme du petit pépé de la scène 11... Elle regarde beaucoup la télé, elle doit lire tous les grands magazines avec tous les programmes et les mots fléchés, il n'est même pas impossible qu'elle se cultive en apprenant par coeur quelques revues spécialisées dans la vie des pipeuls... Elle connaît tous les acteurs, toutes les actrices. Seulement, le gros hic, c'est que sa mémoire visuelle n'est pas toujours raccord avec sa mémoire des noms et quand un tel ou un tel apparaît à l'écran... Raah, zut de zut : "Mais qui c'est çui là ?" "Ah, je sais comment il s'appelle mais ça me revient pas". Vous, évidemment, vous le savez son nom mais comme vous êtes bien élevé, vous ne vous immiscez pas dans les conversations des autres et vous la laissez chercher. Attention, ça va venir... ah ben non, elle trouve pas, voilà un quart d'heure qu'elle cherche et entre temps, elle a perdu le fil et demande à papy de lui résumer les dernières minutes. Pour vous, ce n'est guère plus facile car vous devez maintenir votre niveau de concentration intact sans pouvoir résister au plaisir de ce "Questions pour un champion" improvisé, vous vous imaginez soudain transformé en un Julien Lepers des salles obscures, brandissant vos petites fiches jaunes cartonnées et donnant la bonne réponse à votre voisine qui, bien sûr, vous certifierait qu'elle l'avait bien donnée. "Ah je le savais..."

    Bien sûr, cette rapide galerie est incomplète, je suis persuadé que, très vite, un nouveau personnage va venir l'enrichir. Il est vrai aussi que je ne passe pas tout mon temps à scruter les travers de mes contemporains et que je ne m'attache qu'à la seule description de mes voisins de fauteuil les plus proches. Mais avouez-le donc, vous en avez déjà croisé quelques uns qu'il vous sera possible de ranger dans l'une ou l'autre de ces douze petites boîtes.

    Mais je ne serai pas chien… Après avoir longuement raillé mes chers collègues de la toile, je ne voudrais pas terminer sur une note trop négative et conclure en vous parlant de mon année de cinéma 2006. Parce que le plus important après tout, c'est bien le plaisir du cinéma, que quelques uns de mes plus acharnés contemporains n'ont toujours pas réussi à me gâcher. L'année dernière en effet, j'ai vu, je crois, une bonne cinquantaine de films (ce qui, notons-le, est moins qu'au cours des années précédentes) et parmi ceux-ci me reviennent en mémoire une bonne vingtaine qui, chacun à leur manière, furent - même fugitivement - l'occasion d'attraper au vol ces instants de "petits bonheurs" que nous cherchons tous. Allez, en vrac : Je vous trouve très beau ; Les dames de Cornouailles ; Petites confidences à ma psy ; Le temps des porte-plumes ; Truman Capote ; Volver ; Les irréductibles ; Nos jours heureux ; Le voyage en Arménie ; Un été à Berlin ; Scènes d'amour à l'italienne ; La science des rêves ; Le vent se lève ; Je vais bien, ne t'en fais pas ; Little Miss Sunshine ; The Queen ; Lady Chatterley ; La faute à Fidel ; Le grand appartement... Il y en ici pour tous les goûts je crois, on y croise des oeuvres françaises, américaines, italiennes, allemandes... Et je dois confesser que j'ai laissé passer pas mal de films par manque de temps...

    Bon, c'est pas le tout de raconter des bêtises... Mais on va voir quoi, ce soir ?

  • Faut le faire !

    J'avoue mon inculture... mais jusqu'à hier, je n'avais jamais vu le moindre film de Pedro Almodovar... Rien de grave, me direz-vous, il n'y a aucune obligation à tout savoir du réalisateur ibérique. N'empêche, la première rencontre fut excellente et je m'autorise à vous inciter à vous rendre dans la salle obscure la plus proche de votre domicile pour voir "Volver", sa dernière production.

    Je ne suis pas un as de la chronique cinématographique ni même du "pitch", pour reprendre un terme à la mode. "Volver", c'est une histoire de femmes, deux soeurs, une tante, une mère, une fille... où les hommes n'ont pas leur place semble-t-il. Alors j'essaie de résumer : Raimunda (interprétée par Penelope Cruz qui y est excellente) a perdu ses parents dans un incendie et vit avec sa fille et son mari. Soledad, sa soeur célibataire n'est pas loin, toutes deux sont restées unies. Et puis le drame survient quand le mari de Raimunda devient un peu trop "entreprenant" avec sa propre fille qui le tue d'un coup de couteau en cherchant à se défendre. Raimunda endossera la responsabilité de ce meurtre et devra alors survivre au drame, elle prendra même temporairement les rênes d'un restaurant voisin dont le propriétaire est parti, aidée en cela par quelques amies chères. Sa vie sera bouleversée une fois de plus lorsque sa mère (Carmen Maura, impeccable) reviendra. Elle n'était pas morte, elle avait choisi de disparaître et de veiller sur une vieille tante, après avoir compris que son mari la trompait... Soledad sera la première à comprendre que sa mère était toujours vivante et l'hébergera chez elle, la cachant et la faisant passer pour une russe venue l'aider à coiffer ses quelques clientes dans son salon à domicile. Mais elle ne pourra durablement mentir à sa soeur qui, quelque temps plus tard, saura la vérité. Une mère qui revient, une histoire qui se réécrit. Raconté ainsi, ce film pourrait sembler ordinaire. Mais c'est sans compter avec le talent de Pedro Almodovar qui vient y instiller une telle dose de lumière et d'amour et même d'humour que "Volver" prend une dimension, me semble-t-il, exceptionnelle. On vit aux côtés de ses personnages, on souffre avec ces femmes, on rit également. Une autre mode du moment consiste à se gargariser de l'expression "film choral" dès lors qu'un film nous raconte plusieurs destins croisés qui se rejoignent et s'éloignent. "Volver" peut appartenir à cette catégorie. Peut-être pas dans la mesure où l'histoire de ces femmes est Une. Ces trois générations sont lumineuses et vous injectent une dose d'humanité très forte. On en redemande.

  • Mais que fait la police ?

    On a peut-être deviné en survolant mon blog que je reste un vieux nostalgique de la série télévisée «Les Brigades du Tigre», qui avaient distillé ses 36 épisodes pétaradants entre les années 1974 et 1982. Je reviens aujourd'hui encore très régulièrement avec un grand plaisir vers cette reconstitution historique et parfois faite de bric et de broc, animée par les personnages du flegmatique Commissaire Valentin flanqué de ses deux acolytes, les inspecteurs Pujol et Terrasson. Je m'y sens bien, j'ai l'impression qu'avant de me raconter une histoire policière on me rappelle l'Histoire tout court, celle du début du Xxe siècle et de la naissance de la police scientifique, sous l'impulsion de Georges Clémenceau, dit le Tigre. Aussi étais-je assez impatient de voir comment le réalisateur Jérôme Cornuau avait bien pu cuisiner cette délicieuse pâtisserie qu'était pour moi un « feuilleton Madeleine de Proust »...

    « M'sieur Clémenceau
    Vos flics maintenant sont dev'nus des cerveaux
    Incognito,
    Ils ont laissé leurs vélos, leurs chevaux.
    Pendant c'temps là dans les romans,
    Certains nous racontent comment
    Faire un casse tranquill'ment
    Pour tuer le temps,
    J'voudrais les y voir,
    A notre place pour n'pas en prendre pour vingt ans ».

    La chanson du générique a disparu... Il ne reste plus que la musique, signée Claude Bolling. Il paraît que le texte était daté, trop vieillot. Ah bon ? Pourtant, tout y était dit : l'obligation faite à la police de vivre avec ce nouveau siècle et d'employer des méthodes modernes pour rivaliser avec les gangsters de tous poils. Soit. Nous sommes en 2006, surtout ne pas bousculer le public en adoptant un style et un rythme un peu différents... Lui proposer le formatage contemporain.
    Qu'on me comprenne bien : les 127 minutes de cette édition cinématographique des « Brigades du Tigre » sont le fruit d'un beau travail, la réalisation est soignée, la distribution quasi parfaite. Quoique... Allez savoir pourquoi, j'aurais permuté les rôles de Clovis Cornillac, que j'aurais plutôt vu en Jules Bonnot et de Jacques Gamblin, qui aurait fait un excellent et impassible Commissaire Valentin. Edouard Baer est un très bon Pujol - même si très différent de l'original - et Olivier Gourmet nous propose une interprétation... gourmande de Terrasson. Gérard Jugnot fait un bon commissaire Faivre, bien qu'il lui manque à l'évidence une certaine présence paternelle que son prédécesseur François Maistre avait parfaitement restituée. Tout est en place pour une histoire dédoublée (était-ce vraiment utile ? n'aurait-on pas pu avec profit se concentrer sur l'histoire de Bonnot au lieu de fusionner ce qui, au départ, étaient deux épisodes distincts à la lisière desquels se trouve l'actrice Diane Kruger ?) mais... raah, je dois être un vieux con, ça ne passe qu'à moitié ce nouveau millésime... D'abord c'est un peu long – la scène de la mise à mort de Jules Bonnot est interminable, il y a également un match de boxe qui vient un peu comme un cheveur sur la soupe – et puis, concession à notre époque racoleuse, il faut que la crudité des images violentes vous saute à la figure aussi souvent que possible. Quand un mec est zigouillé, on a le temps d'admirer ses plaies béantes, on entend bien le couteau qui fait pchoui-gloup-bloumpf dans les entrailles, une bonne dose de vitriol laisse de belles purulence sur le visage des dames, le sang coule abondamment, les combats sont brutaux et les protagonistes s'échangent des ramponnauds d'une telle force que le premier d'entre eux aurait de quoi vous expédier ad patres en une fraction de seconde. Mais ils se relèvent souvent – beaucoup trop souvent, au point que l'on se demande si l'intrigue intéresse vraiment le réalisateur. On dirait aussi qu'il a fallu contourner au maximum l'aspect un peu cucul la praline qui faisait tout le charme de la série initiale : les poursuites en voiture sont quasi absentes du film, même si Jules Bonnot parvient à distancer à vélo le Commissaire Valentin au beau milieu d'un marché. Et puis, on aurait aimé que «Les Brigades du Tigre» nous replonge dans ce qui fut une époque charnière pour les policiers : l'apprentissage de nouvelles techniques de combat – ici évoquées par le biais d'une scène répétitive où Terrasson expédie mécaniquement ses adversaires au tapis – et de méthodes scientifiques passionnantes dont les techniques anthropométriques et le travail réalisé sur les empreintes digitales ainsi que la création d'un fichier central. Non, en 2006, ce n'est plus le problème, il faut que ça castagne, que ça tue... Même la complicité des trois personnages principaux est plutôt mal rendue : Pujol a perdu son humour, il est devenu un personnage plutôt cynique, Valentin est maintenant une sorte de Titi gouailleur derrière lequel on ne reconnaît plus le personnage un peu opaque qu'incarnait Jean-Claude Bouillon.

    Mouais... Oh, je dois vraiment être un vieux con mais je peux vous avouer qu'en sortant du cinéma, je n'avais qu'une seule envie : regarder n'importe lequel des épisodes de ce feuilleton mythique déjà disponibles en DVD. Parce que je ne reconnais pas mes «Brigades du Tigre» dans ce film. Les miennes étaient plutôt bon enfant, un peu plus instructives aussi... Ah, s'instruire... encore un vilain gros mot à ne pas mettre entre toutes les mains... Et le premier qui me dit que je suis un «nostalgique régressif» se prend une baffe... car il se trouvera bien un magazine branchouille bobo pour le penser...

  • Anthony et les jambes


    Y a un truc qui est très bien avec les films d’espionnage, c’est qu’à chaque fois, on ne pige pas tout mais on se dit que c’est fait exprès, normal, c’est de l’espionnage, ces gens-là, ils sont tellement forts que nous, pauvres citoyens d’en bas, nous ne sommes pas capables de démêler les fils de la toile complexe tissée autour des personnages. On ne sait jamais qui piège qui, qui poursuit quoi ou, plus généralement, qui est qui ! C’est un monde merveilleux.
    Tout ça pour vous dire qu’hier, je suis allé au cinéma voir «Anthony Zimmer», film français dont les acteurs principaux sont Yvan Attal, Sophie Marceau et Sami Frey. J’essaie de vous résumer le propos de cette nouvelle production (attention, je vous l’ai dit, je ne suis pas certain d’avoir tout compris) : la police (incarnée par Sami Frey) recherche un trafiquant extrêmement difficile à attraper, Anthony Zimmer, dont on sait qu’il a 38 ans et qu’il est devenu méconnaissable (de visage et de voix) après une opération chirurgicale. La mafia russe est également à ses trousses, là aussi c’est normal, dans tout film d’espionnage, il y a des super-méchants. Le méchant actuel, c’est la mafia russe. Vous dire pourquoi la mafia russe le cherche avec son armée de tueurs à la mine patibulaire serait une autre histoire, peut-être comprendrai-je un jour. Voilà donc des années que super-AZ échappe à ses poursuivants, tellement il est doué ! Il a même mis au point une technique révolutionnaire de recyclage de l’argent sale, le faux procès entre deux sociétés lui appartenant, l’une d’entre elles étant bien sûr située dans un paradis fiscal, l’autre – en France- lui intentant et gagnant un procès pour rapatrier les pépètes. Punaise, c’est fort ce truc là… Mais AZ a un point faible et on devine très vite que celui-ci est une femme, une fliquette, dont le rôle est interprété par les jambes de Sophie Marceau. Si j’ai bien compris, celle-ci va être manipulée pour le retrouver mais là, déjà, en fait je ne sais plus si elle est au courant de ce qu’elle fait ou pas. Pas grave… Donc, là voilà qui met le grappin sur un inconnu (Yvan Attal) et qui fait tout son possible pour que ce dernier la suive dans un palace de Nice (euh, juste un truc : à un moment, les deux personnages entrent dans le palace en question et lorsqu’on les voit sur la terrasse, le paysage n’est plus celui de Nice, mais celui de Cannes…), elle s’expose en sa compagnie pour que les ennemis croient que c’est AZ. Vous me suivez ? Moi, pas trop… Le seul truc dont je m’aperçois, c’est que cet inconnu la suit comme un toutou, va lui chercher un thé au lait dès qu’elle claque dans ses doigts et, pour ne rien vous cacher, on pressent aussi qu’il voudrait bien aussi aller flâner juste au-dessus des jambes de Sophie Marceau. Ouais, mais je vous le dis tout de suite, il va pas y arriver… Enfin… si, mais plus tard, tout à la fin. Après vont défiler des tas de poursuites (vacherie de vacherie, les jambes de Sophie Marceau, elles conduisent comme Schumacher…), la pauvre Yvan Attal va courir pieds et torse nus, se retrouver à l’hôpital après avoir descendu un escalier de secours métallique la tête la première, puis être enfin repris en main par la police qui sait qu’il n’est pas AZ mais un pigeon, etc etc ! Sauf que… le faux AZ est en réalité AZ et qu’il parvient en plus à sortir d’une camionnette (un soum de la police) dans laquelle se trouve au moins 5 flics sans qu’aucun d’entre eux ne s’en aperçoive ! Le salopard, il nous l’avait bien caché !!! Passe encore qu’il fasse le nigaud lorsque les jambes de Sophie Marceau l’abordent dans le TGV et qu’il la suive comme un toutou baveux… on veut bien admettre également qu’il joue volontairement les nigauds pour mieux se cacher de celle qui l’aime et qui ne l’a pas reconnu ! Mais comme dirait ma Tagada de fille, pourquoi continue-t-il à être aussi concon lorsqu’il est tout seul, quand il n’est pas obligé de cacher sa vraie identité ? C’est pas logique, tout ça !!! Super AZ est trouillard, pris de panique, avale des tubes entiers d’anti-dépresseurs, l’est même carrément stupide parfois lorsqu’il aperçoit deux étages plus bas ses poursuivants armés et qu’il prend le temps de téléphoner pour prévenir un flic avant de s’enfuir… Cherchez pas, mes z’amis, c’est de l’espionnage ! Je vais pas vous le dire trente fois…
    En fait, je crois avoir trouvé l’explication : Anthony Zimmer a vu qu’il était filmé ! Alors il a pensé à nous, spectateurs agrippés à nos fauteuils, la bouche ouverte, morts de trouille. Il s’est dit dans sa tête de grand bandit spécialiste de la fraude fiscale à échelle planétaire : «Faut que je continue à faire l’idiot, sinon, même eux, les spectateurs, ils vont voir que je suis AZ. Le problème, c’est que eux, les pauvres, ils ont payé pour venir alors c’est sûr, je ne peux pas tout leur révéler tout de suite, ils seraient pas contents. C’est pas comme moi ou les jambes de Sophie Marceau, nous, on a eu des sous, plein de sous même, pour courir torse nu, faire des roulé-boulé dans un escalier de secours ou pour faire semblant de conduire une Mercedès à 300 à l’heure dans la sortie d’un parking souterrain, alors on peut tout de même faire un petit effort.» Voilà pourquoi le vrai-faux AZ continue à avaler des cachets, à péter de trouille quand de méchants bandits essaient d’ouvrir la porte de la suite du palace dans lequel il est réfugié. C’est super cool un type comme ça, il continue à jouer son rôle pour NOUS, rien que pour nous !!! On ne dira jamais assez l’importance du spectateur dans un film !
    Raah, trop bien vous dis-je, un type comme ça. En plus, il sera récompensé car non content de révéler son identité aux jambes de Sophie Marceau, il va au final bénéficier de la complicité de cette dernière qui, l’ayant enfin reconnu (faut dire qu’il venait de lui sauver la peau en disparaissant de la camionnette), va taire son identité auprès de ses supérieurs (la mâchoire de Samy Frey restera serrée à jamais) et partir avec lui pour convoler en juste noces.
    N’empêche, ça valait quand même le coup de faire le nigaud pour nous parce que le super-AZ, après, il va pouvoir s’occuper des jambes de Sophie Marceau, et même du reste (enfin, on lui souhaite) et là, tintin, rien n’a été filmé !!!
    Merci Anthony, merci ! Tu les as bien méritées les jambes de Sophie Marceau !