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En quête de Charlie...

Il y a toujours près de moi un livre... ou deux, trois parfois, tous commencés, parce que sans papillonner pourtant, il m'arrive d'être pris d'envies complémentaires qui nécessitent d'avoir plusieurs fers au feu. En ce moment par exemple, je me régale du bouquin de l'acteur Denis Podalydès, « Scènes de la vie d'acteur », du livre de René Rémond consacré au XXe siècle et d'un policier signé John Harvey, « Preuve vivante ». Je ne peux pas rester longtemps sans bouquiner et,    pour avoir longtemps pratiqué cet exercice que d'aucuns jugent impossible à réaliser, l'on risque de me trouver souvent un bouquin entre les mains, un casque sur les oreilles, me distillant intimement une musique et m'apportant la concentration nécessaire à l'immersion dans les univers créés par les écrivains. Je viens également de m'apercevoir qu'à l'exception de quelques livres mis en exergue dans ce blog, je ne vous avais pas encore fait part de mes coups de coeur en ce domaine. L'occasion, donc, d'inaugurer une nouvelle catégorie de notes, que je baptise « Impressions », et de vous dire deux mots, justement, de John Harvey et avant tout de son personnage exemplaire, l'inspecteur Charlie Resnick.

Je vous parle ici de onze beaux bouquins, dix romans et un recueil de nouvelles, qui mettent en scène un inspecteur de police, Charlie Resnick, et les membres de son équipe, quelque part du côté de Nottingham. Car nous sommes ici en Angleterre, assez loin semble-t-il de l'eldorado dont nous rebattent les oreilles toute la clique des ayatollahs ultra-libéraux assez en vogue de nos jours, jamais en manque d'une idée nouvelle pour nous expliquer que l'herbe est toujours plus verte ailleurs. Chez John Harvey, l'Angleterre n'est pas miraculeuse, elle est terre de contrastes, on y voit des communautés s'y opposer, la souffrance est une réalité quotidienne pour bon nombre de gens qui vivent la précarité dans ce qu'elle a de plus cruel. Tous les personnages ont une vraie consistance, avec leurs joies, leurs peines, leurs amours difficiles au point que finalement, ce que l'on a coutume d'appeler les « intrigues policières » passent très souvent au second plan, parce que c'est la vie de ces êtres humains de chair et de sang qui nous happe. Et que la lecture de ces bouquins s'apparente aussi, parfois, à une salutaire prise de conscience.

Charlie Resnick, d'origine polonaise, vit seul avec ses quatre chats (Bud, Miles, Dizzy et Pepper) dont on devine que les noms traduisent la passion de leur maître pour le jazz et c'est tout naturellement qu'on s'invite à ses côtés lorsqu'il choisit un vieux 33 tours de Monk, Billie Holiday ou Lester Young. On salive à le voir se composer d'incroyables sandwiches à base de Stilton, d'huile d'olive, d'oignons et de tomates dont il raffole, on frémit lorsque sa cravate subit à intervalles réguliers les assauts d'une sauce vinaigrette coulant d'un sac en papier en provenance directe d'un traiteur voisin du commissariat. Resnick est un homme au grand coeur, mais timide aussi, paternaliste presque avec sa jeune inspectrice Lynn Kellog, dont la vie personnelle est compliquée par une drôle d'histoire de coeur avec un cycliste et par la maladie de son père. Resnick vit seul dans une maison, mais on sait qu'il a été marié à Elaine et que cette histoire est toujours très douloureuse, pour lui comme pour elle. Un couple brisé malgré le ciment de leurs origines polonaises.

Et puis, il faudrait parler de tous les membres de l'équipe de Charlie Resnick : outre Lynn Kellog, c'est Kevin Naylor dont le couple est toujours sur le fil du rasoir, c'est Mark Divine, le réac obsédé sexuel, c'est Diptak Patel dont les origines pakistanaises sont souvent un lourd fardeau à porter dans son insertion professionnelle, c'est Graham Millington, c'est Jack Skelton, le commissaire divisionnaire sportif dont la fille Kate est aux prises avec tous les pièges de son adolescence, une fille coincée entre un père et une mère qui se déchirent.

Ici, on parle de la vie, la vraie, une vie formidablement écrite par un John Harvey très inspiré qui a mis fin aux « aventures » de son personnage Resnick parce qu'il savait bien que cette histoire devait forcément s'arrêter un jour... et parce qu'il pensait que 10 romans, c'était bien, un bon chiffre en quelque sorte. On aurait volontiers continué cette belle aventure mais le mieux étant parfois l'ennemi du bien, on se dit que tout est bien ainsi et qu'une fois ces pages dévorées, on finira par s'y replonger tôt ou tard.

Tous les livres de la série Charlie Resnick sont disponibles chez Rivages / Noir. Je ne saurais que trop vous conseiller de les lire dans leur ordre chronologique.

Coeurs solitaires (n° 144)
Les étrangers dans la maison (n° 201)
Scalpel (n° 228)
Off Minor (n° 261)
Les années perdues (n° 299)
Lumière froide (n° 337)
Preuve vivante (n° 360)
Proie facile (n° 409)
Eau dormante (n° 479)
Now's the time (n° 526)
Derniers sacrements (n° 527)

Pour en savoir plus : une interview donnée par John Harvey au magazine Lire.

Commentaires

  • Juste pour le plaisir du hors sujet : j'ai pense a toi cet apres midi lors de mes peregrinations bostoniennes, en trouvant,dans une librairie de Harvard Square, un bouquin rassemblant l'integralite des texte du Grateful Dead... Un commentaire disait que ce bouquin etait le fruit d'un long travail de recherche et de compilation de choses trouvees sur le net. Je me demande s'il est aussi publie en france ...

  • Publié en France ? Oh la la, j'en serais bien étonné... Déjà que la façon la plus simple (voire la plus économique) de se procurer les disques du groupe, c'est de les commander sur leur propre site (http://dead.net) ! Quant aux textes des chansons du groupe, il y a un fou furieux qui a fait un travail fabuleux : http://www3.clearlight.com/~acsa/intro.htm
    Ah, le Grateful Dead, je crois qu'il appartient à l'histoire de la musique américaine...

  • merci de votre magnifique lettre.heureusement que je n'ai pas une web cam, vous m'auriez vu rouge de confusion devant tous ces compliments.esperant vous rencontrer lors d'un concert de l'onj.
    Franck Tortiller

  • Ces sompliments sont sincères ! Et je serai très heureux de vous rencontrer ! A bientôt donc et merci d'être venu faire un petit tour sur ce blog !

Les commentaires sont fermés.