La semaine dernière, je m'acharnais depuis mon lieu de villégiature, juste à côté de Florence, sur mon vieux poste de radio pour lui extirper en grandes ondes quelques informations dans la langue de Molière. Une épreuve bien difficile dont je ne suis sorti qu'à moitié gagnant : après plusieurs minutes d'une lutte méthodique, le tournage de molette micron par micron, Ô joie ! Ô bonheur ! Voici que j'entendis la voix mâle d'un ancien journaliste de RTL aujourd'hui en pré-retraite sur RMC. Très loin, derrière un épais brouillard sonore à intensité variable, masqué par quelques claquements étranges dont je m'aperçus très vite qu'ils n'étaient que les échos sonores de mon pacemaker. Je dus donc chercher le bon équilibre, la distance adéquate, celle qui limitait les tic-tic tout en me laissant entendre vaguement ce qui se disait.
Météo, foot, auditeurs qui grognent... et bulletin d'informations ! J'y étais enfin, j'allais pouvoir regagner la terre ferme de la communication, celle qui vous laisse la certitude que vous êtes au courant du moindre événement sur notre pauvre vieille Terre, avant même parfois qu'il ne se soit produit.
Oui parce que... pour ne rien vous cacher, en arrivant en Italie, j'ai zappé rapidement sur les chaînes de télévision et là, j'ai compris le désastre... Même TF1 ou M6, par comparaison avec ce que j'ai entrevu, ressemblent à s'y méprendre à de belles vitrines de l'Académie des Sciences... Donc, pfuit, exit télévision, plus jamais ça.
Je m'égare...
En réalité, ce rapide bulletin m'a laissé, comme on dit, sur le cul ! Il y était question d'une entreprise alsacienne dont le PDG, constatant les difficultés du moment, avait brutalement licencié neuf personnes, des femmes en l'occurrence, et qui dans son immense générosité, leur proposait un reclassement pour la somme astronomique de 110 € par mois... en Roumanie !
Qu'on ne se méprenne pas : je n'ai rien contre les Roumains, la Roumanie est peut-être par ailleurs un beau pays, je n'en sais rien, je n'y ai jamais mis les pieds.
Mais qu'un type français vivant en France ose en 2005 se foutre ainsi de la gueule de ses propres employés en leur proposant un sinistre exil, alors ça...
Je finis par me dire que le régime "libéral" dans lequel nous vivons est en train d'atteindre, petit à petit, inexorablement, une sorte de sommet où cynisme et mépris des êtres humains sont les valeurs les plus sûres.
Et pendant ce temps-là, les plus riches familles françaises du nord de la France vont se domiciler en Belgique pour ne pas être soumises à l'impôt sur la fortune !
Rappelez-moi comment s'appelle le bossu qui nous bassine tous les jours avec sa prétendue solidarité ? L'aurait pas envie de leur demander d'être un peu plus solidaires, à tous ces braves gens bien pensants ?