Je n'aime pas trop évoquer dans ce blog les questions d'ordre politique, mais la journée d'hier, celle du référendum sur le traité européen (j'en précise le sujet pour le cas où vous feriez partie des 30% d'abstentionnistes) m'intrigue énormément. Voici en vrac quelques questions que m'inspire ce rejet assez massif d'un texte que la quasi-totalité de ceux qui étaient appelés aux urnes n'ont même pas lu...
- que faire d'un non dont les composantes sont extrêmement hétéroclites dans la mesure où ce dernier rassemble à l'évidence des votes émanant de citoyens ayant utilisé le référendum pour manifester leur hostilité au gouvernement actuel sans nécessairement nourrir un sentiment hostile à l'Europe et des votes en provenance de groupes politiques anti-européens et le plus souvent ultra démagogiques, à gauche comme à droite ?
- comment va évoluer le Parti Socialiste, seule force politique susceptible d'être une force d'alternance, même si l'on n'est pas obligé d'attendre de gros changements au quotidien s'il revient un jour au gouvernement ?
- à quoi servira un remaniement ministériel s'il ne s'agit de rien d'autre que d'un jeu de chaises musicales ? sinon à exprimer une fois encore un certain mépris des électeurs...
- Chirac dispose-t-il dans son camp de forces suffisantes pour provoquer un vrai changement ?
- Nicolas Sarkosy a-t-il bien compris le message quand on le sent avancer un programme encore plus ultra-libéral que celui de Raffarinland, alors même que les français ont rejeté ce qu'ils croyaient être un traité d'inspiration libérale ?
- Chirac souhaitait-il vraiment la victoire du oui ? Je répondrai seulement à cette question car je suis totalement persuadé du contraire. Il suffit déjà d'observer hier soir sa mine réjouie lors de sa première intervention après les premiers résultats. Il y avait comme une sorte d'étrange jubilation... Mais surtout... s'il avait vraiment voulu que le oui l'emporte, il lui suffisait de faire ratifier ce traité par le Parlement et le tour était joué. Seulement voilà, le traité en question portait en lui une tare irréversible : celle d'avoir été écrit par un certain Valéry Giscard d'Estaing, l'ennemi juré, celui contre lequel Chirac se bat depuis des décennies, après sa démission de 1976, lorsqu'il était Premier Ministre du même VGE !!! Et puis Chirac est comme un enfant, il lui faut toujours casser son jouet, car il n'aime rien tant que d'être candidat, posture beaucoup plus confortable que celle du responsable en poste aux affaires ! Démission en 1976 alors que peu de temps auparavant, il nous annonçait la sortie du Tunnel, éjection en 1988 après deux années durant lesquelles il aurait pu devenir Président de la République, dissolution de l'Assemblée Nationale ultra majoritaire en 1997 conduisant à une nouvelle phase de cohabitation. Et puis 2002, élection / imposture dont il a refusé de prendre en compte les paramètres pour nous infliger une politique sans la moindre vision. Aujourd'hui, l'homme est dans l'impasse avec un gouvernement médiocre et impopulaire, une bonne raison de provoquer un nouveau séisme et de caresser, à nouveau, l'espoir d'endosser la tunique du candidat flatteur de croupes de vaches au Salon de l'Agriculture...
Sauf que là, les choses seront certainement beaucoup plus compliquées...
Et que la France mérite mieux que cet homme politique sans envergure.
Cela dit, je n'en vois pas beaucoup d'autre se profiler à l'horizon, elle est peut-être là ma vraie source d'inquiétude...
Commentaires
et bien, ce sont de bonnes questions...
et j'aimerais pouvoir y répondre. malheureusement ce n'est pas si simple.
j'en ai une autre: pourquoi est-ce que chirac joue le jeu du remaniement ministériel si 1)ça ne changera rien à sa politique et 2)le référendum s'appliquait à l'Europe et non à la France, n'en déplaise à certains imbéciles qui ont voulu le croire?