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Jonction


Il est bien possible que cette note n'intéresse que moi... Tant pis, je prends le risque, ayant envie de noter noir sur blanc un micro-événement qui me ravit au plus haut point. Il y est question de musique, cette précision étant destinée à vous lecteurs, qui peut-être n'y accorderez qu'une attention distraite.

Résumons les faits : au cours des semaines précédentes, j'ai pu vous faire comprendre que non seulement la musique était essentielle à mes yeux (et pour citer Christian Vander : "la musique est vitale ou elle est insignifiante") mais qu'entre la fin des années 60 et aujourd'hui, j'avais pu accumuler suffisamment de petites connaissances pour porter un regard lucide et assez complet sur le monde du rock, du jazz, du jazz-rock, ainsi que sur quelques formes musicales généralement impossibles à classer.
Et dans toute cette longue histoire se sont dégagés ce que j'appellerais volontiers mes piliers : d'abord le Grateful Dead, icône du rock psychédélique californien, mais avant tout magnifique combo de blues-rock aux inspirations certes hallucinées, mais toujours flamboyantes, sous la houlette du regretté Jerry Garcia ; ensuite Magma le terrible, conduit d'une baguette de maître par Christian Vander l'apocalyptique, ce groupe aux incantations Orfiennes ou Stravinskiennes à nul autre pareil ; enfin, John Coltrane, dont j'ai abordé la planète grâce à Christian Vander qui, depuis toujours, en parle avec des mots tellements puissants qu'il m'était impossible de ne pas, un jour, plonger dans l'incroyable univers mystique et absolu du saxophoniste.
J'avais donc depuis longtemps établi le lien entre Magma et Coltrane mais, zut de zut, je ne parvenais pas à entrevoir ne serait-ce que le début d'un court cheveu qui unirait le Grateful Dead et l'une ou l'autre de ces deux autres planètes musicales. Certes, je savais Jerry Garcia disciple de Django Reinhardt et j'aurais pu, un peu facilement, me dire : Django Reinhardt = jazz ; Coltrane = jazz, donc le voilà le trait d'union. Mais non, trop tiré par les cheveux (restons capillaires).
Or, la solution de cette énigme m'est venue hier soir lorsqu'après avoir téléchargé pour une somme très modique un enregistrement live inédit du Grateful Dead depuis le site Internet du groupe, j'ai pris le temps d'écouter ces 80 minutes de pur bonheur, saisies à Portland, Oregon le 18 janvier 1970 (j'avais ce jour-là 12 ans - 1 jour).
La musique s'écoule délicatement dans mon iPod, je connais le répertoire mais chaque interprétation d'un titre par le Grateful Dead est une aventure toujours recommencée. Voici : "Dancing in the Streets", qui s'étire pendant 18 minutes au gré des trouvailles guitaristiques de Jerry Garcia qui... Ô bonheur ! se met à jouer quelques notes de "Love Supreme" de John Coltrane... mais si, vous savez, ce passage où le saxophoniste chante : "A love supreme ! A love supreme" !
Bingo ! La jonction était faite ! Elle suffisait à mon petit bonheur du moment !
Rien d'autre à ajouter, je savoure ce plaisir égoïste...

Commentaires

  • Avant d'aller écouter la suite de l'opus monumental en dégustant un livanto, permettez-moi de poster quelques mots. Grateful dead m'est complétement inconnu, je croyais même que Dancing in the streets était un morceau de Bowie...

    J'oserai cependant une hypothèse. Le jazz n'est-il pas le fondement, la fondation de toute la musique du siècle passé, y compris la classique, si on écoute Schönberg et ce que les réactionnaires baptisaient die entartete Musik... qu'ils caricaturaient toujours par un Noir jouant du saxophone... Un thésard parisien a énoncé une idée, saluée par la communauté historienne, que c'était les Américains venus en Europe à la faveur du Premier Conflit Mondial, qui s'étaient inspirés des courants musicaux européens, pour en enrichir le jazz dès leur retour. Une sorte de va-et-vient permanent entre les continents et les courants, n'est-ce pas le jazz? Une matrice musicale?

    Quant à ce passage, a love supreme, a love supreme... depuis peu, il résonne dans ma tête et cela lui fait le plus grand bien... Même qu'il va investir mon blue-ipod.

  • En fait, "Dancing in the Streets" n'est pas une composition du Grateful Dead, il faut plutôt aller chercher plus avant, du côté de Marvin Gaye ! Quant à Bowie, c'est vrai qu'il en avait proposé une reprise, en duo me semble-t-il avec un certain Mick Jagger.
    Ah... le Grateful Dead ! Toute mon adolescence, cette fluidité de la guitare de Jerry Garcia, ses longues envolées et cette voix fluette dans celui qui était surnommé "The Bear". Investir cette forteresse musicale, dont les disques (live en particulier) ne se comptent plus est peut-être une aventure d'un autre siècle, mais il y a dans le propos du groupe cet étrange mariage de virtuosité, de poésie et d'innoncence qui m'a toujours comblé.
    Tiens, un conseil que ne reniera pas Tagada (qui aime le Dead, soit dit en passant) : par un matin de soleil, ouvrir la fenêtre, respirer un grand moment et écouter le disque "American Beauty" (c'est le nom d'une rose et non un hommage patriote). Là, on comprend tout ! Et puis, on peut relire ce que j'ai écrit sur le "Live in Europe '72" ainsi que la note appelée "La stratégie de l'arbre à disques" pour comprendre le pouvoir de fascination de cette musique née du blues, du rock, du rhythm'n'blues et qui a su s'affranchir de ces étiquettes pour créer sa propre identité, reconnaissable entre 1000.
    Je n'ai pas beaucoup lu sur le jazz : je sais qu'elle est pour moi indéniablement LA musique du XXème siècle et que la plupart des grands ont reconnu l'importance de nombreux compositeurs européens, Coltrane n'étant pas le dernier à le faire savoir. Et il serait en effet assez logique de pense que la Première Guerre Mondiale a pu avoir pour conséquence un brassage d'influences si bénéfique.
    Du coup, étant natif de Verdun, je me dis qu'au moins les anciens ne seront pas tous morts pour rien.

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