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On ne change pas une équipe qui stimule !

Décidément, mon bon docteur D. est un personnage vraiment à part. Car, non content d'assurer ma maintenance électronique avec brio (« Ah ! Avec brio !... », ça me rappelle quelque chose...) et de faire de moi un sujet d'étude pour une revue spécialisée dans la stimulation cardiaque (à ce sujet, cher Docteur D., vous écrivez au sujet de mon pace maker, dans l'article qui est consacré à mon cas que, je vous cite, « le patient n'a pas souhaité changer de marque » ! C'est un comble ! Comme si, quelque part, ça vous arrangeait de me prêter ces intentions... mais bon, passons, si une telle attitude de ma part vous est utile, j'accepte de jouer le rôle du malade psycho-rigide...), une étude dont je ne me lasse pas depuis que j'y ai appris que je souffrais d'une « dysfonction sinusale avec insuffisance chronotrope sévère », ce qui, on en conviendra, a de la gueule et fait de moi un cas médical précieux, beaucoup plus finalement que l'objet qu'on vient de m'implanter. Oui, parce que je viens de recevoir une copie de la facture de mon hospitalisation et, après lecture attentive, je me suis aperçu que mon nouveau stimulateur n'était, finalement, pas si cher que ça, le prix affiché étant à peine supérieur à 3.000 € ! Bof... je suis déçu parce que je me rappelle qu'en 1991, le modèle qu'on m'avait choisi valait plus de 35.000 francs. J'espérais donc une belle poussée inflationniste, je m'étais déjà imaginé que – à l'instar de la folie immobilière – je serais équipé d'une électronique de dernière génération certes, mais dont le prix aurait honteusement flambé, pour abriter finalement un bel objet avoisinant les 10.000 €. Ben non, rien de tout cela en fait, c'est à se demander si la main d'oeuvre ne provient pas de Chine, d'Inde ou de Corée... Je me sens un peu victime d'une mondialisation sauvage qui va désormais se nicher au plus intime de moi-même, mon espace privé subdermique.
Oh là ! C'est parti dans tous les sens, je viens d'être à nouveau victime d'une attaque de parenthèses digressives... Pardonnez-moi ! J'en étais à – je résume – non content de s'occuper de mes affaires cardiaques et des les raconter dans une revue spécialisée, mon cher Docteur D. entretient désormais avec moi des relations très automobiles ! Vous avez appris grâce à moi qu'il circulait régulièrement dans une vieille Panhard dont la carte grise est datée du 16 décembre 1957. Mais vous ne savez pas encore qu'il a voulu m'aider à trouver un client pour mon ancienne voiture, un jeune médecin roumain avec lequel je suis entré en contact par e-mail. Manque de chance, ce potentiel acheteur a été attiré par les charmes d'une vieille Ford sous le fallacieux prétexte que, contrairement à ma Renault, elle disposait d'un système de climatisation. Pfff... sont fous ces roumains ! Le docteur D., qui m'a annoncé cette piteuse décision, était presque plus ennuyé que moi, d'autant que je n'avais pas eu la moindre difficulté à revendre mon véhicule au garage voisin de ma maison rose, celui qui m'a vendu une belle navette spatiale, avec plein de trucs automatiques, des informations qui s'affichent en transparence sur le tableau de bord, des boutons partout et même une sixième vitesse... Tant pis pour mon « roumain difficile » (je cite une fois encore le docteur D.), il ne sait pas ce qu'il a perdu, c'est son problème ! Mais vous ignorez aussi que non content de rouler dans une antiquité à la direction hasardeuse, mon bienfaiteur stimulant s'est entiché d'une vieille Jaguar à la conduite anglaise, repérée quelque part du côté de Luxembourg ! Et qu'il se l'est offerte, en allant la chercher par temps de verglas au volant de sa Panhard ! Vous imaginez un peu le spectacle ? Sept heures pour une trajet de deux fois 110 kilomètres, une nouvelle version de la croisière jaune, aux ambitions plus modestes j'en conviens, mais au résultat tout aussi incertain. Raah, je l'imagine agrippé à son nouveau volant, se tordant le cou pour tenter un dépassement, sur ce maudit axe routier infesté de milliards de camions pilotés par des chauffeurs dont on se demande s'ils ne sont pas aveugles, lorsqu'on les observe attentivement, déboîtant brutalement comme si vous n'existiez pas. Vous rigolez ? Essayez un jour le trajet Metz-Nancy en pleine semaine... vous m'en direz des nouvelles...
Non, vraiment, j'ai de la chance d'avoir pour protecteur un personnage aussi atypique ! Que je soupçonne désormais d'être venu faire un petit tour sur ce blog, parce que... quand il m'écrit : « Je pense à vous en relisant vos aventures frappantes », peut-être fait-il allusion à une énième version de l'article qu'il rédige à mon sujet, mais peut-être évoque-t-il mes propres comptes-rendus ici même ? Du coup, je viens de relire rapidement les notes que j'ai rédigées autour de mes aventures cardio-stimulantes, afin de m'assurer que je n'avais pas écrit trop de stupidités... Ouf, non, ça va... Je trouve même qu'il s'en tire avec un portrait finalement assez flatteur, n'est-ce pas ? Il faut dire aussi que le bonhomme est bien loin de l'image stéréotypée du médecin hospitalier, blouse blanche ouverte, stéthoscope arboré à la façon de la cravate lors de la campagne du RPR dans les années 80, petites infirmières émerveillées, enfin, vous voyez le genre, ... Quoique... pour avoir vécu de longues, bien longues semaines à l'hôpital voici maintenant 27 ans, je ne suis pas si certain que cette image véhicule autant de stéréotypes qu'on l'imagine... Mais je digresse encore ! Non, le docteur D., c'est un autre univers, à lui tout seul : pas de blouse blanche, pas de rôle surjoué, de la compétence de la simplicité et puis, surtout, un zeste de ce quelque chose qui rend le personnage si attachant, on sent chez lui comme une part d'irrationnel, on devine très vite que l'enfant n'est pas totalement éteint en lui (oui, au fait, pourquoi, sous prétexte que nous sommes adultes, devrions-nous oublier que nous avons été et que nous sommes toujours des enfants ? Je ramasse les copies dans deux heures, merci, on travaille en silence...). Et puis chez lui, on bosse en famille : c'est madame Docteur D. qui est son assistante et quand elle n'est pas là, on utilise la main d'oeuvre disponible, y compris madame Maître Chronique que l'on invite à jouer les presse boutons !
Y a juste un truc qui me gêne, c'est cette phrase que le docteur D. a glissée discrètement l'autre jour, quand il m'a dit qu'il cesserait son activité dans deux ans. Alors là, pas drôle ! J'ai toute confiance en ce médecin qu'il m'a présenté l'autre jour comme son successeur mais... taratata ! Je ne mange pas de ce pain là. Et je veux croire que lorsqu'il me racontait l'histoire de ce chirurgien qui continuait, très très vieux, à opérer chez lui, il me suggérait qu'il ferait une exception pour moi. Qu'il continuerait à veiller sur moi avec toute l'attention que je mérite. Ben oui, j'ai bien compté, il me reste au moins deux pace maker à vivre et depuis quinze ans, j'ai pris des habitudes : alors OK, j'accepte de dire que je ne veux pas changer de marque, je suis prêt à me compromettre avec un gros mensonge, mais en échange, je ne change pas non plus de médecin. Non mais ! A bon entendeur...

Commentaires

  • "avec brio" ça me rappelle mes premiers essais au piano avec la méthode rose...!

  • lol oui c'est assez long à lire mais tres drole :p

  • avec brio ca fait penser au papa noel qui est une ordure

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