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Contrastes

Chroniques du Nancy Jazz Pulsations 2006 – Episode 5
Vendredi 20 octobre – Salle Poirel – Nancy


La Salle Poirel était comble en ce vendredi 20 octobre 2006. Toutes les soirées de cette édition 2006 du Nancy Jazz Pulsations se sont d’ailleurs quasiment jouées à guichet fermé et je me permettrai d’évoquer ce sujet dans une prochaine note. Le public au milieu duquel nous patientons m’étonne un peu. Il ne ressemble pas à celui qu’on voit en règle général fréquenter les festivals de jazz : ici se côtoient d’innombrables mamys et papys sur leur 31, et à glisser son oreille entre deux conversations, on devine aisément qu’il s’agit pour une bonne partie de l’assistance d’un moment inhabituel, ce petit monde va au spectacle et écarquille par avance des yeux émerveillés. Tant mieux, j’aime toujours que mes concitoyens s’extraient de leur chloroforme télévisé pour aller rencontrer la musique vivante. Et puis, alors que nous faisons la queue dehors, passent devant nous et entrent dans la salle toute les cohorte des invités d’une banque partenaire. Le genre de truc qui m’énerve : j’ai payé ma place et j’attends tranquillement ; eux non, et entrent avant l’ouverture des portes. Pas grave, pas grave…

De toutes façons, il était inutile de s’énerver car le premier concert à venir, celui du quintette de Daniel Mille était plutôt placé sous le signe d’un certain recueillement. Cet accordéoniste, dont on recommandera l’écoute du dernier CD « Après la pluie » possède un sens inné de la mélodie. A ce sujet, je crois qu’il n’est pas inutile de rappeler à quel point justement l’idée même de la mélodie se doit d’être replacée au centre de la musique. On l'oublie parfois. Or, sans esbroufe, sans geste inutile, avec beaucoup de sérénité, Daniel Mille nous a interprété quelques thèmes splendides, au beau milieu desquels les silences ont aussi leur place, ce qui est une énorme qualité. Chez lui, l’urgence n’est pas de mise et l’on ressent une profonde émotion au moment où se font entendre des voix d’enfants qui jouent en introduction de la composition intitulée « Les Minots ». Cette musique est comme suspendue en l’air, un peu au-dessus de nos têtes et semble imprégnée d’une vraie sérénité. En relisant sa biographie, je découvre que Daniel Mille a fait appel pour son dernier disque à des musiciens dont il fut question ici récemment, tels Rémy Vignolo ou Eric Legnini. Je ne suis pas surpris, et je goûte rétrospectivement ces 75 minutes épurées en attendant de me replonger un peu plus tard dans l’univers un peu magique de ce grand monsieur.
 
http://www.daniel-mille.com/

Après cette si belle première partie, il allait falloir me convaincre de rester et ce n’est pas sans une certaine appréhension que je vis entrer sur la scène je ne sais combien de guitaristes (cinq je crois) accompagnés d’un contrebassiste : « Les enfants de Django » allaient faire déferler sur nous leurs torrents de notes, en arborant un sourire presque enfantin. Visiblement heureux d’être là, ils nous proposèrent un répertoire de jazz « manouche » dans la plus pure tradition, ce que Mr Monstrueux a l’habitude d’appeler « Les 24 heures du Manche ». Il m’est très difficile de commenter un tel concert : j’ai le plus profond respect pour tous ces musiciens, dont la sincérité et la gentillesse sont désarmantes, dont la virtuosité est flagrante mais… comment vous dire ? Je ne parviens pas à vibrer sur leur musique, il me semble plus honnête de l’écrire ici sans détour. « Minor swing » ou « Nuages » ne font pas partie de mes écoutes de chevet et je préfère laisser le plaisir d’en parler à celui ou celle qui sera mieux placé que moi. Une chose est certaine : le public, qui venait d’entendre exactement ce à quoi il s’attendait, et qui ne fut à aucun moment bousculé dans son confort auditif, a fait un triomphe à ses six musiciens. Ces derniers le méritaient amplement et tout était bien ainsi. Un joli de fête pour eux. Mais bon…

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