Amis lecteurs de ce modeste espace d'expression, prenez quelques minutes pour lire ces lignes. J'aimerais en effet vous parler d'une formation vocale, Elull Noomi, dont le premier disque vient de paraître sous la bannière d'Ex-Tension Records. Ce beau disque intitulé "Uléella" est une surprise enthousiasmante, loin de toutes les modes et à même de conquérir de nombreux publics.
Pourquoi inventer ce qui existe déjà ? Soyons volontiers paresseux et lisons plutôt attentivement ce que l'on nous dit d'Elull Noomi : "Une lumineuse création a capella, véritable transe féérique, obsessionnelle et magique, chantée dans une langue imaginaire par six chanteurs au sommet de leur technique vocale !"
Avant toute chose et histoire de ne pas taire une réelle filiation, évoquons une inévitable parentèle entre le remarquable travail des musiciens d'Elull Noomi et la musique de Magma. En effet, nous ne saurions échapper à une certaine tendance au rapprochement entre ces deux univers musicaux. Du côté d'Elull Noomi comme chez les kobaïens de Christian Vander, on s'exprime dans un langage inventé (ici l'Elull Noomi justement). C'est la co-fondatrice du sextuor qui s'y est collé, puisque tous les textes ont été écrits par Odile Fargère, qui réalise ainsi un vieux rêve : "Un vrai langage, avec du sens, avec lequel on peut vraiment communiquer..." Mais autant la langue organique de Magma est gutturale, virile même et propice aux incantations, quand ces dernières ne sont pas des commandements, autant les couleurs sonores d'Elull Noomi ne sont que fluidité et féminité, conférant à l'ensemble une impression de douceur quasi liquide qui nous éloigne très fortement des chants martiaux de la Trilogie Theusz Hamtaahk de Magma. Et nous rapproche du même coup de musiques plus minimalistes et plus sérielles, comme celle de Steve Reich par exemple.
Et pour corser un peu l'affaire, on notera aussi avec intérêt que l'une des trois voix masculines d'Elull Noomi est celle d'Antoine Paganotti, chanteur de Magma depuis maintenant presque dix ans et fils d'un autre musicien historique de Magma, le bassiste Bernard Paganotti. Et puis, le label Ex-Tension n'est-il pas le résultat de la volonté conjointe de Francis Linon et son épouse, une certaine Stella Vander, elle-même éternelle voix de Magma... et beaucoup plus en réalité ?
Il serait néanmoins injuste de ne présenter Elull Noomi qu'à la lumière de cet auguste parainnage. Car "Uléella", le projet présenté par le groupe, dont toutes les musiques ont été composées par Hervé Aknin, se révèle d'une profonde originalité et se démarque avec élégance de toutes les modes et de toutes les vulgarités déversées à longueur de journées sur nos ondes qualifiées un peu hâtivement de libres voici plus de 20 ans. On devine très vite, au bout que quelques instants d'une écoute ravie, qu'Elull Noomi signe là une oeuvre d'emblée intemporelle et aboutie, sans équivalent dans la production de ces dernières années. Et pour le coup, tous les formatages médiatiques de notre époque en deviennent encore plus grotesques. Ah, qu'elles sont loin d'Elull Noomi toutes ces prétendues nouvelles étoiles fabriquées dans je ne sais quelles drôles d'académies, après lesquelles courent frénétiquement les dirigeants des empires télévisuels, l'oeil rivé aux indices boursiers du CAC 40 !!! Juste avant de les pressurer en un temps record et de les faire passer à la trappe où sont engloutis tous les rebuts de la consommation des cerveaux, comment dites-vous déjà ? Ah oui : disponibles !
Autant vous le dire tout de suite : nous sommes ici à des années-lumière de la vulgarité commerciale qui emplit jusqu'à les faire déborder les mémoires de tellement de téléphones portables ou autres baladeurs !
Elull Noomi ne vous caresse pas dans le sens du poil, Elull Noomi ne cherche pas à savoir ce que vous avez envie d'entendre, Elull Noomi ne vous méprise pas, c'est tout le contraire. Le groupe vous invite, en toute simplicité, mais avec la plus grande exigence dans l'exécution de son travail, à partager son acte de création et réussit magnifiquement à INVENTER un monde onirique très bien résumé par cette phrase : "L'enfant assis au bord du monde, qui regarde." Ce disque enchanteur s'adresse en effet à tous les coeurs d'enfant qui continuent de battre en nous et nous aident à garder une certaine part d'innocence.
Alors... pour une cure de jouvence, un bon remède : les 56 minutes d'Uléella !
Pour en savoir plus, écouter d'autres extraits et commander ce CD, voici la bonne adresse :
http://www.ex-tensionrecords.com/ex05. Avec de ma part une petite propositon : jetez un coup d'oeil à la page anglaise et découvrez la belle traduction commise par une personne que certains d'entre vous connaissent très bien !
Cadeau de la maison... un petit extrait du disque avec les premières minutes du titre introductif : "Aborimis"
Commentaires
Ce que je viens d'entendre sur l'extrait me donne envie d'acheter le disque.
C'est musical et mélodique à souhait. Ceux qui aiment la beauté des voix de Magma à certains passages ou encore Offering devraient aussi pouvoir s'y retrouver.
D'ailleurs, j'allais dire...jpeux pas traduire la note, elle est trop bien écrite!