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Au jour d'aujourd'hui, faut tout prévoir à l'avance quand on veut monter en haut !

Z'avez vu la nouvelle pub du groupe CIC ? Non ? Dommage parce que je la trouve particulièrement réussie ! Un bel exemple de stupidité qui en dit long sur la maîtrise de notre belle langue française… ou sur le mépris qu'exprime son slogan à l'égard de ses potentiels clients !

medium_cic.jpgJe ne voudrais pas jouer le chroniqueur pédant, mais je m'autorise à vous rappeler qu'un terme ou expression qui ajoute une répétition (consciente ou inconsciente) à ce qui a été énoncé s'appelle un pléonasme. Or, que nous dit le nouveau slogan de ce groupe bancaire ? Je le cite : "Avec le crédit en réserve CIC, prévoyez votre crédit à l'avance". Je passerai sur la répétition du mot "crédit", que je soupçonne d'être volontaire pour le cas où nous, pauvres cerveaux disponibles, n'aurions pas compris qu'il était urgent de s'endetter auprès de cette banque et de souscrire un emprunt qui, quel qu'en soit le taux, lui rapportera beaucoup d'argent. Ce qui m'intéresse le plus est la formulation de la dernière partie de la phrase : "prévoyez votre crédit à l'avance". Ben oui, ils sont super logiques les messieurs CIC, ils vous expliquent bien comment il faut faire, pour le cas où vous ne connaitriez pas le sens du verbe prévoir. Préfixe "pré" qui signifie avant, accolé au verbe voir : ça veut dire que vous essayez de savoir comment les choses vont se passer. Forcément, dans votre petite tête de client docile à qui il faut décidément tout expliquer, bande d'abrutis, vous vous y prenez un peu à l'avance. Ben tous ces braves gens, ils sont tellement certains que vous avez besoin qu'on vous enfonce ça bien fort dans la tête qu'ils ont cru bon d'ajouter "à l'avance".
 
Eh, les copains, prévoir à l'avance, dans ma jeunesse, je vous le redis, on appelait ça un pléonasme ! Même que quand on devait écrire des rédactions, il fallait leur déclarer la chasse (c'était vrai aussi pour les répétitions, soit dit en passant). Par conséquent, cette phrase est nulle et la vraie question est de savoir, pour reprendre la définition donnée par le dictionnaire, si cette inutile boursouflure est consciente ou non. Vous l'aurez compris, je penche assez fortement pour la première hypothèse parce que ma méfiance naturelle à l'égard de toutes les sphères publicitaires ou commerciales prend très vite le dessus et que je me plais à imaginer que ce message vise un public qui a besoin d'argent, qu'on veut attirer parce qu'éventuellement il est dans la difficulté et qu'on sent bien qu'il faut lui éviter au maximum de réfléchir. Alors, on lui explique, lourdement, on en rajoute pour qu'il comprenne bien le message. Ah, quel beau monde idéal où vous n'avez à vous occuper de rien puisque d'autres vous prennent en charge et, assurément, veulent votre bonheur ! Mais nous sommes bien d'accord, il y a forcément, quelque part, écrites en caractères riquiqui, les conditions d'obtention du prêt et, surtout, le coût de toutes ces facilités financières. Je fais une parenthèse, digressive bien entendu, parce que tout ceci me rappelle un reportage vu tout récemment, où il était établi qu'un client de je ne sais plus quelle banque qui décidait d'emprunter une somme pour acheter une maison sur une durée de 30 ans, payait en réalité autant d'intérêt qu'il n'empruntait d'argent… Et dire qu'on nous annonce des crédits sur 50 ans… Je connais quelques actionnaires ventripotents qui doivent s'en lécher les babines… A nous les fafiots, endettez-vous, engraissez-nous !
 
Donc voilà, moi je pense vraiment que cette tournure pléonastique est volontaire parce que je n'ose même pas imaginer qu'elle ait pu échapper à toute la chaîne des individus – tous de valeureux professionnels, c'est évident – impliqués dans la délivrance du précieux message à ses clients, depuis l'équipe de créatifs vitaminés qui se sont fait payer une somme exorbitante pour balancer un slogan pourri qui leur aura valu je ne sais combien de séances de remue-méninges et de nuits blanches, jusqu'à l'imprimeur, en passant par les graphistes, puis par tous les commanditaires qui, personne n'en doutera, ont un jour ou l'autre validé la campagne publicitaire et signé ce que l'on appelle un BAT (bon à tirer). Vous vous rendez compte ? Personne n'aurait été choqué par la faute de français ? Tss tss tss… pas possible un truc pareil. Je veux bien croire que le niveau baisse, mais tout de même…
 
Je finis par me rendre compte que, trop souvent, au jour d'aujourd'hui, on nous prend pour des crétins stupides qui prennent leurs désirs et leurs aspirations pour de vraies réalités. Bon, j'arrête de m'énerver, c'est pas bon pour la santé et je préfère monter en haut, tout là haut, dans mon Chalet Suisse, pour y piocher quelques disques et entendre de mes oreilles un peu de bonne musique. 

Commentaires

  • Et "au jour d'aujourd'hui", n'est-ce pas un pléonasme? Je n'aime pas qu'on attaque ma banque! Mais que fait le modérateur?

  • Et ne me répondez pas, s'il vous plaît, que ce pléonasme est volontaire! Je m'insurge contre l'abandon des règles de la langue française dans la vie quotidienne beaucoup plus que dans la réclame (terme plus adapté que publicité qui, à l'origine, informait sans réclamer). Après tout, les pigeons sont faits pour être plumés et les moutons pour être tondus, et je ne vais pas me plaindre du fait que les uns et les autres me procurent ma pitance!

  • On mord ou pas. Ils savent bien que certaines personnes vont être attirées de toute façon. Ceci est un bon exemple de tout ce que nous pouvons relever dans la pub.
    Merci d'avoir relevé.
    Bonne journée.

  • @Collectif des Joggers en Colère : BEN SI ! CE PLEONASME ETATIT TOTALEMENT VOLONTAIRE !
    D'ailleurs, vous avez, j'en suis certain, remarqué que la fin de mon texte était truffé de ce genre de choses :
    - crétins stupides ;
    - monter en haut ;
    - vraies réalités ;
    - entendre de mes oreilles ;
    - au jour d'aujourd'hui, l'un de mes préférés !
    Bref bref... c'était de l'humour...

    @ Elisabeth : merci, il y a tout de même quelqu'un qui me comprend !

  • >J'aime beaucoup ces paralipomènes paternelles...et en tant que lingsuite ex-joggeuse, puis-je me permettre de signaler qu'on reconnait la vivacité d'une langue à sa capacité à être triturée, modelée, déformée, abimée, embellie...n'en déplaise aux amateurs de linguistique prescriptive...

  • @ La Fraise : là, je m'esclaffe de rire et je me demande si nous ne devrions pas collaborer ensemble, d'autant que je pense que tu as un bel avenir devant toi, même si cette solution ne constituerait pas la panacée universelle. Ce serait une véritable secousse sismique dans la blogosphère, bien que notre travail ne susciterait pas, j'en suis certainement convaincu, l'unanimité totale tant qu'il n'aurait pas été complètement achevé. Dans la conjoncture actuelle, nous avons tous intérêt à nous cotiser ensemble pour atteindre le but final et si mon pronostic s'avère exact, à moins que notre travail laborieux ne soit effacé par une averse de pluie, il ne nous restera plus qu'à allumer la lumière...

  • Sutor, ne supra crepidam!

  • Le mari de la Sorcière Bien Aimée (Jean Pierre mari d'Elisabeth Montgomery) travaillait dans la pub également...

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