Dans le désordre...
- Mon professeur de français en classe de troisième, qui arrivait régulièrement en classe complètement bourré. Son élocution ne s'en trouvait pas forcément perturbée, mais sa méthode de décompte des points aux interrogations écrites, si. Un jour, il changea brusquement le barême d'une interro surprise (vingt questions, un point par question) et ôta trois points par mauvaise réponse. Inutile de vous dire que les notes négatives ont provoqué quelques remous.
- Ma prof. d'italien, toujours en troisième : débutante et complètement dépassée malgré un effectif loin d'être pléthorique (je crois que nous étions neuf au total). Son absence d'autorité était telle qu'un beau jour, alors qu'elle était sortie chercher deux ou trois craies dans le couloir, elle ne trouva plus personne à son retour, alors qu'aucun d'entre nous n'était sorti. Forcément, nous avions quitté la salle en nous échappant par la fenêtre qui donnait sur les toits du collège. Elle était quand même un peu en colère. Quelques jours plus tard, un de mes camarades de classe à qui elle avait demandé d'essuyer le tableau n'eut pas de meilleure idée que de poser assez brutalement le chiffon sur son bureau. Malgré le changement de couleur de sa coiffure, elle continua comme si de rien n'était.
- Il y avait aussi ce professeur d'histoire-géographie, dont la vue était si basse qu'il était incapable de s'apercevoir que ce qui lui grattait la jambe était une longue suite de pailles emboîtées les unes aux autres et que nous glissions sous son pantalon depuis le fond de la classe. Ce que nous aimions également, c'était déposer dans les allées des voitures miniatures pour voir jusqu'où il pouvait les faire rouler en shootant. En plus, c'était un type d'une gentillesse hors du commun : non seulement il nous prévenait avant les contrôles, mais il poussait l'amabilité jusqu'à nous dicter à l'avance les questions et les réponses. 20 sur 20 assuré à chaque fois.
- Malgré quelques regards assez intrigués, notre prof. d'histoire-géographie en classe de sixième ne s'est jamais rendu compte que durant une heure entière, le bas de sa jupe s'était accroché à sa ceinture, découvrant intégralement un panty à carreaux roses et blancs, très à la mode en cette année 1968.
- Oh la la ! Mon prof. d'E.M.T. (on dit techno aujourd'hui ?) en classe de quatrième. Lui, non seulement il fumait en classe, mais il ne trouvait pas mieux que de vous faire profiter de son haleine fétide en vous imposant un douloureux face à face quand il voulait vous expliquer ce que vous n'aviez pas compris. Cerise sur le gâteau, il nous laissait contempler les deux filets de bave qui unissaient ses lèvres de part et d'autre, à notre grande inquiétude. Car plus que tout, nous craignions la rupture postillonnante de ces deux filaments.
- Durant mes deux premières années de collège, j'ai bénéficié du vrai talent d'une prof. d'anglais pas comme les autres. Avec elle, on n'écrivait presque jamais, elle avait confectionné elle-même une impressionnante collection de dessins sur des feuilles de papier Canson, sur lesquels elle inscrivait en phonétique la prononciation de la chose représentée. Ne rigolez pas, c'était nous les meilleurs en anglais, et de très loin !
- Il y avait aussi ma prof. de maths en troisième (c'est vrai que cette année-là, j'avais atteint une sorte de sommet), toute nouvelle et visiblement pas très à l'aise. Heureusement que mon meilleur copain, redoublant, venait souvent à son secours pour l'aider à terminer quelques démonstrations.
- Pendant mes trois années de lycée, j'ai eu la même prof. d'italien. Une personne adorable, qui nous considérait un peu comme ses enfants, elle nous gavait de bonbons. Mais elle avait une caractéristique sur laquelle nous n'avons jamais osé la questionner : nous ne lui avons connu qu'une seule tenue, un ensemble tailleur jupe de couleur vert bouteille. De deux choses l'une : ou elle en possédait toute une collection, ou elle ne le lavait pas souvent. Ou peut-être que le tissu séchait très vite...
- Ah, mon prof. d'E.P.S. en classe de seconde (OK, je le reconnais, je n'ai pas eu tellement affaire à lui, ayant la chance d'avoir suffisamment de problèmes de santé pour échapper à cette discipline exotique), tellement bedonnant qu'il préférait, et de très loin, s'asseoir au bord du terrain de foot pendant que nous disputions un drôle de match où les 3/4 de mes camarades voulaient être avant-centre. Je préférais être arrière et avoir tout le temps de discuter avec le gardien de but, pendant que le reste de la troupe s'étripait dans le rond central. Lui, fumait tranquillement sa clope en bavardant avec le gardien du stade.
- Et ma prof. de français en classe de seconde : celle-là, c'était une vraie teigne qui, un beau jour, nous soutint que l'adjectif pentu n'existait pas. Elle n'a pas apprécié, mais alors pas du tout, qu'au cours suivant, je lui apporte une photocopie de la page d'un dictionnaire où l'adjectif était bel et bien présent.
- L'année suivante, dans cette même discipline, j'ai reçu l'enseignement d'une autre grande personnalité de l'époque. Connue pour son attitude étrange en classe (elle marmonnait ses cours en ne regardant jamais devant elle), pour ses deux lourds cabas qu'elle diposait sous le bureau, donnant l'impression de se libérer d'un insoutenable fardeau, je fus pour elle l'occasion d'une sorte de miracle. Alors qu'elle répugnait à noter au-dessus de 7 ou 8, je lui extirpai un royal 15 sur 20 à l'occasion d'un devoir sur le thème : « Le bonheur selon Voltaire, Diderot et Rousseau ». Je n'en suis toujours pas revenu. Elle non plus probablement.
- Cette même année, mon professeur d'histoire-géographie était lui aussi une célébrité. Ses deux plus beaux faits d'armes avec notre classe furent les suivants : alors que, durant une interrogation écrite, il avait deviné que l'un d'entre nous trichait et recopiait son cours directement, il s'installa dans l'allée, à côté de lui, s'allongea au sol et se mit à faire une série de pompes. Quelque temps plus tard, toujours pendant un devoir en classe, il nous montra que, bien que lisant Le Monde, il nous surveillait, en relevant son journal dans lequel il avait percé deux grands trous pour guetter les petits malins.
En fouillant encore un peu, je suis certain que je pourrais trouver d'autres exemples cocasses. A l'occasion, je compléterai mon bestiaire... Vous êtes également les bienvenus, cela va de soi !
Commentaires
Nan, c'est incroyable...de la télépathie...on a publié la même note, le même jour...
Ben oui, je trouve ça chouette moi ! Tiens, je suis sympa, je fais même un lien direct vers ta chronique :
http://happydeutschlehrerin.hautetfort.com/archive/2006/02/07/best-of-et-pire-of.html
Ah je reconnais la fameuse "grande personnalité de l'époque". Je l'ai aperçue encore en 2001, toujours la même mais chauve et traversant les rues encore moins vite... Cela dit, je m'inscris en faux, elle allait facilement à 10 ou 11 pour ses notes. Peut-être faisais-je partie d'une génération exceptionnellement douée - avant 1968 on connaissait encore la valeur du travail, bande de jeunes fainéants! (la peur du prof, aussi). Je concède néanplus que, au-delà, elle semblait prise d'un vertige himalayesque avant de gravir l'échelle des notes.
Trooooop gentil !
@ Briscard Mesquin : ben l'année où je l'ai eue comme prof de français, je peux te garantir qu'elle en a pas donné beaucoup des notes supérieures ou égales à la moyenne. La faute certainement à ces soixante-huitards qui, quelques années plus tôt, avaient dû la mettre de fort mauvaise humeur !
Et je suis étonné que tu n'aies pas reconnu ce prof d'histoire-géo (extrêmement doué par ailleurs) totalemnt farfelu et capable des inspirations les plus imprévisibles.
La vieille peau (c'était le surnom affectueux que nous lui donnions) je l'ai eue en Français, en Latin et même en textes anciens traduits(!). Quant au prof d'histoireje pensais que ce pouvait être ce cher Paul. Lui, j'ai eu la chance de bénéficier de ses cours 3 ans sur mes 8 ans de lycée/collège/lycée, mais je ne l'imaginais pas en train de faire des pompes! J'ai eu l'occasion de lui reparler le 11 septembre (2002) à l'occasion de la réception d'une ministre chez Margueritte. Il ne m'a pas reconnu mais j'ai pu lui dire ce que je pensais de lui... d'où quelques larmes. Et un autre ancien prof que tu appréciais m'a abordé ce jour-là... mais il m'avait pris pour mon frère....
Et???? vous croyez qu'il y a des élèves qui parleront de moi comme ça??? Vous croyez que je serai la vieille peau aussi??? (bouuuh c'est flippant dit comme ça...)
D'ailleurs moi en bonne élève, j'ai tendance à me souvenir des profs géniaux et à occulter les têtes de con...sauf Francine-qui-laisse-des-messages-sur-mon-portable pour qui ma haine farouche ne faiblit pas. Non mais!
A t'on seulement déjà vu un prof d'EPS fournir un effort physique en même temps que ses élèves.
La SEITA serait sans doute morte et enterrée sans cette sympathique corporation.
Je suis content on ne se fait pas trop écharper ( nous les matheux ) pourtant traditionnellement cibles de tous les griefs.
@ Briscard Mesquin :
Je me disais bien aussi... Quant à l'autre prof, probablement d'anglais, t'aurait-il confondu ce jour-là avec l'un des meilleurs éléments de sa longue carrière ? Si je me souviens bien de lui, c'est aussi parce que de toute ma scolarité, c'est mon enseignant préféré !!!
@ La Fraise : pour qu'un jour quelqu'un te dénomme ainsi, il te faudra une transformation physique et mentale radicale. Je crois que tu as de la marge.
@ Al1 : bizarrement, mes profs de maths ne m'ont guère laissé de souvenirs. En général, z'étaient plutôt bien d'ailleurs. Mention spéciale à celui de 6e, qui nous enseignait les maths dites "modernes" et nous apprenait à compter en langage binaire. Et dans une note (écrite mais pas encore publiée, j'évoque encore mes relations avec un instituteur tabagique...).
Bonjour,
L’intérêt que vous portez à Voltaire m’incite à vous indiquer ceci :
Il y a deux ans une lecture attentive de sa Correspondance (treize volumes à la Pléiade) m’a conduit à publier un livre dont le contenu ne cesse de me surprendre, dans la mesure où la mise en relation de 1500 extraits environ de cette même Correspondance et des événements historiques sous-jacents ne paraît pas pouvoir laisser place au moindre doute sur le caractère délibérément faussé de l’image qui nous a été donnée de ce personnage.
Je souhaiterais vivement que vous puissiez partager mon extrême surprise en consultant, si vous le voulez bien, la rubrique "livres" du site :
www.cunypetitdemange.sitew.com
Tout à la fin de cette rubrique, là où apparaît une reproduction de la couverture de "Voltaire – L’or au prix du sang", un clic sur le mot "Voltaire" (à gauche, en bleu) vous permet d’accéder aux quarante premières pages du livre lui-même.
Cette façon quelque peu abrupte de venir vers vous ne fait sans doute que rendre compte de mon propre désarroi, car, si je ne me trompe pas, un énorme travail de réinterprétation reste à faire, et non sans conséquences diverses…
Très cordialement à vous,
Michel J. Cuny