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DiaChronique - Page 9

  • Tête de l'artisan

    J'ignore si vous avez lu "Vous plaisantez monsieur Tanner", le dernier livre de Jean-Paul Dubois, qui nous raconte les mésaventures d'un narrateur aux prises avec différents artisans chargés de rénover la maison qu'il vient d'acheter. Peut-être seriez-vous bien inspirés d'y jeter un petit coup d'oeil si vous décidiez un jour de confier l'avenir de votre habitation à différents corps de métiers, chauffagistes, menuisiers, électriciens et autres spécialistes de la rénovation immobilière. Il y a quelques années déjà, Peter Mayle, l'écrivain anglais, nous avait mis en garde dans son bouquin "Le bonheur en Provence". Alors méfiance !
    Je viens moi-même de me confronter à la vie complexe de l'heureux propriétaire tellement malhabile qu'il lui faut impérativement se mettre sous la tutelle de ces mystérieux professionnels :
    - c'est l'histoire de la recherche d'un ramoneur qui, pour de mystérieuses raisons, avait oublié de noter notre rendez-vous dans son agenda et que nous n'avons jamais revu, car nous avons préféré faire appel à l'un de ses collègues, qui travaille pourtant à 30 kilomètres de chez moi et que nous pûmes mobiliser en quarante-huit heures ;
    - voulant aménager un escalier intérieur pour faciliter l'accès à un second étage refuge sous les toits de ma maison, j'ai découvert que la menuiserie était une science finalement aléatoire. Une première visite d'un professionnel se solda par un projet fantaisiste, consistant à ouvrir mon salon pour faire arriver l'escalier face à la cheminée, rendant par là-même l'usage de cette dernière tout à fait impossible. Ayant refusé cette malhonnête proposition, on me suggéra de creuser le plafond de ma salle à manger et de détruire en grande partie la cloison principale de la vaste pièce où j'envisage pourtant d'installer une bibliothèque, discothèque ou vidéothèque. Non non, cher ami, votre idée n'est pas fameuse ! Enfin, alors que je commençais à être gagné par le doute, un cinquième menuisier (oui, parce qu'entre temps, d'autres avaient été contactés, mais n'ont jamais donné signe de vie, pas besoin de travailler semble-t-il...) accéda en tous points à ma demande, dessinant illico un projet intelligent, qui voyait notre escalier prendre place dans une petite pièce bureau et grimper avec naturel dans un espace qui, depuis le début, nous paraissait être le seul plausible. Notre choix était fait, mais que de points d'interrogation cependant !
    - je ne peux passer sous silence les relations très téléphoniques que j'entretiens avec  mon chauffagiste. J'ai la chance d'habiter une maison équipée d'une chaudière récente, dotée de perfectionnements électroniques et programmables mais qui, un beau matin, afficha le message suivant : "Défaut brûleur". La coquine s'étant arrêté de fonctionner, je téléphonai sans attendre à celui qui l'avait installé et qui, Ô bonheur, déboula chez moi une heure après pour se répandre en explications confuses sur les aléas de la météo, de la pression atmosphérique et des conséquences que ceux-ci avaient inéluctablement sur la bonne santé de mon appareil dernier cri. Il quitta les lieux rapidement, satisfait de sa prestation, non sans me propoer un rendez-vous pour un nécessaire entretien annuel, ce que j'acceptai volontiers. Et pan, le lendemain : "Défaut brûleur" !!! Coup de téléphone au grand manitou de la chaudière : "C'est pas grave, vous éteignez la chaudière, vous la rallumez et ça va repartir". J'appliquai méticuleusement la méthode et, en effet, l'usine à gaz prodigua à nouveau ses douces chaleurs mais rien n'y fit, j'étais habité par l'angoisse. Tous les quarts d'heure, j'éprouvais le besoin de descendre à la buanderie et d'engager une conversation silencieuse avec ma chaudière qui restait cette fois muette et ne se vantait plus de mettre mon brûleur en défaut. Il ne me restait plus qu'à attendre le rendez-vous pris quelque temps plus tôt pour me rasséréner enfin. Par sécurité, je téléphonai à mon chirurgien des tuyaux à gaz la veille au soir afin de m'assurer de sa présence le lendemain. "Oui oui, c'est noté, je serai là vers 10 heures !". Aaaah, ouf, je respirai un grand coup, j'allais enfin pouvoir me chauffer les pieds sans la moindre inquiétude. Sauf que... j'attends toujours ce monsieur qui n'est jamais venu, ne s'est même pas décommandé. J'en viens à me demander s'il ne redoute pas lui-même la confrontation avec une chaudière un tantinet farceuse. Pendant quelques fugaces instants, j'ai même craint pour sa vie, redoutant qu'il ait perdu un combat dans une autre buanderie face à un cumulus meurtrier. J'attends qu'il me rappelle pour être définitivement certain qu'il est toujours des nôtres.
    Et j'y regarderai à deux fois avant de choisir un artisan pour effectuer des travaux... Ce qui me fait penser que je n'ai pas encore pris le temps de téléphoner à mon peintre et à mon électricien. Mais qu'est-ce qu'ils vont bien pouvoir trouver pour être dignes de leurs confrères ? J'en tremble d'avance.
    Un jour, il faudra aussi que je vous raconte comment je n'ai pas recruté une "employée de maison" (j'emploie cette expression à dessein parce que les chiennes de garde risqueraient de me tomber sur le poil si j'avais écrit "femme de ménage")... car cette corporation réserve aussi d'incroyables surprises !

  • Encore plus fortius !!!

    Allez, hop, je ne résiste pas... au plaisir de partager avec vous la fulgurance de la pensée d'un philosophe contemporain trop méconnu.

    philo_dakar.mpeg

  • Déprime statistique...

    > 48 ans ;
    > 17.532 jours ;
    > 420.768 heures ;
    > 25.246.080 minutes ;
    > 1.514.764.800 secondes.

    Vu sous cet angle brutalement quantitatif, le bilan d'une vie est une aridité telle qu'on préfère s'adonner à cette drôle de comptabilité dans le sens des aiguilles d'une montre, si j'ose dire. J'aurais pu proposer un décompte des mêmes chronomètres en calculant le temps qui me reste à vivre, sur la base de mon espérance de vie.
    Vous me pardonnerez, je l'espère, d'avoir choisi un tel mode de calcul et vous serez les bienvenus si, par mégarde, vous comprenez qu'aujourd'hui est le jour de mon anniversaire et que, ce faisant, vous vous empressez de me souhaiter plein de bonnes choses pour l'avenir.
    Voilà qui est dit...

    PS : j'ai programmé la publication de cette note au jour et à l'heure exacte de ma naissance, un peu de rigueur ne nuisant pas !

  • Je suis désormais un castéropode !

    Je viens de me familiariser avec ce nouveau fleuron de la technologie moderneuuuh ! Le podcast (contraction, si j'ai bien compris de iPOD et broadCAST) : en gros, les émetteurs de programmes (pour l'instant les radios principalement) proposent en téléchargement une partie de leurs émissions que vous pouvez ensuite écouter tranquillement chez vous, sur votre ordinateur ou, mieux, sur votre baladeur mp3.

    Honnêtement, c'est vraiment un truc qui constitue un plus pour tous ceux qui, comme moi, considèrent qu'on peut encore s'instruire et réfléchir par l'intermédiaire des médias. Surtout que notre radio dite de "service public" a plutôt bien fait les choses et installé depuis peu ce service sur son site Internet.

    Gros avantage : plus besoin d'être au rendez-vous devant son poste de radio au jour et à l'heure de la programmation, en quelques clics, le programme arrive sur votre machine et vous l'écoutez tranquillement au moment qui vous arrange. Mieux encore, un logiciel tel qu'iTunes vous propose une option de mise à jour automatique qui vérifie la présence de nouveaux "épisodes" (j'aime bien le terme, c'est comme ça que monsieur iTunes écrit dans son logiciel).

    Je me suis donc rué vers le téléchargement de quelques unes de mes émissions favorites, sur France Inter (Cinéfilms, Le Masque et la Plume, Ca se bouffe pas ça se mange, Rue des entrepreneurs) ou sur France Culture (L'Esprit Public, Répliques).

    http://www.radiofrance.fr/services/rfmobiles/podcast/

    Encore un petit effort et je finirai par être cultivé !!!

  • Oh la la la la la la...

    Quoi, nous serions le 10 janvier 2006 ? Est-ce à dire que ce blog est en déshérence depuis 6 mois environ ? Je suis rouge, cramoisi, noir de honte... Heureusement que ma Fraise de fille semble à nouveau décidée à réactiver ses propres pages... Ce qui n'est pas sans rapport avec mon propre désir de revenir faire un petit tour par ici.

    Pourtant, il s'en est passé des choses... sur lesquelles, c'est promis, je reviendrai si possible :
    - un déménagement ! Tout de même, c'est important dans une vie ! Nous habitons désormais une maison rose !!!


    - les inévitables travaux dans une maison... nom d'un chien, on se sent vite pauvre quand on reçoit les devis...
    - une nouvelle voiture... enfin, bientôt ! C'est juste pour frimer, hein ? Parce que tout le monde autour de moi ne semblait pas très enchanté à l'idée de renouveler l'expérience monospace... donc, voilà, elle sera noire, ultra-branchée et un tantinet japonaise. Hé, je vous arrête... "Et l'emploi des français ? Et nos usines ?" Tsss tsss tsss, d'abord j'aimerais être certain que la vente d'une voiture française fait travailler plus de nos concitoyens que celle d'une embarcation nippone. D'autre part, si notre commercial bleu-blanc-rouge n'avait pas essayé de nous refiler son crédit pourri ultra-cher en nous expliquant qu'il était le remède à tous nos soucis matériels, peut-être aurait-il réussi à nous convaincre. Et en plus, je fais ce que je veux. Et toc !
    - au-delà de toutes ces choses très bassement matérielles, bien des moments très riches ont fait surface dans ma vie de travailleur obscur et sans grade : le plus important remontant à dimanche soir avec le grandiose spectacle offert à la télévision par l'ambassadeur de France au Vanuatu... Ou comment être parfaitement ridicule à son insu, décortiqué, passé à la loupe d'un reportage pour une fois vraiment caustique. Non, je plaisante bien sûr, néanmoins, je dois avouer que durant une demi-heure, j'étais totalement éberlué par ce qui m'était donné à voir.
    - ah ce jour de juillet, le 18, où nous apprîmes que notre fille était admise (et brillamment ma foi) à l'agrégation d'anglais, l'était pas beau ce jour-là ? Faut imaginer la scène : nous quatre en voiture, de retour de Paris et la Fraise, apprenant le résultat, en train de se liquéfier (ça donne quoi ça : de la marmelade ? du jus ?) et de trembler comme une feuille.
    - ah oui ! le cérémonial quotidien du téléphone de notre fils, soumis durant 7 semaines aux contraintes militaires du côté de Saintes : juste quelques minutes pour appeler, pendant que ses condisciples étaient autorisés à fumer ! Et le même fils, tout juste de retour et déjà sur la scène du Nancy Jazz Pulsations, parce qu'invité par le batteur Franck Agulhon à venir le rejoindre le temps d'un morceau...
    - tiens, y a aussi ces deux semaines passées à Biarritz, un peu comme dans un rêve : paysages magnifiques, instants charmeurs (oh oh ! le chocolat Cazenave à Bayonne...), la tête qui se vide... mais le corps qui compense et affole la balance au retour. Fort heureusement, tout cela est bel et bien corrigé depuis ce 21 août 2005 où je pris la décision, ferme et défintive, de perdre 10 kilos. Maintenant, c'est fait, je suis aussi léger qu'au jour de mes 18 ans et je ne suis plus obligé de jeter un coup d'oeil désespéré à mes épaisseurs latérales et abdominales.

    Mais en réalité, l'un des plus beaux moments de ces derniers jours fut celui où j'ai pu assister à l'enregistrement, dans le studio de mon ami Michel, du Trio Ad Vitam (Jad Ayache, Isabelle Feuillebois, Claude Lamamy) venu nous rejoindre pour participer au projet de CD que nous allons prochainement réaliser sur notre label Welcome Records.

    Promis, promis, je vais m'astreindre à une assiduité minimale. Et bonne année ! Hop, c'est fait, paraît que c'est bien vu.

  • Passages


    Silence du blog n’est pas mort du blog. Juste le temps de la réflexion, quelques activités assez prenantes et pour finir, en vrac, quelques idées jetées ci-dessous dans le désordre, sous une unique bannière, celle des passages (pas sages ?).

    Passage de vie à trépas.
    Le pape est mort, OK. Le Prince Rainier est mort, OK. Paix à leurs âmes, il me reste de tout cela un sentiment très contrasté, particulièrement lorsque j’ai vu comment la télévision – temple du matérialisme et de la société de consommation la plus veule qui soit, au moins dans la tranche horaire dite de «prime time» – avait l’impudence de se draper d’une cape religieuse et de célébrer sans fin cette fin. Pire encore, le comportement de tous ces chefs d’état, Bush en premier lieu, qui affichaient ostensiblement une mine de pénitents, tout en jouant des coudes pour être les premiers à s’incliner devant la dépouille mortelle de Jean-Paul II. Ridicule aussi notre bon Président, quémandant la poignée de mains d'un Bush qui, tout aussi ostensiblement, ne voulait pas le voir. Heureusement, il m’est apparu que les radios avaient, du moins pour certaines, tenté de prendre un peu de recul lorsqu’elles nous ont proposé des débats plus contradictoires. J’ai le souvenir d’échanges très instructifs dans l’émission de Laurent Bazin, sur Europe 1, où les points de vue divergents pouvaient disposer de suffisamment de temps pour s’exprimer clairement. Il y fut rappelé d’un côté que le pape avait contribué grandement à l’effondrement de la dictature communiste dans le bloc de l’Est et qu’il avait aussi déployé mille efforts pour rapprocher les religions et diffuser un message de paix. Sans oublier néanmoins que pour d’obscures raisons de réal politique, il avait aussi, en son temps, adoubé un certain Pinochet en le qualifiant de «preux chevalier». Comme si certaines oppressions étaient moins intolérables que d’autres…

    Passage de bague au doigt.
    Surréaliste, cette émission interminable et bavarde sur BBC Prime, pour la retransmission du mariage du Prince Charles et de Camilla. Derrick, à côté, c’est James Bond, c’est un hyperactif !!! Tout aussi improbable, la tronche de la reine, visiblement mortifiée d’avoir à s’exposer ainsi, même fugitivement. Encore plus étonnants, tous ces anglais venant manifester leur mécontentement, on avait l’impression qu’ils réclamaient le retour de Diana ! A l’intention de ces braves anglais à l’accent tellement prononcé qu’on en finit par se demander s’ils parlent la même langue que celle que nous ont apprise nos enseignants descendants de Maurice Chevalier, un scoop : la princesse Diana est morte accidentellement sous le pont de l’Alma, le 31 août 1997. Si quelqu’un veut bien se charger de leur annoncer la triste nouvelle à ma place, je suis d’accord.

    Passages à la vie professionnelle.
    Je crois que nous sommes, nous parents, en passe de changer de statut ! Jusqu’à présent, lorsqu’on nous demandait ce que faisaient nos enfants, la réponse était assez simple : étudiants ! S’ensuivaient quelques explications plus détaillées sur le cursus franco-anglais de notre fille, ses difficultés à tenir le coup dans sa deuxième ascension de la face nord de l’agrégation d’anglais et sur le fait que, bien que musicien, notre fils avait une vraie activité. Tout cela aura bientôt une fin : miss Tagada – croisons les doigts – va devenir enseignante et son frère… sous-officier ! Hein, quoi, sous-off’ ? Oui, m’sieurs dames, Saxoman a joué un tour pendable à ses concurrents vendredi matin en se présentant au concours de recrutement pour le Big Band de jazz de l’Armée de l’Air. Et hop, le voilà qui nous revient avec un poste de deuxième alto et un contrat de cinq ans… et, semble-t-il, pas mal de temps pour se consacrer à l’approfondissement de son cursus musical à Paris. Par moments, j’ai l’impression qu’il n’en revient pas lui-même !

    Blogueuses de passage.
    Fin des épreuves d’agrégation, retrouvailles entre copines, décompression. Il y avait mille raisons d’expliquer la concentration de quelques blogmaniaques (ou commentatrices de blogs) ce week-end à la maison. Comme si le virtuel se matérialisait ! Les échanges furent néanmoins d’une nature toute différente de ceux qui nous sont donnés à lire régulièrement sur les pages amies : Tagada, Blick ou encore Blogi ont surtout goûté le plaisir d’un «vrai repas de dimanche» ! Oui, je le reconnais, ces commentaires sont d’une portée philosophique assez mince, mais ils exprimaient une sorte de soulagement bien compréhensible, un début de sortie du tunnel, un ouf alimentaire… qui a totalement ruiné : un rosbif pourtant généreux et prévu pour deux repas, mon camembert de campagne à moi que je m’achète pour la semaine et qui n’est plus qu’un souvenir, sans parler de mes bananes qui ont subi un assaut violent et conjugué de la part de trois filles affamées. Je vais manger quoi, moi, maintenant ?

    Passage vers le «Oui».
    Je me suis trouvé nez à nez avec le faciès de Jean-Marie Le Pen, vendredi soir à la télévision. C’est toujours un choc pour moi. Le vieux chef décati du F-Haine vote un non sans restriction au référendum sur le projet de constitution européenne. Le voir, l’entendre, tout cela est totalement insupportable, c’est un spectacle qui me donne envie de vomir. J’en aurai tiré au moins une conclusion : même si je ne suis pas naïf et sais que mon vote sera récupéré par l’actuel gouvernement, je vais voter un gros «OUI» le 29 mai prochain. Me retrouver dans le même camp que Le Pen ou De Villiers, ça… jamais ! Leur compagnie m’est beaucoup plus intolérable que celle de Rastaffarin ou même de Chirac. Ces deux-là, on va s’en occuper dans deux ans…

    Passage de la Pologne à la France.
    J’ai à nouveau enfilé mon costume de mari, laissant tomber les oripeaux de vieux garçon qui me tendaient les bras. Ma femme est revenue de son séjour en Pologne et, telle un petit père Noël, a sorti de ses bagages quelques sympathiques fioles dont nous avons testé collectivement les doux nectars. Une vodka aux feuilles d’or au nez et au goût délicieux (ah, ce petit retour sur le palais fleurant bon la réglisse), une autre à l’herbe de bison, très différente de la première mais tout aussi chatoyante. Nom d’un chien, ça c’est de la bonne Europe. Encore une bonne raison de voter oui !

    Passage d’un ordinateur à l’autre.
    Je possède plusieurs centaines de 33 tours chers à mon cœur, qu’il m’est toutefois assez inconfortable d’écouter aujourd’hui, parce que je suis devenu un grand paresseux et que, le plus souvent, je n’ai pas le courage de me relever toutes les 20 minutes pour retourner la galette de vinyle et faire durer le plaisir. Chance pour moi, un ami possède un grand nombre de ces disques en version numérique et me le mets à disposition sans restriction. Je vous vois venir, les kikis !!! Alors, on télécharge ? Pas du tout, je me contente de copier sous ce format des disques que je possède déjà, j’en stocke donc un double qu’il me sera ensuite possible d’écouter dans d’autres conditions, avec mon précieux iPod en particulier. C’est tout à fait légal. Je pourrais effectuer tout ce travail moi-même : transférer les disques sur mon ordinateur au moyen d’un logiciel approprié, puis constituer les fichiers au format mp3. Mais puisque ce boulot est déjà effectué, pourquoi perdre du temps. Et je continuerai, à chaque fois qu’il me sera possible, de préférer les versions LP, dont le son est incomparable. Je reste cependant impressionné par la technologie actuelle, qui m’autorise à me brancher en direct sur un ordinateur distant et à rapatrier bon nombre de fichiers. Comme deux êtres humains reliés l’un à l’autre pour une transfusion sanguine…

    Passage à l'hôpital.
    Habile transition avec le paragraphe précédent, je reviens en quelques lignes sur la petite visite que nous avons faite hier après-midi à un ami de la famille, qui vient de subir une délicate opération du coeur. Je ne suis pas certain d'avoir tout compris, mais une malformation de naissance contrariait chez lui le fonctionnement d'un des deux ventricules. Il a donc fallu réactiver ce dernier, ce qui a provoqué - effet en chaîne - un problème de synchronisation qu'il a fallu ensuite régler. Compliqué, délicat et surtout fatigant... En parcourant les couloirs du CHR de Brabois, je suis très étonné de voir à quel point ces lieux n'ont pas changé le moins du monde depuis l'époque où j'avais dû être longuement hospitalisé, au printemps 1979. Les mêmes peintures, les mêmes papiers-peints, les mêmes odeurs, les mêmes bruits. Ô temps, suspends ton vol ! Et aux dires de notre ami, la bouffe - bien que sous-traitée désormais - est toujours aussi mauvaise. Quand voudra-t-on bien comprendre qu'une bonne alimentation contribue largement au rétablissement de bon nombre de malades ? Jamais ? Ah oui, c'est vrai, j'oubliais, rationalisation, gestion, économies, déficit budgétaire, trou de la Sécu... Je suis un étourdi !

    Passage de ligne.
    Non mais, c'est qui cet obscur éthiopien venu s'intercaler entre NOS kényans au Marathon de Paris, leur piquant la troisième place alors qu'ils devaient faire carton plein et occuper les trois marches du podium ?

  • Bonheurs du hasard, hasards du bonheur


    Certains croient à la prédestination, d'autres pas. Je pense faire partie de la seconde catégorie, étant persuadé que nous ne sommes, nous individus, que le produit de multiples hasards qui s'entrechoquent, créant en nos vies des bifurcations inattendues, des inflexions parfois brutales et qui, reconnaissons-le, peuvent paradoxalement nous laisser penser que nous ne sommes pas totalement maîtres de notre propre existence.
    J'aurais, comme chacun d'entre vous j'en suis certain, des tonnes d'histoires à vous raconter sur ce sujet mais... j'aimerais surtout vous faire part d'un tout récent "accident de hasard", dont je fus hier la victime plutôt bienheureuse... Vous me pardonnerez d'entrer parfois dans les détails, tant pis...
    Hier donc, vers 13 heures, il faisait un temps splendide : ciel bleu, douceur, un printemps qui voulait se donner des allures d'été. Des conditions propices à une flânerie urbaine qui semblait me tendre les bras d'autant qu'il me restait quelques heures à récupérer dans mon boulot (oui, Rastaffarin, tant pis, la Fonction Publique attendra, j'aurai certainement une fois de plus contribué à creuser le déficit du budget de l'Etat et je dis cela avec... détermination !). Ni une ni deux, j'opte pour l'hypothèse buissonnière et préviens illico mes collègues qu'ils devront se passer de moi quelques heures. Nonobstant leur probable souffrance, je propose à ma femme de l'accompagner à pied jusqu'à son travail (soit tout de même près de 2,5 km) avant d'aller musarder ici et là, la truffe en l'air comme le chien que j'aurais pu être dans une autre vie (malheureusement, les hasards ont fait de moi un être humain et, pour être Lorrain, je sais quel intérêt j'aurais pu avoir à être couvert d'une bonne couche de poils)... L'ayant quittée, je me glisse dans la peau d'un inspecteur des travaux finis et vais contempler le gros chantier de la Place Stanislas (dont la rénovation enchante les vrais urbains que nous sommes ! Automobilistes obsessionnels, allez vous faire voir ailleurs et partez polluer un peu plus loin, merci... il ne reste plus aujourd'hui à éradiquer que les poussettes pour bébés pilotées avec une lenteur insupportable par bon nombre de parents béats, exhibant fièrement leur progéniture braillarde qu'ils revendiquent comme la plus belle du monde... oh, STOP, je rigole, c'est de l'humour) avant de m'engager dans le rue des Dominicains (si vous n'habitez pas Nancy, prenez donc un plan de la ville, ce sera plus simple). Et là... tatata !!! Roulement de tambour, messieurs les hasards : bonjour ! Qui vois-je face à moi ? Mon propre frère (je passe sur certains détails) qui n'est pas du tout un régional de l'étape et dont je me suis éloigné voici près de 30 ans pour de complexes raisons que je ne vais pas exposer ici. Pourtant, celui-là, on peut dire qu'il a compté dans ma vie, c'est quand même lui qui m'a filé de le virus de la musique, c'est lui qui m'a chaperonné lorsque j'étais gamin, qui me laissait écouter des disques et encore des disques dans sa chambre, sans parler des innombrables heures de jeu qui nous avaient valu de nous endurcir les genoux, pour les avoir trop frottés sur le parquet brut du grenier en voulant reconstituer à notre manière le Tour de France de cyclisme. Euh, là je pense que vous ne suivez plus, je reviendrai un autre jour sur ce sujet qui mérite de plus amples explications.
    Mais la vie a ses mystères et en m'éloigant de lui (ou lui en s'éloigant de moi, ou les deux à la fois), c'est tout une part de moi-même qui était comme en sommeil, paralysée. Oh, certes, nous nous échangions régulièrement une carte postale de convenance, des voeux au moment des fêtes de Noël mais... rien d'autre, la dernière fois que nous nous étions vus, c'était en février 2002 lorsque notre père est mort.
    Et là, hier 18 mars 2005, vers 14 heures, je le retrouve, détendu, en bonne compagnie, qui me demande des nouvelles de tout le monde, qui veut savoir où en est Tagadaughter dans la préparation de ses examens, qui m'explique qu'il s'est fabriqué un CD en téléchargeant des séquences musicales sur le site de son neveu (donc, mon fils), qu'il aime beaucoup ce qu'il fait... nous échangeons nos numéros de téléphone portable avant de nous quitter.
    Quelque temps après (rue Saint Jean, vous suivez sur le plan ?), je ne peux résister au besoin de lui envoyer un texto dans lequel je lui dis que j'espère beaucoup que ce hasard sera le prélude à de vraies retrouvailles entre frères... Sa réponse ne tarde pas puisqu'il me répond très peu de temps après qu'il en est lui-même certain et qu'il en a envie et besoin autant que moi !
    Inutile de vous préciser que cette belle journée fut donc bien plus ensoleillée pour moi qu'elle ne le semblait aux autres et on voit bien dans toute cette petite séquence comment les hasards se sont enchaînés les uns aux autres : cette décision impromptue de modifier mon emploi du temps, puis le trajet vers le centre ville, ce temps passé à observer les travaux pour, au final, synchroniser mon itinéraire avec celui de mon propre frère se trouvant là, juste là, alors qu'il habite dans la Marne !!!
    Du coup, j'en viens à me dire que je vais revenir sur mon appel à l'hiver de l'autre jour ! Vive le printemps, vive le soleil, vive le ciel bleu, vive l'école buissonnière qui m'ont donné l'occasion de tourner une page de 30 ans de grisaille...
    Et vivent les hasards !

  • Ferrov'hier (vies dédoublées)


    Trois petits textes notés fugitivement hier sur un carnet, dans le train qui m'emmenait de Nancy à Paris.

    Vendredi 10 mars 2005, 6h20, je suis dans le train qui m'emmène de Nancy à Paris. J'écoute "Moving", un CD du pianiste norvégien Bugge Wesseltoft : climats aux confins du jazz et de la musique électro, atmosphères délicates où quelques notes de piano semblent s'échapper d'un paysage brumeux. L'accompagnement idéal en cette nuit finissante. Et puis, c'est "Gare du Nord", une très belle composition qui me vaut cette étrange sensation d'entendre, à l'intérieur (car j'écoute cette musique avec des écouteurs) comme à l'extérieur le bruit du train, en un parfait dédoublement. Jusqu'à l'annonce vocale en français d'un contrôleur, dont je ne sais si elle est réelle ou enregistrée sur le disque. J'ôte alors mes écouteurs, la voix s'est tue... Elle provient de la musique de Bugge Wesseltoft, exactement synchronisée avec la situation que je vis réellement. Mais de là à dire que je mène une double vie...

    Je dois rédiger pour un magazine dédié à la musique de Magma la chronique d'un concert du groupe, en l'occurrence celui de l'Olympia, le 27 janvier dernier. Même si je garde un souvenir exact de ces trois heures passées dans la fosse de cette salle mythique (bien que reconstituée à l'identique), je ne me prive pas du plaisir de rédiger mon texte en écoutant ce concert, qu'une âme charitable a bien voulu enregistrer "sous le manteau" et m'envoyer quelque temps plus tard sous la forme d'un double CD. Cette fois, il ne s'agit pas de deux vies distinctes dont les échos sonores viennent se superposer comme par magie, mais de la même vie, qui se répète à quelques semaines d'intervalle.

    A quelques minutes de mon arrivée à Paris, ma voisine de train semble vouloir me demander quelque chose et me fait signe d'ôter les écouteurs qui diffusent la musique de Magma depuis près de deux heures. Elle ne veut pas rester sur la quasi certitude de me connaître et pense que, de mon côté, je ne l'ai pas reconnue lorsqu'elle m'avait salué sur le quai.
    Oh la... et dire que je me pique d'être plutôt physionomiste... là, honnêtement, je sèche !
    Elle pense m'avoir vu au Conservatoire ou peut-être à l'Ecole des Musiques Actuelles de Nancy. Tiens tiens, aurait-elle vu juste ? Je lui réponds donc et lui dis qui je suis, je lui explique que j'ai été Président de cette école, que mon fils en a été longtemps l'élève et qu'il y enseigne aujourd'hui le saxophone. Je la confirme donc dans son impression, elle m'avait bien identifié !
    "Et moi, vous ne me reconnaissez pas ?"
    Gasp... je la scrute un instant, je fouille dans mes souvenirs, je tente quelques rapprochements jusqu'au moment où une idée me vient à l'esprit : "Vous n'auriez pas été prof de piano à l'EMAN ?"
    Bingo ! Oui, sauf que... je ne suis plus en présence de la même personne ! La dernière fois que je l'avais vue, elle était obèse, quasiment difforme, les cheveux tristement attachés en une queue de cheval, elle était vêtué de façon terne et anonyme et là... je revois une jeune femme au mieux de sa forme, épanouie, mince, qui a le temps de me dire sa joie d'être la mère de deux enfants, qu'elle revit, qu'elle éprouve des sensations totalement nouvelles comme la séduction, notamment dans le regard des autres, dans la rue ou lorsqu'elle chante sur scène ! Elle me raconte l'anecdote d'un de ses anciens élèves qui demandait de ses nouvelles alors qu'elle était juste à côté de lui et qui refusait de la croire lorsqu'elle lui disait : "Mais votre prof de piano, c'est moi !". Elle ne cache pas son plaisir de vivre ce genre de situations un peu surréalistes.
    Décidément, ce voyage en train était vraiment placé sous le signe de la double vie : j'avais devant moi une personne qui me confiait qu'elle en vivait une deuxième, la seconde ayant chassé la première.