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DiaChronique - Page 6

  • Les pieds des stalles

    Faut quand même que je vous narre un épisode survenu lors de nos dernières vacances... Je ne suis pas peu fier d'avoir marqué à jamais la mémoire d'un homme qui, lui-même, est devenu au fil des décennies une sorte de légende vivante et de mémoire de la grandiose cathédrale, en la belle ville d'Amiens.

    Laissez-moi d'abord vous planter le décor : alors que nous séjournions quelques jours en Baie de Somme et que nous cherchions désespérément à croiser un petit rayon de soleil, je me rappelai que, quelques semaines auparavant, je m'étais rendu à Amiens dans un cadre strictement professionnel et que mes premières impressions furent si bonnes que je promis à Madame Maître Chronique de l'y emmener au plus vite. Ce qui fut dit fut fait, nous mîmes (euh... les jeunes, c'est le verbe mettre au passé simple, première personne du pluriel, je vous fais cette précision rien qu'à voir vos têtes ahuries, il est évident que nous ne parlons pas la même langue. Tiens, faudrait que j'essaie de placer un de ces quatre un petit imparfait du subjonctif...) donc le cap sur cette ville chef lieu de la Somme et commençâmes, en bons touristes que nous sommes, par une agréable visite des hortillonnages. Si vous ne savez pas de quoi je parle, vous n'avez qu'à vous imaginer, "un site naturel d'exception composé de jardins d'agrément et maraîchers enserrés entre les multiples bras de la Somme. Ce site protégé s'étend sur 300 hectares". Ce n'est pas moi qui l'écrit, c'est un dépliant touristique qui reflète bien la réalité de ce lieu magique qu'on découvre en naviguant tranquillement sur une petite barque électrique, au beau milieu de dizaines d'autres touristes dont on souhaite parfois, allez savoir pourquoi, qu'ils tombent de leur frêle embarcation. D'innombrables petits canaux, des jardins plus ou moins entretenus, sans électricité ni eau courante, un monde à part qu'il serait coupable de ne pas visiter.

    Bien entendu, notre visite se poursuivit par le quartier Saint Leu, baptisé si j'ai bien compris la Venise d'Amiens, en raison de ses nombreux petits ponts enjambant un cours d'eau. Et puis, forcément, ZE must, ZE incontournabeul moniumeunte, madame la cathédrale d'Amiens, écrasante, splendide, devant laquelle on se sent comme un nain, on n'ose même pas imaginer combien d'êtres humains ont pu s'épuiser à la construire tellement c'est gigantesque. Non, sans rire, j'vous jure, quand je me suis trouvé sur le parvis, ce fut un grand choc. Et encore, c'était le deuxième parce que lors de ma première visite au mois de mai, j'étais accouru à ce même endroit pour me régaler les yeux. Trois mois plus tard, même éblouissement, trop fort un truc pareil. Pour la visite guidée, là en revanche, trouvez quelqu'un d'autre parce que je ne suis pas fortiche pour raconter. Moi, devant un monument, je lis peu, je m'informe au minimum (de toutes façons, Madame Maître Chronique sait tout et je n'ai qu'à lui poser les questions quand le besoin s'en fait sentir) : je regarde bêtement, j'admire, je m'abreuve, j'essaie de remplir l'armoire aux souvenirs, le grenier aux instants uniques, bref je me range illico dans la catégorie des contemplatifs un peu abrutis, pas envie de réfléchir. On a les crétineries qu'on mérite, moi c'est la gueule enfarinée, je suis certain que je dois me faire passer pour le derniers des nigauds mais je m'en fous, ça ne m'empêche pas de déguster tranquillement. Et pourtant, et pourtant... en baillant nonchalamment devant ces colonnades, j'ignorais qu'une chose pas banale allait se produire.

    Nous étions le mercredi 9 août 2006, il était un peu plus de 15 heures 30 et nous approchions du coeur de la cathédrale, là où sont nichées les incroyables boiseries chantournées des stalles. Un endroit unique, une véritable bande dessinée en trois dimensions d'une démoniaque précision, un monument dans le monument. LE truc qu'on ne soupçonne pas si l'on ne fait que passer mais qui s'ouvre à vous pour peu que, comme nous, vous ayez la chance de vous trouver au bon moment, à 15 heures 30 justement, quand un certain Jean Macrez en commence la visite à sa façon très particulière... Le bonhomme doit bien avoir 75 ans. Il sait tout. Il raconte tout. Il vit sa visite comme au premier jour, éclairant de sa petite lampe de poche le moindre détail, vous le commentant avec un humour incroyable. Si vous entendez un groupe d'humains pouffer en la cathédrale autour de 16 heures, ne cherchez pas plus loin l'explication : monsieur Macrez raconte ! D'ailleurs, si vous entendez aussi un grand coup de gueule, c'est encore monsieur Macrez qui s'étouffe de colère lorsqu'un badaud soulève l'assise d'une miséricorde et la laisse retomber bruyamment. Alors là, notre papy voit rouge, en appelle aux gardiens, fait fermer le lieu et... comme si de rien n'était, poursuit sa visite là où il l'avait laissée. Ah, il faut le voir, plié en deux, marmonnant, décochant une vieille plaisanterie d'un air malicieux, frisant parfois le commentaire paillard sans jamais aller trop loin, et le voilà qui s'agenouille pour vous faire observer le petit détail qui, de toutes façons, vous aurait échappé. Et puis, et puis... Il y a un sommet dans sa visite : la Cène ! Où notre guide est certain que les convives sculptés mangeaient du pâté d'Amiens, c'est évident. Mais pour cette stalle, il va encore plus loin, le voici quasiment couché par terre, éclairant la partie la plus basse de la sculpture pour vous montrer que non seulement on voit l'autre côté de la table avec la nappe qui pend, mais que les pieds des personnages sont fidèlement représentés. Tout le monde l'entoure, comme en état de lévitation. Mais oui, il est le premier à avoir remarqué ces pieds ! Il est une sorte d'explorateur dont le territoire se limiterait à ces quelques mètres carrés au coeur de la cathédrale. Le voilà qui vous regarde maintenant d'un air malicieux et vous assène une plaisanterie qu'il doit probablement livrer implacablement depuis plus de 50 ans : "Vous avez devant vous les pieds des stalles !!!" (euh, les jeunes : pieds des stalles, piédestal... vous pigez ?). Ouarf ouarf ouarf ! Là, je vous dis pas, sa blague, il la préparait, et croyez-moi, il l'aime bien. Seulement, il ignorait que parmi son assistance émerveillée guettait dans l'ombre un certain Maître Chronique qui le regarda droit dans les yeux et lui répliqua dans l'instant : "Cher monsieur, vous venez donc de nous parler des célèbres orteillonnages !" (bon, les jeunes, une dernière fois, j'explique : pieds > orteils > orteillonnages > hortillonnages, jeu de mots quoi...). Et là, le Macrez, il fut pendant une fraction de seconde comme suspendu dans le vide, KO debout (ou agenouillé plus précisément), incapable de la moindre répartie, anéanti. Il avait trouvé plus fort que lui. Je l'avais terrassé par une plaisanterie qui m'était venue spontanément et que je lui avais livrée aussitôt, sans préméditation. En quelques instants, il reprit néanmoins ses esprits et me dit : "Alors là... celle-là, on ne me l'avait jamais faite ! Si vous le voulez bien, je me permettrai de vous citer lors de mes prochaines visites". Et moi, magnanime, je lui accordai bien volontiers ce droit, trop heureux de passer derechef à la postérité et d'entrer dans l'histoire locale grâce aux citations futures de cet incomparable guide.

    Le reste de la visite se déroula tranquillement, moi je flottais dans le petit bonheur que j'avais instauré, admirant de vieux clichés sexagénaires pris par monsieur Macrez himself qu'il nous extirpa d'une vieille enveloppe fripée, sur lesquels on pouvait deviner l'état dans lequel se trouvait SA cathédrale après le passage de la barbarie brune. Et qu'il voulut absolument que je prisse (et toc ! un imparfait du subjonctif !) en photo avant de partir. En témoignage de mon admiration pour lui, je m'exécutai aussitôt, même si le cliché avait toutes chances d'être des plus médiocres. Je lui devais tout de même cette infime satisfaction !

    En sortant, sur le parvis, je fus complimenté par quelques co-religionnaires touristes, je serrai des mains, tel l'homme politique en campagne électorale. J'étais devenu un personnage fugitif, j'avais apporté, comme on dit, ma petite pierre à l'édifice.

    Le soir, après un détour par l'excellente "Maison du Petit Bedon", nous sommes revenus sur le parvis pour admirer comme des enfants la façade illuminée, repeinte à grands coups de projecteurs allant nicher leurs couleurs dans les moindres détails de la pierre sculptée. Véritable tour de force pictural, historique et informatique, cette illumination est grandiose. Je n'ai pas de conseils à vous donner, mais si durant vos vacances, vous approchez d'Amiens, un détour s'impose à partir de 22 heures !

    Et comme un crétin, je n'ai même pas pris le temps d'aller faire un tour du côté de la MJC d'Amiens, là où sont nichés les studios d'enregistrement de Label Bleu. Pourtant, au vu des artistes qui y sont passés et de la qualité des prises de son, le détour aurait été grandement justifié. Mais on ne peut être partout et je reviendrai !

  • Un chat, ça court !

    Le temps me manque, comme toujours, mais comment ne pas dire quelques mots du week-end qui vient de s’écouler… à une vitesse supersonique !

    Rappelons les faits : ma fille, dite La Fraise, s’est exilée pour raisons professionnelles en une ville dont nous craignions, a priori, qu’elle ne lui fût hostile, mais dont il s’avère à l’usage qu’elle recèle quelques atouts non négligeables : une plage de sable fin, une digue jonchée de nombreuses terrasses et de restaurants vous aguichant avec leurs cortèges de moules marinières, un joli port de plaisance et l’obligation, pour nous lorrains, de voyager en empruntant un trajet autoroutier sans péage nous obligeant à frôler quelques villes telles que Bruges (Brugge) ou Ostende (Oostende). Avec la possibilité, moyennant un arrêt dans une station service luxembourgeoise, d’acquérir une pile de 100 CD vierges pour moins de 20 €.

    Nous eûmes donc le plaisir de rallier cette belle contrée samedi matin afin d’aider notre progéniture à parachever son installation, non sans avoir pris la précaution de ne pas oublier deux ou trois précieux documents sans lesquels La Fraise était depuis quelques jours rendue à l’état de quasi-mendiante… Plus d’argent liquide, obligation d’engager un processus de négociation entre deux agences bancaires de la même enseigne, bref… ça ne pouvait plus durer. Et en plus, l’Internet aux abonnés absents, malgré la présence d’une Livebox qui trônait depuis quelques jours à Fraisehome, attendant son installation…

    Et là… nous eûmes droit à 24 heures extrêmement chargées. Rendez-vous compte : à peine le coffre de notre navette spatiale vidé dans l’appartement de notre fille, nous dûmes faire preuve d’une extrême adresse pour ne pas laisser s’échapper une mignonne quadrupède, pensionnaire provisoire nommée Duduche, dont l’obsession unique lui indiquait qu’une porte ouverte doit systématiquement être franchie, qu’un objet trouvé est forcément une source d’exploration, qu’un fil pendant se doit d’être négligemment balayé d’un coup de patte, etc etc. Imaginez aussi quel fut la technique très élaborée à laquelle je dus recourir pour, tout en mangeant (au fait, ma fille, le repas était très bon, pas eu le temps de te le dire), réussir à dominer un ordinateur portable récalcitrant qui refusait avec obstination d’installer un programme de connexion à Internet ! Une fourchette dans une main, un pavé tactile recevant les ordres de l’autre, une extinction forcée ici ou là, un redémarrage laborieux, nouvel échec, une chatte qui sinue entre mes jambes et le petit bureau, se glissant derrière l’écran, encore un redémarrage, une inspiration soudaine – mais oui, il faut d’abord copier le contenu du CD sur le disque dur et tenter ensuite une ultime installation – couronnée de succès. Ô miracle, La Fraise est enfin reliée au monde, j’ai pu lancer le navigateur Web et constater que tout marche !!!

    Et vous pensez que j’eus ensuite droit au repos ? Que nenni ! Nous entamâmes alors une longue marche forcenée devant tout d’abord nous conduire à une pharmacie de garde – oui, car en cette belle ville, il semblerait que l’on ne travaille plus à compter du samedi midi – avant de rejoindre la plage longue de je ne sais combien de kilomètres et que nous parcourûmes à l’aller comme au retour ! Ouf ! Une terrasse ensoleillée nous tendit alors ses fauteuils et nous condamna à un repos de courte durée durant lequel nos gosiers purent vaincre l’assèchement dont ils étaient victimes depuis fort longtemps. Une bonne Leffe brune, voilà le remède adéquat !

    La journée n’était pas terminée… Obligation nous était faite de nous restaurer et c’est par une nouvelle inspiration que nous nous rendîmes en ce qui, semble-t-il, serait l’une des meilleures tables locales : oh, la bonne coupe de Champagne ! Oh la bonne choucroute aux trois poissons ! Oh la bonne crème brûlée ! Décidément, notre sort n’était guère enviable. Pendant ce temps-là, on imaginait Duduche, attendant de coussin ferme sa maîtresse intérimaire, prête à lui proposer l’une de ses nombreuses facéties dès son retour à la maison ! Ce que la mini chatte ne manqua pas de faire, on s’en doute, pendant que nous sirotions un café nocturne.

    Fin du samedi.
    Début du dimanche.

    Et c’est reparti : d’abord une belle promenade ensoleillée le long de la digue, histoire de faire passer un petit déjeuner roboratif. Quelle épreuve…

    Puis une belle visite en un beau musée d’art contemporain, niché sur un tapis de nénuphars. L’occasion de lire un panneau nous disant : « L’art est inutile, rentrez chez vous ». Bizarre comme cet ultimatum ressemble à un slogan du Medef…

    Et puis, tout de même : l’incontournable cocotte de moules marinières assortie de ses frites et d’un verre de bière. Est-ce que, vraiment, il m’était possible d’échapper à ce cérémonial local ? Aurait-on, là-bas, compris que je ne m’y astreignisse point ? Il est des sacrifices que l’on se doit de faire, si l’on souhaite forcer le respect d’autochtones bienveillants et toujours prêts à bavarder avec vous.

    Je pensais en avoir fini avec tous ces obstacles à surmonter. Mais là, La Fraise nous réservait une ultime surprise : les barres de rideaux à accrocher… Je vous passe tous les détails : les vis, les chevilles, la perceuse, le marteau, les tournevis, les mèches, le chat qui s’amuse avec tout ça, l’escabeau dont la troisième marche est visiblement très perverse, la transpiration, debout sur le réfrigérateur, tout va bien ! Mais non, cette saloperie de trou m’a avalé une cheville… c’est le moment pour moi de découvrir une astuce de bricolage que La Fraise m’a apprise et que je me permets de vous livrer : si vous êtes victime de ce sortilège, trouvez une cheville un peu plus grosse, enfoncez-là avec un marteau et coupez ce qui dépasse avec une pince. Vous verrez, ça marche ! En revanche, pas le temps d’installer correctement le store à la salle de bains, il était temps de partir car la route était encore longue. Ah, ce que je déteste ces sensations d’inachevé !

    Duduche courait toujours et c’est avec une précision presque helvétique que je parvins à la projeter sur le canapé, le plus loin possible, nous laissant le temps (une demi-seconde environ) de fermer la porte de l’appartement. Cinq heures plus tard, soit l’intégralité d’un magnifique concert du Grateful Dead enregistré en 1971 (à l’aller, j’avais opté pour une ambiance musicale différente, puisque je nous avais réservé tout un concert de… 1972 !), la navette spatiale entrait dans les rues de Nancy.

    Il nous restait une nuit de sommeil avant de retrouver le calme du cadre professionnel.
    Ah, je n’oublie pas : aujourd’hui c’est le jour de la Sainte Fraise !!! Alors, je pense à ma fille et je lui dis : bonne fête !

  • Back again

    Non, je ne suis pas mort ! J'avais juste choisi durant la période estivale de limiter au strict et nécessaire minimum ma confrontation avec la chose informatique. Et je ne regrette pas ce choix parce qu'au lieu de clavioter tel un forcené pour vous raconter mes sornettes, j'ai préféré fatiguer mes yeux à la lecture de quelques classiques. "L'éducation sentimentale" de Flaubert, suivie sans attendre de "Le rouge et le noir" de Stendhal, juste avant de m'immerger dans "Le lys dans la vallée" de Balzac. Sans oublier le quatrième volet de cette tétralogie littéraire qui me guette depuis quelque temps sur ma table de chevet : "La confession d'un enfant du siècle", d'Alfred de Musset. Après une telle absorption de littérature, les deux écrivains majeurs de notre début de XXIème siècle, Marc Lévy et Nicolas Sarkozy, peuvent aller se rhabiller, je sais maintenant qu'ils ne soutiendront jamais la comparaison. Je recommande au premier de reprendre le chemin de son cabinet d'architectes et au second celui de son cabinet d'avocats. Je leur fais cette proposition dans le but charitable de leur éviter de perdre trop de temps à des activités pour lesquelles ils ne sont visiblement pas faits. Et qu'on ne me parle pas de chiffres de ventes !!!

    Pour le reste, il n'est pas impossible que je revienne de temps à autre sur mes vacances (hélas terminées et marquées par un choix très rigoureux de régions où le soleil s'est totalement abstenu de briller) pour vous dire deux ou trois mots à propos de quelques sujets qui méritent, selon moi, un petit détour :
    - quelques bonnes tables du côté du Cantal ou de la Baie de Somme ;
    - une histoire belge vraie, vécue en directe chaque matin durant notre séjour en chambre d'hôtes au Crotoy ;
    - les automo(dé)bilistes et une sous-catégorie absolument horripilante : les conducteurs de camping-cars ;
    - une visite des stalles de la cathédrale d'Amiens, à laquelle j'ai participé activement, enrichissant probablement pour toujours le commentaire du spécialiste patenté de ce lieu magique, qui y exerce ses talents de guide chaque jour à 15h30.

    Et probablement d'autres évocations, qui reviendront à ma mémoire lorsque leur temps sera venu.

    Je suis également allé faire un tour du côté des salles obscures pour découvrir quelques films. Je tire de ces heures passées dans le noir un bilan contrasté : le meilleur ("La science des rêves", "Le vent se lève") y côtoyait le nettement moins bien ("Selon Charlie", n'est pas Claude Sautet qui veut...) ou le plus anecdotique quoique sympatique ("J'invente rien", avec un prétendu comique qui se révèle à chaque fois que l'occasion lui en est donnée un excellent comédien, Kad Merad). J'ai vu également "La tourneuse de pages" mais là... bof bof bof... très vite oublié.

    Tiens, à ce sujet justement : je vois un grand nombre de films chaque année, mais j'ai beau noter tous les titres, je suis très impressionné par le nombre de ceux qui, quelques mois voire quelques semaines plus tard, n'évoquent plus rien chez moi. Et quand je dis rien, c'est vraiment rien. Il faut que j'aille rechercher sur Internet la fiche détaillée des films en question pour, enfin, me souvenir de l'histoire, des acteurs. C'est grave docteur où c'est pareil chez vous ?

    Mais le fait majeur de cette rentrée, en notre célèbre Maison Rose, est l'état d'abandon auquel nous, parents éplorés, allons être livrés en raison du départ simultané des deux figures majeures que constitue notre progéniture. La Fraise nous quitte pour se prélasser sur les doux rivages de la Mer du Nord (Malo-lès-Bains ?) et y enseigner la langue natale de son Lad préféré. Mais bien conscients que notre absence lui sera par trop cruelle, nous avons déjà envisagé un déplacement vers elle dans un peu plus de deux semaines. Le départ : oui, la séparation totale : non. Encore faudrait-il que son employeur veuille bien lui indiquer au plus vite s'il a vraiment décidé de recourir à ses se(r)vices ou s'il compte la laisser végéter en attendant qu'un enseignant local daigne : tomber enceinte, entrer en dépression ou mieux, mourir, ce qui conférerait à l'emploi tant espéré une durabilité minimum. Mais je ne me fais pas trop de souci à ce sujet, notre fifille saura bien vous raconter tout cela sur ses propres pages !!! Quant à Mr Monstrueux - le traître - il vient de prendre la décision de s'acoquiner avec deux autres musiciens locaux et de partager avec eux un appartement. On appelle ça la co-location, je crois. J'espère qu'il passera tout de même de temps en temps pour dire un petit coucou à ses vieux parents et leur dédicacer, le moment venu (en octobre 2006) le premier CD de l'excellent Frog'N'Stein, auquel il a participé. Je n'ose pas même croire qu'il prendra le temps d'évoquer par écrit ses nouvelles aventures, compte tenu de l'état de déshérence de son blog... silencieux depuis le 28 mars ! Une honte...

    Voilà, c'est tout pour ma livraison du jour, il me reste beaucoup de travail : quelques ordinateurs à préparer pour des collègues qui ne les méritent pas forcément ; filer acheter des dalles de moquette pour parachever - enfin - notre grand oeuvre (la transition entre le célèbre escalier et notre Chalet Suisse)... et pour finir, m'installer à partir de 19h43 jusqu'à 20h18 devant iTélé pour regarder et surtout écouter mon émission préférée, "N'ayons pas peur des mots" : une demi-heure de vrai débat où les idées fusent et où les participants s'écoutent les uns les autres.

    Ensuite : un thé vert et, zou, au lit. J'ai plus 20 ans, moi !

    PS : je ne saurais que trop vous recommander la lecture d'une impayable note pondue par l'ami Willmanx, qui s'appelle : Do You Speak Lorrain...

  • Calendriers

    Le 30 juin est pour moi une drôle de journée. Depuis quatre ans surtout.

    Le 30 juin, c'est l'anniversaire de ma fille, qui compte aujourd'hui 25 printemps et dont je me rappelle les premières heures avec une précision étonnante : minuscule petite crevette, toute calme, déjà très studieuse au premier jour lorsqu'elle suivait les mouvements de ma main devant la fenêtre de la chambre de la maternité. La crevette a grandi, elle est restée studieuse, calme aussi, enfin... en notre présence. Avec ses amis, je ne sais pas...

    Le 30 juin, c'était aussi l'anniversaire de mon père, qui aurait 90 ans s'il n'avait pas eu la stupide idée de nous quitter au mois de février 2002. Lui aussi était calme, il aurait probablement fallu un tremblement de terre à sa porte pour qu'il se fâche. Il aurait été inquiet, je n'en doute pas, mais il n'aurait pas élevé la voix. Un homme de douceur.

    Aujourd'hui, ce binôme grand-père petite fille n'existe plus qu'en pensée et c'est déjà beaucoup. Mais comment m'empêcher d'imaginer que tous deux pourraient, ce soir, être toujours réunis pour fêter l'événement. Mon père serait là, bien sûr les années l'auraient peut-être un peu desséché, peut-être aurait-il été un peu sourd, un peu inattentif au monde qui l'entoure mais... il serait là.

    Je suis certain que pendant de longues années, mon propre frère a été hanté par la rupture d'une complicité calendaire qui l'unissait à son propre grand-père. Eux aussi étaient nés le même jour. On me rétorquera que ce grand-père - qui est le mien également - aurait cette année 109 ans. Et alors ? Un grand-père n'est-il pas éternel ? Il y pense encore, croyez-moi.

    Ma soeur n'aura pas ceu cette chance car bien que née le même jour que sa grand mère maternelle, elle est venue au monde alors que son aïeule nous avaient quittés depuis bien longtemps. Comme nous, elle a probablement dû tenter de dessiner intérieurement le portrait de cette dame que nous n'avons jamais connue que par l'intermédiaire de quelques rares photographies. Elle était grande, avait les yeux gris, elle semblait un peu secrète.

    Aujourd'hui, ils sont réunis, je pense à eux et je n'oublie pas qu'une part de chacun d'entre eux vit en moi. Plus ou moins enfouie, mais bien présente.

    Et j'envoie de gros bisous à ma fille en lui souhaitant un heureux anniversaire. 

  • Le moment de la notice

    C’est bien beau de perdre en trois mois une petite dizaine de kilos à l’aube de la cinquantaine, histoire de prouver qu’on n’est pas obligé de devenir gras du bedon, comme nous le serinent les magazines féminins revanchards. Encore faut-il, au-delà d’une hygiène alimentaire savamment étudiée et offrant néanmoins un minimum de place à quelques fantaisies, essayer de se maintenir en forme et pratiquer avec une régularité digne des bonnes résolutions de rentrée scolaire un minimum d’exercice physique. Voici donc l’histoire d’un vélo elliptique arrivé en notre Maison Rose il y a quelques jours sous la forme d’un carton pesant une bonne cinquantaine de kilos - 53 exactement - qu’un gentil transporteur accepta de hisser avec moi jusqu’au deuxième étage, le désormais célèbre « Chalet Suisse ».

    Laissez-moi vous expliquer avant toute chose : Madame Maître Chronique et moi-même avons longtemps fréquenté ce que nous appelons une « salle de sport ». Trois grandes pièces embuées résonnant des échos FM meuglés par de tristes chanteuses arènebi pré-formatées, des instruments de torture en nombre – pour courir, marcher, pédaler, soulever, tirer, un aréopage de Brutus aux larges épaules vous scrutant d’un regard dont la profondeur avoisine au mieux celle d’une flaque d’eau en zone désertique, un environnement olfactif à vous donner envie, enfin, d’être définitivement privé de votre odorat, sans oublier les douches où vous devez vous immiscer avec timidité entre deux paires de fesses poilues et rebondies énergiquement frottées au moyen d’un gel douche dont le parfum discret déclenche chez vous instantanément une migraine insupportable, juste avant que l’heureux propriétaire des dites fesses, dûment séché, ne s’asperge d’un fatidique déodorant dont les effluves ne seront pas sans rappeler les nuisances du nuage de Tchernobyl au mieux de sa forme, nonobstant les dénégations de notre Ministre de l’Environnement de l’époque. Au bout de quelques années, faut le reconnaître, ça lasse… C’est pas qu’on soit crâneurs, Madame et moi, mais bon… reconnaissons que la conversation était assez limitée avec nos co-religionnaires. Et puis, on n’y connaît rien en foot, en bagnoles ou en tuning et nous n’avons pas une science très approfondie de la géographie locale des clubs de rencontres. Voilà, j’ai trouvé : nous nous sentions un peu étrangers en ce monde très simple où toutes les questions économiques et politiques les plus complexes trouvent toujours une solution très facile. Suffit de. Y a qu’à. Faut qu’on. Le responsable est clairement identifié, son nom est « Ils ». Une espèce de poujadisme ambiant que d’aucuns cherchent à excuser en le baptisant de « bon sens populaire » et que je me contente de définir comme de la connerie, pure et simple. Pourtant, je peux vous assurer que nous avons fait montre d’une assiduité assez irréprochable, gagnant les lieux de une à deux fois par semaine pour y accomplir des exploits dignes des plus grands sportifs. Au point qu’à bien y réfléchir, je me demande si le niveau que nous avions atteint ne nous aurait pas valu d’être l’objet d’une amnistie présidentielle si le besoin s’en était fait sentir. Rendez-vous compte : j’en étais arrivé au stade où, grimpant sur un drôle d’engin – une sorte d’enfant illégitime né du croisement d’une paire de skis de fond et d’un vélo d’appartement – j’étais capable de mouliner à près de 100 tours de pédalier par minute pendant près d’une heure et demie. Sus aux calories, j’affichais avec fierté une transpiration que m’aurait envié notre Johnny national, un faciès livide pendant l’effort, sans grimace, le regard plongé dans un ailleurs inaccessible… et surtout, la satisfaction de l’exploit accompli malgré la souffrance endurée. On n’a rien sans rien, et j’étais capable à cette époque d’entendre n’importe quelle radio vomi sans avoir envie de fracasser la minichaîne coupable contre le miroir accroché au mur du fond. Nous étions devenus en quelque sorte des ascètes, des esthètes du pédalage intérieur, des créateurs de sueur, des experts du sweat shirt détrempé (qui portait bien son nom – à ce propos, on dit « souète » et par « souite », je suppose que vous le saviez, m’enfin, au cas où, je préfère préciser). Et tout cela sans ingurgiter la moindre poudre de Perlimpinpin spéciale « musculation » avec protéines et autres substances magiques. Non ! Tout en volonté, en endurance. Par la force d’un mental d’acier. Mais comme vous l’avez compris, une certaine lassitude finit par nous gagner. Non que nous n’ayons plus envie de nous frotter à l’exercice sus-décrit, mais plutôt parce que le voisinage sportif que nous devions endurer confinait petit à petit à l’insupportable. Oui mais… une bonne hygiène sportive, finalement, c’est bon pour le corps, bon pour l’esprit. Alors… nous étions dans l’obligation de trouver une solution. Et voici qu’un beau jour de mai 2006, nous décidâmes d’acquérir l’appareil source de toutes nos souffrances et d’installer chez nous un « coin sport », loin des mastodontes à la démarche simiesque que nous ne voulions plus voir. Le plus dur était à venir cependant, car avant de trôner sur la bête, il nous fallait franchir un obstacle redoutable : le montage de l’engin et la lecture de sa notice d’installation. Nous allions, durant plus de deux heures, nous sentir seuls au monde.

    Pour commencer, il faut imaginer la chose sortie de son emballage originel. Enfin… quand je dis la chose, je devrais plutôt dire LES choses. C’est bien simple, il y en a partout : des vis, des boulons, des rondelles, des cache pédale, des bras articulés, des pieds. Sans compter les sacs plastiques qui envahissent la pièce et qui vous rappellent la dernière fois où vous avez tenté de manger un artichaut. Z’avez pas remarqué ? Quand vous avez fini de le déguster, votre assiette est plus remplie qu’au départ. Et ben là, c’était la même chose… Avec en plus les milliers de boulettes en polystyrène que vous avez involontairement projetées dans toute la pièce en voulant extraire les différents éléments du carton. Et que vous retrouverez sans le moindre doute dans plusieurs années, cachées sous le meuble à disques, malgré des séances de ménage à répétition. Une sorte de découragement commence à vous gagner lorsque, bien décidé à ne pas vous en laisser compter, vous ouvrez le livret…
    Et là… c’est le drame !
    Le mec qui a écrit ça, il doit vivre dans un univers bi-dimensionnel, une sorte de monde virtuel où tous les êtres humains ont le nez collé juste à côté des joues, un peu comme chez Picasso (le peintre, pas la voiture) ou comme dans les fresques égyptiennes. Je ne vois pas d’autre explication à cette manière de dessiner les schémas de montage… Ou bien c’est un pervers… En tous cas, on comprend très vite qu’il a décidé de régler ses comptes avec nous et que la bataille à engager va être des plus rudes. Ce salopard vous cause de la vis n° 38 longue de 5 millimètres dans laquelle vous n’aurez pas oublié de glisser une rondelle n°12 de diamètre 0,8, avant de la fixer dans le trou 76 au moyen de la clé que, bien entendu, vous avez involontairement projetée d’un coup de pied malhabile sous l’un des trente cartons de déménagement toujours pas vidés depuis le mois de novembre dernier. Et y en a comme ça six pages, à décrypter, l’œil collé à la feuille de papier malgré le port obligatoire de vos loupes de quinquagénaire. Alors forcément, par moments, on s’énerve un peu, on ne comprend pas pourquoi le nombre de vis spécifié dans la notice ne correspond pas à celui qui vous avez pu compter dans la vraie vie. Sans compter les dizaines d’allers-retours du deuxième étage au garage pour aller chercher le bon tournevis, celui qui vous manque toujours… jusqu’à que, illuminé par un éclair de lucidité, vous décidiez de remonter une bonne fois pour toutes la boîte à outils… Petit à petit cependant, un appareil évoquant assez fortement celui sur lequel vous vous êtes épuisé durant des années sous l’œil torve des bovidés poitrinaires commence à apparaître sous vos yeux ébahis. Malgré votre ignorance et votre incapacité congénitale à entretenir avec tout travail manuel une relation paisible, il devient évident que devant vous commence à se dresser fièrement un vélo elliptique. Tout est là, le pédalier dans sa coque plastique, les deux bras articulés, le tableau de bord électronique, y a même un porte-bidon dont la présence reste un mystère, comme si le concepteur avait imaginé un beau jour qu’on irait peut-être se balader en rase campagne avec sa machine à transpirer. Moi, j’ai trouvé à quoi il sert ce bidule : à vous griffer les genoux une fois sur deux en plein effort. Histoire d’ajouter une deuxième couche de souffrance à celle que vous allez vous badigeonner méticuleusement des heures durant. Comme les rasoirs à deux lames.

    Trois heures plus tard… Il me reste deux vis dont je ne sais quoi faire et il est évident que deux orifices sur l’axe central attendent toujours le boulon adéquat. Oh hé ! C’est pas de ma faute, je vous jure, c’est les Picasso qui se sont trompés dans l’approvisionnement. J’ai tout vérifié, j’ai relu deux ou trois fois la notice après montage, me repassant mentalement tout le film de cette construction en fermant les yeux. Tsss tsss tsss… c’est pas moi, c’est eux ! Ils auront droit à un e-mail dans lequel je ne manquerai pas de leur réclamer les éléments manquants. Non mais… Bon, cela dit, tout semble en place, j’ai même trouvé l’orifice permettant de brancher le boîtier d’alimentation et c’est d’un poing vengeur fièrement dressé que je salue cette victoire face à l’ennemi ! Ah, vous aviez pensé m’avoir ? C’est raté…

    Dimanche 28 mai 2006, vers 11 heures du matin. Je grimpe sur la bête non sans une certaine fébrilité et après avoir pris le temps de sonoriser le Chalet Suisse de manière acceptable en piochant une heure de musique dans ma discothèque. Le pédalage commence, les compteurs électroniques affichent leurs premiers résultats. C’est beau la technique moderne… Miracle ! On dirait bien que le montage a réussi, tout semble en ordre. Une belle aventure humaine vient de se terminer, une autre va commencer…

    Lundi 5 juin 2006 : déjà plus de 75 kilomètres au compteur, le total cumulé des calories dépensées est désormais un nombre à quatre chiffres. Tout est scrupuleusement noté sur mon assistant personnel, je veille au grain et m’engage à suivre un programme draconien. Le programme d’analyse de la masse graisseuse me déroute un peu néanmoins car il m’indique que je suis au-dessous du seuil normal… En d’autres termes, je dois m’engraisser tout en pédalant. Comprends pas…

  • Très abattu...

    Mon jardinier paysagiste est venu. J’attends son devis, je devrais plutôt dire ses devis car au vu de l’ampleur de la tâche qui reste à accomplir pour faire de mon jardinet un lieu convivial et un minimum ensoleillé, nous dépasserons de très loin la simple opération de rafraîchissement. Il va falloir non seulement élaguer, mais couper une bonne partie des arbres. Le verdict du professionnel est tombé tel le couperet fatidique : au diable ces saloperies de charmilles qui mangent toute la lumière, dehors ce vilain sureau qui me ramène des hordes de bestioles inutiles, gare à toi bouleau pleureur, tu ne vas pas pleurer longtemps, tu peux me croire. Quant aux lauriers qui prolifèrent au point de transformer ces pauvres petits 100 mètres carrés en une tonnelle humide et ombragée, je ne leur pronostique qu’une durée de vie très courte. Je n’ose même pas penser à cet érable géant dont il va falloir limiter considérablement les ambitions. Et puis, j’envisage carrément de faire réaliser une vraie terrasse, de bonne surface, histoire de ne pas m’encombrer de ces menus travaux et récurrents telle que la tonte d’une pelouse parfaitement inutile. Pas envie de devenir l’emmerdeur qui, pile poil au moment où vous souhaitez goûter un moment de tranquillité, vous assène le bruit du moteur de sa tondeuse jusqu’à ce que, dépité, vous pliiez bagage et retourniez en vos appartements. Vous n’avez jamais remarqué, vous ? Faut toujours qu’il y ait un con qui soit pris du besoin impérieux de sonoriser votre environnement alors même que vous n’aspirez qu’au grand calme. Un peu comme les mecs qui écoutent des trucs merdiques à fond dans leur bagnole customisée : y font toujours ça la fenêtre ouverte, comme s'ils voulaient être bien certains qu'on ait compris qu'ils ont des goûts de chiotte. Donc, la pelouse, c’est pas pour moi. Que les choses soient bien claires entre nous...

    D’ailleurs, je n’ai pas attendu bien longtemps avant de me mettre au travail, mais en silence moi, môssieu. Car quand je m’active, c’est avec doigté et délicatesse, je suis un méticuleux du nettoyage. Oui, parce que mon paysagiste jardineur ne pourra pas intervenir avant l’automne. Je ne sais même plus pour quelle raison. Trop de boulot ? Pas la bonne période ? Ou les deux ? D’ici là, vais-je devoir contempler le spectacle de la nature en folie depuis la fenêtre de ma cuisine, n’osant pas mettre un pied sur ce sol hostile ? PAS QUESTION !

    Donc, hier, profitant du seul rayon de soleil de la journée – durée approximative : une minute et trente secondes – en ce beau printemps lorrain, à inscrire très probablement dans un futur livre des records de la météorologie, j’avais décidé de déguster un bon café en extérieur. Plateau au bout du bras, puis posé sur le muret humide, je pestais tout en sirotant mon breuvage contre cette végétation luxuriante, fruit de la négligence d’un ancien propriétaire qui, semble-t-il, n’avait jamais posé les pieds en ce lieu si particulier, ainsi que de conditions météorologiques favorables à la pousse ultrarapide de tous mes hôtes sur troncs. De l’ombre, de l’ombre, de l’ombre, rien que de l’ombre. Non, les choses ne pouvaient plus durer ainsi.

    Ni une ni deux, je filai à toute allure dans mon garage pour rapporter une échelle, puis dans le cellier pour y attraper la scie à bois prêtée par mon voisin – tiens, faites-moi penser que je dois la lui rendre – et commençai à élaguer tranquillement les deux branches parasols du bouleau pleureur coupable de l’obstruction qui me désespérait tant. Et hop, avec La Fraise et son English Lad à la réception, tout doucement, le panorama commença à s’éclaircir. On était bien loin du compte, mais l’amélioration obtenue en quelques secondes était très spectaculaire et surtout particulièrement encourageante. J’avais l’impression qu’on sortait tranquillement de la nuit pour entrer dans une grisaille bienvenue. Pas de doute, avec ce chapeau en moins au-dessus de nos têtes, on devinait tout le potentiel que recelait cet are urbain une fois qu’il serait complètement dégagé. C’est dire que ce premier travail ne fit qu’aviver mon impatience et c’est à ce moment que, mû par une drôle d’urgence bûcheronneuse, je décidai d’engager une lutte sans merci avec cet arbre coupable dont j’avais déjà bien réduit la capacité de nuisance. Plaçant ma scie à l’horizontale, à environ cinquante centimètres au-dessus du niveau du sol, je commençai à scier, un peu dubitatif tout de même quant à mes chances de réussite. Mais là, Ô miracle, le bois tendre du bouleau ne m’offrit pas la moindre résistance et je vins à bout de l’impétrant en quelques secondes seulement, dans un fracas de branches venant s’écraser sur différents pots de fleurs placés là par une main délicate, celle de Madame Maître Chronique.

    TIMBEEEEEER !!!!

    Qui c’est qu’a gagné ? C’est moi !!! A terre le bouleau, sèche tes larmes, t’en as fini de pleurer et de nous plonger dans la nuit diurne dont tu avais le secret.

    OK, j’avoue, maintenant c’est un peu le bazar parce qu’il a bien fallu pousser sur le côté toutes ces nouvelles branches mortes et leur cortège de feuilles envahissantes, histoire de voir enfin à quoi pouvait ressembler un jardin normal : sans herbe, sans arbre, sans trop de feuilles, juste quelques plantes pour faire joli et en attendant un beau dallage au soleil. Mais là, on voit mieux, même que le soleil a fait une nouvelle apparition, dardant ses pauvres rayons jusqu’à l’extrémité de notre enclos.

    Et le premier qui me fait une réflexion sur l’oxygène, la chlorophylle ou je ne sais quel machin d’écolo vert, je le chope et je le coupe en deux. Dans la vie, faut parfois prendre des décisions. De toutes façons, c'est bien connu : les prisonniers du bouleau font pas de vieux os !!!

  • Dans la jungle, terrible jungle... l'oiseau est mort ce soir !

    Vous êtes décidément trop nombreux à hurler votre désespoir face au mutisme actuel de mon blog. Mais le temps passe à une vitesse si folle que je vois pas les jours défiler. Je cours, je vole, mais ne me venge point. Rentré chez moi après une confrontation quotidienne d'au moins huit heures avec l'écran de mon ordinateur portable, je confesse volontiers que je ne suis guère pressé de m'y coller à nouveau une fois niché dans la Maison Rose. Pourtant, les sujets ne manquent pas ! Et je vais revenir, c'est promis !!! Heureusement pour moi, le grand Dominique et le petit Nicolas nourrissent suffisamment l'actualité du moment pour qu'un silence temporaire ne soit pas pour vous source de manque. Ils sont magnifiques, ceux qui nous gouvernent, franchement, vous ne trouvez pas ? Si le ridicule tuait, nous vivrions de facto en anarchie, pour cause de décès brutal de nos chers élus.

    Et puis, zut, pas envie de parler politique non plus. Tiens, faites-moi penser que je vais aborder très prochainement (demain pour être précis), les rivages d'une nouvelle aventure dans mon océan chéri des relations avec le monde des artisans. J'attends un paysagiste à qui j'aimerais confier le soin de nettoyer, désoucher, élaguer, éradiquer... bref me proposer de faire un ménage - que je souhaite d'anthologie - dans mon si beau jardin devenu une véritable jungle par esprit de traîtrise. Oui, car ce jardin est un traître. Il a suffi que nous nous absentions quelques jours quelque part du côté du Languedoc Roussillon avant de rentrer en Lorraine via la Creuse - à ce sujet, faut que je vous cause aussi des bataves qui avaient squatté la résidence où nous avions posé nos bagages au Cap d'Agde - pour que, pris d'une véritable folie probablement liée à notre départ - ce jardinet vexé se la joue "gros bras" et transforme ses ridicules 100 mètres carrés, auxquels nous ne demandions à l'origine rien de plus que de nous offrir la possibilité de boire tranquillement un café au soleil, en une simili forêt amazonienne !!! Plus un coin de lumière ! L'ombre totale ! Imaginez une succession de parasols naturels recouvrant 70% de la surface de notre espace extérieur. Par exemple, les charmilles, ces saloperies, ont connu en une semaine une croissance dont les rentiers bedonnants du CAC 40 et de je ne sais quels fonds de pension rêveraient pour leurs portefeuilles !!! Encore un peu et leurs branches vont rentrer dans la chambre de Monsieur Monstrueux !!! Alors qu'elles venaient seulement de perdre les dernières feuilles de la pousse précédente. Le saule pleureur, c'est pas mieux, il est tellement pleurnichard qu'il faut avancer machette à la main pour trouver sa petite cuillère - et pourtant, nous buvons le café sans sucre - sur la table passée de la couleur blanche à une moche grisaille terreuse. Je ne parle même pas de cet arbre inconnu de moi, plein de trucs roses si beaux quand ils décorent les feuilles mais tellement nuls quand ils jonchent le sol alors qu'on ne leur demandait rien. Pas un mot sur les tulipes plantées par La Fraise, qui ont arboré une belle couleur rouge avant de s'écrouler lamentablement à la première goutte de pluie tombée. Et les limaces ? Hein, vous connaissez ces trucs-là ? Bordel, tu plantes un pied de salade ou de tomate et les voilà qui rappliquent en moins de deux - je croyais que ça n'avançait pas, ces bestioles - pour te bouffer le tout en moins de temps qu'il n'en faut pour les acheter à Botanic. Alors, mon z'artisan, il a intérêt à me proposer une solution, sinon finale, du moins durable, pour que toute cette flore et cette faune pas domestiques du tout soit mises au pas dans les délais les plus brefs. M'enfin, ch'sais pas non plus de combien il va vouloir me soulager, ce brave monsieur... je sens bien qu'il va me voir venir, lui... Il va faire face au citadin nigaud qui n'y connaît rien, une sorte de pigeon payant. Ah ben oui, j'avais oublié à propos de pigeon... j'ai vu hier qu'un oiseau mort n'avait pas trouvé de meilleure idée que de venir clamecer chez moi, dans le jardinet feuillu !!! Y a des jardins partout, à droite, à gauche, en face, sur des centaines de mètres carrés, et il faut que ce petit con vienne piquer du nez dans MA terre. Non mais j'te jure. On vit dans un drôle de monde...

    Un monde de brutes. Faut que j'enterre ce crétin de zozio, j'ai pas l'habitude et je sens bien que du côté de ma tribu, on va pas se précipiter pour creuser. Promis, dès que c'est fait, je reprends le clavier, c'est quand même moins pénible.

  • Réponse à la devinette

    Je vous rappelle que vous deviez trouver quel mot se cachet derrière : M _ _ _ _ T et je vous précisais qu'il avait un lien avec l'actualité.

    Ben oui, c'était d'une simplicité flagrante, n'est-ce pas ?
    En cette année Mozart, il fallait trouver : MENUET

    Trop facile ce truc...
    Sur ces bonnes paroles, je retourne à la plage et je vais compter les nudistes...

  • Devinette

    En mon absence, je vous propose un petit jeu.
    Je vous demande de trouver le mot dont il manque quelques lettres :

    M _ _ _ _ T

    Voici un indice : il est dans l'actualité du moment.
    N'hésitez pas à proposer vos solutions !

    Réponse bientôt ! 

  • I've got the pelouse

    «On a remis les compteurs à zéro car le score est maintenant de 1 partout.»

    Ouh la la la la la la... Elle est puissante cette réflexion d'un commentateur sportif que j'ai captée samedi soir en revenant du cinéma – où j'ai vu un film totalement oubliable, «Les enfants du pays», sorte de téléfilm de terroir sur France 3 avec un Michel Serrault passant son temps à imiter Michel Serrault – après avoir allumé mon téléviseur pour savoir, depuis mon canapé du cuir rouge, à quelle sauce était mangée l'équipe de football de Nancy – c'est ma ville – opposée à celle de Nice en finale de la Coupe de la Ligue. Attention, hein, soyons clairs entre nous : le foot, ça m'ennuie très fort, d'habitude je ne le regarde jamais à la télévision mais je tenais à constater de mes propres yeux le phénomène qui faisait la une de toutes les discussions ce jour là dans notre belle ville : près de 40.000 supporters nancéens avaient fait le déplacement jusqu'au Stade de France pour encourager leur équipe favorite. Vous vous rendez-compte ? 40.000 personnes sur un total de 100.000 habitants. Certes, si l'on tient compte de ce que nos élus ont poétiquement appelé la Communauté Urbaine du Grand Nancy – la CUGN – ce total s'élève à plus de 350.000, mais tout de même, ça fait un paquet de monde dans les bagnoles, les bus et les trains... Raah dis-donc, si toutes ces énergies positives et collectives étaient mises au service d'une autre cause, on imagine à quel point notre beau pays ne tarderait pas à occuper sur la scène mondiale la seule qu'il mérite : la première !!!

    Et puis j'ai entendu cette phrase mémorable... Mais avant, deux mots tout de même au sujet des deux sbires chargés sur une chaîne dite de service public de commenter cette rencontre : d'abord, il est évident que dans leur esprit – allez savoir pourquoi – c'est l'équipe de Nice qui, forcément, devait gagner face à ces petits joueurs lorrains. Il fallait les voir s'exciter comme des puces dès lors qu'un de leurs poulains rouge et noir avait le ballon. Sûr, c'était pour marquer un but, la voie était tracée, on n'échappe à son victorieux destin. Alors on comprend un peu leur déception quand ils durent se rendre à l'évidence : à la mi-temps, ces pauvres lorrains menaient par 1 à 0... Mais... ouf ! Dès la reprise, les niçois remirent les choses dans le bon ordre en égalisant au bout de quelques minutes d'une domination logique compte tenu de leur supériorité naturelle. Et c'est à ce moment précis que les deux porte-voix proférèrent cette inoubliable pensée que j'ai choisi de vous asséner en début de note. Allez, je ne peux y résister : «On a remis les compteurs à zéro car le score est maintenant de 1 partout». C'est du bon, hein, du premier choix, non vous ne trouvez pas ? Je me la suis passée en boucle encore hier toute la journée, persuadé que je n'avais pas saisi toute la subtilité du propos, qu'il y avait du subliminal là-dedans. J'en ai même failli me sectionner à plusieurs reprises quelques phalanges en coupant des branches dans mon jardin, malgré le port de gants spéciaux achetés 10 € quelques heures plus tôt dans une jardinerie dont je n'ai pu ressortir qu'après avoir cédé aux injonctions d'une caissière m'incitant à devenir porteur d'une carte de fidélité, bénéficiant ainsi d'une réduction de 10% sur mes achats. Euh... pourquoi je vous dis tout ça, moi ? Bon, revenons à nos moutons footballeurs... et à ces deux experts que l'histoire de la télévision retiendra certainement pour les siècles à venir. Donc, tout allait bien dans le meilleur des mondes puisque le gagnant de la Coupe allait être l'équipe de Nice. Surtout que, peu de temps après cette égalisation inexorable, les lorrains virent l'un des leurs expulsé du terrain suite à une accumulation de cartons jaunes. C'est ainsi. Il paraît, je l'ai entendu de la bouche même de nos deux Dupont du micro, que le football est un sport de contact – bizarre, quand j'étais gamin, on m'apprenait à taper dans le ballon, pas sur les adversaires – et que par conséquent, on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs – 3 oeufs bien battus, une cuiller à soupe de farine, un petit pot de crème fraîche, 20 centilitres de lait, salez, poivrez, mélangez bien le tout sans vous économiser puis versez dans un plat à tarte (brisée) où attendent déjà d'appétissants petits lardons, mettez à four chaud (thermostat 7) pendant 30 minutes et vous avez une bien bonne quiche lorraine, ne me remerciez pas, c'était mon cadeau du jour, une prochaine fois, nous évoquerons le cas de la choucroute – bon, je ne sais plus où j'en suis de mes parenthèses... m'enfin, un joueur de moins de côté de Nancy, c'était l'hallali, la défaite assurée et bien sûr tellement attendue de nos éminences sportives. Mesdames et messieurs, remballez vos petits drapeaux rouge et blanc agités par dizaines de milliers, la fête est finie, vous allez perdre, c'est dans l'ordre naturel des choses, respectons donc la nature et acceptons son verdict. Oui mais voilà, patatras, voilà t'y pas qu'un joueur de l'équipe de Nancy est pris subitement de l'idée stupide consistant à dévier de la tête le ballon au fond des buts niçois. Ah ben mince alors !!! C'est quoi ce bazar ? Ils sont 10 au lieu de 11 et malgré leur infériorité numérique – c'est un terme que les commentateurs de football emploient souvent, ça fait un peu professionnel, le genre je m'y connais, je parle le français spécialisé, c'est pour ça qu'on m'embauche – pan dans la cage ! 2-1 ! Tu m'en diras tant ma poule !!! Contre le cours du jeu bien sûr puisque jamais Nancy ne devait gagner, c'était pas prévu comme ça. Et c'est là que nos petits jumeaux du micro nous servent une théorie dont ils n'auraient jamais fait état si, par chance, ce renversement de vapeur n'avait pas eu lieu : figurez-vous qu'une équipe privée de l'un de ses joueurs semble en réalité bénéficier d'un avantage très fort vis-à-vis de celle qui est au complet ! On ne sait pas pourquoi, mais là où l'on aurait pu imaginer qu'il pouvait s'agir d'un handicap, et bien non, c'est tout le contraire !!! A se demander pourquoi, d'emblée, l'équipe qui veut absolument gagner ne laisse pas quelques joueurs sur la banc de touche, si c'est plus simple quand on est moins nombreux sur le terrain. Notez cependant que leur théorie, ils n'avaient pas l'air de la trouver si évidente que ça deux minutes plus tôt mais bon... puisqu'on vous le dit !
    Franchement, je suis heureux de vous faire partager ces moments de bonheur ! Surtout que je devine déjà que vous en redemandez encore une petite louche, alors je ne regarderai pas à la dépense car vous le méritez. Pour vous, rien que pour vous, une troisième fois, cette pensée qui fait notre admiration à tous : «On a remis les compteurs à zéro car le score est maintenant de 1 partout.» Mais attention tout de même, je prévois un devoir sur table dans deux semaines alors soyez gentils de réviser, ça va compter dans la moyenne...