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DiaChronique - Page 5

  • La grenouille est enfumée

    Tiens, c'est bientôt Noël, et pendant que certains d'entre vous galopent d'un magasin à l'autre pour garnir leur sapin clignotant, pendant que d'autres aussi aimeraient bien avoir un sapin à garnir et cherchent un coin pour l'abriter, je m'en vais - très égoïstement - pousser un petit coup de gueule. Pour une fois... Reconnaissez que je n'ai pas abusé des emportements et que, comme on dit, une fois n'est pas coutume. Et je dédie cette note à Patrick Gauthier qui, depuis peu, a entrepris une nouvelle aventure : arrêter de fumer ! Courage Patrick, si tu n'y arrives pas, relis cette chronique, je suis certain qu'elle t'aidera !

    Je vous plante le décor : hier soir, à Nancy, vers 21 heures, dans un club appelé le Blue Note où les musiciens de frogNstein nous avaient convié à un concert auquel participaient quelques invités, dont notre Mr Monstrueux de fils au saxophone. Il s'agissait de finir l'année en beauté et d'annoncer la sortie, au premier semestre prochain, du premier disque du groupe, "Electrify My Soul". Or donc, imaginez que, pour une fois, je ne vais pas vous parler de musique (ben oui... chacun ses moments de faiblesse) car même si ces deux bonnes heures de concert furent bien chargées en énergie et en talents multiples, malgré une sonorisation parfois agressive (mention spéciale la caisse claire qui m'a brutalisé le tympan gauche au point que j'ai passé les trois quarts de la soirée avec un doigt occultant mon oreille gauche), la difficulté était ailleurs et c'est le souffle court que nous quittâmes les lieux vers minuit et quelque... pressés de respirer, enfin !

    Le Blue Note, c'est une cave, avec ses voûtes, son ambiance tamisée, ses tabourets bas inconfortables (pour nos lombaires de quinquagénaires en tous cas...), sa scène riquiqui, ses spectateurs qui ont parfois du mal à se taire lorsque les musiciens sont sur scène, c'est un lieu où la plupart des gens se connaissent : musiciens, amis des musiciens, parents des musiciens, amis des amis, amis des parents, parents des amis... C'est ainsi qu'on peut facilement remplir le caveau à tel point que la plupart des gens sont obligés rester debout. Et c'est aussi une étuve où la circulation de l'air ne semble pas répondre aux exigences les plus élémentaires. Fort heureusement, il n'y avait pas de commission de sécurité dans tout ce gentil aréopage...

    Alors, arrivés en premier avec quelques amis parce que nous voulions être assis, débarrassés illico de notre première couche (le manteau), c'est assez vite que nous dûmes poursuivre l'exercice en quittant écharpe puis pull-over. Très bien, la chemise blanche (devenue bleu fluo pour une raison optique qui m'échappe) n'avait plus qu'à bien se tenir et au prix d'un ultime retournement de manches, j'arborais enfin la tenue adéquate lorsque les musiciens montèrent sur scène en entamèrent le premier des deux sets.

    Adéquate ? Pas si sûr... Car je crois qu'il me manquait l'arme fatale, l'outil indispensable en ce genre de moments : un bon vieux masque à gaz ! Car figurez-vous que notre public, bien dense, bien tassé, bien debout, un verre à la main et malgré l'exigüité des lieux, trouva une solution ingénieuse et à la limite de l'acrobatie pour confier une mission particulièrement pénible à la seconde main : la clope ! Et ça fume, et ça refume... Avec de ma part un merci tout particulier aux deux pétasses, debout jusque-là, qui sont subitement venues se poser juste devant moi et m'ont fait largement profiter de leurs essences nicotiniennes répétées. C'est quand même bizarre ce machin là : tu ne demandes rien, t'es bien tranquille à écouter de la musique et tu vois le nuage bleuté ennemi foncer directement vers tes narines qui n'en veulent pas. Etrangement, les deux fumeuses, elles ont pas l'air gênées du tout par le produit de leurs très méthodiques expirations (mais bordel, vous pouvez pas vous la garder à 100% à l'intérieur de vos poumons, votre fumée ? Z'êtes vraiment obligées de souffler comme ça ? Comme ça, tout le monde serait content : les fumeurs seraient fumeurs intégraux et les non fumeurs pourraient... le rester. Oui, parce qu'il est bien là le problème : moi, j'oblige pas les fumeurs à devenir non fumeurs, je m'en fous de leurs poumons noircis, je veux juste que les non fumeurs puissent le rester, c'est tout de même pas compliqué...).

    Alors, très vite, on se serait crû dans un bouquin de Lucky Luke, vous savez, quand il est au saloon et - flip flap, il ouvre la porte - pour découvrir un épais nuage rasant le plafond avant qu'il ne retombe au moment du refroidissement sur les naseaux des piliers du comptoir. Ben là, c'était la même chose sauf que les piliers, c'étaient des gens comme nous - et en plus on picolait même pas - dont certains durent abandonner la partie à mi-parcours parce que l'atmosphère devenait vraiment irrespirable.

    Franchement, je n'aurai qu'un mot : c'est dégueulasse ! Je veux pas jouer les vieux cons (m'enfin, de toutes façons, j'assume et puis c'est bien parfois d'être un vieux con) mais je trouve que la ligne jaune était largement franchie hier soir et c'était une pitié d'entendre les musiciens eux-mêmes se plaindre de l'enfumage avant de revenir sur scène pour le final. Et qu'on ne vienne pas me miauler dans les trompes d'Eustache le jour où les mesures prises seront beaucoup plus coercitives. Fallait pas commencer et abuser à ce point. Surtout que toute cette moiteur tabagique avait sur nous une conséquence extrêmement désagréable : oui, mes amis, dans la voiture qui nous ramenait chez nous, ça schlinguait sévère, on aurait dit que je conduisais un cendrier refroidi. Beurk !

    Quant au final, croyez-moi, il fut épique : à peine entrés dans la Maison Rose, pas question de propager plus loin la puanteur et c'est sans attendre que nous mîmes la main sur un flacon de Fébrèze afin de tuer les odeurs néfastes. Pschiiit, pschiiit, pschiiit, pschiiit... ah, je te jure ! La moitié du machin y est passée, sur l'écharpe italienne toute neuve cadeau de ma soeur, sur le gilet noir, sur les manteaux, et vas-y que je  t'accroche tout ça dans la buanderie. Et pour finir, voilà que je me retrouve comme un con en slip dans l'entrée, et en plus je me les gèle parce que la porte d'entrée est partiellement vitrée et qu'il fait un froid de canard dehors. Donc, ça fait un peu frigo. Cette fois, c'est bon, y a plus rien à désodoriser (enfin, j'espère...) et on grimpe l'escalier en se débarrassant des ultimes oripeaux avant de poser le premier pied sur la moquette de la chambre parce qu'il nous paraît vital de préserver cet ultime sanctuaire olfactif. Tu parles d'un final poétique...

    Et puis, histoire de bien dormir, on empoigne le bouquin en cours dont on sait qu'on ne lira pas plus de cinq pages avant de vaciller. Pas de bol, j'en suis juste au moment où le personnage principal, malade comme un chien, nous expose avec force détails la chronique de sa diarrhée.

    C'était pas le jour des parfums subtils...

  • Ah si j'étais Reich !

    Je vous l'avais promis : voilà maintenant un mois jour pour jour que j'ai assisté au concert donné par Steve Reich et ses musiciens à Châlons-en-Champagne. Un concert magnifique dans une salle élégante à l'acoustique impeccable. Mon plus beau concert ? Pas impossible…

    J'avais évoqué depuis longtemps la perspective de cette soirée avec Quiet Man – qui habite au pied de la cathédrale de Châlons-en-Champagne – et ce n'est pas sans surprise qu'il me téléphona très rapidement pour m'informer qu'il avait non seulement acheté la place que je lui avais demandé d'acquérir pour moi mais qu'en outre il viendrait avec moi. J'allais donc pouvoir, peut-être, faire découvrir un environnement musical nouveau à celui qui, voici plusieurs décennies maintenant, m'en avait fait connaître tellement ! Et ce n'est pas sans un réel plaisir que je pus débarquer du train peu avant 19h30, attendu par mon frère et son amie JaPal. Le temps d'engloutir en quatrième vitesse un sandwich, nous étions déjà repartis en direction de la salle de concert où quelques grappes de spectateurs attendaient déjà, alors que nous étions à plus de 30 minutes du début de cette soirée.

    Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais j'adore arriver un peu à l'avance. J'observe, je savoure, éventuellement je bavarde si je ne suis pas seul. C'est un peu comme une mise en condition, il faut que je m'imprègne de l'atmosphère des lieux avant de m'engouffrer et de m'installer, si possible en bonne place !

    Donc tout va bien : la salle est belle (une sorte d'amphithéâtre tout de bois vêtu), les fauteuils sont confortables et les rangées suffisamment espacées pour que nos jambes génétiquement programmées dans le sens de la longueur puissent y trouver leurs aises. Et puis, sur scène, il y déjà de quoi observer : quatre pianos, des marimbas, des vibraphones et des xylophones. On devine la place qu'occuperont les quatre chanteurs ainsi que le quatuor à cordes, là, devant nous, au centre de la scène. En observant les coulisses, on entrevoit de nombreuses chemises blanches qui s'affairent, on ne peut pas à proprement parler d'uniforme, mais il y a, semble-t-il, une tenue des musiciens. J'ai beau chercher, je ne vois pas Steve Reich mais c'est normal, certainement, il fera son apparition au dernier moment.

    C'est parti, tout le monde est sur scène et le chef d'orchestre arrive au pas de charge, il salue très brièvement le public et installe le silence avant le début de la création qu'on nous a annoncée, "Daniel Variations", en hommage au journaliste américain Daniel Pearl assassiné en Afghanistan voici quelques années. C'est bizarre tout de même : ce mec debout devant nous, même si nous ne le voyons que de dos, ne ressemble guère à Steve Reich et là… franchement, même si la musique interprétée est belle (dans la droite ligne de "You are"), je commence à m'inquiéter. Un peu tout de même. C'est magnifique d'écouter une si belle création mais je voulais tellement le voir, lui, diriger ses musiciens. Alors je consulte le programme, il y a bien écrit le nom du chef d'orchestre (désolé, j'ai oublié) mais aussi la mention "Steve Reich & Musicians". Au bout de 30 minutes, j'ai fait le maximum d'efforts pour que cette absence ne parasite pas trop mon écoute mais je reste un peu perplexe. On m'aurait menti ? J'aurais pris le train de 17h42 pour ne voir qu'un clone ?

    Mais non, je suis en train de me raconter des histoires car notre chef d'orchestre, sous les applaudissements, désigne d'un bras confraternel un homme qui se tient derrière la console de mixage. Et là, pas le moindre doute : la casquette me dévoile instantanément son identité, Steve Reich est bien parmi nous et va monter sur scène pour prendre part à l'interprétation de l'une de ses œuvres majeures : "Music for 18 musicians". Il faut le voir, d'une discrétion et d'une simplicité exemplaires, installer lui-même les instruments : il déplace les pianos, les percussions, on devine que rien ne sera laissé au hasard et que nous sommes bien en présence d'un grand monsieur. J'allais dire un grand jeune homme car il est bien difficile de deviner qu'il vient tout juste de fêter ses 70 printemps. Si j'ai l'espoir de me tenir comme lui au même âge, alors là, mes amis, je signe tout de suite des deux mains et j'envisagerai même une prolongation si possible.

    Quiet Man et JaPal, bien qu'a priori assez étrangers à la musique qu'ils viennent d'écouter, ont les oreilles suffisamment ouvertes et curieuses pour apprécier la création et ils semblent visiblement contents d'être là. C'est une découverte artistique dont le caractère hypnotique leur plaît et j'en suis fort content. Au moins, je sais désormais que j'aurai pu rendre une toute petite partie de la monnaie discographique que mon frère m'avait offerte en son temps !

    Deuxième longue et belle ligne droite – une heure environ – qui nous mène vers des espaces magiques, ceux de "Music for 18 musicians"  où chacun occupe une place qui semble stratégique : les voix, les cordes et les clarinettes sont les respirations – jusqu'au bout du souffle – sur un canevas percussif et rythmique assez démoniaque. Les trames s'entrecroisent, les décalages infimes montrent la complexité de la composition qui, malgré tout, ne présente aucune difficulté à l'écoute. C'est comme un torrent de montagne qui s'écoule paisiblement en ricochant sur les pierres millénaires, imperturbable, ancestral même (il y a là une influence très nette des gamelans balinais), créant un climat totalement intemporel, dégagé de toutes les modes.

    Steve Reich marquera l'histoire de la musique du XXe siècle (rappelons que ses premières œuvres remontent aux années 1960), j'en ai toujours été convaincu. Et son attitude sur scène, exemplaire, nous apporte la preuve – s'il en était besoin – qu'il est aussi un grand monsieur. Il est aux côtés de ses musiciens, il partage leur travail (il faut avoir les vus au moins une fois se relayer aux marimbas sans que votre oreille soit en mesure de déceler le changement d'interprète ; il faut avoir admiré le travail titanesque de cette pianiste qui, une heure durant, aura répété le même motif rythmique avec une précision quasi-surhumaine ; il faut avoir deviné ces échanges de regards, à peine esquissés, à travers lesquels Steve Reich transmet des informations), rien ne le distingue de l'un d'entre eux.

    A ce moment précis du concert, quelques minutes avant la fin, je suis sous le charme, j'ai peur aussi que tout cela se termine bientôt.
    Et la salle réservera à ces artistes l'ovation qu'ils méritent amplement, avec quatre rappels je crois. Je ne suis pas peu fier, d'ailleurs, d'avoir fait lever tout le monde pour un ultime hommage.
    Et pour répondre à la question que je me posais en introduction, il est fort probable que je venais d'assister là à l'une de mes plus belles soirées de musique.

    Quiet Man et JaPal n'ont pas regretté cette exploration d'un univers inédit. Alors pour moi, tout était bien, à ceci près que l'emploi du temps avait empêché Madame Maître Chronique d'être de la fête. Et que je suis plus que certain qu'elle aurait adoré. Et puis, passer une soirée à Châlons-en-Champagne, c'était aussi l'occasion de nous retrouver autour d'une bonne bouteille, vous savez, ce vin local avec des bulles ?

    Monsieur Reich : MERCI !

  • Drôle de chemin

    La vie est curieuse parfois… Aujourd'hui, un soleil hivernal brille sur la ville et je contemple le ciel bleu. La température est plus que fraîche mais il règne ici comme une sorte de sourire météorologique. Je m'y sens plus à l'aise que lors de ces étranges et récentes périodes où le mercure restait bloqué à un niveau largement supérieur à celui qu'il aurait dû respecter compte tenu du calendrier.
    Le quotidien est rythmé par le boulot qui s'accumule. C'est bien d'avoir du travail, et c'est encore mieux d'avoir conscience de la chance qu'on a d'en exercer un.
    Ma machine à stimuler le cœur fonctionne parfaitement : ses ultimes réglages, au mois de juillet, ont fait disparaître les alertes désagréables qu'il me lançait, provoquant parfois comme de petits étouffements. Finalement, les dernières évolutions technologiques ne m'étaient pas si nécessaires que ça.
    Il y a des disques magnifiques qui sortent en ce moment, d'autres – bien plus anciens – font l'objet de réédition à des prix fort séduisants. De beaux bouquins aussi, certains vous prennent à la gorge d'ailleurs.
    Alors on sait qu'on est un privilégié dans ce monde qui, tout autour, tout près, plus loin, va mal et nous offre la démonstration de la barbarie humaine et de la veulerie appliquée à la satisfaction des égoïsmes les plus invraisemblables.
    Donc, on se dit que l'on a de la chance.
    Oui mais…
    Mais savoir que l'un de ses enfants se sent mal, ça fait mal, très mal. Surtout lorsque l'on se trouve désarmé au point de se demander à chaque fois quel sera le bon geste, quelle sera la bonne parole. On envoie des petits ballons dans l'air, avec dedans – on l'espère – une petite dose d'oxygène à partager. Mais on n'est jamais certain que cette assistance respiratoire arrive à bon port.
    Et puis, comme tout papa, comme toute maman, on est maladroit, la bonne parole n'arrive pas exactement au bon moment, on hésite, on regrette une attitude pas assez réfléchie, on craint d'avoir produit l'effet inverse à celui que l'on désirait obtenir.
    On a la certitude des erreurs commises et la volonté farouche de ne jamais les reproduire, mais on n'efface pas si vite le passé et l'avenir est souvent bien difficile à dessiner.
    On est fragile, prêt à donner, à recevoir aussi. On a la volonté d'être comme neuf à chaque instant.
    Mais quel chemin ardu !

  • Encore quelques jours...

    Oui, encore quelques jours et je sortirai de ce long tunnel qui m'empêche de nourrir correctement ce blog chéri. Décidément, le mois de novembre aura été pour lui d'une bien cruelle aridité...
    Mais je suis là, bien là, et je vais revenir avec plein de choses à vous raconter. Je crois que vous n'échapperez pas à ma chronique d'une soirée champenoise en compagnie de Quiet Man et JaPal. Un moment de musique magique en compagnie d'un grand monsieur pour qui j'ai depuis belle lurette la plus totale admiration : Steve Reich. Oui mes amis, j'ai pu - enfin ! - assister à l'un de ses concerts avec ses 18 musiciens et pour ne rien au monde je ne voudrais vous priver de l'évocation de ce bonheur.
    Ce sera pour bientôt. En attendant, je m'engloutis à nouveau dans le boulot pour attaquer une semaine de 60 heures et je savoure à l'avance le plaisir des lignes futures.
    medium_Steve_Reich.jpgNéanmoins, je vous fais cadeau d'un cliché pris à la volée de son téléphone par Quiet Man : où l'on voit Steve Reich, tout en discrétion et modestie, installer lui-même pianos, marimbas et autres xylophones avant l'interprétation du sublime "Music for 18 musicians".
    A très bientôt ! Et merci à mes deux compagnons champenois pour cette si belle soirée !

  • 50 !

    Madame Maître Chronique fête aujourd'hui même son cinquantième anniversaire, ce que ses airs de jeune dame ne laisseraient pas forcément deviner. Prise par ses habituelles occupations, elle ne m'a pas laissé d'autre choix, tout à l'heure, que de fêter dignement cet événement en invitant Mr Monstrueux à manger au restaurant. Puisque les femmes de la maison délaissent leurs hommes (rappelons que La Fraise est en exil à l'Eglise des Dunes et qu'à la faveur de quelques rares retours en sa Lorraine natale, elle nous préfère la compagnie so British de son Lad), ces derniers n'ont pas d'autre choix que de se serrer les coudes. Pas vrai ?
    Alors qu'est-ce qu'on dit ? Happy birthday, Madame Maître Chronique !

  • Patience sans conscience n'est que ruine de l'âge

    Régulièrement, nos chers programmes télévisés nous servent un reportage sur le thème : "Demain, tous centenaires ?" On nous explique qu'il y a 50 ans, on ne comptait que quelques spécimens du genre en France alors qu'ils sont aujourd'hui 160 000. Le passage obligé des reportages sur le sujet, c'est la mamy ou le papy (ben oui, forcément, puisque, par définition, tout ce petit monde est centenaire) qui nous confie la méthode qui l'a conduit à une telle longévité. Une fois sur deux, voire plus, il nous assène le truc qui tue : "Je bois un verre de vin rouge par jour". Conclusion : il faudrait peut-être que ce nectar soit remboursé par la sécurité sociale, même si sa consommation serait alors totalement proscrite par les caisses de retraite. Enfin, c'est une autre histoire, ça, plus compliquée. On pourrait demander aux candidats debout de trouver le bon compromis...

    Pour une fois, j'ai pu néanmoins observer un drôle de phénomène, totalement inhabituel dans ce genre de reportage : un papy centenaire pas sourd, pas dans un fauteuil roulant, avec de vraies dents et une bonne dose d'humour ! Il était d'abord fort surpris qu'on le félicite d'être parvenu à inscrire un troisième chiffre à son compteur, puisque, selon lui, il n'avait vraiment rien fait de particulier. Puis son oeil malicieux fixa la caméra et, tel un acteur accompli, confia au journaliste qui l'interviewait que devenir centenaire était vraiment à la portée de tout le monde. "Il suffit d'être patient !".
     
    Alors là, chapeau bas, je m'incline, il n'y a rien à répliquer à un tel argument frappé au coin du bon sens. Imparable !
     
    Quelques minutes auparavant, alors que je zappais très méthodiquement d'une chaîne câblée à l'autre, j'avais entraperçu le présentateur d'une émission scientifique qui nous expliquait qu'à partir de l'âge de 20 ans, nous perdions 100 000 neurones par jour. Et d'étayer son propos - déclamé sur un ton presque alarmiste - en nous montrant, comme en direct, la mort de l'un d'entre eux. Finalement, c'est con un neurone, et, c'est prouvé par notre ancêtre philosophe, ce n'est vraiment pas patient comme bestiole.

    Je n'étais néanmoins pas au bout de mes surprises... En me couchant, je commençai à lire "Une veuve de papier" de John Irving, un livre de poche que je venais tout juste d'acheter - un jour, peut-être, je vous parlerai de John Irving, "le monde selon Garp", "Une prière pour Owen" ou "L'oeuvre de Dieu la part du Diable". Moi, j'aime bien commencer un bouquin, je savoure le moment qui précède la lecture des premières lignes, je suis prêt à me laisser embarquer pour de nouvelles aventures. En général, avant d'attaquer vraiment, je lis la quatrième de couverture, histoire de saliver encore un peu plus. Ce que je fis, bien entendu, hier soir... et qui, étrangement, suscita en moi une interrogation profonde : ça me dit quelque chose, cette histoire... elle commence en 1958, elle se termine en 1990 à Amsterdam... Damned ! Mais je l'ai déjà lu ce bouquin. Pire : il est certainement dans un carton, là-haut, dans le Chalet Suisse, juste au-dessus de ma tête... Nom d'un caractère imprimé ! Je viens d'acheter un livre que j'ai déjà... Et j'étais totalement persuadé du contraire... Aucun souvenir jusqu'à ce que je me décide à survoler le résumé.
     
    C'est grave, docteur ? Z'êtes certain que je ne perds QUE 100000 neurones par jour ? Ce serait pas le double, ou le triple par hasard ? Et puis d'abord, j'en avais combien au départ, vous savez, vous ? Je vais tenir longtemps à ce rythme-là, d'après vous ? Parce que je vous rappelle que je dois devenir centenaire, on me l'a dit tout à l'heure. Je suis patient, j'ai toujours été patient (enfin, presque...) et donc, je serai centenaire, c'est prévu.
     
    Pourquoi personne me répond, hein, pourquoi ?
    Vite ! J'ai pas que ça à faire, moi...

  • Dans le poste

    Pour une fois, vous me permettrez d'être bref et aussi peu digressif que possible. Mais puisque la télévision française a parlé de moi, je ne puis vous laisser dans l'ignorance.

    Je regarde assez peu la télévision. La plupart du temps, c'est plutôt elle qui me regarde, tranquillement assoupi dans le canapé rouge de la Maison Rose. J'espère que le spectacle que je lui offre lui convient parce que, bien souvent, le contraire est loin d'être vrai. Mais il est néanmoins une émission que j'essaie de regarder aussi souvent que possible, du mardi au vendredi entre 19h40 et 20h20. Elle s'appelle "N'ayons pas peur des mots", elle est animée par le sympathique Samuel Etienne sur iTélé et consiste en un débat autour de thèmes d'actualité, avec la participation de quatre invités, journalistes, écrivains, chefs d'entreprises,... - pour simplifier, deux sont plutôt à gauche, deux plutôt à droite, mais c'est parfois plus subtil. Bref, tout ce petit monde défend ses idées, toujours avec courtoisie, souvent avec humour, il arrive aussi qu'on ne comprenne plus rien parce que tous parlent en même temps. Mais "N'ayons pas peur des mots" s'avère l'une des rares émissions pendant lesquelles il est possible d'aller un peu au-delà de la langue de bois ou du copinage journalistique. Il arrive même que soient invités des hommes (ou femmes politiques) qui n'ont pas peur de se frotter à cet exercice moins simple qu'il n'y paraît. Des fois, ça fonctionne plutôt bien, d'autres pas. Tout dépend de la capacité de l'invité à se sortir de sa carapace et de sa volonté de parler vrai. Quand c'est le ministre délégué à la Sécurité Sociale, c'est toujours piquant ; quand c'est une égérie lorraine et sarkozienne, on reste sur sa faim.
     
    Tant qu'il habitait la Maison Rose, Mr Monstrueux pestait contre moi parce qu'il ne supportait pas cette émission : "C'est toujours pareil !", chougnait-il, la télécommande en main, prête à zapper sur Comédie. Mais j'ai toujours tenu bon. Chacun ses petits travers, moi, j'aime bien ce moment pendant lequel il m'est donné à réfléchir un peu. Depuis la rentrée, les téléspectateurs peuvent aussi envoyer en direct un e-mail aux journalistes présents. Ce que je n'ai pas manqué de faire hier soir en voyant le journaliste Georges-Marc Benhamou arriver en retard, mal rasé, bref comme s'il sortait du lit. Je l'ai gentiment taquiné du clavier en rappelant que si ses analyses socio-poltiques ne nous rasaient jamais, en revanche, lui ferait bien de se raser. Un peu crétin, comme message, mais c'était juste pour faire un petit trait d'humour. Et puis c'était gentil, hein ?

    Et toc ! A 20h22, juste avant que tout le monde ne rentre chez soi et quitte le plateau, Samuel Etienne a lu mon message et a cité mon nom. Fort heureusement, j'avais pris la précaution de ne pas décliner ma véritable identité (Maître Chronique) mais de me présenter sous les prénom et nom derrière lesquels je me cache au quotidien depuis bientôt 49 ans, de peur d'être assailli chaque jour par ces hordes de fanatiques qui hantent mon blog depuis des mois.
     
    Ainsi donc, vous n'aurez pas pu deviner qu'il s'agissait de moi. Mais je peux vous le confirmer, Maître Chronique avait une fois encore avancé ses pions dans la sphère médiatique. Après avoir conquis le courrier des lecteurs de Télérama il y a une dizaine d'années, après être intervenu en direct sur l'antenne d'Europe 1 dans une émission animée par Michel Field, après avoir aussi conquis de haute lutte la Cathédrale d'Amiens, j'aborde maintenant l'univers de la petite lucarne. Je voulais que vous soyiez les premiers à le savoir.
     
    Merci qui ?

  • Ligne chaude...

    En un peu plus de 24 heures, j’ai pu expérimenter les joies d’une « hot line », celle de mon fournisseur d’accès à Internet. Une bonne manière de côtoyer le pire et le meilleur.

    Tout a commencé lundi matin, vers 7h45, au moment où je souhaitais consulter ma messagerie électronique. Pan ! Pas de connexion. Ma ----box (gardons l’anonymat, c’est préférable) décida brutalement de bugger sévèrement lors d’une procédure de mise à jour automatique. Tout ce petit monde clignotait un peu n’importe comment, et surtout pas comme il fallait. Après avoir patienté quelques minutes, je dus me rendre à l’évidence : « Allo, Houston, nous avons un problème ». Je pris donc la décision de briser mon nourrain d’un bon vieux coup de marteau et d’investir sur le champ dans une nouvelle catégorie de dépenses : un numéro de téléphone surtaxé à 0,34€ la minute…

    Et c’est parti, faut que je tape au clavier mon numéro de téléphone (épreuve redoutable quand on n’a pas ses lunettes), que j’appuie sur le 1, puis sur le 2, puis sur le 1 et que je patiente jusqu’à ce qu’une voix féminine m’explique que je ne commencerai à payer que lorsqu’on m’aura mis en contact avec mon correspondant. On m’annonce également une attente comprise entre 3 et 5 minutes puisque, c’est bien naturel, tout le monde est déjà en ligne. Quelle idée, j’aurais dû tomber en panne vers 4 heures du matin…  Ô miracle, un brave jeune homme répond enfin, décline son identité dont je ne parviens pas à saisir la moitié d’une syllabe et me demande de lui expliquer la raison de mon appel, non sans m’avoir, à mon grand étonnement, demandé mon numéro de téléphone que j’avais pourtant consciencieusement saisi quelques minutes plus tôt. Je me demande bien à quoi ça sert... Donc, bêtement, je lui explique. Je vous passe les détails, puisque vous connaissez l’histoire. « Alors c’est simple, monsieur, nous allons remettre à jour le firmware de votre ----box et pour cela, il vous faut brancher directement le câble USB qui vous a été fourni avec votre ----box ». Ouh là ! On se calme ! Tu crois que c’est si simple ? D’abord, pépère, je suis en wi-fi et c’est pour moi vachement pratique parce que je n’ai pas été obligé, justement, de coller mon PC à une prise téléphonique. La prise, elle est au premier étage, j’en ai une autre au rez-de-chaussée, tandis que mon ordinateur, il est au… deuxième étage ! Donc, tu vois, pour brancher le câble, va falloir que je démonte tout, que je descende le matériel et que je construise un campement provisoire. « Ah, oui, bon, ben… il faudra nous rappeler ».
    Jusque-là, rien à dire. Le gars, il n’a pas dit de conneries, c’est juste qu’à ce moment précis, il pouvait pas m’aider. Notez bien que je ne lui reproche rien.

    Me voilà donc, à peine sorti de ma douche, en train de me prendre pour un déménageur et de monter / descendre les deux étages de la maison un nombre de fois suffisant pour me rendre compte qu’il était largement temps de filer au boulot où m’attendait une activité particulièrement rebutante consistant à essayer de recoller deux bases de données qui me donnent un sacré fil à retordre. Mais je m’égare. Tout le monde s’en fout, de mes bases. Remarquez, je ne saurais vous donner tort…

    Il est un peu plus de 13h15, je viens de rentrer à la maison et sans prendre le temps de manger, je compose à nouveau le numéro de cette ligne surtaxée… Oui, je sais, le voilà mon numéro de téléphone, 1 puis 2 puis 1 puis… OK, j’attends de 5 à 8 minutes. Elle est chiante leur musique en plus… Ah ! Bonjour monsieur, voilà, donc, je vous explique… Bon, déjà, il a l’air un peu au courant parce qu’une fois que je lui ai rappelé mon numéro de téléphone (…), il retrouve la trace de ma précédente conversation et commence à me faire faire tout un tas de manipulations qui ne débouchent absolument sur rien… Elle veut plus causer la ----box, ses voyants sont obstinément fixes, même quand on la réinitialise quatre fois de suite. Vacherie de saloperie, y a rien qui veut fonctionner, même mon câble USB ne déclenche aucune action quand je le connecte…

    Bip ! Bip ! Bip ! Ah les salauds, ils ont coupé la communication. Ah oui, c’est vrai, j’oubliais : au bout de 25 minutes, c’est fini !!! Tu crois qu’ils me rappelleraient les sagouins ? Rien du tout, faut que je recommence et me voilà reparti pour 8 minutes d’attente pour, enfin, entendre une voix féminine qui ne manque pas de me demander le numéro de téléphone que je viens de saisir au clavier. Pffff… je désespère ! Elle aussi semble-t-il car toutes les manipulations qu’elle me suggère restent sans effet. La ----box a décidé de nous emmerder, y a pas d’autre mot, et me voici maintenant doté d’un numéro de dossier (pourquoi pas un matricule, pendant que vous y êtes ?) et je raccroche non sans avoir donné mon numéro de téléphone portable : ces braves gens vont me rappeler au plus tôt pour me fournir un bon d’échange afin d’obtenir une nouvelle ----box. Gagné !!! Euh, sauf que là, tout de suite, monsieur, c’est impossible car nous avons un problème informatique. On vous appelle d’ici à ce soir, c’est promis.
     
    Le soir vient. Rien.
    La nuit passe. Rien.
    La matinée s’écoule. Rien.
     
    Devinez quoi ? Hé hé ! Et si j’appelais ma ligne surtaxée préférée que même je pourrais taper mon numéro de téléphone au clavier et patienter 5 à 8 minutes ? Hein, qu’est-ce que vous en pensez ? Eh ben, c’est ce que j’ai fait. Cette fois, je suis tombé sur un gars qui avait plutôt l’air de fumer un pétard que d’être au boulot. Vachement éveillé le type, on devinait l’œil torve rien qu’à l’écouter. Ah elle est belle l’image de marque de l’entreprise. Et en plus, il m’annonce que jamais, eux, ils ne rappellent les clients surtout qu’en ce qui me concerne, la procédure n’est pas complète et que le bon d’échange, je peux toujours m’asseoir dessus tant qu’on n’aura pas essayé de réveiller cette p… de ----box en lui branchant… un câble Ethernet ! Eh, les mecs, franchement, vous y croyez ? Le citoyen lambda qui n’est pas familiarisé avec tout ce jargon, comment il fait ? Ben c’est simple, il passe des heures et des heures à 0,34€ la minute et quelques semaines plus tard, il se réveille avec un facture de téléphone dont le montant équivaut grosso modo à deux semaines dans un hôtel sur le Côte d’Azur en pension complète pour deux personnes. Donc, là, autant vous le dire, je me suis énervé un tout petit peu et l’endormi chichonneux, il en a pris pour son grade. D’ailleurs, il s’en foutait complètement, se réfugiant derrière l’argument qu’il attendait l’autorisation de son supérieur (ben, à vue de nez, c’est pas difficile d’être son supérieur) pour me donner le numéro du bon d’échange. Un mur ce type, une sorte de répondeur humain qui n’en a rien à faire de mes histoires et qui attend que je me calme… Donc, je raccroche…
     
    Bon, phase 5 : j’appelle le service commercial pour me plaindre, expliquer la situation à une dame qui, très sûre d’elle, m’annonce qu’elle va me mettre en relation avec les services compétents afin que je puisse obtenir ce désormais mythique numéro de bon d’échange. Vous me croirez si vous voulez… mais j’ai dû très vite saisir mon numéro de téléphone au clavier et patienter 5 à 8 minutes, non sans avoir tapé deux ou trois fois sur 1 ou 2… Ah ah ! Bonjour les copains, c’est encore moi ! Hein ? Mon numéro de téléphone ? Mon numéro de dossier ? Mon numéro de compte ? Ah, vous pensiez me piéger ? C’est raté ! J’ai tout sous les yeux… On se calme, on se calme… Je suis à nouveau confronté à un répondeur humain qui ne veut pas lâcher le morceau et qui m’explique que je dois absolument brancher ma ----box sur mon PC au moyen d’un câble Ethernet.
     
    12h30, j’essaie de manger paisiblement avec Madame Maître Chronique que j’accompagne jusqu’à son travail avant de regagner la Maison Rose et… de composer les quatre numéros de cette si belle ligne surtaxée… Maintenant, je connais bien, je squeeze les annonces vocales, j’anticipe, 1, puis 1 puis 2 puis mon numéro de téléphone puis… ben, j’attends, comme d’habitude et je reste zen.
     
    Nous attaquons donc la phase 6 et c’est en compagnie d’une charmante dame que je pus, enfin, dialoguer avec une vraie personne, avec des sentiments, une pointe d’humour et, ce qui ne gâte rien, ce minimum de compétence qui faisait tellement défaut aux autres sbires enfumés des étapes précédentes. Pour commencer, en relisant l’historique de mon cas, elle s’aperçoit que ces imbéciles ont dit beaucoup de bêtises, fait des tas de promesses qu’ils ne pouvaient pas tenir. En d’autres mots, ils se sont gentiment débarrassés de moi, espérant ne plus avoir à me secourir et laissant ce soin à d’autres… Je ne vous cache pas que cette ultime phase fut redoutable, émaillée d’un nombre incalculable de « reset », de branchements / débranchement. Ah, tiens, j’y pense : le câble Ethernet, ça servait à rien, c’était le câble USB qu’il fallait utiliser (ben oui, m’dame, mais ça, on l’a déjà fait hier, c’est les deux autres, là, les crétins, qui ont voulu qu’on fasse comme ça, moi j’ai rien demandé…). Oui, mais elle ne panique pas la bougresse, elle la veut sa solution, elle sait que ma ----box n’est pas morte, juste un peu endormie. On va y arriver, monsieur. Y a un truc qui va beaucoup mieux, c’est que les voyants de la ----box ont repris vie, ils clignotent bien, ça fait plaisir, elle reprend des couleurs la bougresse. Le hic, c’est que ma ligne ADSL refuse absolument de se synchroniser. Pourtant, tout le reste est OK. Elle ne trouve pas, ma copine de téléphone, rien à faire. Oooops, c’est là que je m’aperçois qu’avec toutes ces manipulations répétitives, j’ai carrément débranché ma ----box da la prise téléphone alors, « forcément, elle va beaucoup moins bien marcher ». Discrètement, sans rien dire, je rebranche et là…. Je commence à espérer car un message m’annonce (je suis sûr qu’une fumée blanche monte de la cheminée de la Maison Rose) : HABEMUS SYNCHRONISATIONAM !
     
    A la fin, tout à la fin, quand elle voit qu’elle a gagné la partie… ma correspondante m’explique que je ne dois pas hésiter à me plaindre auprès du service clients et qu’un geste commercial est tout à fait possible. Tu parles si je vais me gêner… Ils vont en prendre pour leur grade les deux empaffés du matin. Je vais me régaler…
     
    CA MARCHE !!!!!!!!!!!!!!! Je suis enfin relié au monde… Oui, sauf que là, c’est avec mon câble USB et que moi, je veux du wi-fi, m’dame, rien d’autre !!! Mais c’est simple, monsieur, vous débranchez votre USB, vous appuyez sur le bouton 1 et vous branchez votre adaptateur pour que la ----box vous reconnaisse. Ah, si c’est simple comme ça, je m’incline. Ben oui, c’est simple comme ça. Tout est revenu comme hier matin. Je peux enfin me liquéfier de bonheur.
     
    Le plus rigolo, c’est que la première chose que j’ai faite, comme vous vous en doutez, fut de consulter mes nouveaux messages. Y en avait un qui semblait me narguer : en provenance de mon fournisseur d’accès, il m’annonçait une nouvelle procédure de mise à jour de la ----box à compter du 9 octobre et surtout, vantait tous les avantages de cette technique.
     
    T’as qu’à croire… Et c’est eux qui vont remonter tout le matériel au deuxième étage, peut-être ?

  • Tu me fais Tournier la tête…

    En fouillant dans mes archives, j’ai retrouvé un vieux texte (écrit voici plus de 14 ans maintenant) consacré à Michel Tournier, un écrivain pour lequel j’ai la plus grande admiration. Du « Roi des Aulnes » aux sublimes « Météores », en passant par « La Goutte d’Or » ou ces belles notes le lecture que sont « Le Vol du Vampire » ou bien encore d’autres textes passionnants comme « Célébrations », l’œuvre de ce monsieur est captivante. Je vous livre cette petite note telle que je l’avais écrite, quelques heures après avoir rencontré ce grand monsieur à Nancy.

    Nous avons rencontré Michel Tournier vendredi en fin d’après-midi, à l’occasion de la sortie d’un livre de l’écrivain qui mêle textes et photographies : intitulé “Le crépuscule des masques”, il rassemble un certain nombre de réflexions personnelles de l’auteur dont on sait qu’il vit intensément l’opposition entre l’image et le signe (voir notamment le thème de “La Goutte d’Or” qui reflétait déjà cette contradiction en mettant face à face deux cultures).

    medium_tournier.jpgTournier, qui est maintenant âgé de 68 ans, commence à se parer des rides de la vieillesse, en d’autres mots il se chiffonne, et tout me porte à croire qu’il est atteint d’un début de surdité. J’en veux pour preuve cette façon qu’il a de se pencher en avant sur la table en plaçant sa main en coquillage autour de son oreille pour mieux comprendre le prénom qu’on lui cite avant une dédicace. Un peu iconoclastes les premières impressions ?

    En fait, pas tant que cela : on a envie de parler de Tournier comme d’un ami de longue date, avec ses qualités, ses défauts et ses petits travers. Le personnage n’impressionne pas, il est dans la vie comme dans ses livres : précis, pédagogique, toujours prêt à raconter une anecdote qui viendra illustrer de façon très méthodique les propos qu’il tient. Le cerveau de Tournier est parfaitement structuré, il est garni d’une multitude de petites cases, des greniers magiques, que son propriétaire ouvre à sa guise selon les besoins de la conversation. On peut lui apporter la contradiction, lui reprocher aussi une trop grande sécheresse de ses productions depuis quelques années, il ne s’en offusquera pas, bien au contraire ! Il fera rebondir la discussion, vous expliquera dans un long soupir qu’il vaut mieux ne pas attendre un nouveau roman tel que “Les Météores” et l’on sent chez l’écrivain un besoin de souffler, de vivre à un rythme bien plus calme que ses personnages. Un début de retraite ?

    On peut tout aussi bien lui dire notre admiration, lui expliquer ce que l’on aime dans ses livres : Tournier sait goûter avec délectation aux compliments, c’est certain, mais je suis persuadé qu’il déteste la flatterie. La glorification gratuite ne le touche pas, bien au contraire, il apprécie le commentaire qui lui prouvera que vous l’avez lu - il s’en étonnera, comme surpris du temps que vous lui avez consacré - et saura à son tour vous poser des questions sur un sujet qui le passionne.

    Je connaissais un peu le caractère du personnage et je me suis amusé à le titiller, alors que nous parlions de photographie, en évoquant le cas de ce photographe aveugle, imbu de lui-même, méprisant ses confrères voyants, que Pivot avait invité un beau jour dans son “Bouillon de Culture”. Il fallait voir Tournier bougonner, tempêter contre Pivot : “Je lui en veux à Pivot ! Quand je pense à tous ces photographes de talent que je connais et dont personne ne parle ! Pivot a trop recherché le sensationnel : un photographe aveugle ! Et pourquoi pas un musicien sourd ?” En plein dans le mille…

    Sacré Michel Tournier, personnage insaisissable, qui fond de bonheur lorsqu’un enfant lui dit avoir lu ses bouquins, qu’on sent ivre de plaisir à l’idée de parler, d’être écouté. Il y a du narcissisme chez cet homme là, comme chez bien d’autres.

    En tous cas, une bien agréable demi-heure, non pas au coin du feu dans un ancien presbytère à Choisel, mais derrière la modeste vitrine d’un petit magasin de photographie, Grande Rue, à Nancy.

    A la fin, on est tout surpris en regardant Tournier qui lève le sourcil et vous demande, un peu désappointé : “Vous partez ?”, comme si la situation s’était inversée ; vous étiez venu le voir, un peu intimidé, pour lui poser quelques questions, avec la crainte de paraître idiot et de l’ennuyer. Et c’est lui qui réclame l’échange, c’est lui qui devient le demandeur.

    Attendrissant, il y avait derrière cette question finale comme un peu de désarroi…

    [Note écrite le dimanche 20 septembre 1992]

    Addendum 2006 : depuis ce soir de septembre 1992, j'ai eu l'occasion de rencontrer brièvement Michel Tournier, lors de manifestations littéraires telles que "Le Livre sur la Place" à Nancy. La dernière fois, c'était je crois en 2004 lors de la publication de son essai "Le bonheur en Allemagne". Les années ont passé, le bonhomme est octogénaire mais son esprit toujours aussi vif. Il nous l'a démontré cette année-là lors de la remise du prix de la Ville de Nancy avec un texte sublime consacré à George Sand. Ecriture nerveuse, idées faussement simples, une culture littéraire, historique et philosophique hors du commun, et un humour tonifiant.

    Aujourd'hui, Tournier publie "Les Vertes Lectures", que je vais m'empresser d'acheter. A ce sujet, laissons donc son auteur vous présenter lui-même son dernier livre...

    http://www.academie-goncourt.fr/m_tournier.htm

  • Où je vieux, quand je vieux !

    J'comprends pas... Il y a un certain nombre de personnes autour de moi qui tiennent à me rappeler que je ne suis plus un gamin.

    Tiens, l'autre jour par exemple, je vais voir mon ophtalmo pour lui expliquer que j'avais un problème avec mes lunettes (vous savez, celles qu'on chausse le soir pour lire un peu avant de s'endormir au bout de dix minutes, c'est bien, ça remplace la tisane. Ah ouais, vous vous souvenez ? La tasse de tilleul du soir dans laquelle on plonge délicatement un sucre et si les bulles vont vers le bord, c'est qu'il pleuvra le lendemain...). Ben mes lunettes, c'est évident, elles marchaient beaucoup moins bien qu'avant ! Pourtant, elles sont presque neuves puisque je les achetées voici trois ans maintenant. Et en plus elles m'ont coûté fort cher parce que j'ai même choisi un modèle de marque, pensant que j'en aurais au moins pour 20 ans et que si c'est de la marque, c'est forcément plus solide. Tu parles Charles, les lunettes sont en pleine forme, pas une rayure, régulièrement entretenues, belles comme au premier jour... D'où le sourire entendu de ma spécialiste du soin (coin) des yeux qui me fait comprendre que, ben vous savez mon bon monsieur, au bout de trois ans, à votre âge, avec votre travail... rien de plus normal, la vue baisse. Et toi, tu t'es vue ? T'as bien 10 ans de plus que moi, si j'étais vache, je te dirais même que tu le fais bien ton âge et en plus, il faut que je subisse tes sarcasmes. Et puis je suis certain que si je te le demande ton satané âge, tu vas m'expliquer qu'on ne pose pas cette question à une femme... A ce sujet, j'ai toujours trouvé ça ridicule car ce refus de répondre à la question de l'âge rajoute de l'eau au moulin à tous les mâles narquois qui, ici ou là, seraient tentés de penser que les douces représentantes du sexe féminin auraient comme une sorte de date limite de je ne sais quoi. M'enfin, mesdames, vous avez l'âge que vous avez et basta. Et puis on s'en fout, c'est de moi qu'on parle ici. Et si on veut savoir votre vrai âge, je vous signale qu'on a inventé le Carbone 14.

    Quelques jours plus tard, en route pour une visite de routine chez ma dentiste qui, après m'avoir complimenté sur le bon brossage de mes dents, et décelé ici ou là quelques micro-fissures ou un petit éclat d'émail, m'annonce qu'il me faudra surveiller toutes ces belles travailleuses acharnées du mastiquage car le risque que l'une ou l'autre d'entre elles se déchausse un jour est bien réel. Des facteurs génétiques expliquent en partie ce phénomène mais... il y a l'âge aussi, c'est normal !!! Et pan dans les dents - c'est le cas de le dire - voilà encore la ritournelle de l'âge qui me revient en pleine figure. Non mais qu'est-ce qu'elles ont ? J'ai été méchant ? J'ai dit des gros mots ? Je me suis battu avec mes frères et soeurs ? J'ai désobéi à mes parents ? Ah, mille pardons, je m'égare, mais je viens de retrouver un vieux bout de papier avec la liste de tous les trucs qu'il fallait dire quand on allait se confesser, sinon, on avait pas le droit de communier et de manger le petit morceau d'hostie qui allait toujours se coller au palais, même qu'il fallait toujours faire des tas de contorsions avec la langue pour la récupérer tout en arborant la mine sérieuse de celui qui a décidé de croire à toutes ces histoires et de repartir du bon pied.

    Pourtant, moi, j'ai rien demandé, je suis resté le même depuis des années : j'écoute toujours la musique de mon adolescence, j'essaie de dire au moins une bêtise par jour, je m'habille pas pour de vrai avec un costume, une cravate, une chemise, je me suis même acheté une navette spatiale de jeune pour pas ressembler aux gens de mon âge qui ont tous l'air d'attendre la retraite, je profite au mieux de chaque instant avec l'idée qu'on ne sait jamais, il m'arrive même encore d'être révolté. En particulier lorsque j'achète des desserts au caramel alors que j'avais cru qu'ils étaient au café. Alors ça, oui, ça me révolte ! La même couleur, la même marque, mais pas le même goût. Une honte pour l'humanité. Et je devrais accepter sans sourciller qu'on me fasse comprendre avec toute l'objectivité du constat scientifico-médical que je suis un homme d'un certain âge, sinon d'un âge certain.

    Mais moi, je sais que c'est pas vrai. La preuve ? Voici une photo de moi prise il y a quelques jours seulement. C'était au moment de la rentrée des classes.

    medium_dd63.jpg
    Hein que je suis pas si vieux ? Et me demandez pas mon âge, je vous le dirai pas...