Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • Monk Elektro et autres avancées technologiques en ce début de XXIème siècle


    Mardi soir, la classe jazz du Conservatoire National de Région de Nancy (bref, du CNR pour parler comme tout le monde...) proposait une audition dont la seconde partie était une création autour d'un projet bien intéressant : l'adaptation sur un mode "électro" de sept compositions du pianiste Thelonius Monk. Une heure de belle musique, de l'énergie à revendre, de l'inventivité... sous la houlette d'une bande de copains musiciens qui ont fait montre d'un bel esprit d'entreprise, chacun ayant contribué en proposant son propre arrangement. Sur la scène, outre les instruments "traditionnels" comme le piano, la batterie, la basse, la guitare et les saxophones, on pouvait apercevoir au sol une impressionnante quantité de câbles et de boîtiers divers. Car il s'agissait, à travers cette création, de relever le défi des nouvelles technologies appliquées à la musique en apprenant l'utilisation d'objets barbares tels que les pads, les samplers, les pédales en tout genre, que ces dernières soient reliées à la guitare ou au saxophone.
    Durant cette soirée, ma seule contribution aux avancées technologiques, si je puis m'exprimer ainsi, fut d'enregistrer cette heure de création sur mon Mini-Disc (avec moult difficultés je le confesse, pour des raisons qui m'échappent encore... c'est incroyable la susceptibilité de ces objets : on dirait que, mis en présence de quelques congénères cousins, mon MD m'a fait un gros caprice, une crise de jalousie en coupant de manière anarchique l'enregistrement de temps à autre. C'est promis, petit MD chéri, la prochaine fois, on enregistrera une fanfare, y aura pas un seul câble, pas un micro, pas un instrument amplifié, tu seras le plus grand, le plus beau. Ca te va, comme ça ?) et de voler quelques instantanés avec mon appareil photo numérique. Je ne suis pas un grand photographe (et je l'étais ce soir-là d'autant moins qu'à mes côtés se trouvait un photographe professionnel et talentueux, l'ami Jacky J.) mais il m'est venu l'idée d'un petit travail à effectuer pour le compte du site Internet de mon fiston. Moi aussi, j'accorde mes violons aux technologies du moment et je "bidouille" quelques photos pour leur donner une nouvelle vie, sous une forme qui se trouve quelque part entre dessin et peinture. Je vous en propose un ci-dessous, prise mardi soir durant un chorus de Pierre au saxophone alto, et cette illustration pourrait être la première d'une série que je mettrais en ligne dans une galerie de "tableaux".
    Et je m'engage sans attendre à produire également quelques impérissables chefs d'oeuvre pour le compte du blog de ma Tagadaughter !!!
    medium_pierre_050415.4.jpg

  • J'ai un peu mal à l'Europe


    Je pense vraiment être animé d'un sentiment d'appartenance à l'Europe et je ne souhaite qu'une chose : que les citoyens des différents états de l'Union Européenne aient le sentiment d'appartenir tous à une même communauté, dans le respect de leurs différences. L'Europe source de paix, j'y crois et je nous souhaite à tous de vivre en un grand espace libéré des guerres et des génocides.
    Je crois également vivre en bon européen, il m'est arrivé de voir ici, chez moi, des allemands, des anglais, des polonais, il y a même bien longtemps, nombreux étaient les étudiants de bon nombre de pays venant nous rendre une petite visite. Ma femme, titulaire d'un diplôme d'un Centre Européen Universitaire, travaille dans un établissement scolaire où les échanges avec d'autres pays font partie du programme depuis bien longtemps. Mes enfants connaissent l'Europe, ils sortent de nos frontières, pas forcément pour aller à l'autre bout du monde, mais de façon bien plus naturelle que nous ne l'aurions fait à leur âge. Pas de frontières, une même monnaie, on bouge, librement, c'est l'Europe qui se crée, jour après jour. Et c'est tant mieux.
    Et pourtant... je commence à détester cette autre Europe qu'on nous construit, celle où nos hommes politiques, dépouillés depuis belle lurette du vrai pouvoir économique, ne peuvent plus que constater les premiers dégâts.
    On ne me parle que d'un Europe du libéralisme, de la circulation la plus libre possible des capitaux... on me parle bien peu des hommes et des femmes. L'argent, l'argent, le profit, les actionnaires, la concurrence...
    Dernière trouvaille en date : la directive Bolkestein ! Ainsi, à moins que je n'aie rien compris, il s'agit pour des entreprises de pouvoir s'implanter dans tout pays de la communauté européenne en appliquant les règles de leur propre pays pour tout ce qui touche au droit du travail. Encore une attaque frontale contre ce que certains appellent une "Europe sociale". Encore le pouvoir de l'argent qui brandit ses menaçantes délocalisations, sous une forme plus pernicieuse.
    Mes années d'études en sciences économiques sont maintenant très loin, peut-être n'ai-je rien compris mais je ressens un vrai malaise en entendant toutes ces "avancées" qu'on nous promet.
    Déjà que je suis bien incapable de savoir quel bulletin de vote je vais glisser dans l'urne... D'un côté, mon sentiment d'appartenance à l'Europe me pousserait à voter "OUI" mais... oui, car il y a un mais... comment faire comprendre que mon OUI veut dire OUI à une Europe qui avance en respectant les hommes et les femmes, mais pas un OUI à cette marchandisation des personnes ? Comment, par ailleurs, faire savoir que mon OUI ne sera pas un bulletin à mettre au crédit de l'actuel gouvernement (parce que Chirac, il me semble bien qu'il y a trois ans... il a un peu trop vite récupéré mon bulletin aux élections présidentielles).
    J'ai vraiment peur de me faire avoir une nouvelle fois. Et cette fois, je ne veux pas que le sourd de l'Elysée et le bossu de Matignon se paient ma fiole...
    Alors voter NON ? C'est tentant mais il reste ce soupçon de gêne qui me gagne à dire NON à l'Europe, parce que c'est le contraire que je souhaite.
    Et puis... un référendum, c'est bien, mais qui aura lu le projet de constitution ?
    Pour l'instant, j'en suis à un NON qui l'emporte légèrement sur le OUI...
    C'est énervant tout ça... si quelqu'un veut bien éclairer ma lanterne... il vous reste jusqu'au 29 mai pour faire avancer le débat !!!

  • Vivement l'hiver !


    Allez hop, c'est le printemps depuis ce matin : ciel bleu, températures à la hausse, il paraît que tout le monde va subitement être de bon poil, alors que pour moi, les temps difficiles commencent.
    Imaginez un peu le calvaire que doit endurer un techno-man de mon acabit : le froid de l'hiver (qui, je le rappelle à ceux qui ne sont pas lorrains, dure ici de la mi-septembre à fin juin) est la raison objective qui vous pousse à vous engoncer dans un bon gros manteau et donc d'un vêtement aux poches multiples. Le bonheur, car tout y trouve sa place : le boîtier à lunettes (ben oui, je sais, c'est l'âge), le portefeuille, le porte-monnaie, le téléphone, le baladeur mp3, les stylos, la clé USB, l'agenda, le trousseau de clés ! Oui, mes amis, l'hiver est la saison bénie du vêtement mains libres !
    Alors que depuis ce matin, un seul petit blouson est suffisant pour affronter les sourires radieux de mes contemporains. Tout léger, avec deux pauvres poches dans lesquelles on hésite même à glisser un paquet de mouchoirs en papier. On contemple les poches latérales de son pantalon et on repousse l'idée de les remplir, de peur d'afficher un look baroudeur façon "Gérard Holtz au Paris Dakar". On charge un sac de l'essentiel, on fourre n'importe où, de rage, on ne retrouve plus rien, c'est un véritable chemin de croix.
    Où sont mes pooooooches ?
    Il fallait me voir à midi quittant le boulot, le sac aux armes de mon employeur en bandoulière, mon ordinateur portable à la main, puis, quelque temps plus tard, en bon français, deux baguettes maintenues en vie par les hasards de l'équilibre d'un humain désemparé, cherchant les clés pour enfin... m'effondrer chez moi et déposer tout mon paquetage. Alors qu'avant-hier encore, je sentais tout contre moi, bien nichés dans les 15 poches internes de mon manteau, tout ce qui fait ma vie d'homme contemporain.
    Heureusement, cette maudite saison de douceur et de ciel bleu n'aura qu'un temps, elle durera encore moins longtemps que la dernière fois et, enfin, je redeviendra un citoyen aux mains libres.
    Vivement le mois de septembre, vivement l'hiver prochain !!!

  • Coup de chapeau !


    Pendant que d'autres classent les 100 plus grands français, d'autres font preuve d'une belle créativité. J'adore cette animation créée autour de "Giant Steps" de John Coltrane et je ne résiste pas au plaisir de vous la faire découvrir.
    Comme disent les anglo-saxons : ENJOY !
    http://michalevy.com/gs_download.html
    Et merci à l'ami oLLo qui me l'a fait connaître...

  • Classons...


    Je pense que je vais en décevoir certain(e)s, mais je ne peux vous cacher qu'hier soir, j'ai commis l'erreur de m'avachir dans mon beau canapé rouge tout neuf pour contempler le triste spectacle de notre télévision de service public. Je dis bien erreur car avant même de regarder la boîte à images, je savais à quoi m'attendre et pourtant, dans un élan de masochisme incontrôlé, je me suis laissé aller...
    Puissiez-vous me pardonner ! Juste une circonstance atténuante néanmoins : je n'ai pas été capable de regarder la chose jusqu'à sa fin tardive, faut quand même pas exagérer.
    Résumons les faits : France 2 nous avait délégué deux officiants, Michel Drucker (le gentil Michel Drucker, n'oublions jamais que Michel Drucker est gentil) et Thierry Ardisson (pauvre Ardisson, pitoybale, qui se croyait obligé de ponctuer chacune de ses interventions d'une lourde vanne généralement localisée au niveau de la ceinture) pour commenter les résultats d'un classement des 100 plus grandes personnalités de l'histoire de France, sur la base d'une enquête menée auprès d'un échantillon de 1038 personnes, soi-disant représentatives de l'ensemble de la population française. Tout ce monde était confortablement installé au Sénat, en présence d'un public composé de différentes sommités (Yves Duteil, David Douillet notamment) venues là en leur qualité d'experts pour apporter leurs commentaires éclairés.
    Une première question me taraude néanmoins : où donc étaient passés Jean-Luc Delarue (et son oreillette, ses fiches, son stylo, son débit), Laurent Ruquier (et ses tristes calembours permanents) et Daniela Lumbroso (déléguée à la culture de France 2) ? pourquoi nous avoir privé de leurs bons services ?
    Je m'égare... ainsi donc, au gré des heures (à 23h30, ce n'était pas fini, va savoir jusqu'où les courageux téléphages ont dû veiller...), on nous a expliqué qui comptait vraiment dans l'histoire de notre beau pays, la FRANCE !!! Je ne vous garantis pas une restitution fidèle de cette momentable soirée mais, entre deux accès de somnolence (Les Inconnus avaient inventé une expression qui me plaît beaucoup : une boulimie de nonchalance), un oeil fermé, l'autre à moitié ouvert, je crois avoir retenu l'essentiel : Michel Sardou, Raymond Poulidor, Renaud, Francis Cabrel, Michel Sardou, Aimé Jacquet, Patrick Poivre d'Arvor et... Michel Drucker himself !
    J'exagère ? Oui, incontestablement puisqu'entre ces personnalités essentielles s'étaient glissées quelques erreurs de casting comme Vercingétorix, Clémenceau, Jeanne d'Arc, Jean Renoir, Claude Monet, Emile Zola, Simone Veil, Jean Racine, Jean Moulin et quelques autres dont l'influence est, on le sait, mineure dans la vie de l'Hexagone depuis des siècles.
    Forcément, au bout d'un certain temps, on craque et l'on se dit que si l'échantillon est vraiment représentatif, alors nous, braves Français, avons une perception de notre histoire pour le moins incongrue, qui vous fait privilégier le présent, le futile, l'accessoire au détriment de ceux qui ont été de véritables forces d'impulsion à travers l'histoire. Non pas que ces derniers se soient trouvés absents du classement, mais bien trop largement sous-représentés au regard des chanteurs de variété et des sportifs par exemple. Je ne sais plus qui, à un moment, a dit que la présence de ces derniers était importante parce qu'ils "faisaient rêver". Ah oui ? Est-ce qu'ils ne contribueraient pas un petit peu aussi à l'endormissement général ? Non ? Ah bon, pourtant, il m'avait semblé...
    Et puis, à quoi bon un classement ? On veut quoi à la fin ? A quoi tout cela peut-il bien servir, en dehors d'occuper une soirée entière de télévision ? Je cherche la réponse à cette question, mais je ne trouve pas, j'imagine que cette statisticomania doit bien répondre à un besoin profond chez nous, une nécessité de mettre en ordre le brouillard des pensées de nos contemporains, peut-être est-ce que bon nombre d'entre nous trouvent ces palmarès rassurants...
    Alors j'ai tout stoppé, ma patience a tout de même des limites, et je me suis mis "Le pas du chat noir", le très beau disque d'Anouar Brahem, entre les oreilles...
    Dommage qu'il ne soit pas français, celui-là, je l'aurais bien mis dans les 100 premiers. Mais non, je rigole !

  • Magma à l'Olympia


    Jeudi 27 janvier 2005, 20h20… Il neige sur le boulevard des Capucines, la nuit est déjà tombée depuis un bon bout de temps sur Paris et pourtant, il règne ici comme un air de fête. Je contemple une fois encore la façade de l’Olympia qui affiche fièrement "Magma" et, comme revenu de longues années en arrière, je savoure avec plaisir mon ultime attente au sein d’un long cortège de personnes qui, tout comme moi, comme 2500 autres, sont venues célébrer avec ferveur et fièvre le rendez-vous qu’ils n’espéraient peut-être plus.
    Magma à l’Olympia, Magma à l’Olympia…
    Tout doucement, la température monte, la foule se presse dans le hall, le service d’ordre fait son boulot, fouille, palpe avec une drôle d’indifférence appliquée, comme si nous existions à peine, sans nous accorder le moindre regard.
    Magma à l’Olympia, Magma à l’Olympia…
    Il est 20h35, je n’ai encore aperçu aucun visage familier – ils sont pourtant nombreux à m’avoir demandé de les saluer, même quelques secondes. Arrivé tardivement en ce jour de grève surprise où les trains ont souvent brillé par leur absence et leur retard, après une longue course poursuite contre le temps, je remets à plus tard les retrouvailles avec mes amis. Dans la fosse, la foule se presse, les regards se croisent, heureux, anxieux, en attente. Après un rapide appel au micro demandant aux spectateurs de bien vouloir s’abstenir de fumer (une requête souvent ignorée…), une jeune chanteuse, Ayo, fait son entrée sur scène, seule, une guitare à la main. Elle est heureuse de jouer quelques minutes devant tant de monde, nous sommes un peu surpris de sa présence. Sa musique semble vivante et sincère, mais comment l’apprécier vraiment ? Comment nous extraire de l’univers mental que tous, nous nous sommes méthodiquement créé depuis des heures pour mieux communier avec la musique de Magma ?
    Cette brève première partie terminée, voici maintenant venir le moment tant attendu. Beaucoup d’entre nous connaissent déjà le répertoire qui devrait être joué, les informations ont circulé énormément depuis plusieurs semaines et, avant même l’arrivée des musiciens sur scène, nous entendons en nous résonner les premières notes, celles que nous devinons, celles que nous nous remémorons.
    Magma va venir, Magma à l’Olympia, Magma à l’Olympia…
    "Emëhntëht-Rê" !
    Ils sont là.
    De gauche à droite sur la grande scène : Frédéric D’Oelsnitz, Antoine et Himko Paganotti, James Mac Gaw, Christian Vander, Philippe Bussonnet, Stella, Isabelle Feuillebois. Derrière eux, dans un grand bain de lumière rouge, domine la projection de la griffe.
    "Emëhntëht-Rê" ! L’introduction est empreinte de toute la majesté qu’on lui avait connu dans les années 70 (en 1977 notamment), elle n’est plus uniquement vocale comme à l’époque des Voix, Christian Vander lui imprime toute la puissance que cette suite mythique – souvent évoquée, partiellement jouée – appelle et les thèmes vont pouvoir s’enchaîner : "Rind/ëh", puis le second fragment, que le groupe avait enregistré en 1976 (cf. la réédition sur CD de "Üdü Wüdü"), puis "Hhaï", dans une version très lyrique où le chant habité de Christian nous emporte… to believe in God… dowiss… avant que le Fender Rhodes ne scande deux accords sur lesquels vient se poser la basse de Philippe Bussonnet, elle gronde, les chœurs appellent… "Zombies" ! Tout s’enchaîne et même si l’on devine parfaitement que cette longue et belle suite n’en est qu’au premier stade de sa (re)création, qu’elle est encore inachevée, au point qu’elle ne fait qu’aviver encore plus notre impatience de l’écouter mûrir au fil des mois, toute l’énergie est là, intacte, préservée.
    J’entends ma voisine de fosse qui, à l’évidence, découvre la musique de Magma, dire à son ami : "C’est léger et puissant à la fois !". Peut-être, instinctivement, a-t-elle tout compris, tout perçu ? Car la force vitale de l’univers musical de Christian Vander est probablement à chercher quelque part dans ce déchirement permanent, cet antagonisme entre amour et désespoir, cette lutte sans merci entre courants opposés. Légèreté et puissance, air et terre…
    Après quelques mots de Stella qui nous dit le plaisir du groupe à investir à nouveau cette scène qu’il avait occupée voici maintenant 25 ans à l’occasion des concerts de rétrospective, c’est maintenant "Soï soï" et son introduction au piano, puis "KMX" et le duel fratricide entre la basse de Philippe Bussonnet et la batterie de Christian Vander.
    On imagine alors une pause (ou une trêve, c’est selon…), quelques minutes de répit avant un second assaut, sous les ordres du capitaine d’un vaisseau conquérant.
    Non, pas de pause, c’est au contraire un "K.A" survitaminé qui s’annonce, 50 minutes d’une fête musicale dense et habitée comme jamais : les voix s’envolent, le feu des cymbales nous brûle les yeux et les oreilles. Il y a dans cette composition que le groupe joue sans relâche depuis trois ans maintenant une jubilation aux pouvoirs énergisants, une joie si communicative qu’on redoute de voir le temps défiler trop vite, la fin s’approcher malgré nous. Pourtant, malgré notre envie commune de suspendre ce temps, de l’arrêter en plein vol et de demeurer ainsi, comme en état de lévitation, les minutes s’écoulent et la fin approche.
    La fin, ou presque…
    Les applaudissement, eux, durent longtemps, le public refuse la fin de la fête et c’est avec un neuvième complice que Magma revient sur scène : un Klaus Blasquiz souriant, voire débonnaire, qui vient jouer le rôle d’un Monsieur Loyal et prendre le temps de nous présenter, un à un, chacun des musiciens avant d’entonner la chanson "originelle", l’invitation au premier voyage : "Kobaïa" ou dix minutes pour un retour aux sources en guise d’au revoir. Et même si, ce soir-là, la prestation de Klaus ne fut peut-être pas inoubliable, ce bonheur partagé, ces sourires échangés, ces gestes affectueux eurent vite fait d’irradier définitivement un public conquis.
    Applaudissements, applaudissements encore… à n’en plus finir ! Christian Vander, comme intimidé, revient au micro nous expliquer que… désolé… après 23h30… il faut arrêter, c’est ainsi, c’est l’Olympia, c’est Paris.
    Applaudissements…
    Et le groupe revient, malgré tout, tout doucement, musicien par musicien. Christian entame au chant la magnifique "Ballade", ainsi nommée parce qu’elle n’a jamais été présentée autrement. Les chœurs déposent leur tapis de velours, la guitare de James Mac Gaw tisse une toile délicate, les doigts de Christian imaginent une flûte ou, plus probablement, un saxophone soprano… Coltrane sundïa…
    Les lumières se rallument, c’est fini.
    On nous invite très vite à quitter la fosse. Dans le hall, chacun est là, un peu hagard, on retrouve enfin les visages qu’on n’avait pas eu le temps de voir trois heures plus tôt, on échange quelques mots, des silences, qui disent l’essentiel parce que tellement difficile à exprimer.
    Magma à l’Olympia, Magma à l’Olympia !
    Ce n’est qu’un au revoir.

  • Passage à l'AKT !


    Par un étrange retournement des situations, je m'aperçois que le Press Book Magma, que j'avais créé il y a maintenant 6 ans pour partager avec les fans du groupe le maximum d'archives (textes, interviews, chroniques, etc.) autour de l'hitoire du groupe a désormais changé de fonction. Si les visiteurs sont de plus en plus nombreux - et l'activité actuelle de Magma ne fait que renforcer le phénomène - il semble que cette compilation d'archives soit aujourd'hui aussi bien utile aux musiciens eux-mêmes !
    Hier soir, au téléphone, Stella me disait que bon nombre de journalistes connaissaient le groupe grâce au Press Book, en particulier à l'étranger et que Christian Vander lui-même reconnaissait l'ampleur du travail et tout le bénéfice qu'il pouvait retirer de cet outil. Pourtant, à l'origine, ses réserves étaient nombreuses car il se méfiait un peu de cette manière que j'avais de "regarder dans le rétroviseur" alors que lui-même était plus tourné vers le futur. Mais Stella et moi avions tenu bon, ce Press Book a pu voir le jour et exister pour tous ceux qui souhaitent en savoir plus. La tâche est loin d'être terminée : je possède un grand nombre de documents qui n'ont pas encore trouvé leur place sur le site (grâce à la complicité de nombreux amis distants qui me donnent un précieux coup de main en jouant le rôle de rabatteurs d'information, en saisissant les textes qui ne peuvent être récupérés par les logiciels de reconnaissance de caractère, en me communiquant des informations inédites), j'ai en chantier différentes rubriques qui dorment un peu mais... à force de patience, toutes ces nouveautés seront bientôt visibles. Je voudrais aujourd'hui avancer sur un projet que j'ai appelé "Radio Magma" et qui consiste en un petit "juke box" Internet par lequel celui qui ne connaîtrait pas Magma pourrait écouter la musique du groupe. C'est un ami parisien qui a développé ce module et je suis assez impatient de le proposer.
    En outre, Stella m'a demandé tout récemment de prendre en charge une partie de la mise à jour des informations sur le site officiel de Magma et celui de son label, Ex-Tension Records. Me voici aujourd'hui dans une situation nouvelle, puisque le travail effectué depuis plusieurs années aboutit à une implication dans la vie même de cette famille musicale. Ce n'était pas vraiment pas mon objectif initial, mais il me semble cependant difficile de décliner une invitation qui me donne l'occasion d'un vrai passage à l'acte dans un domaine qui est tout de même une passion de longue date.
    A suivre donc...

  • Ferrov'hier (vies dédoublées)


    Trois petits textes notés fugitivement hier sur un carnet, dans le train qui m'emmenait de Nancy à Paris.

    Vendredi 10 mars 2005, 6h20, je suis dans le train qui m'emmène de Nancy à Paris. J'écoute "Moving", un CD du pianiste norvégien Bugge Wesseltoft : climats aux confins du jazz et de la musique électro, atmosphères délicates où quelques notes de piano semblent s'échapper d'un paysage brumeux. L'accompagnement idéal en cette nuit finissante. Et puis, c'est "Gare du Nord", une très belle composition qui me vaut cette étrange sensation d'entendre, à l'intérieur (car j'écoute cette musique avec des écouteurs) comme à l'extérieur le bruit du train, en un parfait dédoublement. Jusqu'à l'annonce vocale en français d'un contrôleur, dont je ne sais si elle est réelle ou enregistrée sur le disque. J'ôte alors mes écouteurs, la voix s'est tue... Elle provient de la musique de Bugge Wesseltoft, exactement synchronisée avec la situation que je vis réellement. Mais de là à dire que je mène une double vie...

    Je dois rédiger pour un magazine dédié à la musique de Magma la chronique d'un concert du groupe, en l'occurrence celui de l'Olympia, le 27 janvier dernier. Même si je garde un souvenir exact de ces trois heures passées dans la fosse de cette salle mythique (bien que reconstituée à l'identique), je ne me prive pas du plaisir de rédiger mon texte en écoutant ce concert, qu'une âme charitable a bien voulu enregistrer "sous le manteau" et m'envoyer quelque temps plus tard sous la forme d'un double CD. Cette fois, il ne s'agit pas de deux vies distinctes dont les échos sonores viennent se superposer comme par magie, mais de la même vie, qui se répète à quelques semaines d'intervalle.

    A quelques minutes de mon arrivée à Paris, ma voisine de train semble vouloir me demander quelque chose et me fait signe d'ôter les écouteurs qui diffusent la musique de Magma depuis près de deux heures. Elle ne veut pas rester sur la quasi certitude de me connaître et pense que, de mon côté, je ne l'ai pas reconnue lorsqu'elle m'avait salué sur le quai.
    Oh la... et dire que je me pique d'être plutôt physionomiste... là, honnêtement, je sèche !
    Elle pense m'avoir vu au Conservatoire ou peut-être à l'Ecole des Musiques Actuelles de Nancy. Tiens tiens, aurait-elle vu juste ? Je lui réponds donc et lui dis qui je suis, je lui explique que j'ai été Président de cette école, que mon fils en a été longtemps l'élève et qu'il y enseigne aujourd'hui le saxophone. Je la confirme donc dans son impression, elle m'avait bien identifié !
    "Et moi, vous ne me reconnaissez pas ?"
    Gasp... je la scrute un instant, je fouille dans mes souvenirs, je tente quelques rapprochements jusqu'au moment où une idée me vient à l'esprit : "Vous n'auriez pas été prof de piano à l'EMAN ?"
    Bingo ! Oui, sauf que... je ne suis plus en présence de la même personne ! La dernière fois que je l'avais vue, elle était obèse, quasiment difforme, les cheveux tristement attachés en une queue de cheval, elle était vêtué de façon terne et anonyme et là... je revois une jeune femme au mieux de sa forme, épanouie, mince, qui a le temps de me dire sa joie d'être la mère de deux enfants, qu'elle revit, qu'elle éprouve des sensations totalement nouvelles comme la séduction, notamment dans le regard des autres, dans la rue ou lorsqu'elle chante sur scène ! Elle me raconte l'anecdote d'un de ses anciens élèves qui demandait de ses nouvelles alors qu'elle était juste à côté de lui et qui refusait de la croire lorsqu'elle lui disait : "Mais votre prof de piano, c'est moi !". Elle ne cache pas son plaisir de vivre ce genre de situations un peu surréalistes.
    Décidément, ce voyage en train était vraiment placé sous le signe de la double vie : j'avais devant moi une personne qui me confiait qu'elle en vivait une deuxième, la seconde ayant chassé la première.

  • Où es-tu mon Gaillard ?


    Ce matin, comme chaque matin d'ailleurs, j'essaie péniblement de m'extraire des limbes nocturnes devant un bon gros mug plein d'un non moins bon café, et la radio (France Inter en l'occurrence) fait défiler tout doucement son cortège d'informations plus ou moins catastrophiques (au menu du jour notamment : les prévenus du procès des pédophiles qui tombent dans les pommes à la lecture des faits, les treize morts dans une maison de retraite près de Nancy et, le plus important, la défaite de l'A.S. Monaco en coupe d'Europe de baballe), histoire de bien vous mettre en forme pour la journée. Un oeil à moitié fermé, l'autre à peine ouvert, je scrute le paysage, j'observe la grisaille qui nous entoure, bref je me motive.
    Heureusement, il est 7h25, l'heure du bonheur, le moment tant attendu de la chronique économique d'un dénommé Jean-Marc Sylvestre ! Ah, le brave homme pour qui la planète n'est qu'une vaste et unique entreprise, avec de gentils actionnaires qu'il faut bichonner, l'oeil rivé sans interruption sur le thermomètre de leurs dividendes. Ce type-là nous brosse le portrait d'un monde où, finalement, l'humain est avant tout un empêcheur de tourner en rond, avec ses revendications sociales, ses grèves à répétition, ses exigences, sa prétention à penser qu'il pourrait peut-être encore occuper une place au sein du grand échiquier de la mondialisation. En d'autres termes, qui ne fait rien qu'à embêter les pauvres détenteurs du capital, qui ont pourtant déjà tant de mal à consolider leurs profits... Alors que l'être humain, le vrai, le seul, c'est celui qui se vend au prix le plus bas (ah, nom d'un chien, pourquoi ne sommes-nous pas tous Chinois ? on bosserait en silence, pour pas cher, la France serait le pays de la croissance), qui ne râle pas, qui jamais ne se met en grève, qui VEUT travailler plus, toujours et encore. Au lieu de quoi, nous, méchants Français, sommes d'incurables paresseux, des hédonistes qui privilégieraient leur plaisir avant tout.
    Chaque semaine cependant, le vendredi, la chronique de JMS devient un débat, parce qu'un contradicteur vient opposer au gourou de l'ultra-libéralisme quelques arguments post-universitaires qui, jamais, n'ébranlent les convictions de notre bonhomme. Vaine tentative, inutile diversion, pourquoi donc chercher ailleurs puisque nous sommes en présence de LA vérité ?
    Pfff... c'est d'un cynisme, d'une tristesse ! Ce mec-là est dans sa bulle dorée, il vit un monde virtuel fait de bilans comptables et de budgets prévisionnels dans lequel la France est, on s'en doute, le plus mauvais des élèves.
    Tiens, j'en viendrais presque à regretter les chroniques boursières d'un autre personnage de notre radio dite de service public, Jean-Pierre Gaillard : celui-là, à force d'être pathétique, il nous devenait presque sympathique. Quel bonheur de l'entendre débiter les cours de la bourse comme d'autres liraient leur bréviaire ou égreneraient leur chapelet ! C'était comme une étrange mélopée, envoûtante, mystérieuse. Et puis, ce Gaillard était à l'évidence un être humain sensible : on le sentait personnellement affecté lorsque le CAC 40 était orienté à la baisse ou, au contraire, joyeux quand il évoluait à la hausse. Ses souffrances, ses douleurs transpiraient à travers les ondes, on aurait voulu venir à son aide ou lui taper sur l'épaule. La Bourse, c'était comme son jouet et on l'admirait de pouvoir tout nous expliquer, avec les mêmes arguments : les prises de bénéfices, les inquiétudes des marchés (qui semblaient vivre leur existence propre, comme s'ils avaient acquis leur autonomie), les attentes de résultats de l'économie américaine ou des analyses de la Réserve Fédérale, la parité dollar / euro. Cerise sur la gâteau, un même argument pouvait nous expliquer un jour une hausse et quelque temps plus tard une baisse ! Qu'importe, l'essentiel était de vivre avec passion ce monde qui, pour le coup, n'était plus celui de la sinistre et austère Entreprise de Monsieur Sylvestre mais au contraire l'univers ludique d'un gigantesque Casino, promesse du bonheur éternel pour qui savait en franchir les portes.
    Oui, mais Jean-Pierre Gaillard n'est plus là, c'est aujourd'hui un retraité... son silence est trop cruel, et moi je veux qu'on me rende mon Casino quotidien, ma roue de la fortune boursière.
    Ah, ces maudits Français qui veulent partir en retraite ! Dire que sans eux et leurs exigences stupides, mon Gaillard serait peut-être encore là à me sussurer doucement au creux de l'oreille le doux chapelet de ses valeurs boursières...

  • La stratégie de l'arbre à disques


    Où placer cette note ? Dans la catégorie "Cool memories" ou "Musique" ? Les deux mon capitaine, sauf qu'ici, ce n'est pas autorisé, alors je tranche dans le vif, rangeons ces quelques phrases dans le vaste bazar de mes souvenirs, dont on verra qu'ils sont néanmoins très reliés à mon présent.

    Alors donc, j'aimerais remonter un peu le temps et... attention, je vous parle d'un temps que les moins de... 40 ans ?, ne peuvent pas connaître ! Bref, nous sommes le mercredi 13 décembre 1972 et me voici en possession d'un précieux billet de 100 francs (somme considérable si l'on veut bien la rapporter à mes émoluments mensuels d'alors, en d'autres termes mon argent de poche, soit 5 francs), prêt à une dépense dont je rêve depuis plusieurs semaines déjà. Mais je vais un peu vite...
    Revenons d'abord à un autre jour, un jeudi celui-là, le 27 janvier de cette même année 1972 (tiens, les gamins, je vous rappelle qu'à cette époque - et c'était la dernière année scolaire sous ce régime - on n'allait pas au collège le jeudi après-midi), qui fut en quelque sorte ma déclaration d'indépendance, le jour où je me suis affranchi de ma fraternelle et néanmoins bienveillante tutelle musicale. En effet, je n'avais vécu jusque là que dans l'ombre de mon frère aîné qui, en matière de musique, m'avait tout appris, à commencer par les Beatles, les Rolling Stones, puis en passant par les premiers disques de King Crimson, et bien d'autres encore. Tout ce que je connaissais, je l'avais appris de lui qui, patiemment, avait accepté sans renâcler ma présence à ses côtés dans sa chambre. Mais je n'existais pas par moi-même (d'ailleurs, mes soeurs ne manquaient jamais de me rappeler que je faisais "tout comme mon frère", raah, les vilaines...). Or donc, ce jour célèbre, je fis l'acquisition d'un double LP du Grateful Dead, dont j'avais lu tant d'échos flatteurs dans Best et Rock & Folk qu'il m'avait semblé inévitable d'aller à sa rencontre, alors même que mon propre frère ne m'en avait jamais parlé !!!
    Et là, ce fut le choc : cette musique était pour moi, elle me parlait, elle m'était destinée, Jerry Garcia (leader charismatique du groupe disparu le 9 août 1995) se confiait à moi ! Je tenais enfin MON univers, je ne le devais à personne !
    1972 fut donc l'année de toutes les acquisitions : une semaine plus tard, l'album solo de Jerry Garcia tout frais dans les bacs, puis le premier album du Grateful Dead, puis "Anthem of the Sun", puis "Aoxomoxoa", puis "Live Dead", puis "Workingman's Dead", puis "American Beauty"... autant vous dire qu'en ces mois fiévreux, je menais une vie quasi monacale eu égard à l'affectation obsessionnelle de l'intégralité mon budget. Et je me dois aussi de vous confier mes émois en lisant dans la presse musicale les comptes-rendus de la tournée européenne et printanière du groupe en France (à l'Olympia, salle dont j'ai fait tout récemment la connaissance pour un concert de Magma dont je vous parlerai très prochainement), en Angleterre, en Allemagne...
    Je suis trop long ? Vous ne voyez pas le rapport avec mon billet de 100 francs ? J'y viens et pour cela, avançons un peu dans le temps pour arriver au mois de novembre : j'apprends la publication de "Europe '72", triple album du Grateful Dead enregistré durant sa tournée européenne du printemps !!! Arrgh... J'ai plus un centime dans mes popoches... et la chose coûte une fortune... Inutile de vous dire que dès cet instant, j'ai cessé de vivre, d'autant que j'avais pu entendre des extraits plus que prometteurs de ce disque à la radio.
    Pas un sou, obligé de contempler la belle pochette en rendant une visite quasi quotidenne à mon disquaire (au moins, de ce côté-là, j'étais tranquille, je devais être le seul verdunois à m'intéresser au Grateful Dead, je ne risquais pas de voir disparaître ce bel objet...)... et de rentrer à la maison les mains vides !!!
    Mais en ce beau jour de décembre, le mercredi 13, le miracle arriva : mon parrain et sa femme vinrent rendre visite à notre famille, ce qui me combla de joie car - n'hésitez pas à me trouver vénal, j'avoue - je savais qu'à son départ, je serais en possession d'un billet promu au rang d'étrennes ! Bingo !!! 100 francs, pile poil ce qu'il me fallait... et il n'était que 17 heures !!!
    Sans attendre, je mis le cap vers le centre ville et échangeai ma précieuse image contre le disque du miracle !!! Mais là... désolé de vous infliger cette cocasse péripétie, le plus dur restait à faire : rentrer chez moi sans faire savoir que j'étais en possession d'un disque d'une telle valeur et que j'avais dépensé en quelques minutes l'intégralité de mes étrennes... Car mes parents avaient beau connaître ma passion pour la musique, ils n'aimaient pas vraiment apprendre que tout argent liquide faisait chez moi l'objet d'une conversion intégrale sous forme de disques... Heureusement, j'avais dans l'affaire un précieux allié : l'un des deux grands marronniers se dressant fièrement à l'entrée du jardin (vous allez bientôt comprendre le sens du titre de cette note). Il me fallait dans un premier temps vérifier que personne n'était en vue au moment de mon retour, puis ouvrir le moins bruyamment possible la grille de l'entrée (toujours rouillée, jamais silencieuse) et déposer furtivement le disque derrière le marronnier complice avant de rentrer, les mains dans les poches, arborant la mine réjouie de celui qui se sentait tout heureux d'avoir été faire "un tour en ville". Ensuite, je devais guetter le moment où je pouvais très rapidement sortir dans le jardin, récupérer mon bien, filer dans ma chambre, ranger le disque (sa place était déjà réservée dans le premier rayon de mon armoire), respirer un grand coup, me débarrasser du sac en plastique qui le contenait et... enfin, en déposer la première galette sur l'électrophone (euh, les jeunots, ça vous dit quelque chose ce mot ou je dois expliquer ?).
    Et là... le bonheur, je me souviens parfaitement de cette longue et douce dégustation : "Cumberland Blues", "Jack's Straw", "He's Gone", "China Cat Sunflower / I Know You Rider", "Truckin'",... et ce livret dont je contemplais les photos avidement, encore et encore... et cette belle pochette : une jambe marchant au-dessus de la Terre, surmontée d'un arc-en-ciel !
    Je n'avais pas encore 15 ans, tout cela semble si loin... et si proche malgré tout. Pas plus tard qu'hier, je me suis acheté en téléchargement (je donne cette précision parce que je tiens à faire savoir que je ne pirate pas, moi !) pour une somme modique, 16 €... tiens, c'est bizarre, aujourd'hui je trouve la somme modique alors que si mes comptes sont exacts, elle équivaut à un peu plus de 100 F, c'est-à-dire le coût exorbitant de l'année 1972, mais bon, je m'égare... sur le site Internet du Grateful Dead un magnifique quadruple CD live, enregistré en février 1973. Cinq heures de musique, inaltérable, goûteuse, comme aux plus beaux jours. Et moi j'ai toujours 15 ans !