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CogitoChronique - Page 4

  • Z'ont peur des mots ?


    La télévision est parfois un bon somnifère, elle nous propose également, de temps à autre, de réfléchir. Pas trop, hein ? Faut que nos cerveaux soient disponibles, je vous le rappelle ! Hier soir, un petit zapping m'a fait tomber sur un débat sur le thème du référendum (oui, je sais, j'en parle souvent) dans le cadre de l'émission "N'ayons pas peur des mots" sur i-Télévision. Autour de l'animateur, un politique pro-non (Mélenchon), un publicitaire (??? cherchez l'erreur) pro-oui et deux journalistes, chacun retranché dans son propre camp.
    Je ne dis pas que ces 20 minutes étaient inintéressantes, bien loin de là, les échanges étaient vifs, il y avait même de l'humour mais... qu'ils soient pro ou anti constitution, nos débatteurs ne nous ont pas délivré un seul vrai argument justifiant leur position. Ils sont OUI, ils sont NON, mais j'avoue que je ne sais toujours pas bien pourquoi. Ah si, ils sont tous d'accord pour dire que le texte de cette désormais célèbre consititution est bien trop dense pour qu'on puisse imaginer que les électeurs le liront avant d'entrer dans les bureaux de vote.
    Heureusement il y a Chirac !!! Ce soir, flanqué de l'intelligentsia parisienne (Patrick Poivre d'Arvor, Marc-Olivier Fogiel, Jean-Luc Delarue), je sens qu'il va nous convaincre, qu'il obéira au doigt et à l'oeil aux instructions données par sa fine stratège de fille !!! De toutes façons, je ne regarderai pas ce programme, car j'ai mieux à faire (eh oui, la vie associative a ses petites contraintes, pendant que le Président essaie péniblement de nous faire croire qu'il parle le jeune, nous, on bosse...).
    Et ça me fait penser à une image vue récemment l'autre jour aux informations (quand je dis récemment, c'était peut-être au mois de janvier) ! Jacques Chirac serrant chaleureusement la main de Silvio Berlusconi... Et là, je me disais : "Qu'ils sont beaux nos dirigeants, comme l'Europe donne une belle image d'elle-même avec ces deux grands visionnaires !".
    Mais je voterai quand même oui le 29 mai, parce que je ne veux pas confondre mon rejet de l'actuel gouvernement avec mon besoin de me sentir membre d'une communauté qui dépasse de très loin la médiocrité raffarinienne. Et la meilleure preuve que je ne suis pas rancunier, c'est que dans moins de deux semaines, je serai quelque part, en Toscane, et j'oublierai même qui est le Président du Conseil italien. Ce qui ne sera pas un mince effort et témoignera de ma sympathie pour un peuple avec lequel je partage 6,25% de mon sang !

  • Gauche viarca


    J'apprends hier soir en écoutant les informations qu'après s'être extasiés un peu démagogiquement il y a quelques années en découvrant le langage fleuri et inversé des banlieues et des cités, les linguistes s'inquiètent en constatant que pour bon nombre de jeunes, les pires difficultés s'annoncent puisque le corpus du vocabulaire de certains n'est constitué que d'environ 400 mots, alors que 2500 seraient un minimum nécessaire.
    Aussitôt, une contre-analyse nous est proposée et l'on entend l'écrivain Erik Orsenna dédramatiser la question en nous expliquant qu'il est bon que notre langue subisse régulièrement des coups de boutoir et évolue au gré des époques. Il cite pour appuyer son propos l'expression "avoir la haine", sensée être la plus fidèle traduction du sentiment de haine.
    Pas très convaincant, m'sieur Orsenna, vraiment pas. Une observation assez digne d'un certain état d'esprit "gauche caviar", du genre j'habite dans le XVIème mais je vous ai bien compris mes amis. Sur le principe, on ne peut qu'être d'accord avec l'idée qu'une langue doit vivre, accueillir de nouveaux mots, en refouler d'autres, malaxer, triturer mais... à condition toutefois qu'il s'agisse pour celui qui la parle d'un enrichissement conscient, et que cette évolution contribue, pour chacun d'entre nous, à une meilleure maîtrise de la pensée et de la manipulation des idées. Or, sans être alarmiste ni excessivement pessimiste, je suis bien obligé de constater que la fracture est là, que le fossé s'élargit entre ceux qui savent (ou essaient de savoir) et les autres. Et qu'avec 400 mots, on est nu face aux autres, sans beaucoup de défenses.
    Alors, par pitié, arrêtons avec ces discours cucul la praline et revendiquons, inlassablement, le besoin de partager cette vraie richesse qui s'appelle langue française, avec son passé, son présent et son avenir.

  • Marabout de ficelle


    Je ne saurais résister au plaisir de porter à votre connaissance, dans son intégralité - fautes comprises, le courrier tombé hier matin dans ma boîte aux lettres.

    PAIEMENT APRES RESULTATS OU FACILITE DE PAIEMENT
    Si vous avez des problèmes qu'ont échoué contactez MR. KOLY Célèbre Voyant Médium

    Vous aide à résoudre tous vos problèmes inquiétants, il vous aide à gagner selon votre préférence. Spécialiste du retour rapide et définitif de la personne que vous aimez. Fidélité entre époux ou couple en déséquilibre, stabilité au foyer conjugale, permis de conduit. Je guéris les maladies inconnues, désenvoûtement, l'impuissance sexuel, protection dans votre affaire, clientèle pour commerce grâce à la conclusion des secrets de la forêt africaine et les dons héréditaires. D'autres possibilités sont offertes, mais une consultation s'impose. Résultats efficaces rapides et garantit à 100% dans 3 jours. Reçoit tous les jours sur RDV de 8h à 20h.


    Ainsi donc, tout près de chez moi se trouve la solution miracle ! Et on ne me disait rien... Je constate en outre que mon cher monsieur Koly est un homme très raisonnable, puisque s'il nous fait comprendre que les problèmes de couple sont avant tout liés à des problèmes sexuels, il nous attribue (si j'ose dire...) dans le but de les résoudre un permis de conduit, ce qui en ce domaine est vraiment un minimum, mais qu'en outre il faut penser à prendre d'élémentaires précautions et nous encourage à être prudents en nous promettant de protéger notre affaire !
    Et comme je ne suis pas chien, à mon tour de proposer à monsieur Koly les services de Marabout Fillon-Réjécolor qui, à grands coups de socle commun, va désenvoûter le français fatigué de notre cher médium. Et si cela ne lui suffit pas, on lui enverra les troupes du baron Médef, qui saura lui faire comprendre où est son intérêt.

  • Ami du soir, bonsoir !


    Les virus et autres chevaux de Troie ayant encore frappé, j'ai dû batailler ferme hier soir pour redonner vie à mon ordinateur, qui s'était - semble-t-il - laissé abuser par un ennemi malgré la présence d'une protection, visiblement insuffisante. Le plus amusant dans cette histoire, c'est que quelques symptômes m'avaient mis en alerte et que j'avais justement choisi d'installer un nouveau dispositif plus efficace (anti-virus + pare-feu) pour me rassurer. Bou diou de bou diou, voilà t'y pas que cette saloperie de virus contrariait l'installation du logiciel lui-même !!! Hé, les mecs, on fait comment ? Ben... on appelle la ligne chaude du fournisseur et on gère au mieux ! Je ne serai pas chien et ne me joindrai point à la meute des râleurs professionnels, car je dois bien avouer que j'ai reçu un accueil très courtois, les explications et les démarches à suivre ont été très claires, aussi bien au téléphone que par messagerie dans un second temps.
    Au final, presque trois heures plus tard après moult redémarrages en modes variés, nettoyage de fichiers et installation rigoureuse de la barrière sanitaire ainsi correctement configurée, j'ai pu rejoindre ma Tagada de fille - la pauvre, à la veille de son premier écrit d'agrégation d'anglais, stressée comme pas deux, le teint livide, accrochée, vissée même, à son téléphone portable et réussissant l'exploit de réaliser à une seule main une sauce de salade, mais tout de même pas l'essorage ! - et avaler distraitement quelques tortellini un peu tièdes, et pour cause, les pauvres m'attendaient depuis longtemps.
    Nom d'un chien, j'ai beau être familiarisé depuis longtemps avec la chose informatique, je ne peux m'empêcher de bougonner devant la complexité de l'utilisation d'un ordinateur ! On parle de démocratisation de l'objet, de taux d'équipement des familles, de couverture du territoire en haut débit mais... imaginez-vous quel peut être le calvaire du citoyen lambda qui n'a pas eu la chance d'apprendre à parler au minimum un esperanto du PC ? J'ai toujours réussi, avec ou sans aide, à débrouiller ces situations pénibles mais je n'ose penser à l'angoisse de celui ou celle qui vient d'investir une somme rondelette dans un ordinateur pour s'apercevoir ensuite qu'il entre dans une ère de forte dépendance vis-à-vis de ceux qui savent, encore plus pénible lorsque ces derniers sont auss ceux qui vendent...
    Alors je vous laisse deviner quel bonheur paisible fut le moment de retrouver mon bon ami le livre. Ah, le plaisir de se glisser sous la couette, de l'empoigner et de découvrir la suite de l'histoire, de vivre avec les personnages, en toute proximité, de souffrir ou rire avec eux. Un livre, au moins, ça ne vous casse pas les pieds avec des histoires de setup, de redémarrage en mode sans échec ou de msconfig... Les problèmes techniques du livre, ils sont pour les imprimeurs, chacun son boulot. Les livres existent, ils sont des êtres vivants - j'ai déjà expliqué quelle relation tactilo-sensuelle j'entretenais avec eux - et rien ne remplace ce sentiment d'abandon qui vous gagne à entrer dans leur univers.
    Et ce matin, j'étais frais et dispo pour convoyer dans la banlieue profonde de Metz quelques agrégatives (featuring Miss Tagada, obviously) ainsi délestées du fardeau d'un trajet qui ne s'annonçait pas comme particulièrement touristique. Il est parfois essentiel, quand on est père, de se satisfaire ainsi du travail bien accompli. Et pour le coup, les histoires de virus ou de plantage d'ordinateur, on les oublie, on s'en moque comme de l'an 40, on les a même oubliées et on attend avidement la prochaine rencontre avec son ami du soir, le bouquin.
    Sauf qu'il reste un truc d'ordre technique qui me contrarie un peu la lecture : ce sont ces p... de b... de m... d'yeux de quasi-quinqua qui réclament leurs lunettes qu'évidemment j'ai laissées dans mon sac (ben oui, vous savez bien que j'ai plus de poches, sauf sous les yeux...) et qu'il faut que je me relève alors que j'étais déjà bien installé au chaud dans mon lit et que ça m'énerve de me dire qu'il va falloir que je recommence mon petit cérémonial...
    Au secours, ma petite femme, reviens-moi vite de Pologne, parce que je m'aperçois qu'en moins de deux jours, je commence à attraper des manies de vieux garçon !!!

  • ILS ont encore frappé !


    Dans une note du mois dernier, je m'étais un peu emporté contre certains - je devrais plutôt dire certaine - de mes collègues dont la pensée vagabonde en permanence bien au-dessous du niveau de l'intelligence d'une huître fatiguée. Leur truc, c'est la référence permanence à un ennemi invisible, dont on connaît l'identité qui se résume à un seul mot : ILS !
    Aujourd'hui, la crise de paranoïa a encore provoqué quelques dégâts ! Mais dans sa grande clémence, l'ennem'ILS nous a laissé quelques rarissimes perles dont on ne sait si elles doivent déclencher chez nous crise de fou rire ou larmes de tristesse.
    Je vous plante le décor : il est 8h25, j'arrive au bureau et une bonne partie de l'équipe (5 personnes en moyenne à cette heure), pourtant sensée travailler à partir de 8 heures, a encore le derrière vissé dans le petit réduit jaune criard qu'on appelle "la cafét". Chaque matin, sous l'impulsion perverse des plus aigris, un nouveau sujet de conversation convoque ILS à se manifester. On pourrait appeler ce moment de la journée le café du commerce, je préfère néanmoins le baptiser "commerce du café", car c'est bien entendu ce dernier qui est le prétexte à repousser au plus tard le moment de s'avachir devant son bureau, en attendant la pause bien méritée de 10h30.
    J'arrive, je salue chacun et, juste au moment où je m'apprête à monter au premier étage, voilà... PAF ! - l'ennemi qui s'avance, même pas masqué : il vient de frapper sur la Place Stanislas, dont la rénovation avance à grands pas et qui va redonner à ce lieu historique toute le lustre qu'il mérite. Voitures chassées, pavage identique à ce qu'il était à l'origine, nettoyage des façades, aménagement de trois rues voisines qui deviennent piétonnes elles aussi. Un vrai bonheur de citoyen, une attraction pour les touristes, un sentiment de réussite pour nous, pétitionneurs de la première heure, qui allons pouvoir enfin flâner en ce lieu magique en toute tranquillité.
    Oui mais voilà : ont-ILS vraiment refait la Place à l'identique ? Pas sûr, car ILS disent que c'est faux, d'ailleurs, la preuve, c'est que les pavés sont tellement clairs qu'on en a les yeux éblouis. Et puis, cette légère pente dans le sens de la montée, de l'extérieur vers le centre, là où se trouve la statue du bon roi Stanislas... "Hé, vous vous rendez compte ? Quand on est Rue des Dominicains, on ne voit même plus la Pépinière" (notre parc de centre ville). J'ergote un minimum, étonné de cette vision exceptionnelle : "Ah bon, tu réussissais à voir le Parc depuis le Rue des Dominicains ?"... "Euh, non, enfin, on ne voit plus la façade des Césars" (une pizzeria).
    Ouh la la la la, nous y voilà, on touche à l'essentiel ! C'est l'estomac qui parle... Mais comment elle s'y prend pour arriver à ne plus voir cette précieuse façade ? Elle se couche par terre, sur le ventre, en regardant dans l'autre sens ? Franchement, j'ai beau chercher, j'ai du mal à comprendre.
    Ou plutôt je comprends trop bien : une nouvelle manifestation de la résistance à tout changement. Ah, où est-il le bon temps de la Place Stanislas plane, formidable mini-circuit automodébile pour les brutes épaisses adeptes du sprint en zone urbaine ? Mieux encore, pourquoi ne pas revenir aux années 60, quand la place était non seulement autorisée à la circulation des engins motorisés mais qu'en outre, elle était un magnifique parking, dégueulant de bagnoles à n'en plus finir, reflet fidèle de cette paresse anti-écologique qui vous interdit d'imaginer qu'au-delà de 100 mètres, un trajet ne puisse plus être piéton ?
    Pardon pour cette phrase interminable, mais là... ce matin, j'avais la machine à coups de pied au cul qui me démangeait. J'ai vite quitté le bocal empuanti par la clope et je me suis réfugié dans mon bureau où, histoire de rester en accord avec moi-même, je me suis mis au travail, en rêvant du mois de mai et du jour où je pourrais m'installer au soleil de la Place Stanislas, en sirotant in Ti Punch bien mérité.

  • Jeunesse éternelle


    J'ai du mal entendre... ou plutôt, j'ai trop bien compris ! Nos amis les banquiers nous aiment tellement qu'ils envisagent des prêts immobiliers sur 50 ans, en réponse à la flambée des prix dans ce secteur. Ainsi, les mensualités seront réduites et les jeunes pourront plus facilement acquérir leur premier logement.
    Sont vraiment trop gentils ces gens-là, j'aime beaucoup leur démarche tout empreinte de philantropie au point qu'ils consentent à nous faire ainsi le cadeau d'un radieux avenir. Ou peut-être qu'avec cette espérance de vie qui ne cesse d'augmenter, ils voient là un moyen supplémentaire de grossir le porte-feuille de leurs actionnaires. C'est juste une question de calcul risque après tout. Une histoire de probabilités.
    En plus, comme ça, c'est super chouette car si je sors ma calculette et que je prends l'hypothèse d'un jeune disons de... 25 ans, qui achète son premier logement : "Bonjour monsieur le banquier, je voudrais des sous pour 50 ans siouplaît". Le jeune, pendant 50 ans, il essaie de trouver du travail (pas sûr, ça) et lorsqu'il aura 75 ans, non seulement ce toujours jeune sera propriétaire mais en plus il pourra envisager un nouvel achat car, au rythme où vont les choses (paraît qu'on gagne trois mois de vie par an), il sera parvenu enfin à l'âge adulte et aura devant lui plus de 25 ans à vivre, au bas mot, puisqu'il sera quasi-certain de devenir plus que centenaire. Chouette, tout ça, non ? Et surtout, je suis heureux pour vous les jeunes qui allez pouvoir vous offrir, tous, un véritable parc immobilier pour votre descendance...
    Vraiment, je ne trouve pas les mots... merci mes amis banquiers !
    Y a juste un truc qui me chiffonne... J'avais cru comprendre que les banques contribuaient elles-même un peu à la flambée de l'immobilier... Mais j'ai dû me tromper...

  • La Pravda existe encore, je l'ai rencontrée


    Je rêve… ou plutôt c’est un cauchemar. Quand j’écrivais l’autre jour que je comprenais pourquoi certains, voici maintenant quelques années, voulaient dégraisser le mammouth de l’Education Nationale, je n’imaginais pas à quel point les faits allaient encore me donner raison.
    Je vous situe le problème : je bosse moi-même dans l’Education Nationale, au sein d’une unité dont la mission est d’éditer des publications destinées aux élèves, aux enseignants, à tous les prescripteurs des informations utiles au bon déroulement de la scolarité de notre irremplaçable jeunesse. J’essaie de faire mon boulot du mieux que je peux, sans réellement être téléguidé par un « plan de carrière », en conservant en filigrane l’idée du service public, donc du service à rendre aux publics. Appartenant à l’Education Nationale, je suis également affilié à un régime de sécurité sociale et une mutuelle spécifiques, cette dernière nous faisant parvenir chaque mois une revue d’informations. Jusque là, rien de bien passionnant… Sauf que dans son dernier numéro, ce magazine a consacré deux pages à la maison pour laquelle je travaille avec interview et photo de notre vénéré directeur, pour vanter les mérites d’un nouveau dispositif d’information mis à la disposition des établissements scolaires. M’enfin, « mis à la disposition », c’est d’ailleurs un peu exagéré car la chose est à vendre, mais ceci est une autre histoire.
    C’est là que les choses se gâtent. Non pas en raison de l’article lui-même, plutôt bien fait, informatif et reflet assez fidèle des objectifs fixés par la nouveauté présentée. Non, le truc qui énerve, il est ailleurs, pas très loin mais franchement, il vous donne l’envie de coller des baffes à ceux qui, parfois, semblent appartenir à un vieux système post-soviétique digne des plus belles heures de la Pravda.
    Imaginez que la semaine dernière, l’ensemble des responsables de nos Délégations Régionales ont été convoqués en binôme à une réunion au siège de la Direction pour entendre, comme à l’habitude dans un silence religieux, l’échine courbée, la bonne parole et se voir confier la mission de nous communiquer les lignes directrices de la politique éditoriale de notre chère boutique. Chaque participant s’est vu remettre un dossier composé de différents documents, parmi lesquels un exemplaire de la revue mutualiste célébrant notre Directeur et son nouveau jouet ! Jusque-là, on sent que le terrain, petit à petit, se mine, mais rien de bien extraordinaire… sauf que… pour chaque exemplaire, soit plus de 60, un(e) gratte-papier (quoique dans le cas qui nous occupe, il s'agirait plutôt d'un colle-papier...) avait eu pour mission essentielle de coller un post-it sur la page consacrée au grand chef, car on n’imagine bien que notre aréopage était dans l’incapacité de découvrir lui-même la noble prose !!!
    Ô bonheur, ô joie ! Imaginons le plaisir de nos hiérarques, ouvrant leur dossier, découvrant le petit autocollant jaune, et le sourire béat du grand Maître !
    Je vous donne peut-être l’impression de plaisanter sauf qu’en l’occurrence, voilà l’exemple même de fonctionnement qui me laisse penser que non seulement :
    - y a des coups de pied au cul qui se perdent ;
    - on gaspille l’argent du contribuable ;
    - pourquoi personne n’a-t-il fait la moindre remarque face à une telle dérive autocratique ?
    Ça ne vous énerve pas, vous, un truc pareil ?

  • Le dessus de la pile


    Il y a moins de deux semaines, je vous avais parlé de "Quarantaine", un livre de Jim Crace que j'avais acheté comme ça, subitement, par un après-midi de beau temps, un vendredi estival, un jour de ciel bleu.
    Mais hier, j'ai une fois encore été victime de mon syndrôme préféré, celui de la pile à ordre variable... Laissez-moi vous expliquer.
    Alors qu'une fois encore je flânais quelques minutes au rayon bouquins d'une "grande surface culturelle", je tombe nez à nez avec la réédition en collection de poche d'un bouquin de l'écrivain américain Pat Conroy, "Le prince des marées". Or, je garde depuis près de sept ans un souvenir formidable d'un autre livre du même auteur, "Beach Music". Pat Conroy, ce sont de grandes et belles histoires (certains le disent héritier de Faulkner et Tennessee Williams, mais je me garderai bien de donner mon opinion, car je ne connais pas suffisamment ces derniers...), ce sont des personnages qui aiment, qui souffrent, qui rient, c'est une Amérique dite profonde (ici, l'histoire se déroule en Caroline du Sud), à des années lumières de la nation triomphante que nous desservent les Bush-médias à longueur de CNN ou Fox News... Pour ne rien gâter, Pat Conroy écrit de gros pavés, ce "Prince des Marées" compte plus de 1000 pages et c'est le genre de détails qui me font un peu saliver car je sais que je vais pouvoir passer un bon paquet d'heures immergé dans une grande histoire dont je sortirai un peu lessivé mais avec l'impression d'avoir côtoyé des êtres humains à la fois proches et pourtant tellement extra-ordinaires !
    Donc, vous avez compris, j'ai acheté ce livre (10,36€ - 10€ de chèque cadeau = 0,36€, ça fait pas cher la page, vous en conviendrez) et je l'ai aussitôt placé en deuxième position sur ma liste de bouquins en souffrance, juste sous "Quarantaine" dont il était question un peu plus haut, ce livre dont il me reste un peu plus de 200 pages à lire.
    Seulement voilà : ce "Prince des Marées" a commencé à me narguer... Je le voyais, là, confortable, dodu, avec ses histoires qui commençaient à suinter, à me tendre les bras. Alors je l'ai empoigné, j'ai regardé l'illustration en première de couverture, j'ai relu le résumé, miam miam, y a bon cette histoire. Et puis je suis allé cherché mes lunettes, j'ai allumé une lampe, vous savez, celle qui est juste à côté du fauteuil club en cuir rouge, celui qui, justement, est là pour vous installer confortablement dans la peau d'un lecteur tranquille. Et j'ai commencé à entre dans l'histoire.
    Trop tard, j'étais contaminé : adieu, non plutôt au-revoir "Quarantaine", ce sera pour plus tard, désolé, le gars Conroy m'a encore eu, je sais déjà que cette histoire va me happer durant un sacré moment, que je n'aurai de cesse, chaque soir en posant le livre pour dormir, de le retrouver le lendemain pour continuer.
    C'est un peu mon travers, ça, plusieurs bouquins entamés, des histoires qui risquent de se mélanger, une certaine impatience parfois en mettant le nez sur un livre auquel je ne pensais pas quelques minutes auparavant et qui emporte tout avec lui. Comme s'il était là exprès pour moi, comme si nos routes devaient se croiser.
    C'est idiot ce que je raconte... c'est en pleine contradiction avec une précédente note, celle où je disais que je ne croyais pas à une certaine prédestination. M'en fous, même mes contradictions, je les assume.
    Profitez-en, c'est mon jour de bonté !!!

  • Déblogage


    Je m'aperçois que je n'ai rien écrit depuis plusieurs jours... Dans un premier temps, je me dis : "Euh, pas bien, tu te fixes des objectifs et moins de trois semaines plus tard, ça y est, ça commence à patiner, le rythme s'est ralenti jusqu'au stade de la sécheresse."
    Peut-être. N'empêche qu'il y a comme des moments où l'on se dit qu'un blog doit rester au minimum un plaisir (celui d'écrire évidemment) mais qu'il ne doit pas non plus être suspendu, menaçant, au-dessus de votre tête. Alors j'assume ma non productivité, et je reconnais m'être consacré à d'autres activités : l'écriture d'un article consacré à Simon Goubert pour le deuxième numéro d'Ascension, un petit lifting apporté au site Web de mes amis du groupe Setna, du temps consacré au site de Seventh Records et puis... une petite cure de cinéma durant le week-end pascal (faudra que je vous parle du cinéma, un jour).
    Et je ne sais pas pourquoi je présente ainsi mes excuses, c'est mon blog à moi après tout !

  • Contretemps


    Après quelques commentaires politico-économiques nous expliquant que le référendum sur la constitution européenne est comme prise en otage par les français qui veulent ainsi signifier au gouvernement qu'ils se sentent méprisés par une certaine suffisance de nos dirigeants (la chose n'a pas été ainsi dite, je la traduis à ma manière même si, au fond, les deux se valent), j'entends ce matin à la radio qu'après la période des soldes, la consommation des français a subi un fort ralentissement. Somnolant comme à l'habitude devant mon mug de café aux couleurs des Simpsons (le mug, pas le café...), je suis en train de me rendre compte que, selon une redoutable mécanique, j'ai - une fois de plus - réussi l'exploit de ne commettre aucun achat particulier pendant ces six semaines de folie et qu'au contraire, j'ai payé "plein pot" quelques coûteux oripeaux voici peu de temps. Levant avec une certaine difficulté le nez de son bol de céréales aux pépites de chocolat, j'entends Tagada me dire qu'une telle remarque devrait faire l'objet d'une note dans mon blog...
    "Mouais", réponds-je laconiquement. Faut voir, ou plutôt, faudrait écrire...
    Alors si je pense aux soldes, ai-je vraiment quelque chose d'intéressant à dire ? Hmmm, pas sûr, même si me reviennent à l'esprit deux ou trois remarques qu'il m'est arrivé de faire en direct et en pensée au plus chaud de la bataille de ce sommet de la consommation... Je pense savoir pourquoi je fuis devant cette armée d'acheteurs levée sans difficultés par les hypermarchés, les grands magasins et autres boutiques.
    Avez-vous déjà vu un reportage vous montrant comment, dès 7 heures du matin, soit plus d'une heure avant l'ouverture, un bataillon entier de caddies fumants trépigne devant les grilles d'un Auchan, Leclerc ou Carrefour ? Ils sont là, tels les Schumacher des grandes surfaces, on sent les roues qui chauffent, la concentration est à son maximum ! Attention, bientôt le feu vert, les grilles se lèvent, les bolides vrombissent et c'est le départ, dérapages contrôlés dans les allées, chocs, accidents même, chutes vertigineuses, engueulades, tous au rayon hi-fi électro-ménager !!! On va l'avoir notre lecteur de DVD, notre téléviseur à écran plat (ce qui paraît un minimum compte tenu du nombre d'heures creuses qu'on pourra y mirer, faudrait inventer l'écran creux), notre lave-linge programmable six mois à l'avance, notre robot magique "deux minutes pour le jus de fruit, trois heures pour laver les ustensiles" ! Et je te roule dessus, et j'attrape au vol le carton, porté sur la tête, j'enfourne dans le caddie, je fonce au rayon suivant, ouais, JE SUIS LE PREMIER !!! A moi la caisse, attention, la carte bancaire va fumer encore plus que le bolide !
    Cet héroïsme consumériste me plonge dans des abîmes de perplexité... Je suis toujours effaré de constater à quel point il est possible de "téléguider" des gens par millions, de les entraîner vers des actes qui leur deviennent subitement une nécessité au point qu'on se demande si, en nos sociétés dites évoluées, nous n'avons pas atteint un point de non retour...
    Je ne suis guère plus à l'aise au milieu de ces innombrables hommes et femmes picorant frénétiquement dans les magasins de vêtements, retournant des piles entières de fringues fabriquées spécialement pour l'occasion. Ces vêtements qui, subitement, font leur apparition dans les rayons, comme par miracle et qu'on nous annonce à prix bradés.
    Moi, j'ai besoin de calme, il faut que la vendeuse (vendeurs, passez votre chemin, depuis mon enfance où un dentiste aux bras velus m'a fait souffrir infiniment et pour l'éternité, je ne supporte plus les commerces de quelque nature que ce soit me mettant aux prises avec un mâle...) s'occupe de moi exclusivement, il faut qu'elle puisse subir les innombrables stupidités que je ne vais pas manquer de lui débiter, elle doit me dire que je suis mince, que je ne fais pas mon âge, que j'ai de l'humour, qu'on ne doit pas s'ennuyer avec moi... bref que je suis le plus beau, le meilleur des clients... et ainsi, elle peut me fourguer beaucoup plus de vêtements que je n'avais l'intention d'en acheter en entrant dans le magasin... et au prix maximum, s'il vous plaît.
    Je me demande si le vrai couillon, finalement, ce n'est pas moi... promis, je vais passer mon permis de caddie, je vais m'entraîner comme un fou, me mettre au régime, avoir la super forme et l'année prochaine, je serai en pole position devant la grille, je vais battre le record du monde du Leclerc, je vais acheter des tas de trucs dont je n'aurai pas besoin, mais j'm'en fous : je serai enfin LE PREMIER !


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