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CogitoChronique - Page 5

  • Errances automobiles


    J'ai mis à profit ce week-end estival pour explorer deux ou trois méandres de notre chère contrée Lorraine : quoi de plus exaltant, en effet, que de profiter d'un soleil toujours aussi estival pour découvrir quelques joyaux locaux, quelques trésors cachés... vous savez, ces hauts lieux touristiques que le monde entier nous jalouse ?

    Première phase : samedi après-midi !
    Devant nous rendre à Metz (à des fins lèche-vitrinesques mais aussi un peu musicales), nous avons profité de l'occasion pour mettre au point l'itinéraire le plus rapide nous conduisant de chez nous au collège Paul Valéry de Metz, là où miss Tagada et ses congénères doivent, comme on dit, subir les épreuves de l'agrégation d'anglais. Itinéraire Mappy en main (enfin, pas les miennes car je conduisais), nous suivons à la lettre les instructions données par le robot et... petit à petit, notre inquiétude grandit. Pas là tout de même ? Non ! Ben si... Imaginez le bâtiment le plus reculé d'une zone probablement très sensible, un collège méthodiquement éloigné de la gare SNCF (entre quatre et cinq kilomètres), une zone totalement dénuée du moindre charme... Et bien, mes amis, c'est là, vous y êtes, terminus, tout le monde descend ! Je ne voudrais pas jouer les fines gueules, mais tout de même... Par quelle aberration administrative, sous l'impulsion de quel gratte-papier bien au chaud derrière son bureau a pu germer une initiative aussi incongrue ? Qui peut avoir pris une telle décision et pour quelle raison ? Pour bien montrer à ces frimeurs d'agrégatifs le monde réel, celui qu'ils ne connaitront peut-être jamais ? Pour les punir d'avoir révisé, potassé, accumulé les insomnies ? En outre, je réfléchis rapidement et je me dis que les dates des épreuves écrites ne tombent pas pendant les congés scolaires, par conséquent, les "examinés" vont devoir, quatre jours consécutifs et durant sept heures d'affilée, travailler dans le bruit !!! C'est un peu comme si, quelque part, tapi dans l'ombre, un obscur rond-de-cuir avait voulu se venger et faisant montre d'une stupidité sans égale... Il y a des moments où je me dis que lorsqu'un certain Allègre parlait de "dégraisser le mammouth", il parlait avec la voix de la raison, et je le dis avec d'autant plus de détachement que j'appartiens au bestiau en question. Je suis même bien placé pour savoir à quel point, dans ma propre maison, une cure d'amaigrissement serait bénéfique... Mais ce n'est pas le sujet du jour.

    Phase 2 : dimanche après-midi !
    Le temps étant toujours au beau, un besoin de nous coltiner Dame Nature se fait jour en nous ! Allez, hop, pas de quartiers, je démonte les sièges arrière de la Y a K.Amobile, j'y installe à la place deux vélos aux pneus dûment gonflés dans les règles de l'art (une pression de 3,5 ATM, c'est écrit dessus) et nous voguons en direction des lacs de Pierre Percée, quelque part entre Meurthe-et-Moselle et Vosges. Balade à pied en forêt, une petite heure de bicyclette (nous n'avons pas la prétention de faire du vélo, il nous manque : le bidon spécial à téter comme un nourrisson, les lunettes panoramiques à verres jaune fluo, le maillot du meilleur grimpeur à pois rouges, le cuissard moule-boules, les chaussures spéciales qui claquent quand on les accroche aux pédales et qui vous font réaliser de magnifiques vols planés dès que vous essayez de marcher avec et surtout... pas eu le temps de me raser les jambes), un truc sympa qui allait nous conduire pour finir vers notre destin : la déviation de Raon l'Etape ! Oui oui... ça existe un truc pareil, Raon l'Etape, c'est une bourgade sise entre Lunéville et Saint-Dié, ça vit sa petite vie tranquille pendant que nous, urbains frénétiques, nous nous coltinons la dure réalité de la ville. Oui, mais voilà, hier, Raon l'Etape était en fête, tout son centre était neutralisé pour je ne sais quelle manifestation en costumes et nous dûmes contourner la chose en suivant - aussi méthodiquement que la veille - les instructions données non par Mappy mais par les panneaux "Déviation". Euh, y aurait-y pas un léger problème, une couille dans le potage comme aurait dit mon grand-père (je ne l'ai jamais entendu dire une telle chose mais ça m'arrange de lui prêter ce genre de propos, car ainsi, je peux l'écrire sans être taxé de vulgarité, puisque ça vient de mon grand-père. CQFD) ? Parce que là, la déviation vient de nous faire faire un demi-tour complet !!! Bien oui, le supermarché Leclerc, c'est par là qu'on est arrivés. Ah ouais... Bon, ben, on recommence ou plutôt, on va demander au gentil petit flic qui fait le planton s'il y a une solution... Là, ma femme lui explique le truc bizarre, elle lui dit aussi que nous souhaitons rentrer à Nancy... Visage interloqué de notre interlocuteur ! Visiblement, les organisateurs de la manifestation et de la déviation n'avaient pas imaginé une seule seconde qu'un nancéen puisse sinuer dans les rues de Raon l'Etape ! Quand je vous dis que cette mégalopole vit sa petite vie tranquille, dans le coin, ils n'ont même pas l'air de connaître Nancy !!! "Ah, oui, Nancy..." Le planton-gentil réfléchit quelques secondes et trouve la solution : "Vous suivez la direction Saint-Dié" ! Oui, mais... on en vient de cette direction, m'sieur ! "Pas grave, suivez Saint-Dié, rattrapez la voie expresse et à la première sortie, vous rentrez"... Gasp... Sont compliqués les zigotos mais bon, ça y est, on a pigé le truc : vous nous dites qu'il faut d'abord qu'on s'éloigne et dès que possible, on repart dans l'autre sens et on rentre à toute allure, on fonce comme des malades et on ne regarde même pas Raon l'Etape de loin, on vous laisse tranquilles, faites la fête sans nous, ce sera mieux. De toutes façons, on n'a pas le temps ce soir, c'est cinéma ("De battre mon coeur s'est arrêté", bien, très bien même) et on voudrait pas déranger.
    Et puis, faut qu'on garde des forces pour retourner au collège Paul Valéry de Metz, c'est trop de la balle ce coin là, je crois même que je vais y emmener Tagadaughter tous les jours tellement je me suis éclaté dans cet endroit de rêve...

  • Connaissance et sensualité

    Vendredi après-midi, je me suis acheté un livre. Oui, et alors, me direz-vous ? Bonne nouvelle, il avait un peu de temps, il s’est rendu au rayon bouquins dans un magasin dont, pourtant, il essaie de limiter au maximum sa contribution au chiffre d’affaires. On est content pour lui, tant mieux.
    Mais qu’est-ce que vous êtes susceptibles ? C’est le soleil qui vous tape sur la tête, vous ne supportez pas le passage brutal de l’hiver à l’été ? Vous en avez marre de voir la tête de Rastaffarin et du baron Machin, vous savez, l’ultra-libéral qui a su trouver en son temps les fonds publics pour renflouer son navire familial ? Oh, c’est pas grave, je vous disais cela uniquement pour vous faire part d’une certaine forme de relation que j’entretiens avec les livres et qui me paraissait un tout petit peu digne de retenir votre attention. Ceux qui m’aiment me suivent et hop !
    Donc, j’étais là, devant des centaines de bouquins étalés non sans une certaine indécence, j’avais dans l’idée de lire plutôt un roman, plutôt anglo-saxon et plutôt en collection de poche (c’est quand même moins cher…). Mon œil a parcouru rapidement les piles de hauteurs et de tailles variables, j’ai repéré une couverture plus sympa que les autres, un paysage désertique, des tons allant du beige au brun et j’ai empoigné la chose. Bonne souplesse sous la main (important, ça, la souplesse, parce que quand je lirai dans mon lit, le bouquin ne refusera pas obstinément de rester ouvert, une typographie lisible sans lunettes (ben oui, à 47 ans, il faut accepter de faire quelques concessions et je me suis vu contraint, voici 18 mois, de chausser des loupes pour m’adonner à la lecture), l’idée aussi que le texte n’est pas suffisamment dense pour vous faire tourner les pages une ou deux fois par demi-heure seulement (moi, j’aime bien tourner souvent les pages d’un livre, je lutte ainsi mieux contre le sommeil qui me gagne). En quatrième de couverture, je lis le «pitch», comme dirait l’autre, je constate que le sujet m’intéresse : il s’agit de l’histoire de cinq pénitents qui tentent de survivre durant l’épreuve de la quarantaine, il y a deux mille ans, dans le désert de Judée. Je ne connais pas l’auteur, mais il est anglais, un certain Jim Crace (ce qui me le rend tout de suite sympathique car il est le quasi-homonyme de Jim Croce, un chanteur américain que j’aimais beaucoup et qui, comme d’autres grands, est mort brutalement dans un accident d’avion, vous voyez ici à quel point mon esprit est un peu torturé...) né en 1946. Enfin, le titre est «Quarantaine» et voici qui me correspond bien, pour 3 ans encore, même si je sais qu’il ne s’agit de MA quarantaine à moi tout seul.
    Tout cela pour, finalement, dire que j’entretiens avec les livres une relation visuelle, tactile, olfactive même (vous ne respirez pas un bouquin au moment de l’acheter ?) et que je suis persuadé qu’en notre époque de haute technologie et de dématérialisation des supports (celle qui gagne la sphère de la musique notamment, mais qui peut être combattue dès lors qu'un vrai effort est fait dans la présentation, et accessoirement le prix, il suffit pour s'en convaincre de voir le dernier coffret consacré à Charlie Parker dont j'ai déjà parlé ici. Ce coffret donne à lire, à voir et à toucher tout autant qu'à entendre), l’objet livre a encore de beaux jours devant lui. D’ailleurs, les tentatives qui ont vu le jour jusqu’à présent se sont soldées par des échecs, me semble-t-il. Je ne crois pas que les e-books aient connu un franc succès : il leur manque une âme, un parfum, un douceur au toucher qui les rendent uniques. Vous vous imaginez, vous, au lit ou sur la plage, en train de lire sur un écran qui sera probablement illisible la plupart du temps ? Ne tournant plus les pages mais appuyant du doigt sur le bouton «Page suivante» ? Incapables de mesurer le chemin qui vous reste à parcourir jusqu’à la fin ? Nan nan nan… je ne suis pas vieux jeu en disant cela, je suis quasi certain d’avoir raison. Il nous faut préserver cette alliance magique entre connaissance et sensualité !
    Le livre est plus menacé par la propagation de l’inculture auprès des générations en devenir par les médias mercantiles que par un hypothétique transfert des textes vers des supports numériques (bien utiles, quant à eux, pour archiver).
    Et puis, quelle que soit la stratégie implacable de la communication mise en place à l’échelle de la planète qui a su créer le besoin autour de ces livres, quel bonheur tout de même de voir tous les gamins du monde se précipiter avec leurs parents pour acheter le dernier tome d’Harry Potter ! On les imagine, rentrant chez eux, se nichant dans leur chambre et se mettre… à lire, tout simplement, télévision éteinte ! Alors je me dis qu'avant-hier, devant tous ces bouquins, peinant à choisir, j'étais un peu comme eux, à la recherche de cette magie de l'imaginaire que seuls les livres et ceux qui les écrivent peuvent nous transmettre.

  • J'ai un peu mal à l'Europe


    Je pense vraiment être animé d'un sentiment d'appartenance à l'Europe et je ne souhaite qu'une chose : que les citoyens des différents états de l'Union Européenne aient le sentiment d'appartenir tous à une même communauté, dans le respect de leurs différences. L'Europe source de paix, j'y crois et je nous souhaite à tous de vivre en un grand espace libéré des guerres et des génocides.
    Je crois également vivre en bon européen, il m'est arrivé de voir ici, chez moi, des allemands, des anglais, des polonais, il y a même bien longtemps, nombreux étaient les étudiants de bon nombre de pays venant nous rendre une petite visite. Ma femme, titulaire d'un diplôme d'un Centre Européen Universitaire, travaille dans un établissement scolaire où les échanges avec d'autres pays font partie du programme depuis bien longtemps. Mes enfants connaissent l'Europe, ils sortent de nos frontières, pas forcément pour aller à l'autre bout du monde, mais de façon bien plus naturelle que nous ne l'aurions fait à leur âge. Pas de frontières, une même monnaie, on bouge, librement, c'est l'Europe qui se crée, jour après jour. Et c'est tant mieux.
    Et pourtant... je commence à détester cette autre Europe qu'on nous construit, celle où nos hommes politiques, dépouillés depuis belle lurette du vrai pouvoir économique, ne peuvent plus que constater les premiers dégâts.
    On ne me parle que d'un Europe du libéralisme, de la circulation la plus libre possible des capitaux... on me parle bien peu des hommes et des femmes. L'argent, l'argent, le profit, les actionnaires, la concurrence...
    Dernière trouvaille en date : la directive Bolkestein ! Ainsi, à moins que je n'aie rien compris, il s'agit pour des entreprises de pouvoir s'implanter dans tout pays de la communauté européenne en appliquant les règles de leur propre pays pour tout ce qui touche au droit du travail. Encore une attaque frontale contre ce que certains appellent une "Europe sociale". Encore le pouvoir de l'argent qui brandit ses menaçantes délocalisations, sous une forme plus pernicieuse.
    Mes années d'études en sciences économiques sont maintenant très loin, peut-être n'ai-je rien compris mais je ressens un vrai malaise en entendant toutes ces "avancées" qu'on nous promet.
    Déjà que je suis bien incapable de savoir quel bulletin de vote je vais glisser dans l'urne... D'un côté, mon sentiment d'appartenance à l'Europe me pousserait à voter "OUI" mais... oui, car il y a un mais... comment faire comprendre que mon OUI veut dire OUI à une Europe qui avance en respectant les hommes et les femmes, mais pas un OUI à cette marchandisation des personnes ? Comment, par ailleurs, faire savoir que mon OUI ne sera pas un bulletin à mettre au crédit de l'actuel gouvernement (parce que Chirac, il me semble bien qu'il y a trois ans... il a un peu trop vite récupéré mon bulletin aux élections présidentielles).
    J'ai vraiment peur de me faire avoir une nouvelle fois. Et cette fois, je ne veux pas que le sourd de l'Elysée et le bossu de Matignon se paient ma fiole...
    Alors voter NON ? C'est tentant mais il reste ce soupçon de gêne qui me gagne à dire NON à l'Europe, parce que c'est le contraire que je souhaite.
    Et puis... un référendum, c'est bien, mais qui aura lu le projet de constitution ?
    Pour l'instant, j'en suis à un NON qui l'emporte légèrement sur le OUI...
    C'est énervant tout ça... si quelqu'un veut bien éclairer ma lanterne... il vous reste jusqu'au 29 mai pour faire avancer le débat !!!

  • Vivement l'hiver !


    Allez hop, c'est le printemps depuis ce matin : ciel bleu, températures à la hausse, il paraît que tout le monde va subitement être de bon poil, alors que pour moi, les temps difficiles commencent.
    Imaginez un peu le calvaire que doit endurer un techno-man de mon acabit : le froid de l'hiver (qui, je le rappelle à ceux qui ne sont pas lorrains, dure ici de la mi-septembre à fin juin) est la raison objective qui vous pousse à vous engoncer dans un bon gros manteau et donc d'un vêtement aux poches multiples. Le bonheur, car tout y trouve sa place : le boîtier à lunettes (ben oui, je sais, c'est l'âge), le portefeuille, le porte-monnaie, le téléphone, le baladeur mp3, les stylos, la clé USB, l'agenda, le trousseau de clés ! Oui, mes amis, l'hiver est la saison bénie du vêtement mains libres !
    Alors que depuis ce matin, un seul petit blouson est suffisant pour affronter les sourires radieux de mes contemporains. Tout léger, avec deux pauvres poches dans lesquelles on hésite même à glisser un paquet de mouchoirs en papier. On contemple les poches latérales de son pantalon et on repousse l'idée de les remplir, de peur d'afficher un look baroudeur façon "Gérard Holtz au Paris Dakar". On charge un sac de l'essentiel, on fourre n'importe où, de rage, on ne retrouve plus rien, c'est un véritable chemin de croix.
    Où sont mes pooooooches ?
    Il fallait me voir à midi quittant le boulot, le sac aux armes de mon employeur en bandoulière, mon ordinateur portable à la main, puis, quelque temps plus tard, en bon français, deux baguettes maintenues en vie par les hasards de l'équilibre d'un humain désemparé, cherchant les clés pour enfin... m'effondrer chez moi et déposer tout mon paquetage. Alors qu'avant-hier encore, je sentais tout contre moi, bien nichés dans les 15 poches internes de mon manteau, tout ce qui fait ma vie d'homme contemporain.
    Heureusement, cette maudite saison de douceur et de ciel bleu n'aura qu'un temps, elle durera encore moins longtemps que la dernière fois et, enfin, je redeviendra un citoyen aux mains libres.
    Vivement le mois de septembre, vivement l'hiver prochain !!!

  • Classons...


    Je pense que je vais en décevoir certain(e)s, mais je ne peux vous cacher qu'hier soir, j'ai commis l'erreur de m'avachir dans mon beau canapé rouge tout neuf pour contempler le triste spectacle de notre télévision de service public. Je dis bien erreur car avant même de regarder la boîte à images, je savais à quoi m'attendre et pourtant, dans un élan de masochisme incontrôlé, je me suis laissé aller...
    Puissiez-vous me pardonner ! Juste une circonstance atténuante néanmoins : je n'ai pas été capable de regarder la chose jusqu'à sa fin tardive, faut quand même pas exagérer.
    Résumons les faits : France 2 nous avait délégué deux officiants, Michel Drucker (le gentil Michel Drucker, n'oublions jamais que Michel Drucker est gentil) et Thierry Ardisson (pauvre Ardisson, pitoybale, qui se croyait obligé de ponctuer chacune de ses interventions d'une lourde vanne généralement localisée au niveau de la ceinture) pour commenter les résultats d'un classement des 100 plus grandes personnalités de l'histoire de France, sur la base d'une enquête menée auprès d'un échantillon de 1038 personnes, soi-disant représentatives de l'ensemble de la population française. Tout ce monde était confortablement installé au Sénat, en présence d'un public composé de différentes sommités (Yves Duteil, David Douillet notamment) venues là en leur qualité d'experts pour apporter leurs commentaires éclairés.
    Une première question me taraude néanmoins : où donc étaient passés Jean-Luc Delarue (et son oreillette, ses fiches, son stylo, son débit), Laurent Ruquier (et ses tristes calembours permanents) et Daniela Lumbroso (déléguée à la culture de France 2) ? pourquoi nous avoir privé de leurs bons services ?
    Je m'égare... ainsi donc, au gré des heures (à 23h30, ce n'était pas fini, va savoir jusqu'où les courageux téléphages ont dû veiller...), on nous a expliqué qui comptait vraiment dans l'histoire de notre beau pays, la FRANCE !!! Je ne vous garantis pas une restitution fidèle de cette momentable soirée mais, entre deux accès de somnolence (Les Inconnus avaient inventé une expression qui me plaît beaucoup : une boulimie de nonchalance), un oeil fermé, l'autre à moitié ouvert, je crois avoir retenu l'essentiel : Michel Sardou, Raymond Poulidor, Renaud, Francis Cabrel, Michel Sardou, Aimé Jacquet, Patrick Poivre d'Arvor et... Michel Drucker himself !
    J'exagère ? Oui, incontestablement puisqu'entre ces personnalités essentielles s'étaient glissées quelques erreurs de casting comme Vercingétorix, Clémenceau, Jeanne d'Arc, Jean Renoir, Claude Monet, Emile Zola, Simone Veil, Jean Racine, Jean Moulin et quelques autres dont l'influence est, on le sait, mineure dans la vie de l'Hexagone depuis des siècles.
    Forcément, au bout d'un certain temps, on craque et l'on se dit que si l'échantillon est vraiment représentatif, alors nous, braves Français, avons une perception de notre histoire pour le moins incongrue, qui vous fait privilégier le présent, le futile, l'accessoire au détriment de ceux qui ont été de véritables forces d'impulsion à travers l'histoire. Non pas que ces derniers se soient trouvés absents du classement, mais bien trop largement sous-représentés au regard des chanteurs de variété et des sportifs par exemple. Je ne sais plus qui, à un moment, a dit que la présence de ces derniers était importante parce qu'ils "faisaient rêver". Ah oui ? Est-ce qu'ils ne contribueraient pas un petit peu aussi à l'endormissement général ? Non ? Ah bon, pourtant, il m'avait semblé...
    Et puis, à quoi bon un classement ? On veut quoi à la fin ? A quoi tout cela peut-il bien servir, en dehors d'occuper une soirée entière de télévision ? Je cherche la réponse à cette question, mais je ne trouve pas, j'imagine que cette statisticomania doit bien répondre à un besoin profond chez nous, une nécessité de mettre en ordre le brouillard des pensées de nos contemporains, peut-être est-ce que bon nombre d'entre nous trouvent ces palmarès rassurants...
    Alors j'ai tout stoppé, ma patience a tout de même des limites, et je me suis mis "Le pas du chat noir", le très beau disque d'Anouar Brahem, entre les oreilles...
    Dommage qu'il ne soit pas français, celui-là, je l'aurais bien mis dans les 100 premiers. Mais non, je rigole !

  • Où es-tu mon Gaillard ?


    Ce matin, comme chaque matin d'ailleurs, j'essaie péniblement de m'extraire des limbes nocturnes devant un bon gros mug plein d'un non moins bon café, et la radio (France Inter en l'occurrence) fait défiler tout doucement son cortège d'informations plus ou moins catastrophiques (au menu du jour notamment : les prévenus du procès des pédophiles qui tombent dans les pommes à la lecture des faits, les treize morts dans une maison de retraite près de Nancy et, le plus important, la défaite de l'A.S. Monaco en coupe d'Europe de baballe), histoire de bien vous mettre en forme pour la journée. Un oeil à moitié fermé, l'autre à peine ouvert, je scrute le paysage, j'observe la grisaille qui nous entoure, bref je me motive.
    Heureusement, il est 7h25, l'heure du bonheur, le moment tant attendu de la chronique économique d'un dénommé Jean-Marc Sylvestre ! Ah, le brave homme pour qui la planète n'est qu'une vaste et unique entreprise, avec de gentils actionnaires qu'il faut bichonner, l'oeil rivé sans interruption sur le thermomètre de leurs dividendes. Ce type-là nous brosse le portrait d'un monde où, finalement, l'humain est avant tout un empêcheur de tourner en rond, avec ses revendications sociales, ses grèves à répétition, ses exigences, sa prétention à penser qu'il pourrait peut-être encore occuper une place au sein du grand échiquier de la mondialisation. En d'autres termes, qui ne fait rien qu'à embêter les pauvres détenteurs du capital, qui ont pourtant déjà tant de mal à consolider leurs profits... Alors que l'être humain, le vrai, le seul, c'est celui qui se vend au prix le plus bas (ah, nom d'un chien, pourquoi ne sommes-nous pas tous Chinois ? on bosserait en silence, pour pas cher, la France serait le pays de la croissance), qui ne râle pas, qui jamais ne se met en grève, qui VEUT travailler plus, toujours et encore. Au lieu de quoi, nous, méchants Français, sommes d'incurables paresseux, des hédonistes qui privilégieraient leur plaisir avant tout.
    Chaque semaine cependant, le vendredi, la chronique de JMS devient un débat, parce qu'un contradicteur vient opposer au gourou de l'ultra-libéralisme quelques arguments post-universitaires qui, jamais, n'ébranlent les convictions de notre bonhomme. Vaine tentative, inutile diversion, pourquoi donc chercher ailleurs puisque nous sommes en présence de LA vérité ?
    Pfff... c'est d'un cynisme, d'une tristesse ! Ce mec-là est dans sa bulle dorée, il vit un monde virtuel fait de bilans comptables et de budgets prévisionnels dans lequel la France est, on s'en doute, le plus mauvais des élèves.
    Tiens, j'en viendrais presque à regretter les chroniques boursières d'un autre personnage de notre radio dite de service public, Jean-Pierre Gaillard : celui-là, à force d'être pathétique, il nous devenait presque sympathique. Quel bonheur de l'entendre débiter les cours de la bourse comme d'autres liraient leur bréviaire ou égreneraient leur chapelet ! C'était comme une étrange mélopée, envoûtante, mystérieuse. Et puis, ce Gaillard était à l'évidence un être humain sensible : on le sentait personnellement affecté lorsque le CAC 40 était orienté à la baisse ou, au contraire, joyeux quand il évoluait à la hausse. Ses souffrances, ses douleurs transpiraient à travers les ondes, on aurait voulu venir à son aide ou lui taper sur l'épaule. La Bourse, c'était comme son jouet et on l'admirait de pouvoir tout nous expliquer, avec les mêmes arguments : les prises de bénéfices, les inquiétudes des marchés (qui semblaient vivre leur existence propre, comme s'ils avaient acquis leur autonomie), les attentes de résultats de l'économie américaine ou des analyses de la Réserve Fédérale, la parité dollar / euro. Cerise sur la gâteau, un même argument pouvait nous expliquer un jour une hausse et quelque temps plus tard une baisse ! Qu'importe, l'essentiel était de vivre avec passion ce monde qui, pour le coup, n'était plus celui de la sinistre et austère Entreprise de Monsieur Sylvestre mais au contraire l'univers ludique d'un gigantesque Casino, promesse du bonheur éternel pour qui savait en franchir les portes.
    Oui, mais Jean-Pierre Gaillard n'est plus là, c'est aujourd'hui un retraité... son silence est trop cruel, et moi je veux qu'on me rende mon Casino quotidien, ma roue de la fortune boursière.
    Ah, ces maudits Français qui veulent partir en retraite ! Dire que sans eux et leurs exigences stupides, mon Gaillard serait peut-être encore là à me sussurer doucement au creux de l'oreille le doux chapelet de ses valeurs boursières...

  • Rébellion chorale

    J'apprends ce matin que la famille d'un des enfants ayant chanté dans la chorale du film "Les Choristes (9 millions d'entrées en salle à ce jour) veut intenter un procès aux producteurs (en l'occurrence la société de Jacques Perrin) car elle s'estime lésée dans cette histoire. Jacques Perrin ne semble pas en cause dans ce possible imbroglio, mais il aurait, aux dires de l'avocat de la famille plaignante, commis l'erreur de signer un contrat avec la chorale en tant qu'entité (pour la modique somme de 150000 €) au lieu de le faire avec chaque enfant (ou précisément sa famille) individuellement... Arrrhhh, comme l'argent aiguise les appétits ! On nous referait le coup de "Être et avoir", ce film documentaire supposé confidentiel et artisanal qui avait si bien cartonné que le personnage principal, l'instituteur, avait lui aussi voulu récupérer sa part du gâteau ?
    Pour être franc, tout cela m'indiffère, sauf que, avec cette bagarre qui s'annonce... peut-être qu'un jour ON NE NOUS HARCELERA PLUS AVEC CETTE P... DE CHANSON DES "CHORISTES" QU'ON NOUS INFLIGE DEPUIS DES MOIS !!! Je croise les doigts, je touche du bois... Euh non, c'est faux, je ne suis pas superstitieux, ça porte malheur. Non, tout simplement, j'espère !
    Et pour le reste, je crois me souvenir qu'ayant vu "Les Choristes" plusieurs semaines avant sa sortie officielle en salle, je m'étais dit que nous tenions là un gentil film digne des soirées du samedi sur France 3, vous savez, le style "terroir", la nostalgie, l'idée qu'avant c'était mieux... Ce qui, inexorablement, nous ramène à mon récent "Café du commerce". CQFD !

  • Café du commerce

    Mes collègues de bureau sont parfois... désolantes ! Ho la, je vous arrête, aucune teneur machiste dans mes propos mais, ne nous le cachons pas, je suis entouré de personnes vraiment indécrottables.
    Imaginez le lieu stratégique des conversations essentielles : la cafet ! Soit un tout petit local bas de plafond, aux murs jaune citron, habité de façon quasi permanente par la horde des fumeurs invétérés, dont les pauses pluri-horaires créent en ce lieu un nuage épais et nauséabond. Il y a bien aussi deux fenêtres et une porte-fenêtre, mais non... à quoi bon les ouvrir puisqu'il est si drôle d'enfumer à tout va et de répandre le puant fumet.
    Euh, là, je m'égare, j'en étais à mes collègues désarmantes, qui ont toujours un avis définitif sur tout, qui détiennent une Vérité absolue, dont elles eu confirmation par "ILS"... Ah, ce fameux "ILS", très médiatique. J'y reviendrai.
    Revenons donc à nos moutons et, plus spécialement pour ce qui nous concerne aujourd'hui, aux appareils photo numériques ! Aïe aïe aïe, les appareils photos numériques : "Oh, de toutes façons, depuis que mon mari en a un, jamais plus je ne vois une seule photo, c'est bien simple, il en prend tout le temps, mais on n'en voit jamais la couleur..."
    Là, sur la pointe des pieds, j'essaie de m'immiscer dans cette passionnante conversation en disant que, peut-être, en copiant une sélection de photos sur un CD qu'on appporte au tirage dans l'un des innombrables magasins dédiés à ce genre d'activités... eh bien, des photos, c'est hyper simple d'en avoir et, cerise sur le gâteau, c'est plutôt moins cher, sans oublier qu'on n'apporte au tirage que des photos réussies. Pas de mauvaise surprise, c'est juste une question d'organisation.
    Ouh la... j'aurais mieux fait de me taire : sans m'en rendre compte, j'avais convoqué "ILS"...
    "D'ailleurs, ILS l'ont dit à la télé... Depuis que les gens prennent des photos avec leurs appareils numériques...", euh, oui, eh bien quoi ? On saura jamais, ILS l'ont dit, j'imagine qu'ILS ont dit à la télévision que le mari de la dite collègue ne développait jamais ses photos numériques ? Qu'il n'était pas fichu de mettre un peu d'ordre dans ses affaires ? Que peut-être, il n'en avait rien à tamponner des désiderata de son épouse aigrie? Impossible de vous le dire... ILS l'ont dit, là est bien l'essentiel.
    Cette intrusion stratégique des ILS vaut à ma chère collègue le soutien de quelques autres congénères, qui opinent, encouragent : "Oh oui, c'est vrai qu'avant..." C'est vrai qu'avant quoi ? Que tout était mieux ? Ah oui, j'oubliais mesdames : où donc avez-vous garé vos diligences en arrivant de votre campagne environnnante ? Et les machines à écrire, elles sont prêtes ?
    Bon, j'arrête sinon je vais m'emporter, mais ce café du commerce matinal a le don de m'exaspérer. Et surtout, je me dis que la technologie a bon dos, qui permet à certain(e) de se défausser à bon compte de leurs propres frustrations.
    De toutes façons, tout ça, c'est la faute à Internet... y a qu'à voir tous ces pédophiles...ILS en ont encore parlé ce matin à la radio !