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WHAT ELSE ? - Page 13

  • Où je vieux, quand je vieux !

    J'comprends pas... Il y a un certain nombre de personnes autour de moi qui tiennent à me rappeler que je ne suis plus un gamin.

    Tiens, l'autre jour par exemple, je vais voir mon ophtalmo pour lui expliquer que j'avais un problème avec mes lunettes (vous savez, celles qu'on chausse le soir pour lire un peu avant de s'endormir au bout de dix minutes, c'est bien, ça remplace la tisane. Ah ouais, vous vous souvenez ? La tasse de tilleul du soir dans laquelle on plonge délicatement un sucre et si les bulles vont vers le bord, c'est qu'il pleuvra le lendemain...). Ben mes lunettes, c'est évident, elles marchaient beaucoup moins bien qu'avant ! Pourtant, elles sont presque neuves puisque je les achetées voici trois ans maintenant. Et en plus elles m'ont coûté fort cher parce que j'ai même choisi un modèle de marque, pensant que j'en aurais au moins pour 20 ans et que si c'est de la marque, c'est forcément plus solide. Tu parles Charles, les lunettes sont en pleine forme, pas une rayure, régulièrement entretenues, belles comme au premier jour... D'où le sourire entendu de ma spécialiste du soin (coin) des yeux qui me fait comprendre que, ben vous savez mon bon monsieur, au bout de trois ans, à votre âge, avec votre travail... rien de plus normal, la vue baisse. Et toi, tu t'es vue ? T'as bien 10 ans de plus que moi, si j'étais vache, je te dirais même que tu le fais bien ton âge et en plus, il faut que je subisse tes sarcasmes. Et puis je suis certain que si je te le demande ton satané âge, tu vas m'expliquer qu'on ne pose pas cette question à une femme... A ce sujet, j'ai toujours trouvé ça ridicule car ce refus de répondre à la question de l'âge rajoute de l'eau au moulin à tous les mâles narquois qui, ici ou là, seraient tentés de penser que les douces représentantes du sexe féminin auraient comme une sorte de date limite de je ne sais quoi. M'enfin, mesdames, vous avez l'âge que vous avez et basta. Et puis on s'en fout, c'est de moi qu'on parle ici. Et si on veut savoir votre vrai âge, je vous signale qu'on a inventé le Carbone 14.

    Quelques jours plus tard, en route pour une visite de routine chez ma dentiste qui, après m'avoir complimenté sur le bon brossage de mes dents, et décelé ici ou là quelques micro-fissures ou un petit éclat d'émail, m'annonce qu'il me faudra surveiller toutes ces belles travailleuses acharnées du mastiquage car le risque que l'une ou l'autre d'entre elles se déchausse un jour est bien réel. Des facteurs génétiques expliquent en partie ce phénomène mais... il y a l'âge aussi, c'est normal !!! Et pan dans les dents - c'est le cas de le dire - voilà encore la ritournelle de l'âge qui me revient en pleine figure. Non mais qu'est-ce qu'elles ont ? J'ai été méchant ? J'ai dit des gros mots ? Je me suis battu avec mes frères et soeurs ? J'ai désobéi à mes parents ? Ah, mille pardons, je m'égare, mais je viens de retrouver un vieux bout de papier avec la liste de tous les trucs qu'il fallait dire quand on allait se confesser, sinon, on avait pas le droit de communier et de manger le petit morceau d'hostie qui allait toujours se coller au palais, même qu'il fallait toujours faire des tas de contorsions avec la langue pour la récupérer tout en arborant la mine sérieuse de celui qui a décidé de croire à toutes ces histoires et de repartir du bon pied.

    Pourtant, moi, j'ai rien demandé, je suis resté le même depuis des années : j'écoute toujours la musique de mon adolescence, j'essaie de dire au moins une bêtise par jour, je m'habille pas pour de vrai avec un costume, une cravate, une chemise, je me suis même acheté une navette spatiale de jeune pour pas ressembler aux gens de mon âge qui ont tous l'air d'attendre la retraite, je profite au mieux de chaque instant avec l'idée qu'on ne sait jamais, il m'arrive même encore d'être révolté. En particulier lorsque j'achète des desserts au caramel alors que j'avais cru qu'ils étaient au café. Alors ça, oui, ça me révolte ! La même couleur, la même marque, mais pas le même goût. Une honte pour l'humanité. Et je devrais accepter sans sourciller qu'on me fasse comprendre avec toute l'objectivité du constat scientifico-médical que je suis un homme d'un certain âge, sinon d'un âge certain.

    Mais moi, je sais que c'est pas vrai. La preuve ? Voici une photo de moi prise il y a quelques jours seulement. C'était au moment de la rentrée des classes.

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    Hein que je suis pas si vieux ? Et me demandez pas mon âge, je vous le dirai pas...
  • Les pieds des stalles

    Faut quand même que je vous narre un épisode survenu lors de nos dernières vacances... Je ne suis pas peu fier d'avoir marqué à jamais la mémoire d'un homme qui, lui-même, est devenu au fil des décennies une sorte de légende vivante et de mémoire de la grandiose cathédrale, en la belle ville d'Amiens.

    Laissez-moi d'abord vous planter le décor : alors que nous séjournions quelques jours en Baie de Somme et que nous cherchions désespérément à croiser un petit rayon de soleil, je me rappelai que, quelques semaines auparavant, je m'étais rendu à Amiens dans un cadre strictement professionnel et que mes premières impressions furent si bonnes que je promis à Madame Maître Chronique de l'y emmener au plus vite. Ce qui fut dit fut fait, nous mîmes (euh... les jeunes, c'est le verbe mettre au passé simple, première personne du pluriel, je vous fais cette précision rien qu'à voir vos têtes ahuries, il est évident que nous ne parlons pas la même langue. Tiens, faudrait que j'essaie de placer un de ces quatre un petit imparfait du subjonctif...) donc le cap sur cette ville chef lieu de la Somme et commençâmes, en bons touristes que nous sommes, par une agréable visite des hortillonnages. Si vous ne savez pas de quoi je parle, vous n'avez qu'à vous imaginer, "un site naturel d'exception composé de jardins d'agrément et maraîchers enserrés entre les multiples bras de la Somme. Ce site protégé s'étend sur 300 hectares". Ce n'est pas moi qui l'écrit, c'est un dépliant touristique qui reflète bien la réalité de ce lieu magique qu'on découvre en naviguant tranquillement sur une petite barque électrique, au beau milieu de dizaines d'autres touristes dont on souhaite parfois, allez savoir pourquoi, qu'ils tombent de leur frêle embarcation. D'innombrables petits canaux, des jardins plus ou moins entretenus, sans électricité ni eau courante, un monde à part qu'il serait coupable de ne pas visiter.

    Bien entendu, notre visite se poursuivit par le quartier Saint Leu, baptisé si j'ai bien compris la Venise d'Amiens, en raison de ses nombreux petits ponts enjambant un cours d'eau. Et puis, forcément, ZE must, ZE incontournabeul moniumeunte, madame la cathédrale d'Amiens, écrasante, splendide, devant laquelle on se sent comme un nain, on n'ose même pas imaginer combien d'êtres humains ont pu s'épuiser à la construire tellement c'est gigantesque. Non, sans rire, j'vous jure, quand je me suis trouvé sur le parvis, ce fut un grand choc. Et encore, c'était le deuxième parce que lors de ma première visite au mois de mai, j'étais accouru à ce même endroit pour me régaler les yeux. Trois mois plus tard, même éblouissement, trop fort un truc pareil. Pour la visite guidée, là en revanche, trouvez quelqu'un d'autre parce que je ne suis pas fortiche pour raconter. Moi, devant un monument, je lis peu, je m'informe au minimum (de toutes façons, Madame Maître Chronique sait tout et je n'ai qu'à lui poser les questions quand le besoin s'en fait sentir) : je regarde bêtement, j'admire, je m'abreuve, j'essaie de remplir l'armoire aux souvenirs, le grenier aux instants uniques, bref je me range illico dans la catégorie des contemplatifs un peu abrutis, pas envie de réfléchir. On a les crétineries qu'on mérite, moi c'est la gueule enfarinée, je suis certain que je dois me faire passer pour le derniers des nigauds mais je m'en fous, ça ne m'empêche pas de déguster tranquillement. Et pourtant, et pourtant... en baillant nonchalamment devant ces colonnades, j'ignorais qu'une chose pas banale allait se produire.

    Nous étions le mercredi 9 août 2006, il était un peu plus de 15 heures 30 et nous approchions du coeur de la cathédrale, là où sont nichées les incroyables boiseries chantournées des stalles. Un endroit unique, une véritable bande dessinée en trois dimensions d'une démoniaque précision, un monument dans le monument. LE truc qu'on ne soupçonne pas si l'on ne fait que passer mais qui s'ouvre à vous pour peu que, comme nous, vous ayez la chance de vous trouver au bon moment, à 15 heures 30 justement, quand un certain Jean Macrez en commence la visite à sa façon très particulière... Le bonhomme doit bien avoir 75 ans. Il sait tout. Il raconte tout. Il vit sa visite comme au premier jour, éclairant de sa petite lampe de poche le moindre détail, vous le commentant avec un humour incroyable. Si vous entendez un groupe d'humains pouffer en la cathédrale autour de 16 heures, ne cherchez pas plus loin l'explication : monsieur Macrez raconte ! D'ailleurs, si vous entendez aussi un grand coup de gueule, c'est encore monsieur Macrez qui s'étouffe de colère lorsqu'un badaud soulève l'assise d'une miséricorde et la laisse retomber bruyamment. Alors là, notre papy voit rouge, en appelle aux gardiens, fait fermer le lieu et... comme si de rien n'était, poursuit sa visite là où il l'avait laissée. Ah, il faut le voir, plié en deux, marmonnant, décochant une vieille plaisanterie d'un air malicieux, frisant parfois le commentaire paillard sans jamais aller trop loin, et le voilà qui s'agenouille pour vous faire observer le petit détail qui, de toutes façons, vous aurait échappé. Et puis, et puis... Il y a un sommet dans sa visite : la Cène ! Où notre guide est certain que les convives sculptés mangeaient du pâté d'Amiens, c'est évident. Mais pour cette stalle, il va encore plus loin, le voici quasiment couché par terre, éclairant la partie la plus basse de la sculpture pour vous montrer que non seulement on voit l'autre côté de la table avec la nappe qui pend, mais que les pieds des personnages sont fidèlement représentés. Tout le monde l'entoure, comme en état de lévitation. Mais oui, il est le premier à avoir remarqué ces pieds ! Il est une sorte d'explorateur dont le territoire se limiterait à ces quelques mètres carrés au coeur de la cathédrale. Le voilà qui vous regarde maintenant d'un air malicieux et vous assène une plaisanterie qu'il doit probablement livrer implacablement depuis plus de 50 ans : "Vous avez devant vous les pieds des stalles !!!" (euh, les jeunes : pieds des stalles, piédestal... vous pigez ?). Ouarf ouarf ouarf ! Là, je vous dis pas, sa blague, il la préparait, et croyez-moi, il l'aime bien. Seulement, il ignorait que parmi son assistance émerveillée guettait dans l'ombre un certain Maître Chronique qui le regarda droit dans les yeux et lui répliqua dans l'instant : "Cher monsieur, vous venez donc de nous parler des célèbres orteillonnages !" (bon, les jeunes, une dernière fois, j'explique : pieds > orteils > orteillonnages > hortillonnages, jeu de mots quoi...). Et là, le Macrez, il fut pendant une fraction de seconde comme suspendu dans le vide, KO debout (ou agenouillé plus précisément), incapable de la moindre répartie, anéanti. Il avait trouvé plus fort que lui. Je l'avais terrassé par une plaisanterie qui m'était venue spontanément et que je lui avais livrée aussitôt, sans préméditation. En quelques instants, il reprit néanmoins ses esprits et me dit : "Alors là... celle-là, on ne me l'avait jamais faite ! Si vous le voulez bien, je me permettrai de vous citer lors de mes prochaines visites". Et moi, magnanime, je lui accordai bien volontiers ce droit, trop heureux de passer derechef à la postérité et d'entrer dans l'histoire locale grâce aux citations futures de cet incomparable guide.

    Le reste de la visite se déroula tranquillement, moi je flottais dans le petit bonheur que j'avais instauré, admirant de vieux clichés sexagénaires pris par monsieur Macrez himself qu'il nous extirpa d'une vieille enveloppe fripée, sur lesquels on pouvait deviner l'état dans lequel se trouvait SA cathédrale après le passage de la barbarie brune. Et qu'il voulut absolument que je prisse (et toc ! un imparfait du subjonctif !) en photo avant de partir. En témoignage de mon admiration pour lui, je m'exécutai aussitôt, même si le cliché avait toutes chances d'être des plus médiocres. Je lui devais tout de même cette infime satisfaction !

    En sortant, sur le parvis, je fus complimenté par quelques co-religionnaires touristes, je serrai des mains, tel l'homme politique en campagne électorale. J'étais devenu un personnage fugitif, j'avais apporté, comme on dit, ma petite pierre à l'édifice.

    Le soir, après un détour par l'excellente "Maison du Petit Bedon", nous sommes revenus sur le parvis pour admirer comme des enfants la façade illuminée, repeinte à grands coups de projecteurs allant nicher leurs couleurs dans les moindres détails de la pierre sculptée. Véritable tour de force pictural, historique et informatique, cette illumination est grandiose. Je n'ai pas de conseils à vous donner, mais si durant vos vacances, vous approchez d'Amiens, un détour s'impose à partir de 22 heures !

    Et comme un crétin, je n'ai même pas pris le temps d'aller faire un tour du côté de la MJC d'Amiens, là où sont nichés les studios d'enregistrement de Label Bleu. Pourtant, au vu des artistes qui y sont passés et de la qualité des prises de son, le détour aurait été grandement justifié. Mais on ne peut être partout et je reviendrai !

  • Happy birthday, Mr Reich !

    C'est un événement artistique majeur ! Durant le mois de novembre, le compositeur américain Steve Reich sera en France pour une très brève série de concerts avec ses musiciens. Après Paris le 14, il passera dès le lendemain par Chalons-en-Champagne avant de rallier Caen puis Grenoble. Quatre concerts, qui se joueront très probablement à guichets fermés compte-tenu de la notoriété de ce musicien majeur et du nombre très limité de ses apparitions sur scène. Un événment, vous dis-je !

    Cette mini tournée 2006 sera l'occasion pour Steve Reich d'interpréter en avant-première sa nouvelle oeuvre, "Daniel Variations", en hommage au journaliste américain Daniel Pearl, assassiné en 2002 au Pakistan. Cette création sera suivie par une interprétation de "Music For 18 Musicians", l'une des compositions phares de Steve Reich, et dont la genèse remonte aux années 1974 à 1976.
     
    J'écris cette note aujourd'hui car en ce 3 octobre 2006, Steve Reich fête ses 70 ans.
     
    Définir la musique de Steve Reich est une entreprise plutôt ardue : les spécialistes aiment à le ranger dans la "boîte" des compositeurs dits minimalistes, et l'on pourra également le trouver rattaché au mouvement de la musique sérielle ou répétitive. Mais cette manière de le classer est forcément réductrice. Une résumé plutôt fidèle nous est donné sur le site Internet de Néosphères :

    "Steve Reich est l'un des chefs de file du courant minimaliste en musique. Au tournant des années 60, il transpose ses recherches sur le déphasage de bandes enregistrées pour des compositions acoustiques. Il explore ainsi la répétition de motifs mélodiques et rythmiques. Ses recherches continuelles l'amènent à s'intéresser aux musiques traditionnelles (ghanéennes, balinaises et hébraïques notamment) et à adopter les nouvellestechnologies musicales (synthétiseur, sampler...). De Sonic Youth à Bang on a Can de DJ Spooky à Coldcut, beaucoup reconnaissent en Steve Reich une influence majeure."
     
    "Music for 18 musicians" est certainement l'un des plus beaux exemples de ses études sur les gamelans balinais et c'est une chance inouie de pouvoir s'en régaler très prochainement en présence du compositeur.
     
    Pour avoir pris le temps d'écouter l'essentiel de sa discographie, qui se trouve concentrée dans un magnifique coffret de 10 CD : "Works 1965-1995", et plutôt que de présenter la musique de Steve Reich sous l'angle de ses nombreuses sources d'inspiration, j'en viendrais plutôt à mettre en avant l'idée de "couleurs sonores" qui vous hypnotisent très vite et dont les motifs proviennent de la fusion née du mariage d'instruments tels que le piano, les percussions (marimbas, xylophones, vibraphone), le violon et le violoncelle ainsi que les clarinettes, auxquels viennent souvent se superposer les voix humaines. Steve Reich peut aussi utiliser des sons de la vie quotidienne qu'il sample pour les réinjecter ensuite dans sa musique, comme ce fut le cas il y a une dizaine d'années avec le très beau "City Life". L'univers créé par Steve Reich est absolument unique, il peut parfois dérouter si l'on n'accepte pas l'idée que le déroulement d'une oeuvre nécessite répétition de motifs et enchevêtrements de rythmes parfois complexes. Oui, on peut être totalement hermétique à la musique de Steve Reich. Comme à toute autre. Mais celui qui abordera son univers avec l'envie de se laisser embarquer sans la moindre appréhension sera très vite récompensé. Un peu plus haut dans cette note, j'ai employé à dessein le verbe hypnotiser car je pense qu'il traduit au plus près l'effet produit par la rencontre avec sa musique.
     
    J'ai reçu ce choc voici quelques années grâce à la complicité d'un ami qui m'a fait découvrir la musique de Steve Reich. Inutile de dire que je me suis empressé de lui faire part de la bonne nouvelle et qu'il y a fort à parier que nous nous retrouverons dans moins d'un mois et demi, quelque part du côté de Chalons-en-Champagne... ville où réside un certain Ô Brother... et que j'ai incité à faire connaissance avec cet incroyable aventure musicale. D'ici là, je vais patienter, spéculer, imaginer, essayer de deviner la fièvre qui nous gagnera petit à petit, à l'approche d'un moment rare que nous dégusterons en conscience, sachant dès à présent que nous serons en train de vivre des instants probablement uniques.
     
    Pour en savoir un peu plus : le site officiel de Steve Reich
     
    Bonus... un petit extrait de "Music For 18 Musicians", qui devrait forcément vous donner envie de tout écouter !

  • Au-delà de Kenny

    Comment résumer en quelques lignes le bonheur qui vous gagne à l’écoute de « Beyond the Wall », le nouveau disque du saxophoniste alto Kenny Garrett ?
    Comment vous faire comprendre que ses 76 minutes sont comme une sorte de fil tendu sur lequel on évolue avec jouissance, persuadé qu’on a enfin rejoint pour un temps les cieux Coltraniens, qui nous manquent tellement depuis près de 40 ans ?

    medium_garrett_beyond.jpgKenny Garrett, que j’avais vu sur scène il y a une bonne vingtaine d’années, lorsqu’il jouait dans la formation de Miles Davis. Ce même Kenny Garrett qui nous offrait voici 10 ans un magnifique hommage à John Coltrane intitulé « Pursuance », qu’on pourra toujours ré-écouter avec profit. Et le voici aujourd’hui qui rend un hommage explicite à McCoy Tyner, dont il est probablement inutile de rappeler qu’il fut le compagnon de route de Coltrane de 1960 à 1966, et donc à ce titre l’une des quatre pierres angulaires d’un quartet toujours inégalé (avec Elvin Jones et Jimmy Garrison). Un quartet qui, régulièrement et surtout sur la fin, s’étoffait en faisant appel à quelques musiciens habités, tel Pharoah Sanders, dont la musique n’a jamais pu vraiment s’émanciper – ce que nul ne saurait lui reprocher d’ailleurs – de celle du maître. Un Pharoah Sanders dont on retrouve aujourd’hui le saxophone inspiré sur « Beyond the Wall », pour notre bonheur le plus complet. Sans oublier un autre très grand monsieur, le vibraphoniste Bobby Hutcherson (cf. sa participation en 1963 à « Out to Lunch », le disque de Eric Dolphy, aujourd’hui entré dans la légende), ni même le pianiste Mulgrew Miller ou bien encore le batteur Brian Blade.
    John Coltrane aurait eu 80 ans le 23 septembre. Je suis certain que, tout là-haut, il a longuement vibré à cet hommage permanent rendu à sa musique. D’autant que Kenny Garrett, lorsqu’il évoque la genèse de son nouveau disque, nous explique qu’il a tenté d’opérer une jonction entre certains aspects spirituels de la Chine et de l’Afrique. Ce qu’aurait probablement revendiqué son héros qui avait lui-même célébré l’Afrique, mais aussi l’Inde et que l’on savait passionné par le Japon.
    Oui, comment vous dire tout cela ? Tout simplement, peut-être, en vous proposant d’en écouter un fragment qui devrait vous donner l’envie irrépressible de vous ruer sur le bac de votre disquaire le plus proche.
    Quant à moi, j’y retourne, c’est trop beau !

    En savoir plus...
    Nonesuch Records

  • Un chat, ça court !

    Le temps me manque, comme toujours, mais comment ne pas dire quelques mots du week-end qui vient de s’écouler… à une vitesse supersonique !

    Rappelons les faits : ma fille, dite La Fraise, s’est exilée pour raisons professionnelles en une ville dont nous craignions, a priori, qu’elle ne lui fût hostile, mais dont il s’avère à l’usage qu’elle recèle quelques atouts non négligeables : une plage de sable fin, une digue jonchée de nombreuses terrasses et de restaurants vous aguichant avec leurs cortèges de moules marinières, un joli port de plaisance et l’obligation, pour nous lorrains, de voyager en empruntant un trajet autoroutier sans péage nous obligeant à frôler quelques villes telles que Bruges (Brugge) ou Ostende (Oostende). Avec la possibilité, moyennant un arrêt dans une station service luxembourgeoise, d’acquérir une pile de 100 CD vierges pour moins de 20 €.

    Nous eûmes donc le plaisir de rallier cette belle contrée samedi matin afin d’aider notre progéniture à parachever son installation, non sans avoir pris la précaution de ne pas oublier deux ou trois précieux documents sans lesquels La Fraise était depuis quelques jours rendue à l’état de quasi-mendiante… Plus d’argent liquide, obligation d’engager un processus de négociation entre deux agences bancaires de la même enseigne, bref… ça ne pouvait plus durer. Et en plus, l’Internet aux abonnés absents, malgré la présence d’une Livebox qui trônait depuis quelques jours à Fraisehome, attendant son installation…

    Et là… nous eûmes droit à 24 heures extrêmement chargées. Rendez-vous compte : à peine le coffre de notre navette spatiale vidé dans l’appartement de notre fille, nous dûmes faire preuve d’une extrême adresse pour ne pas laisser s’échapper une mignonne quadrupède, pensionnaire provisoire nommée Duduche, dont l’obsession unique lui indiquait qu’une porte ouverte doit systématiquement être franchie, qu’un objet trouvé est forcément une source d’exploration, qu’un fil pendant se doit d’être négligemment balayé d’un coup de patte, etc etc. Imaginez aussi quel fut la technique très élaborée à laquelle je dus recourir pour, tout en mangeant (au fait, ma fille, le repas était très bon, pas eu le temps de te le dire), réussir à dominer un ordinateur portable récalcitrant qui refusait avec obstination d’installer un programme de connexion à Internet ! Une fourchette dans une main, un pavé tactile recevant les ordres de l’autre, une extinction forcée ici ou là, un redémarrage laborieux, nouvel échec, une chatte qui sinue entre mes jambes et le petit bureau, se glissant derrière l’écran, encore un redémarrage, une inspiration soudaine – mais oui, il faut d’abord copier le contenu du CD sur le disque dur et tenter ensuite une ultime installation – couronnée de succès. Ô miracle, La Fraise est enfin reliée au monde, j’ai pu lancer le navigateur Web et constater que tout marche !!!

    Et vous pensez que j’eus ensuite droit au repos ? Que nenni ! Nous entamâmes alors une longue marche forcenée devant tout d’abord nous conduire à une pharmacie de garde – oui, car en cette belle ville, il semblerait que l’on ne travaille plus à compter du samedi midi – avant de rejoindre la plage longue de je ne sais combien de kilomètres et que nous parcourûmes à l’aller comme au retour ! Ouf ! Une terrasse ensoleillée nous tendit alors ses fauteuils et nous condamna à un repos de courte durée durant lequel nos gosiers purent vaincre l’assèchement dont ils étaient victimes depuis fort longtemps. Une bonne Leffe brune, voilà le remède adéquat !

    La journée n’était pas terminée… Obligation nous était faite de nous restaurer et c’est par une nouvelle inspiration que nous nous rendîmes en ce qui, semble-t-il, serait l’une des meilleures tables locales : oh, la bonne coupe de Champagne ! Oh la bonne choucroute aux trois poissons ! Oh la bonne crème brûlée ! Décidément, notre sort n’était guère enviable. Pendant ce temps-là, on imaginait Duduche, attendant de coussin ferme sa maîtresse intérimaire, prête à lui proposer l’une de ses nombreuses facéties dès son retour à la maison ! Ce que la mini chatte ne manqua pas de faire, on s’en doute, pendant que nous sirotions un café nocturne.

    Fin du samedi.
    Début du dimanche.

    Et c’est reparti : d’abord une belle promenade ensoleillée le long de la digue, histoire de faire passer un petit déjeuner roboratif. Quelle épreuve…

    Puis une belle visite en un beau musée d’art contemporain, niché sur un tapis de nénuphars. L’occasion de lire un panneau nous disant : « L’art est inutile, rentrez chez vous ». Bizarre comme cet ultimatum ressemble à un slogan du Medef…

    Et puis, tout de même : l’incontournable cocotte de moules marinières assortie de ses frites et d’un verre de bière. Est-ce que, vraiment, il m’était possible d’échapper à ce cérémonial local ? Aurait-on, là-bas, compris que je ne m’y astreignisse point ? Il est des sacrifices que l’on se doit de faire, si l’on souhaite forcer le respect d’autochtones bienveillants et toujours prêts à bavarder avec vous.

    Je pensais en avoir fini avec tous ces obstacles à surmonter. Mais là, La Fraise nous réservait une ultime surprise : les barres de rideaux à accrocher… Je vous passe tous les détails : les vis, les chevilles, la perceuse, le marteau, les tournevis, les mèches, le chat qui s’amuse avec tout ça, l’escabeau dont la troisième marche est visiblement très perverse, la transpiration, debout sur le réfrigérateur, tout va bien ! Mais non, cette saloperie de trou m’a avalé une cheville… c’est le moment pour moi de découvrir une astuce de bricolage que La Fraise m’a apprise et que je me permets de vous livrer : si vous êtes victime de ce sortilège, trouvez une cheville un peu plus grosse, enfoncez-là avec un marteau et coupez ce qui dépasse avec une pince. Vous verrez, ça marche ! En revanche, pas le temps d’installer correctement le store à la salle de bains, il était temps de partir car la route était encore longue. Ah, ce que je déteste ces sensations d’inachevé !

    Duduche courait toujours et c’est avec une précision presque helvétique que je parvins à la projeter sur le canapé, le plus loin possible, nous laissant le temps (une demi-seconde environ) de fermer la porte de l’appartement. Cinq heures plus tard, soit l’intégralité d’un magnifique concert du Grateful Dead enregistré en 1971 (à l’aller, j’avais opté pour une ambiance musicale différente, puisque je nous avais réservé tout un concert de… 1972 !), la navette spatiale entrait dans les rues de Nancy.

    Il nous restait une nuit de sommeil avant de retrouver le calme du cadre professionnel.
    Ah, je n’oublie pas : aujourd’hui c’est le jour de la Sainte Fraise !!! Alors, je pense à ma fille et je lui dis : bonne fête !

  • La belle musique de Patrick Gauthier

    J’ai reçu ce matin un coup de fil sympa d’un musicien que j’apprécie énormément… et depuis fort longtemps maintenant. Pianiste de Magma durant les années 70, homme des claviers de Weidorje, le groupe post-magmaïen formé par le bassiste Bernard Paganotti, membre émérite de Heldon, la belle aventure musicale dirigée par le très Deleuzien et néanmoins frippien guitariste Richard Pinhas, Patrick Gauthier a également publié plusieurs albums sous son propre nom et participe aujourd’hui à « La Cage », un projet conjoint avec la poétesse Agnès Cazorla. Une bonne raison de lui rendre ici hommage.

    Je me rappelle très bien ce concert de Magma à Nancy, le 18 juin 1976. Je voyais la bande à Christian Vander sur scène pour la première fois, après avoir consacré un incroyable nombre d’heures à écouter, seul dans ma chambre, la discographie du groupe, en particulier « Köhntarkösz » et « Magma Hhaï ». Mais ce jour-là, la formation avait une composition toute particulière : Vander à la batterie bien sûr, Klaus Blasquiz au chant, Bernard Paganotti à la basse, Didier Lockwood au violon, et deux claviers, Benoît Widemann et Patrick Gauthier. Une formation resserrée, sans chœurs ni guitare pour un répertoire dense et sombre : « Theusz Hamtaahk », « Hhaï », « De Futura » et « Mekanïk Destruktïw Kommandoh ». Un groupe temporaire, semble-t-il, puisqu’à la fin du concert, Klaus Blasquiz nous annonçait pour l’automne le retour (qui ne fut que de courte durée) de Jannick Top, dans le cadre d’une association appelée VanderTop. Dès ce jour, j’ai pu apprécier la sensibilité du jeu de Patrick Gauthier et j’eus l’occasion de me régaler quelques mois plus tard de son jeu si particulier au mini-moog sur « Üdü Wüdü ».

    Puis il y eut l’expérience Weidorje, dont le disque fit une entrée fracassante dans ma discothèque, en particulier ses premières secondes et l’introduction majestueuse de « Elohims Voyage ». Patrick Gauthier y allait lui-même de sa composition, intitulée « Booldemug ».

    A cette même époque, Patrick Gauthier était déjà largement impliqué dans le groupe Heldon, auquel il collabora si ma mémoire est bonne depuis l’origine. Je serais bien tenté de vous conseiller deux magnifiques galettes où son talent explose : « Interface » en 1978, et « Stand By » en 1979. J’entretiens une relation toute particulière avec ce dernier puisque, coincé sur mon lit d’hôpital pour de longues semaines, j’avais demandé à celle qui allait devenir ma femme de m’acheter la précieuse galette et de me l’apporter dans ma chambre. J’ai donc pu contempler la pochette pendant bien longtemps avant de pouvoir écouter ce disque et je me rappelle très précisément ce moment où, à peine rentré à la maison, j’ai pu – enfin ! – l’écouter ! Fort heureusement, il était splendide et je considérai alors mon attente comme largement récompensée.

    Par la suite, Patrick Gauthier a enregistré des disques sous son nom. Attention chers amis, sachez sans attendre que les trois disques en question sont absolument splendides et méritent d’être placés bien haut dans votre discothèque : « Bébé Godzilla » tout d’abord en 1980, où l’on note la présence de Richard Pinhas, mais aussi de quelques magmaïens pur jus tel Benoît Widemann, Bernard Paganotti, Jean-Pierre Fouquey ou Dominique Bertram mais aussi un certain Christian Vander (dont les participations extra-Magma se comptent sur les doigts d’une seule main) dans un titre hommage, « Le Grand Maître Orient ». Treize ans plus tard (entre temps, Patrick Gauthier est revenu faire un petit tour du côté de Kobaïa pour participer au projet « Les Voix de Magma » en 1992), deuxième album, deuxième splendeur. Ce disque, « Sur les flots verticaux », m’a tellement ému que pendant deux ans, j’ai emprunté l'un de ses titres, « Des pygmées dans la ville », pour en faire le générique d’une émission de musique que j’animais alors sur une radio locale. Et je vous recommande aussi l’écoute attentive de « Zawinul », en hommage au grand monsieur de Weather Report. Trois ans plus tard, troisième album avec « Le Morse », où les voix de Magma (Stella Vander, Julie Vander, Bénédicte Ragu, Himiko Paganotti) sont de retour. Patrick ouvre même la porte à une composition de Philippe Bussonnet (qui allait devenir le bassiste de Magma. Vous me suivez toujours ?), « Le chant des océans », petite merveille (en)chantée en français par Stella. Ecoutez également « The Good Book » (qui à l’origine devait figurer sur « Merci », de Magma mais qui ne fut pas finalement retenue), une sorte de gospel chanté par un certain Pascal Maunoury, que beaucoup d’autres connaissent mieux aujourd’hui après sa récente participation à une émission de télévision dite « populaire ».

    Je serais bien incapable de vous proposer une « analyse musicale » de la production de Patrick Gauthier. D’ailleurs, je n’en ressens ni l’envie ni le besoin. L’homme est attachant, sensible, on devine une vraie et belle fragilité et sa musique lui ressemble énormément. C’est dire qu’elle est source de bonheur et que je m’en repais à doses très régulières. Et le fait de savoir qu’il travaille sur un nouveau disque m’enchante par avance.
    Patrick Gauthier sera également de l’aventure « Hamtaï ! », hommage à la musique de Christian Vander, dans lequel il interprète « Theusz Hamtaahk », seul aux claviers.

    Il sera également à l'affiche du nouveau disque de Richard Pinhas, annoncé pour le 15 septembre prochain et intitulé « Metatron ». Deux heures de musique dans lesquelles on retrouvera d'autres membres de Heldon, comme Didier Batard ou Alain Renaud.

    Ah… j’oubliais… Patrick me téléphonait ce matin pour m’annoncer la parution d’un livre / CD réalisé en collaboration avec la poétesse Agnès Cazorla. Je n’ai pas encore pu écouter ce travail, intitulé « La cage », mais ça ne saurait tarder. Et puis de toutes façons, j’ai confiance !

    Alors voilà, c’est dit. Ce monsieur est un grand et c’est un plaisir infini pour moi de lui dédier ces quelques lignes. Et pour une bonne soirée autour d’une table sympa la prochaine fois que j’irai à Paris, c’est OK pour moi, mon cher Patrick ! Et si j'ai oublié quoi que ce soit d'important... n'hésite pas à venir le dire ici, tu es le bienvenu !

    Pour en savoir plus sur la discographie :
    - Heldon / Richard Pinhas : Cuneiform Records
    - Weidorje : disques Musea
    - Patrick Gauthier (trois premiers albums solo) : Seventh Records
    - Hamtaï ! Welcome Records

    Sans oublier le blog de Patrick Gauthier

  • Back again

    Non, je ne suis pas mort ! J'avais juste choisi durant la période estivale de limiter au strict et nécessaire minimum ma confrontation avec la chose informatique. Et je ne regrette pas ce choix parce qu'au lieu de clavioter tel un forcené pour vous raconter mes sornettes, j'ai préféré fatiguer mes yeux à la lecture de quelques classiques. "L'éducation sentimentale" de Flaubert, suivie sans attendre de "Le rouge et le noir" de Stendhal, juste avant de m'immerger dans "Le lys dans la vallée" de Balzac. Sans oublier le quatrième volet de cette tétralogie littéraire qui me guette depuis quelque temps sur ma table de chevet : "La confession d'un enfant du siècle", d'Alfred de Musset. Après une telle absorption de littérature, les deux écrivains majeurs de notre début de XXIème siècle, Marc Lévy et Nicolas Sarkozy, peuvent aller se rhabiller, je sais maintenant qu'ils ne soutiendront jamais la comparaison. Je recommande au premier de reprendre le chemin de son cabinet d'architectes et au second celui de son cabinet d'avocats. Je leur fais cette proposition dans le but charitable de leur éviter de perdre trop de temps à des activités pour lesquelles ils ne sont visiblement pas faits. Et qu'on ne me parle pas de chiffres de ventes !!!

    Pour le reste, il n'est pas impossible que je revienne de temps à autre sur mes vacances (hélas terminées et marquées par un choix très rigoureux de régions où le soleil s'est totalement abstenu de briller) pour vous dire deux ou trois mots à propos de quelques sujets qui méritent, selon moi, un petit détour :
    - quelques bonnes tables du côté du Cantal ou de la Baie de Somme ;
    - une histoire belge vraie, vécue en directe chaque matin durant notre séjour en chambre d'hôtes au Crotoy ;
    - les automo(dé)bilistes et une sous-catégorie absolument horripilante : les conducteurs de camping-cars ;
    - une visite des stalles de la cathédrale d'Amiens, à laquelle j'ai participé activement, enrichissant probablement pour toujours le commentaire du spécialiste patenté de ce lieu magique, qui y exerce ses talents de guide chaque jour à 15h30.

    Et probablement d'autres évocations, qui reviendront à ma mémoire lorsque leur temps sera venu.

    Je suis également allé faire un tour du côté des salles obscures pour découvrir quelques films. Je tire de ces heures passées dans le noir un bilan contrasté : le meilleur ("La science des rêves", "Le vent se lève") y côtoyait le nettement moins bien ("Selon Charlie", n'est pas Claude Sautet qui veut...) ou le plus anecdotique quoique sympatique ("J'invente rien", avec un prétendu comique qui se révèle à chaque fois que l'occasion lui en est donnée un excellent comédien, Kad Merad). J'ai vu également "La tourneuse de pages" mais là... bof bof bof... très vite oublié.

    Tiens, à ce sujet justement : je vois un grand nombre de films chaque année, mais j'ai beau noter tous les titres, je suis très impressionné par le nombre de ceux qui, quelques mois voire quelques semaines plus tard, n'évoquent plus rien chez moi. Et quand je dis rien, c'est vraiment rien. Il faut que j'aille rechercher sur Internet la fiche détaillée des films en question pour, enfin, me souvenir de l'histoire, des acteurs. C'est grave docteur où c'est pareil chez vous ?

    Mais le fait majeur de cette rentrée, en notre célèbre Maison Rose, est l'état d'abandon auquel nous, parents éplorés, allons être livrés en raison du départ simultané des deux figures majeures que constitue notre progéniture. La Fraise nous quitte pour se prélasser sur les doux rivages de la Mer du Nord (Malo-lès-Bains ?) et y enseigner la langue natale de son Lad préféré. Mais bien conscients que notre absence lui sera par trop cruelle, nous avons déjà envisagé un déplacement vers elle dans un peu plus de deux semaines. Le départ : oui, la séparation totale : non. Encore faudrait-il que son employeur veuille bien lui indiquer au plus vite s'il a vraiment décidé de recourir à ses se(r)vices ou s'il compte la laisser végéter en attendant qu'un enseignant local daigne : tomber enceinte, entrer en dépression ou mieux, mourir, ce qui conférerait à l'emploi tant espéré une durabilité minimum. Mais je ne me fais pas trop de souci à ce sujet, notre fifille saura bien vous raconter tout cela sur ses propres pages !!! Quant à Mr Monstrueux - le traître - il vient de prendre la décision de s'acoquiner avec deux autres musiciens locaux et de partager avec eux un appartement. On appelle ça la co-location, je crois. J'espère qu'il passera tout de même de temps en temps pour dire un petit coucou à ses vieux parents et leur dédicacer, le moment venu (en octobre 2006) le premier CD de l'excellent Frog'N'Stein, auquel il a participé. Je n'ose pas même croire qu'il prendra le temps d'évoquer par écrit ses nouvelles aventures, compte tenu de l'état de déshérence de son blog... silencieux depuis le 28 mars ! Une honte...

    Voilà, c'est tout pour ma livraison du jour, il me reste beaucoup de travail : quelques ordinateurs à préparer pour des collègues qui ne les méritent pas forcément ; filer acheter des dalles de moquette pour parachever - enfin - notre grand oeuvre (la transition entre le célèbre escalier et notre Chalet Suisse)... et pour finir, m'installer à partir de 19h43 jusqu'à 20h18 devant iTélé pour regarder et surtout écouter mon émission préférée, "N'ayons pas peur des mots" : une demi-heure de vrai débat où les idées fusent et où les participants s'écoutent les uns les autres.

    Ensuite : un thé vert et, zou, au lit. J'ai plus 20 ans, moi !

    PS : je ne saurais que trop vous recommander la lecture d'une impayable note pondue par l'ami Willmanx, qui s'appelle : Do You Speak Lorrain...

  • Calendriers

    Le 30 juin est pour moi une drôle de journée. Depuis quatre ans surtout.

    Le 30 juin, c'est l'anniversaire de ma fille, qui compte aujourd'hui 25 printemps et dont je me rappelle les premières heures avec une précision étonnante : minuscule petite crevette, toute calme, déjà très studieuse au premier jour lorsqu'elle suivait les mouvements de ma main devant la fenêtre de la chambre de la maternité. La crevette a grandi, elle est restée studieuse, calme aussi, enfin... en notre présence. Avec ses amis, je ne sais pas...

    Le 30 juin, c'était aussi l'anniversaire de mon père, qui aurait 90 ans s'il n'avait pas eu la stupide idée de nous quitter au mois de février 2002. Lui aussi était calme, il aurait probablement fallu un tremblement de terre à sa porte pour qu'il se fâche. Il aurait été inquiet, je n'en doute pas, mais il n'aurait pas élevé la voix. Un homme de douceur.

    Aujourd'hui, ce binôme grand-père petite fille n'existe plus qu'en pensée et c'est déjà beaucoup. Mais comment m'empêcher d'imaginer que tous deux pourraient, ce soir, être toujours réunis pour fêter l'événement. Mon père serait là, bien sûr les années l'auraient peut-être un peu desséché, peut-être aurait-il été un peu sourd, un peu inattentif au monde qui l'entoure mais... il serait là.

    Je suis certain que pendant de longues années, mon propre frère a été hanté par la rupture d'une complicité calendaire qui l'unissait à son propre grand-père. Eux aussi étaient nés le même jour. On me rétorquera que ce grand-père - qui est le mien également - aurait cette année 109 ans. Et alors ? Un grand-père n'est-il pas éternel ? Il y pense encore, croyez-moi.

    Ma soeur n'aura pas ceu cette chance car bien que née le même jour que sa grand mère maternelle, elle est venue au monde alors que son aïeule nous avaient quittés depuis bien longtemps. Comme nous, elle a probablement dû tenter de dessiner intérieurement le portrait de cette dame que nous n'avons jamais connue que par l'intermédiaire de quelques rares photographies. Elle était grande, avait les yeux gris, elle semblait un peu secrète.

    Aujourd'hui, ils sont réunis, je pense à eux et je n'oublie pas qu'une part de chacun d'entre eux vit en moi. Plus ou moins enfouie, mais bien présente.

    Et j'envoie de gros bisous à ma fille en lui souhaitant un heureux anniversaire. 

  • Miles ahead

    medium_miles_davis.jpgJe n'aurai pas la prétention de résumer la somme artistique que fut la carrière de Miles Davis. Trop énorme... trop de génie dans une démarche allant toujours de l'avant, en recherche perpétuelle. On peut se gausser de l'extravagance du personnage, on peut aussi être irrité par ce qui ressemblait chez lui à une certaine forme d'arrogance, rien n'y fera : l'Artiste était au-dessus de la mêlée, et le temps parlera pour lui. En témoigne d'ailleurs l'ultime enregistrement du trompettiste, "Doo Bop", tellement critiqué au moment de sa sortie et qui démontrait pourtant que, plus que jamais, Miles ouvrait de nouvelles pistes sur lesquelles s'engouffrèrent bien des musiciens depuis les années 90.
    Dans ma propre histoire et dans ma relation avec l'univers musical, je serai éternellement redevable à Miles Davis d'avoir su "inventer" un nouveau langage à la fin des années 60, qu'on baptisa, pour d'évidentes raisons de commodité, "jazz-rock". C'est grâce à Miles Davis et aux innovations de sa formation de l'époque (au sein de laquelle évoluaient quelques musiciens ayant pour nom John McLaughlin, Wayne Shorter, Herbie Hancock, Tony Williams ou bien encore Joe Zawinul...) que j'ai pu ouvrir mes oreilles à de nouveaux espaces sonores qui, depuis, constituent pour moi une source inépuisable de bonheurs musicaux. Mahavishnu Orchestra ? Weather Report ? Tony William's Lifetime ? Si ces noms évoquent quelque chose pour vous, alors vous me comprendrez aisément...
    Je ne répondrai pas non plus à la question que se posent souvent les Davisologues : quel fut sa plus grande formation ? Les spécialistes balancent entre deux quintettes, celui des années 60 avec Wayne Shorter (saxophone), Herbie Hancock (piano), Tony Williams (batterie) et Ron Carter (contrebasse) et l'un de ses prédécesseurs, au cours des années 50, avec Red Garland (piano), Paul Chambers (contrebasse), Philly Jones (batterie) et John Coltrane (saxophone).
    Je me régale souvent du coffret "Quintet 1965-1968 Complete Recorings" qui met en scène la première de ces deux formations et j'apprends avec bonheur la publication d'une intégrale "The legendary Prestige quintet sessions" pour ne pas avoir à trancher. Ce "nouveau coffret" (dont on trouvait la quasi totatlité du contenu dans "Chronicle", une autre intégrale rassemblant les enregistrements de Miles Davis pour le label Prestige entre 1951 et 1956) rassemble des enregistrements appartenant à la période 1955-1958 et ravira aussi bien les afficonados de Miles Davis que les Coltraniens dont je fais partie.
    Musique libre, inspirée - et pourtant, on doit se souvenir qu'à l'époque, Miles Davis avait des engagements contractuels à tenir avec le label Prestige alors même qu'il avait déjà signé un autre contrat avec Columbia et qu'il enregistrait donc aussi pour des raisons très matérielles - dont la hauteur est telle qu'elle paraît souvent inégalée.
    Je suis certain que si le Paradis existe, c'est cette musique-là qu'on doit y écouter en boucle, le soir, tranquillement assis sur un nuage en buvant une pinte avec Saint-Pierre. Autour de vous, soyez certains qu'il doit y avoir foule mais après tout, quelle importance, le ciel est si grand. Il y aura de la place pour tout le monde. Enfin, pour ceux qui l'auront mérité, uniquement !
    En plus - soyons aussi mesquins de temps à autre - ce coffret de 4 CD (augmenté d'un livret d'une quarantaine de pages) nous est proposé à un prix qui vaut tout de même le détour : moins de 50 €.
    A 48 heures de cet exaspérant passage obligé qu'est devenu aujourd'hui la fête de l'alcool... euh, de la musique voulais-je dire, ce petit cadeau musical arrive à point nommé. Avec son air d'éternité, il est un excellent remède à la médiocrité ambiante et remet les pendules à l'heure dès les premières minutes. Tout est dit, dans un souffle, c'est magique !

    Tiens, j'ai bien envie de vous en proposer un court extrait. La composition s'appelle "Tune up" et je n'ai pas pu résister au plaisir de vous laisser écouter un chorus de John Coltrane, qui, déjà, habitait sur une autre planète.


  • Le moment de la notice

    C’est bien beau de perdre en trois mois une petite dizaine de kilos à l’aube de la cinquantaine, histoire de prouver qu’on n’est pas obligé de devenir gras du bedon, comme nous le serinent les magazines féminins revanchards. Encore faut-il, au-delà d’une hygiène alimentaire savamment étudiée et offrant néanmoins un minimum de place à quelques fantaisies, essayer de se maintenir en forme et pratiquer avec une régularité digne des bonnes résolutions de rentrée scolaire un minimum d’exercice physique. Voici donc l’histoire d’un vélo elliptique arrivé en notre Maison Rose il y a quelques jours sous la forme d’un carton pesant une bonne cinquantaine de kilos - 53 exactement - qu’un gentil transporteur accepta de hisser avec moi jusqu’au deuxième étage, le désormais célèbre « Chalet Suisse ».

    Laissez-moi vous expliquer avant toute chose : Madame Maître Chronique et moi-même avons longtemps fréquenté ce que nous appelons une « salle de sport ». Trois grandes pièces embuées résonnant des échos FM meuglés par de tristes chanteuses arènebi pré-formatées, des instruments de torture en nombre – pour courir, marcher, pédaler, soulever, tirer, un aréopage de Brutus aux larges épaules vous scrutant d’un regard dont la profondeur avoisine au mieux celle d’une flaque d’eau en zone désertique, un environnement olfactif à vous donner envie, enfin, d’être définitivement privé de votre odorat, sans oublier les douches où vous devez vous immiscer avec timidité entre deux paires de fesses poilues et rebondies énergiquement frottées au moyen d’un gel douche dont le parfum discret déclenche chez vous instantanément une migraine insupportable, juste avant que l’heureux propriétaire des dites fesses, dûment séché, ne s’asperge d’un fatidique déodorant dont les effluves ne seront pas sans rappeler les nuisances du nuage de Tchernobyl au mieux de sa forme, nonobstant les dénégations de notre Ministre de l’Environnement de l’époque. Au bout de quelques années, faut le reconnaître, ça lasse… C’est pas qu’on soit crâneurs, Madame et moi, mais bon… reconnaissons que la conversation était assez limitée avec nos co-religionnaires. Et puis, on n’y connaît rien en foot, en bagnoles ou en tuning et nous n’avons pas une science très approfondie de la géographie locale des clubs de rencontres. Voilà, j’ai trouvé : nous nous sentions un peu étrangers en ce monde très simple où toutes les questions économiques et politiques les plus complexes trouvent toujours une solution très facile. Suffit de. Y a qu’à. Faut qu’on. Le responsable est clairement identifié, son nom est « Ils ». Une espèce de poujadisme ambiant que d’aucuns cherchent à excuser en le baptisant de « bon sens populaire » et que je me contente de définir comme de la connerie, pure et simple. Pourtant, je peux vous assurer que nous avons fait montre d’une assiduité assez irréprochable, gagnant les lieux de une à deux fois par semaine pour y accomplir des exploits dignes des plus grands sportifs. Au point qu’à bien y réfléchir, je me demande si le niveau que nous avions atteint ne nous aurait pas valu d’être l’objet d’une amnistie présidentielle si le besoin s’en était fait sentir. Rendez-vous compte : j’en étais arrivé au stade où, grimpant sur un drôle d’engin – une sorte d’enfant illégitime né du croisement d’une paire de skis de fond et d’un vélo d’appartement – j’étais capable de mouliner à près de 100 tours de pédalier par minute pendant près d’une heure et demie. Sus aux calories, j’affichais avec fierté une transpiration que m’aurait envié notre Johnny national, un faciès livide pendant l’effort, sans grimace, le regard plongé dans un ailleurs inaccessible… et surtout, la satisfaction de l’exploit accompli malgré la souffrance endurée. On n’a rien sans rien, et j’étais capable à cette époque d’entendre n’importe quelle radio vomi sans avoir envie de fracasser la minichaîne coupable contre le miroir accroché au mur du fond. Nous étions devenus en quelque sorte des ascètes, des esthètes du pédalage intérieur, des créateurs de sueur, des experts du sweat shirt détrempé (qui portait bien son nom – à ce propos, on dit « souète » et par « souite », je suppose que vous le saviez, m’enfin, au cas où, je préfère préciser). Et tout cela sans ingurgiter la moindre poudre de Perlimpinpin spéciale « musculation » avec protéines et autres substances magiques. Non ! Tout en volonté, en endurance. Par la force d’un mental d’acier. Mais comme vous l’avez compris, une certaine lassitude finit par nous gagner. Non que nous n’ayons plus envie de nous frotter à l’exercice sus-décrit, mais plutôt parce que le voisinage sportif que nous devions endurer confinait petit à petit à l’insupportable. Oui mais… une bonne hygiène sportive, finalement, c’est bon pour le corps, bon pour l’esprit. Alors… nous étions dans l’obligation de trouver une solution. Et voici qu’un beau jour de mai 2006, nous décidâmes d’acquérir l’appareil source de toutes nos souffrances et d’installer chez nous un « coin sport », loin des mastodontes à la démarche simiesque que nous ne voulions plus voir. Le plus dur était à venir cependant, car avant de trôner sur la bête, il nous fallait franchir un obstacle redoutable : le montage de l’engin et la lecture de sa notice d’installation. Nous allions, durant plus de deux heures, nous sentir seuls au monde.

    Pour commencer, il faut imaginer la chose sortie de son emballage originel. Enfin… quand je dis la chose, je devrais plutôt dire LES choses. C’est bien simple, il y en a partout : des vis, des boulons, des rondelles, des cache pédale, des bras articulés, des pieds. Sans compter les sacs plastiques qui envahissent la pièce et qui vous rappellent la dernière fois où vous avez tenté de manger un artichaut. Z’avez pas remarqué ? Quand vous avez fini de le déguster, votre assiette est plus remplie qu’au départ. Et ben là, c’était la même chose… Avec en plus les milliers de boulettes en polystyrène que vous avez involontairement projetées dans toute la pièce en voulant extraire les différents éléments du carton. Et que vous retrouverez sans le moindre doute dans plusieurs années, cachées sous le meuble à disques, malgré des séances de ménage à répétition. Une sorte de découragement commence à vous gagner lorsque, bien décidé à ne pas vous en laisser compter, vous ouvrez le livret…
    Et là… c’est le drame !
    Le mec qui a écrit ça, il doit vivre dans un univers bi-dimensionnel, une sorte de monde virtuel où tous les êtres humains ont le nez collé juste à côté des joues, un peu comme chez Picasso (le peintre, pas la voiture) ou comme dans les fresques égyptiennes. Je ne vois pas d’autre explication à cette manière de dessiner les schémas de montage… Ou bien c’est un pervers… En tous cas, on comprend très vite qu’il a décidé de régler ses comptes avec nous et que la bataille à engager va être des plus rudes. Ce salopard vous cause de la vis n° 38 longue de 5 millimètres dans laquelle vous n’aurez pas oublié de glisser une rondelle n°12 de diamètre 0,8, avant de la fixer dans le trou 76 au moyen de la clé que, bien entendu, vous avez involontairement projetée d’un coup de pied malhabile sous l’un des trente cartons de déménagement toujours pas vidés depuis le mois de novembre dernier. Et y en a comme ça six pages, à décrypter, l’œil collé à la feuille de papier malgré le port obligatoire de vos loupes de quinquagénaire. Alors forcément, par moments, on s’énerve un peu, on ne comprend pas pourquoi le nombre de vis spécifié dans la notice ne correspond pas à celui qui vous avez pu compter dans la vraie vie. Sans compter les dizaines d’allers-retours du deuxième étage au garage pour aller chercher le bon tournevis, celui qui vous manque toujours… jusqu’à que, illuminé par un éclair de lucidité, vous décidiez de remonter une bonne fois pour toutes la boîte à outils… Petit à petit cependant, un appareil évoquant assez fortement celui sur lequel vous vous êtes épuisé durant des années sous l’œil torve des bovidés poitrinaires commence à apparaître sous vos yeux ébahis. Malgré votre ignorance et votre incapacité congénitale à entretenir avec tout travail manuel une relation paisible, il devient évident que devant vous commence à se dresser fièrement un vélo elliptique. Tout est là, le pédalier dans sa coque plastique, les deux bras articulés, le tableau de bord électronique, y a même un porte-bidon dont la présence reste un mystère, comme si le concepteur avait imaginé un beau jour qu’on irait peut-être se balader en rase campagne avec sa machine à transpirer. Moi, j’ai trouvé à quoi il sert ce bidule : à vous griffer les genoux une fois sur deux en plein effort. Histoire d’ajouter une deuxième couche de souffrance à celle que vous allez vous badigeonner méticuleusement des heures durant. Comme les rasoirs à deux lames.

    Trois heures plus tard… Il me reste deux vis dont je ne sais quoi faire et il est évident que deux orifices sur l’axe central attendent toujours le boulon adéquat. Oh hé ! C’est pas de ma faute, je vous jure, c’est les Picasso qui se sont trompés dans l’approvisionnement. J’ai tout vérifié, j’ai relu deux ou trois fois la notice après montage, me repassant mentalement tout le film de cette construction en fermant les yeux. Tsss tsss tsss… c’est pas moi, c’est eux ! Ils auront droit à un e-mail dans lequel je ne manquerai pas de leur réclamer les éléments manquants. Non mais… Bon, cela dit, tout semble en place, j’ai même trouvé l’orifice permettant de brancher le boîtier d’alimentation et c’est d’un poing vengeur fièrement dressé que je salue cette victoire face à l’ennemi ! Ah, vous aviez pensé m’avoir ? C’est raté…

    Dimanche 28 mai 2006, vers 11 heures du matin. Je grimpe sur la bête non sans une certaine fébrilité et après avoir pris le temps de sonoriser le Chalet Suisse de manière acceptable en piochant une heure de musique dans ma discothèque. Le pédalage commence, les compteurs électroniques affichent leurs premiers résultats. C’est beau la technique moderne… Miracle ! On dirait bien que le montage a réussi, tout semble en ordre. Une belle aventure humaine vient de se terminer, une autre va commencer…

    Lundi 5 juin 2006 : déjà plus de 75 kilomètres au compteur, le total cumulé des calories dépensées est désormais un nombre à quatre chiffres. Tout est scrupuleusement noté sur mon assistant personnel, je veille au grain et m’engage à suivre un programme draconien. Le programme d’analyse de la masse graisseuse me déroute un peu néanmoins car il m’indique que je suis au-dessous du seuil normal… En d’autres termes, je dois m’engraisser tout en pédalant. Comprends pas…