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WHAT ELSE ? - Page 14

  • Très abattu...

    Mon jardinier paysagiste est venu. J’attends son devis, je devrais plutôt dire ses devis car au vu de l’ampleur de la tâche qui reste à accomplir pour faire de mon jardinet un lieu convivial et un minimum ensoleillé, nous dépasserons de très loin la simple opération de rafraîchissement. Il va falloir non seulement élaguer, mais couper une bonne partie des arbres. Le verdict du professionnel est tombé tel le couperet fatidique : au diable ces saloperies de charmilles qui mangent toute la lumière, dehors ce vilain sureau qui me ramène des hordes de bestioles inutiles, gare à toi bouleau pleureur, tu ne vas pas pleurer longtemps, tu peux me croire. Quant aux lauriers qui prolifèrent au point de transformer ces pauvres petits 100 mètres carrés en une tonnelle humide et ombragée, je ne leur pronostique qu’une durée de vie très courte. Je n’ose même pas penser à cet érable géant dont il va falloir limiter considérablement les ambitions. Et puis, j’envisage carrément de faire réaliser une vraie terrasse, de bonne surface, histoire de ne pas m’encombrer de ces menus travaux et récurrents telle que la tonte d’une pelouse parfaitement inutile. Pas envie de devenir l’emmerdeur qui, pile poil au moment où vous souhaitez goûter un moment de tranquillité, vous assène le bruit du moteur de sa tondeuse jusqu’à ce que, dépité, vous pliiez bagage et retourniez en vos appartements. Vous n’avez jamais remarqué, vous ? Faut toujours qu’il y ait un con qui soit pris du besoin impérieux de sonoriser votre environnement alors même que vous n’aspirez qu’au grand calme. Un peu comme les mecs qui écoutent des trucs merdiques à fond dans leur bagnole customisée : y font toujours ça la fenêtre ouverte, comme s'ils voulaient être bien certains qu'on ait compris qu'ils ont des goûts de chiotte. Donc, la pelouse, c’est pas pour moi. Que les choses soient bien claires entre nous...

    D’ailleurs, je n’ai pas attendu bien longtemps avant de me mettre au travail, mais en silence moi, môssieu. Car quand je m’active, c’est avec doigté et délicatesse, je suis un méticuleux du nettoyage. Oui, parce que mon paysagiste jardineur ne pourra pas intervenir avant l’automne. Je ne sais même plus pour quelle raison. Trop de boulot ? Pas la bonne période ? Ou les deux ? D’ici là, vais-je devoir contempler le spectacle de la nature en folie depuis la fenêtre de ma cuisine, n’osant pas mettre un pied sur ce sol hostile ? PAS QUESTION !

    Donc, hier, profitant du seul rayon de soleil de la journée – durée approximative : une minute et trente secondes – en ce beau printemps lorrain, à inscrire très probablement dans un futur livre des records de la météorologie, j’avais décidé de déguster un bon café en extérieur. Plateau au bout du bras, puis posé sur le muret humide, je pestais tout en sirotant mon breuvage contre cette végétation luxuriante, fruit de la négligence d’un ancien propriétaire qui, semble-t-il, n’avait jamais posé les pieds en ce lieu si particulier, ainsi que de conditions météorologiques favorables à la pousse ultrarapide de tous mes hôtes sur troncs. De l’ombre, de l’ombre, de l’ombre, rien que de l’ombre. Non, les choses ne pouvaient plus durer ainsi.

    Ni une ni deux, je filai à toute allure dans mon garage pour rapporter une échelle, puis dans le cellier pour y attraper la scie à bois prêtée par mon voisin – tiens, faites-moi penser que je dois la lui rendre – et commençai à élaguer tranquillement les deux branches parasols du bouleau pleureur coupable de l’obstruction qui me désespérait tant. Et hop, avec La Fraise et son English Lad à la réception, tout doucement, le panorama commença à s’éclaircir. On était bien loin du compte, mais l’amélioration obtenue en quelques secondes était très spectaculaire et surtout particulièrement encourageante. J’avais l’impression qu’on sortait tranquillement de la nuit pour entrer dans une grisaille bienvenue. Pas de doute, avec ce chapeau en moins au-dessus de nos têtes, on devinait tout le potentiel que recelait cet are urbain une fois qu’il serait complètement dégagé. C’est dire que ce premier travail ne fit qu’aviver mon impatience et c’est à ce moment que, mû par une drôle d’urgence bûcheronneuse, je décidai d’engager une lutte sans merci avec cet arbre coupable dont j’avais déjà bien réduit la capacité de nuisance. Plaçant ma scie à l’horizontale, à environ cinquante centimètres au-dessus du niveau du sol, je commençai à scier, un peu dubitatif tout de même quant à mes chances de réussite. Mais là, Ô miracle, le bois tendre du bouleau ne m’offrit pas la moindre résistance et je vins à bout de l’impétrant en quelques secondes seulement, dans un fracas de branches venant s’écraser sur différents pots de fleurs placés là par une main délicate, celle de Madame Maître Chronique.

    TIMBEEEEEER !!!!

    Qui c’est qu’a gagné ? C’est moi !!! A terre le bouleau, sèche tes larmes, t’en as fini de pleurer et de nous plonger dans la nuit diurne dont tu avais le secret.

    OK, j’avoue, maintenant c’est un peu le bazar parce qu’il a bien fallu pousser sur le côté toutes ces nouvelles branches mortes et leur cortège de feuilles envahissantes, histoire de voir enfin à quoi pouvait ressembler un jardin normal : sans herbe, sans arbre, sans trop de feuilles, juste quelques plantes pour faire joli et en attendant un beau dallage au soleil. Mais là, on voit mieux, même que le soleil a fait une nouvelle apparition, dardant ses pauvres rayons jusqu’à l’extrémité de notre enclos.

    Et le premier qui me fait une réflexion sur l’oxygène, la chlorophylle ou je ne sais quel machin d’écolo vert, je le chope et je le coupe en deux. Dans la vie, faut parfois prendre des décisions. De toutes façons, c'est bien connu : les prisonniers du bouleau font pas de vieux os !!!

  • Faut le faire !

    J'avoue mon inculture... mais jusqu'à hier, je n'avais jamais vu le moindre film de Pedro Almodovar... Rien de grave, me direz-vous, il n'y a aucune obligation à tout savoir du réalisateur ibérique. N'empêche, la première rencontre fut excellente et je m'autorise à vous inciter à vous rendre dans la salle obscure la plus proche de votre domicile pour voir "Volver", sa dernière production.

    Je ne suis pas un as de la chronique cinématographique ni même du "pitch", pour reprendre un terme à la mode. "Volver", c'est une histoire de femmes, deux soeurs, une tante, une mère, une fille... où les hommes n'ont pas leur place semble-t-il. Alors j'essaie de résumer : Raimunda (interprétée par Penelope Cruz qui y est excellente) a perdu ses parents dans un incendie et vit avec sa fille et son mari. Soledad, sa soeur célibataire n'est pas loin, toutes deux sont restées unies. Et puis le drame survient quand le mari de Raimunda devient un peu trop "entreprenant" avec sa propre fille qui le tue d'un coup de couteau en cherchant à se défendre. Raimunda endossera la responsabilité de ce meurtre et devra alors survivre au drame, elle prendra même temporairement les rênes d'un restaurant voisin dont le propriétaire est parti, aidée en cela par quelques amies chères. Sa vie sera bouleversée une fois de plus lorsque sa mère (Carmen Maura, impeccable) reviendra. Elle n'était pas morte, elle avait choisi de disparaître et de veiller sur une vieille tante, après avoir compris que son mari la trompait... Soledad sera la première à comprendre que sa mère était toujours vivante et l'hébergera chez elle, la cachant et la faisant passer pour une russe venue l'aider à coiffer ses quelques clientes dans son salon à domicile. Mais elle ne pourra durablement mentir à sa soeur qui, quelque temps plus tard, saura la vérité. Une mère qui revient, une histoire qui se réécrit. Raconté ainsi, ce film pourrait sembler ordinaire. Mais c'est sans compter avec le talent de Pedro Almodovar qui vient y instiller une telle dose de lumière et d'amour et même d'humour que "Volver" prend une dimension, me semble-t-il, exceptionnelle. On vit aux côtés de ses personnages, on souffre avec ces femmes, on rit également. Une autre mode du moment consiste à se gargariser de l'expression "film choral" dès lors qu'un film nous raconte plusieurs destins croisés qui se rejoignent et s'éloignent. "Volver" peut appartenir à cette catégorie. Peut-être pas dans la mesure où l'histoire de ces femmes est Une. Ces trois générations sont lumineuses et vous injectent une dose d'humanité très forte. On en redemande.

  • Dans la jungle, terrible jungle... l'oiseau est mort ce soir !

    Vous êtes décidément trop nombreux à hurler votre désespoir face au mutisme actuel de mon blog. Mais le temps passe à une vitesse si folle que je vois pas les jours défiler. Je cours, je vole, mais ne me venge point. Rentré chez moi après une confrontation quotidienne d'au moins huit heures avec l'écran de mon ordinateur portable, je confesse volontiers que je ne suis guère pressé de m'y coller à nouveau une fois niché dans la Maison Rose. Pourtant, les sujets ne manquent pas ! Et je vais revenir, c'est promis !!! Heureusement pour moi, le grand Dominique et le petit Nicolas nourrissent suffisamment l'actualité du moment pour qu'un silence temporaire ne soit pas pour vous source de manque. Ils sont magnifiques, ceux qui nous gouvernent, franchement, vous ne trouvez pas ? Si le ridicule tuait, nous vivrions de facto en anarchie, pour cause de décès brutal de nos chers élus.

    Et puis, zut, pas envie de parler politique non plus. Tiens, faites-moi penser que je vais aborder très prochainement (demain pour être précis), les rivages d'une nouvelle aventure dans mon océan chéri des relations avec le monde des artisans. J'attends un paysagiste à qui j'aimerais confier le soin de nettoyer, désoucher, élaguer, éradiquer... bref me proposer de faire un ménage - que je souhaite d'anthologie - dans mon si beau jardin devenu une véritable jungle par esprit de traîtrise. Oui, car ce jardin est un traître. Il a suffi que nous nous absentions quelques jours quelque part du côté du Languedoc Roussillon avant de rentrer en Lorraine via la Creuse - à ce sujet, faut que je vous cause aussi des bataves qui avaient squatté la résidence où nous avions posé nos bagages au Cap d'Agde - pour que, pris d'une véritable folie probablement liée à notre départ - ce jardinet vexé se la joue "gros bras" et transforme ses ridicules 100 mètres carrés, auxquels nous ne demandions à l'origine rien de plus que de nous offrir la possibilité de boire tranquillement un café au soleil, en une simili forêt amazonienne !!! Plus un coin de lumière ! L'ombre totale ! Imaginez une succession de parasols naturels recouvrant 70% de la surface de notre espace extérieur. Par exemple, les charmilles, ces saloperies, ont connu en une semaine une croissance dont les rentiers bedonnants du CAC 40 et de je ne sais quels fonds de pension rêveraient pour leurs portefeuilles !!! Encore un peu et leurs branches vont rentrer dans la chambre de Monsieur Monstrueux !!! Alors qu'elles venaient seulement de perdre les dernières feuilles de la pousse précédente. Le saule pleureur, c'est pas mieux, il est tellement pleurnichard qu'il faut avancer machette à la main pour trouver sa petite cuillère - et pourtant, nous buvons le café sans sucre - sur la table passée de la couleur blanche à une moche grisaille terreuse. Je ne parle même pas de cet arbre inconnu de moi, plein de trucs roses si beaux quand ils décorent les feuilles mais tellement nuls quand ils jonchent le sol alors qu'on ne leur demandait rien. Pas un mot sur les tulipes plantées par La Fraise, qui ont arboré une belle couleur rouge avant de s'écrouler lamentablement à la première goutte de pluie tombée. Et les limaces ? Hein, vous connaissez ces trucs-là ? Bordel, tu plantes un pied de salade ou de tomate et les voilà qui rappliquent en moins de deux - je croyais que ça n'avançait pas, ces bestioles - pour te bouffer le tout en moins de temps qu'il n'en faut pour les acheter à Botanic. Alors, mon z'artisan, il a intérêt à me proposer une solution, sinon finale, du moins durable, pour que toute cette flore et cette faune pas domestiques du tout soit mises au pas dans les délais les plus brefs. M'enfin, ch'sais pas non plus de combien il va vouloir me soulager, ce brave monsieur... je sens bien qu'il va me voir venir, lui... Il va faire face au citadin nigaud qui n'y connaît rien, une sorte de pigeon payant. Ah ben oui, j'avais oublié à propos de pigeon... j'ai vu hier qu'un oiseau mort n'avait pas trouvé de meilleure idée que de venir clamecer chez moi, dans le jardinet feuillu !!! Y a des jardins partout, à droite, à gauche, en face, sur des centaines de mètres carrés, et il faut que ce petit con vienne piquer du nez dans MA terre. Non mais j'te jure. On vit dans un drôle de monde...

    Un monde de brutes. Faut que j'enterre ce crétin de zozio, j'ai pas l'habitude et je sens bien que du côté de ma tribu, on va pas se précipiter pour creuser. Promis, dès que c'est fait, je reprends le clavier, c'est quand même moins pénible.

  • Réponse à la devinette

    Je vous rappelle que vous deviez trouver quel mot se cachet derrière : M _ _ _ _ T et je vous précisais qu'il avait un lien avec l'actualité.

    Ben oui, c'était d'une simplicité flagrante, n'est-ce pas ?
    En cette année Mozart, il fallait trouver : MENUET

    Trop facile ce truc...
    Sur ces bonnes paroles, je retourne à la plage et je vais compter les nudistes...

  • Devinette

    En mon absence, je vous propose un petit jeu.
    Je vous demande de trouver le mot dont il manque quelques lettres :

    M _ _ _ _ T

    Voici un indice : il est dans l'actualité du moment.
    N'hésitez pas à proposer vos solutions !

    Réponse bientôt ! 

  • La résurrection d'Alien

    Lorsqu'au début des années 80, Christian Vander - leader charismatique du groupe Magma - sentit germer en lui le projet très coltranien et acoustique baptisé Offering, il ressentit aussi le besoin de se ressourcer en se produisant sur scène dans le cadre d'un trio de jazz au sein duquel évoluèrent de brillants musiciens tels que Michel Graillier au piano et Alby Cullaz à la contrebasse. Deux grands messieurs qui, depuis, nous ont malheureusement quittés. Cette formation vit aussi à une époque la participation de Francis Lockwood et connut plus tard, à partir de la fin des années 80, une période au cours de laquelle les compagnons de Zebëhn s'appelaient Emmanuel Borghi et Philippe Dardelle. Le trio existe toujours (en témoignent ses récentes et belles prestations), et c'est maintenant Manu Grimonprez qui officie à la contrebasse et continue de célébrer avec intensité la musique de John Coltrane. Tout récemment, quelques concerts furent donnés au Triton (Les Lilas) avec en invité spécial le saxophoniste américain Ricky Ford. Qui veut admirer dans toute sa générosité et son charisme Vander le batteur serait bien inspiré de guetter l'agenda des concerts du Trio et de se précipiter à la rencontre d'une musique dont la densité vous laisse un peu abasourdi et vous fait ressentir ensuite une bizarre sensation de manque. C'est une sorte d'irradiation aux effets retard que bien d'autres que moi ont connu depuis longtemps et sauraient vous décrire en termes cliniques plus précis que je ne pourrai jamais le faire. Attention cependant et là je m'adresse aux élèves batteurs : regardez-y à deux fois avant de tenter l'expérience car vous pourriez ensuite être tentés, par humilité, d'apprendre un autre instrument. Ni'mporte quel autre... sauf la batterie !

    Mais dès cette époque de mutation, il y a 25 ans maintenant - rappelons que durant une bonne dizaine d'années, Magma se mit comme en sommeil et se retira tout doucement de la scène musicale pour ne revenir qu'en 1996 - Christian Vander avait aussi mis sur pied une formation plus électrique à la coloration jazz-rock appelée Alien. Sur la base d'une rythmique composée de deux claviers, une basse et une batterie auxquels pouvaient s'ajouter une guitare électrique, Alien puisait dans le répertoire d'autres géants de la musique : Tony Williams, McCoy Tyner, Billy Cobham, Jan Hammer pour n'en citer que quelques uns... Musique débordante d'énergie, instrumentistes virtuoses et habités par leur propos, nous étions là en présence d'un nouvel espace qui malheureusement pour nous ne laissa derrière lui aucun souvenir discographique. Pourtant, quelques concerts mémorables restent dans le souvenir de pas mal d'entre nous qui se souviennent de ces heures intenses en compagnie de Benoît Widemann, Jean-Pierre Fouquey, Dominique Bertram ou encore Jean-Luc Chevalier. Alien était passé telle une brillante et fulgurante comète, beaucoup de nous rêvaient de son retour un jour ou l'autre... sans y croire vraiment, tout en sachant qu'avec Christian Vander, aucune histoire commencée n'est jamais terminée.

    Et puis... et puis... fut annoncé pour le mois de décembre 2004 une série de concerts au Sunset ! Alien Quintet était à nouveau en chemin ! Construit autour du coeur d'acier de Magma (Christian Vander : batterie ; Emmanuel Borghi : piano Fender ; James Mac Gaw : guitare ; Philippe Bussonnet : basse) avec comme 5e élément l'élégant Benoît Widemann (lui-même pianiste de Magma durant de longues années) au moog, il y avait fort à parier que ce gang possédait tous les atouts pour mettre le feu sur scène ! Et ce fut bien le cas... au sens propre comme au sens figuré d'ailleurs puisque cette épopée parisienne tourna plus court que prévu un beau soir du fait d'un... incendie, qui entraîna la fermeture de cette salle si prisée des amateurs de jazz pour plusieurs semaines !

    Tous ceux qui eurent la chance d'assister à ces quelques concerts en ont gardé une fois encore de magnifiques souvenirs : plus de 2h30 de musique dont l'intensité ne faiblit à aucun moment, une joie de jouer évidente, des sourires complices qui s'échangent sur la scène, Christian Vander poussant plus que jamais la machine à haut régime, véritable catalyseur d'une communion chaque jour renouvelée. Sans tricherie. Offrant au public sa générosité et sa foi. Comme aux premiers jours.

    J'ai pu voir Alien en novembre 2005 sur la scène du Triton et, comme chaque personne présente ce soir-là dans la salle, j'ai reçu une fois de plus une telle claque que c'est avec beaucoup de légèreté et de flegme que j'ai dû regagner Paris avec les plus grandes difficultés du fait de l'heure très tardive, des travaux du côté de Belleville et du passage du dernier métro à Châtelet. Quelle importance, nous étions sous le charme, rejouant en silence ce concert trop rare, espérant que l'expérience aurait des lendemains. Hébétés, comme d'habitude...

    Alien, c'est un peu comme un soleil qui illuminerait la planète Kobaïa, c'est la célébration d'une lumière intemporelle, c'est aussi et surtout une véritable offrande. Je ne saurai jamais assez remercier de tels musiciens, je leur dois tellement depuis si longtemps que les superlatifs sont devenus inutiles. Si ces cinq garçons croisent votre chemin, n'ayez surtout aucune hésitation : toutes affaires cessantes, précipitez-vous et venez vous faire irradier, jamais vous n'aurez à le regretter. Ces heures-là sont si rares qu'il serait coupable de ne pas les vivre !!!

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    [Merci à l'ami Fabrice pour ses belles photos d'Alien Quintet au Triton, en novembre 2005]
     
    Ecoutons quelques instants Alien Quintet, dans un court extrait de "Dear Mac", cette belle composition du regretté Michel Graillier... Cet enregistrement n'a rien officiel, je vous le propose uniquement pour vous donner envie d'aller un jour à la rencontre de cette si belle musique...



    La discographie d'Alien est réduite à sa plus simple expression puisqu'aucun disque n'existe mais... sait-on jamais ? Un jour peut-être sur Seventh Records ?

  • Manassas ou une certaine idée de la perfection

    En 1972, Stephen Stills n'avait plus rien à prouver. Après l'aventure du Buffalo Springfield de 1966 à 1968 – avec entre autres complices un certain Neil Young – et celle, plus durable, entreprise avec Graham Nash et David Crosby (puis... Neil Young), notre homme était déjà au sommet de son art. Pourtant, c'est peut-être cette année-là qu'il commit, entouré d'un combo de luxe, un album qui reste, par-delà les années, un sommet dans l'histoire du rock américain.

    Comment définir ce disque – à l'origine un double 33 tours aujourd'hui réédité sous la forme d'un CD – autrement qu'en multipliant les superlatifs ?
    Virtuose.
    Indémodable.
    Habité.
    Chaleureux.
    Flamboyant.

    Pas besoin d'en ajouter... nous sommes immergés au cœur de 72 minutes inspirées dont jamais la tension ne retombe. Avec Manassas, Stephen Stills nous convie à un voyage qu'il a décomposé en quatre phases (à l'origine, une par face du double album) : The Raven, The Wilderness, Consider et Rock & Roll Is Here To Stay. Un périple au cours duquel le guitariste a su inventer un savant cocktail alliant blues, rock, folk et country rock, sans que jamais l'impression d'harmonie de l'ensemble ne soit rompue.
     
    Les titres s'enchaînent naturellement, souvent sans pause, enluminés par une chorale de guitares et de voix qui semble survoler une rythmique foisonnante. Les sept musiciens du projet Manassas, outre Stephen Stills lui-même, ont pour nom Chris Hillman (ex-Byrds), Al Perkins, Dallas Taylor, Paul Harris, Fuzzy Samuels, et Joe Lala, auxquels viennent s'ajouter ici ou là quelques invités, dont un certain Bill Wyman à la basse, sont au service d'une musique qui n'a pas pris la moindre ride, peut-être tout simplement parce qu'elle refusait d'emblée toute concession aux modes de son époque. Certains musiciens disent qu'ils ne composent pas la musique qu'ils jouent mais qu'ils en sont plutôt les récepteurs et les vecteurs. Si tel fut le cas pour Stephen Stills en cette année 1972, alors nul doute qu'il eut ce talent fou d'être un véritable medium. On ne le remerciera jamais assez pour ce ce cadeau ! Dédié à Jimi Hendrix, Al Wilson et Duane Allman, Manassas continue de livrer, un à un, tous ses secrets près de 35 ans après sa sortie et ne cesse d'enchanter. J'ai beau chercher... je ne parviens pas à lui trouver un défaut :  il ne faudra pas voir dans cette admiration une quelconque nostalgie du paradis perdu des années adolescentes. Déjà, au moment de sa sortie, ce disque me semblait magique et je serais incapable de compter le nombre de fois où, bien plus tard, au volant de ma voiture, j'ai pu l'écouter au petit matin, savourant avec gourmandise les bienfaits de cette drôle de médecine sonore. Il y avait comme une concordance parfaite entre mon esprit disponible et la sérénité de cette musique à la fois humble et riche.
     
    A bien réfléchir, on se rend compte aussi que cette expérience fut, d'une certaine façon, sans lendemain. En 1973, le groupe repartait en studio pour ajouter un second épisode à son histoire. Mais allez savoir pourquoi, ce nouveau disque appelé Down the road fut ressenti comme une vraie déception. L'équipe était pourtant là, au complet, mais quelque chose semblait s'être cassé entre temps, non que le disque pût être qualifié de «mauvais», loin de là, mais plutôt parce qu'encore pris dans la tenaille magique de son prédécesseur, chacun d'entre nous était comme surpris de s'apercevoir que le résultat n'était pas à la hauteur des espérances qu'il avait fait naître. Quel que soit le talent de l'artiste, celui-ci ne peut prétendre tutoyer les sommets en permanence. Nous avions tellement reçu qu'il eut été ingrat de nourrir le moindre ressentiment à l'égard de Stephen Stills. Manassas était à nos côtés, sa présence rassurante nous suffisait et nous n'avions pas à nous forcer pour le remettre sur la platine au gré de nos envies. Ce qu'à titre personnel il m'arrive de faire encore bien souvent...

    Allez, juste pour le plaisir, un petit extrait de «Anyway»... choisi un peu hasard car j'aurais pu vous proposer n'importe laquelle des 21 compositions de ce disque !
     

    Et comme toujours, pour en savoir plus...
  • I've got the pelouse

    «On a remis les compteurs à zéro car le score est maintenant de 1 partout.»

    Ouh la la la la la la... Elle est puissante cette réflexion d'un commentateur sportif que j'ai captée samedi soir en revenant du cinéma – où j'ai vu un film totalement oubliable, «Les enfants du pays», sorte de téléfilm de terroir sur France 3 avec un Michel Serrault passant son temps à imiter Michel Serrault – après avoir allumé mon téléviseur pour savoir, depuis mon canapé du cuir rouge, à quelle sauce était mangée l'équipe de football de Nancy – c'est ma ville – opposée à celle de Nice en finale de la Coupe de la Ligue. Attention, hein, soyons clairs entre nous : le foot, ça m'ennuie très fort, d'habitude je ne le regarde jamais à la télévision mais je tenais à constater de mes propres yeux le phénomène qui faisait la une de toutes les discussions ce jour là dans notre belle ville : près de 40.000 supporters nancéens avaient fait le déplacement jusqu'au Stade de France pour encourager leur équipe favorite. Vous vous rendez-compte ? 40.000 personnes sur un total de 100.000 habitants. Certes, si l'on tient compte de ce que nos élus ont poétiquement appelé la Communauté Urbaine du Grand Nancy – la CUGN – ce total s'élève à plus de 350.000, mais tout de même, ça fait un paquet de monde dans les bagnoles, les bus et les trains... Raah dis-donc, si toutes ces énergies positives et collectives étaient mises au service d'une autre cause, on imagine à quel point notre beau pays ne tarderait pas à occuper sur la scène mondiale la seule qu'il mérite : la première !!!

    Et puis j'ai entendu cette phrase mémorable... Mais avant, deux mots tout de même au sujet des deux sbires chargés sur une chaîne dite de service public de commenter cette rencontre : d'abord, il est évident que dans leur esprit – allez savoir pourquoi – c'est l'équipe de Nice qui, forcément, devait gagner face à ces petits joueurs lorrains. Il fallait les voir s'exciter comme des puces dès lors qu'un de leurs poulains rouge et noir avait le ballon. Sûr, c'était pour marquer un but, la voie était tracée, on n'échappe à son victorieux destin. Alors on comprend un peu leur déception quand ils durent se rendre à l'évidence : à la mi-temps, ces pauvres lorrains menaient par 1 à 0... Mais... ouf ! Dès la reprise, les niçois remirent les choses dans le bon ordre en égalisant au bout de quelques minutes d'une domination logique compte tenu de leur supériorité naturelle. Et c'est à ce moment précis que les deux porte-voix proférèrent cette inoubliable pensée que j'ai choisi de vous asséner en début de note. Allez, je ne peux y résister : «On a remis les compteurs à zéro car le score est maintenant de 1 partout». C'est du bon, hein, du premier choix, non vous ne trouvez pas ? Je me la suis passée en boucle encore hier toute la journée, persuadé que je n'avais pas saisi toute la subtilité du propos, qu'il y avait du subliminal là-dedans. J'en ai même failli me sectionner à plusieurs reprises quelques phalanges en coupant des branches dans mon jardin, malgré le port de gants spéciaux achetés 10 € quelques heures plus tôt dans une jardinerie dont je n'ai pu ressortir qu'après avoir cédé aux injonctions d'une caissière m'incitant à devenir porteur d'une carte de fidélité, bénéficiant ainsi d'une réduction de 10% sur mes achats. Euh... pourquoi je vous dis tout ça, moi ? Bon, revenons à nos moutons footballeurs... et à ces deux experts que l'histoire de la télévision retiendra certainement pour les siècles à venir. Donc, tout allait bien dans le meilleur des mondes puisque le gagnant de la Coupe allait être l'équipe de Nice. Surtout que, peu de temps après cette égalisation inexorable, les lorrains virent l'un des leurs expulsé du terrain suite à une accumulation de cartons jaunes. C'est ainsi. Il paraît, je l'ai entendu de la bouche même de nos deux Dupont du micro, que le football est un sport de contact – bizarre, quand j'étais gamin, on m'apprenait à taper dans le ballon, pas sur les adversaires – et que par conséquent, on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs – 3 oeufs bien battus, une cuiller à soupe de farine, un petit pot de crème fraîche, 20 centilitres de lait, salez, poivrez, mélangez bien le tout sans vous économiser puis versez dans un plat à tarte (brisée) où attendent déjà d'appétissants petits lardons, mettez à four chaud (thermostat 7) pendant 30 minutes et vous avez une bien bonne quiche lorraine, ne me remerciez pas, c'était mon cadeau du jour, une prochaine fois, nous évoquerons le cas de la choucroute – bon, je ne sais plus où j'en suis de mes parenthèses... m'enfin, un joueur de moins de côté de Nancy, c'était l'hallali, la défaite assurée et bien sûr tellement attendue de nos éminences sportives. Mesdames et messieurs, remballez vos petits drapeaux rouge et blanc agités par dizaines de milliers, la fête est finie, vous allez perdre, c'est dans l'ordre naturel des choses, respectons donc la nature et acceptons son verdict. Oui mais voilà, patatras, voilà t'y pas qu'un joueur de l'équipe de Nancy est pris subitement de l'idée stupide consistant à dévier de la tête le ballon au fond des buts niçois. Ah ben mince alors !!! C'est quoi ce bazar ? Ils sont 10 au lieu de 11 et malgré leur infériorité numérique – c'est un terme que les commentateurs de football emploient souvent, ça fait un peu professionnel, le genre je m'y connais, je parle le français spécialisé, c'est pour ça qu'on m'embauche – pan dans la cage ! 2-1 ! Tu m'en diras tant ma poule !!! Contre le cours du jeu bien sûr puisque jamais Nancy ne devait gagner, c'était pas prévu comme ça. Et c'est là que nos petits jumeaux du micro nous servent une théorie dont ils n'auraient jamais fait état si, par chance, ce renversement de vapeur n'avait pas eu lieu : figurez-vous qu'une équipe privée de l'un de ses joueurs semble en réalité bénéficier d'un avantage très fort vis-à-vis de celle qui est au complet ! On ne sait pas pourquoi, mais là où l'on aurait pu imaginer qu'il pouvait s'agir d'un handicap, et bien non, c'est tout le contraire !!! A se demander pourquoi, d'emblée, l'équipe qui veut absolument gagner ne laisse pas quelques joueurs sur la banc de touche, si c'est plus simple quand on est moins nombreux sur le terrain. Notez cependant que leur théorie, ils n'avaient pas l'air de la trouver si évidente que ça deux minutes plus tôt mais bon... puisqu'on vous le dit !
    Franchement, je suis heureux de vous faire partager ces moments de bonheur ! Surtout que je devine déjà que vous en redemandez encore une petite louche, alors je ne regarderai pas à la dépense car vous le méritez. Pour vous, rien que pour vous, une troisième fois, cette pensée qui fait notre admiration à tous : «On a remis les compteurs à zéro car le score est maintenant de 1 partout.» Mais attention tout de même, je prévois un devoir sur table dans deux semaines alors soyez gentils de réviser, ça va compter dans la moyenne...

  • Jazz cramoisi

    Voilà un disque pour le moins inattendu, mais totalement réjouissant, qui nous propose une relecture jazz du répertoire de King Crimson, le légendaire groupe du guitariste Robert Fripp. Une nouvelle d'autant plus formidable que le titre de cet album : "The King Crimson Songbook Volume 1", publié à l'automne 2005, nous laisse espérer une suite qu'on attend déjà avec la plus grande impatience ! On en parle pour 2006...
    Lorsqu'en 1969 fut publié "In the Court of the Crimson King", nous étions en train de découvrir ce que l'on a pu appeler par la suite un mouvement musical baptisé "rock progressif". Celui-ci se démarquait du "rock tout court" par l'assimilation dans une musique électrifiée de nombreuses influences, jazz mais aussi classiques avec un grand soin apporté à la richesse des arrangements et des orchestrations. Cette musique affichait des ambitions créatrices fortes et allait connaître un développement foudroyant durant la première moitié des années 70. Les ramifications de cette nouvelle branche furent très nombreuses et souvent en provenance de l'Angleterre : pour mémoire, on évoquera des formations telles que Genesis (celui de Peter Gabriel, avant son départ en 1975 et surtout avant la main mise du groupe par Phil Collins pour un projet plus banal), Emerson, Lake & Palmer, Yes, Pink Floyd, sans oublier ce que l'on appelait l'école de Canterbury initiée par Soft Machine. King Crimson occupait une place assez particulière, en raison principalement de son leader, personnage plutôt austère dont la présence scénique était aussi minimaliste que sa rigueur était grande. On n'imaginait pas vraiment taper sur l'épaule de Robert Fripp, cet homme là distillait sa part de mystère qu'il a toujours conservée au fil des années.
    La discographie de King Crimson est abondante, on pourra en juger en se reportant au site Internet consacré au groupe : http://www.disciplineglobalmobile.com, j'y reviendrai d'ailleurs un jour car je reste persuadé que l'oeuvre de Robert Fripp représente une somme impressionnante, bouillonnante et diversifiée qu'on n'a pas fini d'explorer, qu'il s'agisse de son travail en groupe, en solo, voire en duo.
    Et justement, il s'agit bien d'une véritable exploration que nous proposent de découvrir Ian Wallace (premier batteur de King Crimson) et ses complices Jody Nardone (piano) et Tim Landers (basse fretless). Pour utiliser un terme savant, on pourrait dire que le travail du Crimson Jazz Trio est un véritable palimpseste de la musique de King Crimson. Adoptant une couleur résolument jazz, mais avec un profond respect des thèmes originaux que l'on identifie instantanément, cette formation virtuose - adoubée par Maître Fripp qui y va sur les notes de pochette de son commentaire flatteur à propos de l'enregistrement réalisé, ce qui ne constitue pas une mince performance - réussit brillamment ce qui aurait pu s'avérer un laborieux et vain exercice de style.
    Or, il n'en est rien ! La musique jouée par le trio coule aussi naturellement que l'eau d'une source de montagne, et celui qui ignore sa provenance aurait beaucoup de mal à imaginer qu'il s'agit là d'une savante et belle adaptation. Les choix opérés par le groupe concernent toute la période qui va du premier album (avec de magnifiques versions de "21st Century Shizoid Man" et de "I Talk to the Wind") jusqu'à "Three of a Perfect Pair" en 1984, en passant par une reprise surprenante du sombre et somptueux "Red" en 1974. Voilà une galette parfaite, sans temps mort ni faute de goût, regorgeant d'une heure de musique humble et respectueuse. Une réappropriation magistrale qu'on recommandera à tous les mélomanes gourmets et gourmands.
    Un petit extrait de "Red"... pour vous donner envie d'aller plus loin avec le Crimson Jazz Trio !

    Vivement le volume 2 !
    Pour en savoir plus : http://www.crimsonjazztrio.com/
  • Chroniques pascales... mais presque !

    Une fois n'est pas coutume, j'aurai la chronique brève, mais pour me faire pardonner, elle sera aujourd'hui illustrée...

    Musique
    Commercy est le pays de la Madeleine, cette délicieuse petite brioche citronnée dont une bourgade voisine de Nancy revendique également la paternité ! C'est faire fi de l'histoire qui nous rappelle qu'en son temps, le bon roi Stanislas s'était légèrement engueulé avec son cuisinier qui, à l'occasion d'un repas, avait brutalement décidé, en guise de représailles, de faire la grève du dessert. Dépité, le souverain polonais installé à Nancy n'eut d'autre recours que de faire appel en toute urgence à une jeune demoiselle dénommée Madeleine et originaire de Commercy. Celle-ci lui mitonna en deux temps trois mouvements une délicate brioche de sa fabrication qui sauva la mise de son bon roi et passa très vite à la postérité. Que les choses soient claires : la Madeleine est de Commercy comme la dragée est de Verdun. Et de nulle part ailleurs.
    Mais Commercy, cette ville du sud meusien propose depuis quelques années un mini-festival de jazz dont la programmation est de bonne qualité. La petite salle des Roises nous avait permis d'entendre le grand Henri Texier en 2005, pour un beau concert dont il avait été question ici, me semble-t-il. Et c'est son vieux complice Aldo Romano que nous eûmes la chance d'écouter samedi. Aldo Romano, sexagénaire au look de jeune homme – fringues de qualité italienne, sihouette svelte – est un batteur dont l'énergie se communique comme par magie à deux artificiers eux-mêmes transalpins, le saxophoniste Emmanuele Cisi et le clarinettiste/saxophoniste Francesco Varzetta. A leurs côtés, l'élégant Rémi Vignolo à la contrebasse et un Emmanuel Bex plutôt en demi-teinte aux claviers. Qu'importe, nous avons pu absorber une forte dose d'énergie baptisée «Because of Bechet», une occasion pour les cinq musiciens de nous mijoter des «Oignons» particulièrement savoureux et très relevés, et conclue par un rappel où le chanteur céda la place au batteur, pour interpréter «Estate» ainsi qu'une vieille chanson de Gianni Esposito, «Le clown». Je serais injuste d'oublier la magnifique première partie de cette soirée, animée par la saxophoniste Éric Séva – par ailleurs actuel membre de l'Orchestre National de Jazz – et son quartet «Folklores imaginaires». La virtuosité de ce monsieur n'a d'égale que sa désarmante simplicité et un sens inné de la mélodie dont les racines semblent profondes, si l'on en juge par les hommages appuyés qu'Eric Séva a rendu à plusieurs reprises à son papa musicien. Chapeau bas messieurs, des soirées de cette tenue, on en redemande !

    Chocolat
    Imaginez-vous que si les conditions météorologiques avaient été favorables – et nonobstant l'âge maintenant canonique de notre fulgurante progéniture – nous aurions convié nos chers enfants à une chasse aux oeufs dans le jardin. Ben oui mes amis, qui dit Pâques dit oeufs, voire lapin ou poule, et dans tous les cas... chocolat ! Malheureusement, le climat lorrain s'est placé en travers de nos projets – jardin humide impropre à une jeu de pistes dont la seule idée nous réjouissait, nous aurions eu en main un appareil photo pour immortaliser la scène – et nous avons opté pour une solution de repli, banale, consistant à présenter deux jolies boîtes à des rejetons confortablement installés dans le désormais célèbre canapé de cuir rouge.
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    Ne sont-ils pas mignons ces deux-là ? Y a juste un truc qu'ils ne semblent pas avoir bien compris... Leurs cadeaux chocolatés étaient garnis de délicats petits poissons... qu'ils ont volontairement oubliés, préférant se ruer d'abord sur ceux que nous avions mis en évidence sur la table et que, pour partie, nous nous destinions. Au final, alors que le soir même, nous scrutions désespérément le fond de l'assiette dans laquelle nous avions déposé la friture chocolatée, constatant qu'une mini-tornade était passée avant nous, leurs réserves étaient encore intactes. Un sens de l'épargne et de l'économie qui nous rassure sur l'avenir de leur bas de laine... On doit avoir les enfants qu'on mérite !


    Peinture
    Babar, c'est moi ! Vous vous rappelez mon Babar ? Mon peintre favori et sa science des couleurs ! Figurez-vous que ce gentil artisan avait eu – sur une mienne suggestion – la bonne idée de me laisser les restes de ses pots de peinture. J'ai donc pu, méthodiquement, tranquillement, prendre sa place le temps de trois après-midis et m'atteler à la mise au propre d'une petite pièce faisant office d'espace de communication entre notre célèbre escalier et notre Chalet Suisse du deuxième étage. Je suis très content du résultat mais ceci dit entre nous, je ne ferais pas ça toute ma vie, hein ? Certes, on a la satisfaction du travail qui avance, du chantier qui suit son cours mais non d'un chien, c'est salissant ce boulot... Heureusement, conformément à je ne sais plus quelles normes ISO machin, je n'emploie que des peintures à l'eau, pas de mauvaises odeurs, pas de migraines, mains propres en cinq minutes mais bon... c'est quand même un peu ennuyeux ce truc là... Madame Maître Chronique, qui n'a pas si souvent l'occasion d'admirer son époux entreprenant des travaux manuels dans une tenue que lui envierait un supporter de l'O.M., s'est empressée d'immortaliser la scène, pour votre plus grand plaisir. Je tiens simplement à préciser que ma tenue de travail n'est pas à vendre, si bien que je vous demanderai d'avoir la gentillesse de ne pas me harceler : c'est un souvenir personnel, je la garde jalousement.
    Vous pouvez m'admirer ici, visiblement au bout du rouleau et surtout, étonné moi-même d'un miracle accompli par la seule force d'une volonté inébranlable.
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