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WHAT ELSE ? - Page 25

  • Connaissance et sensualité

    Vendredi après-midi, je me suis acheté un livre. Oui, et alors, me direz-vous ? Bonne nouvelle, il avait un peu de temps, il s’est rendu au rayon bouquins dans un magasin dont, pourtant, il essaie de limiter au maximum sa contribution au chiffre d’affaires. On est content pour lui, tant mieux.
    Mais qu’est-ce que vous êtes susceptibles ? C’est le soleil qui vous tape sur la tête, vous ne supportez pas le passage brutal de l’hiver à l’été ? Vous en avez marre de voir la tête de Rastaffarin et du baron Machin, vous savez, l’ultra-libéral qui a su trouver en son temps les fonds publics pour renflouer son navire familial ? Oh, c’est pas grave, je vous disais cela uniquement pour vous faire part d’une certaine forme de relation que j’entretiens avec les livres et qui me paraissait un tout petit peu digne de retenir votre attention. Ceux qui m’aiment me suivent et hop !
    Donc, j’étais là, devant des centaines de bouquins étalés non sans une certaine indécence, j’avais dans l’idée de lire plutôt un roman, plutôt anglo-saxon et plutôt en collection de poche (c’est quand même moins cher…). Mon œil a parcouru rapidement les piles de hauteurs et de tailles variables, j’ai repéré une couverture plus sympa que les autres, un paysage désertique, des tons allant du beige au brun et j’ai empoigné la chose. Bonne souplesse sous la main (important, ça, la souplesse, parce que quand je lirai dans mon lit, le bouquin ne refusera pas obstinément de rester ouvert, une typographie lisible sans lunettes (ben oui, à 47 ans, il faut accepter de faire quelques concessions et je me suis vu contraint, voici 18 mois, de chausser des loupes pour m’adonner à la lecture), l’idée aussi que le texte n’est pas suffisamment dense pour vous faire tourner les pages une ou deux fois par demi-heure seulement (moi, j’aime bien tourner souvent les pages d’un livre, je lutte ainsi mieux contre le sommeil qui me gagne). En quatrième de couverture, je lis le «pitch», comme dirait l’autre, je constate que le sujet m’intéresse : il s’agit de l’histoire de cinq pénitents qui tentent de survivre durant l’épreuve de la quarantaine, il y a deux mille ans, dans le désert de Judée. Je ne connais pas l’auteur, mais il est anglais, un certain Jim Crace (ce qui me le rend tout de suite sympathique car il est le quasi-homonyme de Jim Croce, un chanteur américain que j’aimais beaucoup et qui, comme d’autres grands, est mort brutalement dans un accident d’avion, vous voyez ici à quel point mon esprit est un peu torturé...) né en 1946. Enfin, le titre est «Quarantaine» et voici qui me correspond bien, pour 3 ans encore, même si je sais qu’il ne s’agit de MA quarantaine à moi tout seul.
    Tout cela pour, finalement, dire que j’entretiens avec les livres une relation visuelle, tactile, olfactive même (vous ne respirez pas un bouquin au moment de l’acheter ?) et que je suis persuadé qu’en notre époque de haute technologie et de dématérialisation des supports (celle qui gagne la sphère de la musique notamment, mais qui peut être combattue dès lors qu'un vrai effort est fait dans la présentation, et accessoirement le prix, il suffit pour s'en convaincre de voir le dernier coffret consacré à Charlie Parker dont j'ai déjà parlé ici. Ce coffret donne à lire, à voir et à toucher tout autant qu'à entendre), l’objet livre a encore de beaux jours devant lui. D’ailleurs, les tentatives qui ont vu le jour jusqu’à présent se sont soldées par des échecs, me semble-t-il. Je ne crois pas que les e-books aient connu un franc succès : il leur manque une âme, un parfum, un douceur au toucher qui les rendent uniques. Vous vous imaginez, vous, au lit ou sur la plage, en train de lire sur un écran qui sera probablement illisible la plupart du temps ? Ne tournant plus les pages mais appuyant du doigt sur le bouton «Page suivante» ? Incapables de mesurer le chemin qui vous reste à parcourir jusqu’à la fin ? Nan nan nan… je ne suis pas vieux jeu en disant cela, je suis quasi certain d’avoir raison. Il nous faut préserver cette alliance magique entre connaissance et sensualité !
    Le livre est plus menacé par la propagation de l’inculture auprès des générations en devenir par les médias mercantiles que par un hypothétique transfert des textes vers des supports numériques (bien utiles, quant à eux, pour archiver).
    Et puis, quelle que soit la stratégie implacable de la communication mise en place à l’échelle de la planète qui a su créer le besoin autour de ces livres, quel bonheur tout de même de voir tous les gamins du monde se précipiter avec leurs parents pour acheter le dernier tome d’Harry Potter ! On les imagine, rentrant chez eux, se nichant dans leur chambre et se mettre… à lire, tout simplement, télévision éteinte ! Alors je me dis qu'avant-hier, devant tous ces bouquins, peinant à choisir, j'étais un peu comme eux, à la recherche de cette magie de l'imaginaire que seuls les livres et ceux qui les écrivent peuvent nous transmettre.

  • Bonheurs du hasard, hasards du bonheur


    Certains croient à la prédestination, d'autres pas. Je pense faire partie de la seconde catégorie, étant persuadé que nous ne sommes, nous individus, que le produit de multiples hasards qui s'entrechoquent, créant en nos vies des bifurcations inattendues, des inflexions parfois brutales et qui, reconnaissons-le, peuvent paradoxalement nous laisser penser que nous ne sommes pas totalement maîtres de notre propre existence.
    J'aurais, comme chacun d'entre vous j'en suis certain, des tonnes d'histoires à vous raconter sur ce sujet mais... j'aimerais surtout vous faire part d'un tout récent "accident de hasard", dont je fus hier la victime plutôt bienheureuse... Vous me pardonnerez d'entrer parfois dans les détails, tant pis...
    Hier donc, vers 13 heures, il faisait un temps splendide : ciel bleu, douceur, un printemps qui voulait se donner des allures d'été. Des conditions propices à une flânerie urbaine qui semblait me tendre les bras d'autant qu'il me restait quelques heures à récupérer dans mon boulot (oui, Rastaffarin, tant pis, la Fonction Publique attendra, j'aurai certainement une fois de plus contribué à creuser le déficit du budget de l'Etat et je dis cela avec... détermination !). Ni une ni deux, j'opte pour l'hypothèse buissonnière et préviens illico mes collègues qu'ils devront se passer de moi quelques heures. Nonobstant leur probable souffrance, je propose à ma femme de l'accompagner à pied jusqu'à son travail (soit tout de même près de 2,5 km) avant d'aller musarder ici et là, la truffe en l'air comme le chien que j'aurais pu être dans une autre vie (malheureusement, les hasards ont fait de moi un être humain et, pour être Lorrain, je sais quel intérêt j'aurais pu avoir à être couvert d'une bonne couche de poils)... L'ayant quittée, je me glisse dans la peau d'un inspecteur des travaux finis et vais contempler le gros chantier de la Place Stanislas (dont la rénovation enchante les vrais urbains que nous sommes ! Automobilistes obsessionnels, allez vous faire voir ailleurs et partez polluer un peu plus loin, merci... il ne reste plus aujourd'hui à éradiquer que les poussettes pour bébés pilotées avec une lenteur insupportable par bon nombre de parents béats, exhibant fièrement leur progéniture braillarde qu'ils revendiquent comme la plus belle du monde... oh, STOP, je rigole, c'est de l'humour) avant de m'engager dans le rue des Dominicains (si vous n'habitez pas Nancy, prenez donc un plan de la ville, ce sera plus simple). Et là... tatata !!! Roulement de tambour, messieurs les hasards : bonjour ! Qui vois-je face à moi ? Mon propre frère (je passe sur certains détails) qui n'est pas du tout un régional de l'étape et dont je me suis éloigné voici près de 30 ans pour de complexes raisons que je ne vais pas exposer ici. Pourtant, celui-là, on peut dire qu'il a compté dans ma vie, c'est quand même lui qui m'a filé de le virus de la musique, c'est lui qui m'a chaperonné lorsque j'étais gamin, qui me laissait écouter des disques et encore des disques dans sa chambre, sans parler des innombrables heures de jeu qui nous avaient valu de nous endurcir les genoux, pour les avoir trop frottés sur le parquet brut du grenier en voulant reconstituer à notre manière le Tour de France de cyclisme. Euh, là je pense que vous ne suivez plus, je reviendrai un autre jour sur ce sujet qui mérite de plus amples explications.
    Mais la vie a ses mystères et en m'éloigant de lui (ou lui en s'éloigant de moi, ou les deux à la fois), c'est tout une part de moi-même qui était comme en sommeil, paralysée. Oh, certes, nous nous échangions régulièrement une carte postale de convenance, des voeux au moment des fêtes de Noël mais... rien d'autre, la dernière fois que nous nous étions vus, c'était en février 2002 lorsque notre père est mort.
    Et là, hier 18 mars 2005, vers 14 heures, je le retrouve, détendu, en bonne compagnie, qui me demande des nouvelles de tout le monde, qui veut savoir où en est Tagadaughter dans la préparation de ses examens, qui m'explique qu'il s'est fabriqué un CD en téléchargeant des séquences musicales sur le site de son neveu (donc, mon fils), qu'il aime beaucoup ce qu'il fait... nous échangeons nos numéros de téléphone portable avant de nous quitter.
    Quelque temps après (rue Saint Jean, vous suivez sur le plan ?), je ne peux résister au besoin de lui envoyer un texto dans lequel je lui dis que j'espère beaucoup que ce hasard sera le prélude à de vraies retrouvailles entre frères... Sa réponse ne tarde pas puisqu'il me répond très peu de temps après qu'il en est lui-même certain et qu'il en a envie et besoin autant que moi !
    Inutile de vous préciser que cette belle journée fut donc bien plus ensoleillée pour moi qu'elle ne le semblait aux autres et on voit bien dans toute cette petite séquence comment les hasards se sont enchaînés les uns aux autres : cette décision impromptue de modifier mon emploi du temps, puis le trajet vers le centre ville, ce temps passé à observer les travaux pour, au final, synchroniser mon itinéraire avec celui de mon propre frère se trouvant là, juste là, alors qu'il habite dans la Marne !!!
    Du coup, j'en viens à me dire que je vais revenir sur mon appel à l'hiver de l'autre jour ! Vive le printemps, vive le soleil, vive le ciel bleu, vive l'école buissonnière qui m'ont donné l'occasion de tourner une page de 30 ans de grisaille...
    Et vivent les hasards !

  • Bird



    L'objet est magnifique : un coffret contenant 3 CD bourrés de musique jusqu'à la gueule, une finition très soignée, un somptueux livret avec un commentaire bilingue pour chaque titre et plein de belles photos et illustrations. Cette rétrospective 1940-1953 de Charlie Parker est un petit bijou, que je conseille vivement à ceux qui veulent découvrir l'univers virevoltant et habité de celui que l'on surnommait "Bird". Cerise sur la gâteau, apprécions cette fois le prix modique de l'ensemble, à peine plus de 20 €.
    INDISPENSABLE !

  • Monk Elektro et autres avancées technologiques en ce début de XXIème siècle


    Mardi soir, la classe jazz du Conservatoire National de Région de Nancy (bref, du CNR pour parler comme tout le monde...) proposait une audition dont la seconde partie était une création autour d'un projet bien intéressant : l'adaptation sur un mode "électro" de sept compositions du pianiste Thelonius Monk. Une heure de belle musique, de l'énergie à revendre, de l'inventivité... sous la houlette d'une bande de copains musiciens qui ont fait montre d'un bel esprit d'entreprise, chacun ayant contribué en proposant son propre arrangement. Sur la scène, outre les instruments "traditionnels" comme le piano, la batterie, la basse, la guitare et les saxophones, on pouvait apercevoir au sol une impressionnante quantité de câbles et de boîtiers divers. Car il s'agissait, à travers cette création, de relever le défi des nouvelles technologies appliquées à la musique en apprenant l'utilisation d'objets barbares tels que les pads, les samplers, les pédales en tout genre, que ces dernières soient reliées à la guitare ou au saxophone.
    Durant cette soirée, ma seule contribution aux avancées technologiques, si je puis m'exprimer ainsi, fut d'enregistrer cette heure de création sur mon Mini-Disc (avec moult difficultés je le confesse, pour des raisons qui m'échappent encore... c'est incroyable la susceptibilité de ces objets : on dirait que, mis en présence de quelques congénères cousins, mon MD m'a fait un gros caprice, une crise de jalousie en coupant de manière anarchique l'enregistrement de temps à autre. C'est promis, petit MD chéri, la prochaine fois, on enregistrera une fanfare, y aura pas un seul câble, pas un micro, pas un instrument amplifié, tu seras le plus grand, le plus beau. Ca te va, comme ça ?) et de voler quelques instantanés avec mon appareil photo numérique. Je ne suis pas un grand photographe (et je l'étais ce soir-là d'autant moins qu'à mes côtés se trouvait un photographe professionnel et talentueux, l'ami Jacky J.) mais il m'est venu l'idée d'un petit travail à effectuer pour le compte du site Internet de mon fiston. Moi aussi, j'accorde mes violons aux technologies du moment et je "bidouille" quelques photos pour leur donner une nouvelle vie, sous une forme qui se trouve quelque part entre dessin et peinture. Je vous en propose un ci-dessous, prise mardi soir durant un chorus de Pierre au saxophone alto, et cette illustration pourrait être la première d'une série que je mettrais en ligne dans une galerie de "tableaux".
    Et je m'engage sans attendre à produire également quelques impérissables chefs d'oeuvre pour le compte du blog de ma Tagadaughter !!!
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  • J'ai un peu mal à l'Europe


    Je pense vraiment être animé d'un sentiment d'appartenance à l'Europe et je ne souhaite qu'une chose : que les citoyens des différents états de l'Union Européenne aient le sentiment d'appartenir tous à une même communauté, dans le respect de leurs différences. L'Europe source de paix, j'y crois et je nous souhaite à tous de vivre en un grand espace libéré des guerres et des génocides.
    Je crois également vivre en bon européen, il m'est arrivé de voir ici, chez moi, des allemands, des anglais, des polonais, il y a même bien longtemps, nombreux étaient les étudiants de bon nombre de pays venant nous rendre une petite visite. Ma femme, titulaire d'un diplôme d'un Centre Européen Universitaire, travaille dans un établissement scolaire où les échanges avec d'autres pays font partie du programme depuis bien longtemps. Mes enfants connaissent l'Europe, ils sortent de nos frontières, pas forcément pour aller à l'autre bout du monde, mais de façon bien plus naturelle que nous ne l'aurions fait à leur âge. Pas de frontières, une même monnaie, on bouge, librement, c'est l'Europe qui se crée, jour après jour. Et c'est tant mieux.
    Et pourtant... je commence à détester cette autre Europe qu'on nous construit, celle où nos hommes politiques, dépouillés depuis belle lurette du vrai pouvoir économique, ne peuvent plus que constater les premiers dégâts.
    On ne me parle que d'un Europe du libéralisme, de la circulation la plus libre possible des capitaux... on me parle bien peu des hommes et des femmes. L'argent, l'argent, le profit, les actionnaires, la concurrence...
    Dernière trouvaille en date : la directive Bolkestein ! Ainsi, à moins que je n'aie rien compris, il s'agit pour des entreprises de pouvoir s'implanter dans tout pays de la communauté européenne en appliquant les règles de leur propre pays pour tout ce qui touche au droit du travail. Encore une attaque frontale contre ce que certains appellent une "Europe sociale". Encore le pouvoir de l'argent qui brandit ses menaçantes délocalisations, sous une forme plus pernicieuse.
    Mes années d'études en sciences économiques sont maintenant très loin, peut-être n'ai-je rien compris mais je ressens un vrai malaise en entendant toutes ces "avancées" qu'on nous promet.
    Déjà que je suis bien incapable de savoir quel bulletin de vote je vais glisser dans l'urne... D'un côté, mon sentiment d'appartenance à l'Europe me pousserait à voter "OUI" mais... oui, car il y a un mais... comment faire comprendre que mon OUI veut dire OUI à une Europe qui avance en respectant les hommes et les femmes, mais pas un OUI à cette marchandisation des personnes ? Comment, par ailleurs, faire savoir que mon OUI ne sera pas un bulletin à mettre au crédit de l'actuel gouvernement (parce que Chirac, il me semble bien qu'il y a trois ans... il a un peu trop vite récupéré mon bulletin aux élections présidentielles).
    J'ai vraiment peur de me faire avoir une nouvelle fois. Et cette fois, je ne veux pas que le sourd de l'Elysée et le bossu de Matignon se paient ma fiole...
    Alors voter NON ? C'est tentant mais il reste ce soupçon de gêne qui me gagne à dire NON à l'Europe, parce que c'est le contraire que je souhaite.
    Et puis... un référendum, c'est bien, mais qui aura lu le projet de constitution ?
    Pour l'instant, j'en suis à un NON qui l'emporte légèrement sur le OUI...
    C'est énervant tout ça... si quelqu'un veut bien éclairer ma lanterne... il vous reste jusqu'au 29 mai pour faire avancer le débat !!!

  • Vivement l'hiver !


    Allez hop, c'est le printemps depuis ce matin : ciel bleu, températures à la hausse, il paraît que tout le monde va subitement être de bon poil, alors que pour moi, les temps difficiles commencent.
    Imaginez un peu le calvaire que doit endurer un techno-man de mon acabit : le froid de l'hiver (qui, je le rappelle à ceux qui ne sont pas lorrains, dure ici de la mi-septembre à fin juin) est la raison objective qui vous pousse à vous engoncer dans un bon gros manteau et donc d'un vêtement aux poches multiples. Le bonheur, car tout y trouve sa place : le boîtier à lunettes (ben oui, je sais, c'est l'âge), le portefeuille, le porte-monnaie, le téléphone, le baladeur mp3, les stylos, la clé USB, l'agenda, le trousseau de clés ! Oui, mes amis, l'hiver est la saison bénie du vêtement mains libres !
    Alors que depuis ce matin, un seul petit blouson est suffisant pour affronter les sourires radieux de mes contemporains. Tout léger, avec deux pauvres poches dans lesquelles on hésite même à glisser un paquet de mouchoirs en papier. On contemple les poches latérales de son pantalon et on repousse l'idée de les remplir, de peur d'afficher un look baroudeur façon "Gérard Holtz au Paris Dakar". On charge un sac de l'essentiel, on fourre n'importe où, de rage, on ne retrouve plus rien, c'est un véritable chemin de croix.
    Où sont mes pooooooches ?
    Il fallait me voir à midi quittant le boulot, le sac aux armes de mon employeur en bandoulière, mon ordinateur portable à la main, puis, quelque temps plus tard, en bon français, deux baguettes maintenues en vie par les hasards de l'équilibre d'un humain désemparé, cherchant les clés pour enfin... m'effondrer chez moi et déposer tout mon paquetage. Alors qu'avant-hier encore, je sentais tout contre moi, bien nichés dans les 15 poches internes de mon manteau, tout ce qui fait ma vie d'homme contemporain.
    Heureusement, cette maudite saison de douceur et de ciel bleu n'aura qu'un temps, elle durera encore moins longtemps que la dernière fois et, enfin, je redeviendra un citoyen aux mains libres.
    Vivement le mois de septembre, vivement l'hiver prochain !!!

  • Coup de chapeau !


    Pendant que d'autres classent les 100 plus grands français, d'autres font preuve d'une belle créativité. J'adore cette animation créée autour de "Giant Steps" de John Coltrane et je ne résiste pas au plaisir de vous la faire découvrir.
    Comme disent les anglo-saxons : ENJOY !
    http://michalevy.com/gs_download.html
    Et merci à l'ami oLLo qui me l'a fait connaître...

  • Classons...


    Je pense que je vais en décevoir certain(e)s, mais je ne peux vous cacher qu'hier soir, j'ai commis l'erreur de m'avachir dans mon beau canapé rouge tout neuf pour contempler le triste spectacle de notre télévision de service public. Je dis bien erreur car avant même de regarder la boîte à images, je savais à quoi m'attendre et pourtant, dans un élan de masochisme incontrôlé, je me suis laissé aller...
    Puissiez-vous me pardonner ! Juste une circonstance atténuante néanmoins : je n'ai pas été capable de regarder la chose jusqu'à sa fin tardive, faut quand même pas exagérer.
    Résumons les faits : France 2 nous avait délégué deux officiants, Michel Drucker (le gentil Michel Drucker, n'oublions jamais que Michel Drucker est gentil) et Thierry Ardisson (pauvre Ardisson, pitoybale, qui se croyait obligé de ponctuer chacune de ses interventions d'une lourde vanne généralement localisée au niveau de la ceinture) pour commenter les résultats d'un classement des 100 plus grandes personnalités de l'histoire de France, sur la base d'une enquête menée auprès d'un échantillon de 1038 personnes, soi-disant représentatives de l'ensemble de la population française. Tout ce monde était confortablement installé au Sénat, en présence d'un public composé de différentes sommités (Yves Duteil, David Douillet notamment) venues là en leur qualité d'experts pour apporter leurs commentaires éclairés.
    Une première question me taraude néanmoins : où donc étaient passés Jean-Luc Delarue (et son oreillette, ses fiches, son stylo, son débit), Laurent Ruquier (et ses tristes calembours permanents) et Daniela Lumbroso (déléguée à la culture de France 2) ? pourquoi nous avoir privé de leurs bons services ?
    Je m'égare... ainsi donc, au gré des heures (à 23h30, ce n'était pas fini, va savoir jusqu'où les courageux téléphages ont dû veiller...), on nous a expliqué qui comptait vraiment dans l'histoire de notre beau pays, la FRANCE !!! Je ne vous garantis pas une restitution fidèle de cette momentable soirée mais, entre deux accès de somnolence (Les Inconnus avaient inventé une expression qui me plaît beaucoup : une boulimie de nonchalance), un oeil fermé, l'autre à moitié ouvert, je crois avoir retenu l'essentiel : Michel Sardou, Raymond Poulidor, Renaud, Francis Cabrel, Michel Sardou, Aimé Jacquet, Patrick Poivre d'Arvor et... Michel Drucker himself !
    J'exagère ? Oui, incontestablement puisqu'entre ces personnalités essentielles s'étaient glissées quelques erreurs de casting comme Vercingétorix, Clémenceau, Jeanne d'Arc, Jean Renoir, Claude Monet, Emile Zola, Simone Veil, Jean Racine, Jean Moulin et quelques autres dont l'influence est, on le sait, mineure dans la vie de l'Hexagone depuis des siècles.
    Forcément, au bout d'un certain temps, on craque et l'on se dit que si l'échantillon est vraiment représentatif, alors nous, braves Français, avons une perception de notre histoire pour le moins incongrue, qui vous fait privilégier le présent, le futile, l'accessoire au détriment de ceux qui ont été de véritables forces d'impulsion à travers l'histoire. Non pas que ces derniers se soient trouvés absents du classement, mais bien trop largement sous-représentés au regard des chanteurs de variété et des sportifs par exemple. Je ne sais plus qui, à un moment, a dit que la présence de ces derniers était importante parce qu'ils "faisaient rêver". Ah oui ? Est-ce qu'ils ne contribueraient pas un petit peu aussi à l'endormissement général ? Non ? Ah bon, pourtant, il m'avait semblé...
    Et puis, à quoi bon un classement ? On veut quoi à la fin ? A quoi tout cela peut-il bien servir, en dehors d'occuper une soirée entière de télévision ? Je cherche la réponse à cette question, mais je ne trouve pas, j'imagine que cette statisticomania doit bien répondre à un besoin profond chez nous, une nécessité de mettre en ordre le brouillard des pensées de nos contemporains, peut-être est-ce que bon nombre d'entre nous trouvent ces palmarès rassurants...
    Alors j'ai tout stoppé, ma patience a tout de même des limites, et je me suis mis "Le pas du chat noir", le très beau disque d'Anouar Brahem, entre les oreilles...
    Dommage qu'il ne soit pas français, celui-là, je l'aurais bien mis dans les 100 premiers. Mais non, je rigole !

  • Magma à l'Olympia


    Jeudi 27 janvier 2005, 20h20… Il neige sur le boulevard des Capucines, la nuit est déjà tombée depuis un bon bout de temps sur Paris et pourtant, il règne ici comme un air de fête. Je contemple une fois encore la façade de l’Olympia qui affiche fièrement "Magma" et, comme revenu de longues années en arrière, je savoure avec plaisir mon ultime attente au sein d’un long cortège de personnes qui, tout comme moi, comme 2500 autres, sont venues célébrer avec ferveur et fièvre le rendez-vous qu’ils n’espéraient peut-être plus.
    Magma à l’Olympia, Magma à l’Olympia…
    Tout doucement, la température monte, la foule se presse dans le hall, le service d’ordre fait son boulot, fouille, palpe avec une drôle d’indifférence appliquée, comme si nous existions à peine, sans nous accorder le moindre regard.
    Magma à l’Olympia, Magma à l’Olympia…
    Il est 20h35, je n’ai encore aperçu aucun visage familier – ils sont pourtant nombreux à m’avoir demandé de les saluer, même quelques secondes. Arrivé tardivement en ce jour de grève surprise où les trains ont souvent brillé par leur absence et leur retard, après une longue course poursuite contre le temps, je remets à plus tard les retrouvailles avec mes amis. Dans la fosse, la foule se presse, les regards se croisent, heureux, anxieux, en attente. Après un rapide appel au micro demandant aux spectateurs de bien vouloir s’abstenir de fumer (une requête souvent ignorée…), une jeune chanteuse, Ayo, fait son entrée sur scène, seule, une guitare à la main. Elle est heureuse de jouer quelques minutes devant tant de monde, nous sommes un peu surpris de sa présence. Sa musique semble vivante et sincère, mais comment l’apprécier vraiment ? Comment nous extraire de l’univers mental que tous, nous nous sommes méthodiquement créé depuis des heures pour mieux communier avec la musique de Magma ?
    Cette brève première partie terminée, voici maintenant venir le moment tant attendu. Beaucoup d’entre nous connaissent déjà le répertoire qui devrait être joué, les informations ont circulé énormément depuis plusieurs semaines et, avant même l’arrivée des musiciens sur scène, nous entendons en nous résonner les premières notes, celles que nous devinons, celles que nous nous remémorons.
    Magma va venir, Magma à l’Olympia, Magma à l’Olympia…
    "Emëhntëht-Rê" !
    Ils sont là.
    De gauche à droite sur la grande scène : Frédéric D’Oelsnitz, Antoine et Himko Paganotti, James Mac Gaw, Christian Vander, Philippe Bussonnet, Stella, Isabelle Feuillebois. Derrière eux, dans un grand bain de lumière rouge, domine la projection de la griffe.
    "Emëhntëht-Rê" ! L’introduction est empreinte de toute la majesté qu’on lui avait connu dans les années 70 (en 1977 notamment), elle n’est plus uniquement vocale comme à l’époque des Voix, Christian Vander lui imprime toute la puissance que cette suite mythique – souvent évoquée, partiellement jouée – appelle et les thèmes vont pouvoir s’enchaîner : "Rind/ëh", puis le second fragment, que le groupe avait enregistré en 1976 (cf. la réédition sur CD de "Üdü Wüdü"), puis "Hhaï", dans une version très lyrique où le chant habité de Christian nous emporte… to believe in God… dowiss… avant que le Fender Rhodes ne scande deux accords sur lesquels vient se poser la basse de Philippe Bussonnet, elle gronde, les chœurs appellent… "Zombies" ! Tout s’enchaîne et même si l’on devine parfaitement que cette longue et belle suite n’en est qu’au premier stade de sa (re)création, qu’elle est encore inachevée, au point qu’elle ne fait qu’aviver encore plus notre impatience de l’écouter mûrir au fil des mois, toute l’énergie est là, intacte, préservée.
    J’entends ma voisine de fosse qui, à l’évidence, découvre la musique de Magma, dire à son ami : "C’est léger et puissant à la fois !". Peut-être, instinctivement, a-t-elle tout compris, tout perçu ? Car la force vitale de l’univers musical de Christian Vander est probablement à chercher quelque part dans ce déchirement permanent, cet antagonisme entre amour et désespoir, cette lutte sans merci entre courants opposés. Légèreté et puissance, air et terre…
    Après quelques mots de Stella qui nous dit le plaisir du groupe à investir à nouveau cette scène qu’il avait occupée voici maintenant 25 ans à l’occasion des concerts de rétrospective, c’est maintenant "Soï soï" et son introduction au piano, puis "KMX" et le duel fratricide entre la basse de Philippe Bussonnet et la batterie de Christian Vander.
    On imagine alors une pause (ou une trêve, c’est selon…), quelques minutes de répit avant un second assaut, sous les ordres du capitaine d’un vaisseau conquérant.
    Non, pas de pause, c’est au contraire un "K.A" survitaminé qui s’annonce, 50 minutes d’une fête musicale dense et habitée comme jamais : les voix s’envolent, le feu des cymbales nous brûle les yeux et les oreilles. Il y a dans cette composition que le groupe joue sans relâche depuis trois ans maintenant une jubilation aux pouvoirs énergisants, une joie si communicative qu’on redoute de voir le temps défiler trop vite, la fin s’approcher malgré nous. Pourtant, malgré notre envie commune de suspendre ce temps, de l’arrêter en plein vol et de demeurer ainsi, comme en état de lévitation, les minutes s’écoulent et la fin approche.
    La fin, ou presque…
    Les applaudissement, eux, durent longtemps, le public refuse la fin de la fête et c’est avec un neuvième complice que Magma revient sur scène : un Klaus Blasquiz souriant, voire débonnaire, qui vient jouer le rôle d’un Monsieur Loyal et prendre le temps de nous présenter, un à un, chacun des musiciens avant d’entonner la chanson "originelle", l’invitation au premier voyage : "Kobaïa" ou dix minutes pour un retour aux sources en guise d’au revoir. Et même si, ce soir-là, la prestation de Klaus ne fut peut-être pas inoubliable, ce bonheur partagé, ces sourires échangés, ces gestes affectueux eurent vite fait d’irradier définitivement un public conquis.
    Applaudissements, applaudissements encore… à n’en plus finir ! Christian Vander, comme intimidé, revient au micro nous expliquer que… désolé… après 23h30… il faut arrêter, c’est ainsi, c’est l’Olympia, c’est Paris.
    Applaudissements…
    Et le groupe revient, malgré tout, tout doucement, musicien par musicien. Christian entame au chant la magnifique "Ballade", ainsi nommée parce qu’elle n’a jamais été présentée autrement. Les chœurs déposent leur tapis de velours, la guitare de James Mac Gaw tisse une toile délicate, les doigts de Christian imaginent une flûte ou, plus probablement, un saxophone soprano… Coltrane sundïa…
    Les lumières se rallument, c’est fini.
    On nous invite très vite à quitter la fosse. Dans le hall, chacun est là, un peu hagard, on retrouve enfin les visages qu’on n’avait pas eu le temps de voir trois heures plus tôt, on échange quelques mots, des silences, qui disent l’essentiel parce que tellement difficile à exprimer.
    Magma à l’Olympia, Magma à l’Olympia !
    Ce n’est qu’un au revoir.

  • Passage à l'AKT !


    Par un étrange retournement des situations, je m'aperçois que le Press Book Magma, que j'avais créé il y a maintenant 6 ans pour partager avec les fans du groupe le maximum d'archives (textes, interviews, chroniques, etc.) autour de l'hitoire du groupe a désormais changé de fonction. Si les visiteurs sont de plus en plus nombreux - et l'activité actuelle de Magma ne fait que renforcer le phénomène - il semble que cette compilation d'archives soit aujourd'hui aussi bien utile aux musiciens eux-mêmes !
    Hier soir, au téléphone, Stella me disait que bon nombre de journalistes connaissaient le groupe grâce au Press Book, en particulier à l'étranger et que Christian Vander lui-même reconnaissait l'ampleur du travail et tout le bénéfice qu'il pouvait retirer de cet outil. Pourtant, à l'origine, ses réserves étaient nombreuses car il se méfiait un peu de cette manière que j'avais de "regarder dans le rétroviseur" alors que lui-même était plus tourné vers le futur. Mais Stella et moi avions tenu bon, ce Press Book a pu voir le jour et exister pour tous ceux qui souhaitent en savoir plus. La tâche est loin d'être terminée : je possède un grand nombre de documents qui n'ont pas encore trouvé leur place sur le site (grâce à la complicité de nombreux amis distants qui me donnent un précieux coup de main en jouant le rôle de rabatteurs d'information, en saisissant les textes qui ne peuvent être récupérés par les logiciels de reconnaissance de caractère, en me communiquant des informations inédites), j'ai en chantier différentes rubriques qui dorment un peu mais... à force de patience, toutes ces nouveautés seront bientôt visibles. Je voudrais aujourd'hui avancer sur un projet que j'ai appelé "Radio Magma" et qui consiste en un petit "juke box" Internet par lequel celui qui ne connaîtrait pas Magma pourrait écouter la musique du groupe. C'est un ami parisien qui a développé ce module et je suis assez impatient de le proposer.
    En outre, Stella m'a demandé tout récemment de prendre en charge une partie de la mise à jour des informations sur le site officiel de Magma et celui de son label, Ex-Tension Records. Me voici aujourd'hui dans une situation nouvelle, puisque le travail effectué depuis plusieurs années aboutit à une implication dans la vie même de cette famille musicale. Ce n'était pas vraiment pas mon objectif initial, mais il me semble cependant difficile de décliner une invitation qui me donne l'occasion d'un vrai passage à l'acte dans un domaine qui est tout de même une passion de longue date.
    A suivre donc...