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WHAT ELSE ? - Page 23

  • Simple comme un coup de fil


    Il y a quelques heures, un peu avant midi pour être précis, un ami m'appelle pour me dire qu'il était à Luxembourg mardi soir dans un club qui organise des jam sessions. Et puisqu'il en était le "chauffeur" - cet ami ayant pour habitude de convoyer dans sa très belle voiture quelques musiciens complices - il a pu écouter mon fils jouer sur scène et me confie sa joie de constater, je le cite, qu'il semble définitivement "passé de l'autre côté". Il ne tarit pas d'éloges, me confie qu'il a beau bien connaître celui qui est un peu son protégé, et par conséquent bien comprendre sa manière de jouer du saxophone, il me dit avoir pris une sorte de coup de poing dans l'estomac, en constatant à quel point l'évolution de son propos musical est rapide. Forcément, je suis sensible à ce que j'entends, je remercie, un peu gêné même... mais surtout, je me rends compte que cet ami me téléphone uniquement pour me faire partager ce qu'il a ressenti deux jours plus tôt. C'est l'exemple parfait du geste totalement désintéressé, émanant d'un être humain généreux et vibrant. Voilà qui me redonne confiance en mes congénères ! Si certains sont encore capables d'agir sans le moindre calcul, uniquement parce que le coeur leur dicte d'envoyer autour d'eux de tels signaux, alors l'espoir n'est pas totalement perdu. Et je me dis qu'une fois encore, la musique (et il en va probablement de même pour toutes les formes d'expressions artistiques) possède cette qualité de réunir spontanément des personnes qui savent vibrer à l'unisson et savent se comprendre parfois sans même prononcer un seul mot. J'ai déjà constaté à quel point ma passion pour la musique de Magma m'avait permis de rencontrer bon nombre de personnes d'une richesse incroyable - ainsi que quelques phénomènes opposés et dotés d'une bonne dose de connerie, il faut bien l'avouer, mais ceux-là ont vite fait d'être oubliés par nos cerveaux sélectifs... -, qui évoluent dans leur quotidien sans vulgarité, avec la grâce du doute et du questionnement. Cet appel téléphonique était donc, on le comprendra facilement, comme une petite touche supplémentaire sur le grand tableau que, jour après jour, j'essaie de peindre, en toute humilité. Un petit rayon de soleil, là-haut, à gauche, derrière les grands arbres...

  • Verdunois… et bleu de l’autre


    Le jeu de mots est stupide, mais on me concèdera qu’en ces temps où le Vatican s’apprête à lâcher de nouveau quelques austères bulles octogénaires, où notre bossu Premier Ministre recadre avec ostentation un employé porte-voix du Président Chi, où les villes de Londres et New York se prennent les pieds dans le tapis olympique en recourant à des méthodes commerciales peu scrupuleuses, je pouvais m’accorder une bêtise née d’un court passage, dimanche, en ma ville natale. Petite pirouette destinée à effacer la drôle de nostalgie qui m’a gagné subitement, nappant alors de grisaille et de brume une journée consacrée à ma mère. Une note «bleue» en quelque sorte.

    Car cette ville me laisse maintenant un goût étrange, mi-sucré, mi-amer. J’y ai passé les 17 premières années de ma vie, fréquenté école, collège et lycée, acheté un nombre déraisonnable de 33 tours, côtoyé la mort en absorbant (involontairement) une trop forte dose de monoxyde de carbone le 1er mai 1971, je l’ai retrouvée plus tard durant de longs mois de convalescence pendant l’été 1979, j’y ai même joué – deux étés consécutifs – le rôle du vendeur de charcuterie dans un supermarché. Elle est donc mon socle, la terre qui me rattache à mon enfance, chaque rue que j’arpente me rappelle un souvenir : en longeant la Meuse, me reviennent instantanément à l’esprit mes trajets me conduisant au lycée Margueritte ; en flânant Rue Chaussée, je retrouve l’emplacement du magasin de disques – aujourd’hui disparu – que je fréquentais assidûment ; je revois également la porte menant au cabinet médical du médecin de famille ; il y a aussi la pâtisserie «Aux Délices», toujours là, vivante, où les clients se pressent ; juste à côté, ce petit magasin où l’on vend des dragées (spécialités de la ville, je le précise, et qui n’ont rien à voir avec ces choses qu’on nous vend pour telles partout ailleurs et qui ne sont qu’amas de sucre épais et sans la délicatesse de l’amande…) ; en face, la Maison de la Presse, qui a pris les couleurs d’un réseau national mais qui est toujours là, centrale ; un peu plus loin, la gigantesque quincaillerie sur deux étages, où je ne suis quasiment jamais entré mais dont la présence m’a toujours rassuré, comme si elle me garantissait par son intemporalité une sorte d’éternité. J’observe toutes les façades, je note les changements, subtiles variations parfois, disparitions brutales aussi…
    Etrangement, au détour d’une rue, une personne que l’on connaît fait son apparition, comme surgie du passé. L’une de «mes» deux disquaires, aujourd’hui en retraite ! A une vingtaine de mètres de «mon» magasin de disques ! En quelques mots, nous évoquons cette époque, elle se souvient même de ma passion pour Magma ou le Grateful Dead… Fusion des époques, passé et présent, constat aussi du changement physique !
    Tout est là, ou presque : les abords de la Meuse ont été aménagés, plutôt bien d’ailleurs, le Monument de la Victoire nous déverse aujourd’hui un discret torrent jusqu’au fleuve, le marché municipal vient de subir une importante rénovation et ouvrira prochainement, comme s’il s’agissait de retenir au cœur de la ville une maigre population pressée de s’agglutiner dans l’un des deux ou trois hypermarchés locaux, le Centre Mondial de la Paix connaît aujourd’hui une flatteuse réputation et la Cathédrale, protectrice, domine sereinement, sûre de son fait. Alors pourquoi cet étrange malaise vient-il me gagner après une longue promenade ? J’ai beau n’habiter qu’à un peu plus d’une heure de voiture, tout cela me semble faire partie d’un autre monde : il y a cette maison dans laquelle j’ai habité de 1961 à 1974, toujours occupée mais dans laquelle je ne peux plus entrer alors que j’aimerais tant y pénétrer et retrouver en quelques secondes l’univers de mes années d’enfance. Je n’ai pu faire autrement que de lui rendre une fugitive visite, je l’ai observée depuis le trottoir d’en face, j’ai deviné les pièces, imaginé ceux qui me l’ont prise. Je revois instantanément mes parents, mes sœurs et mon frère, mes grands-parents. Je pense aux absents, ils me manquent. J’aurais bien voulu aussi que ma femme et mes enfants puissent partager un peu ces instants, mais la vie ne s’écoule pas toujours aussi simplement. Il faut tourner des pages, en se disant qu’on ne pourra pas toujours relire le grand livre. Le temps qui passe fait souffrir. On voudrait appartenir à tous ses âges en même temps, pouvoir passer de l’un à l’autre, se dire que la vie est encore longue, convoquer ceux qui nous ont quittés et leur dire de nous raconter leurs souvenirs, nous aider à être un peu éternels.
    Le soir venu, au moment de partir, je connais ce drôle de sentiment, fait du soulagement de pouvoir m’extraire de cette nostalgie anesthésiante et d’une forme de douleur d’être obligé de m’arracher à celui que je fus. Comme si, à chaque fois, j’étais gagné par la certitude que cette visite à mon enfance est la dernière.
    Alors je reviendrai, c’est sûr…

  • Histoires de racines...


    Je m'aperçois avec horreur qu'aujourd'hui, j'ai vécu depuis ma naissance un nombre de jours égal à la racine carrée de 297804049. Sachant que je compte bien rester sur cette Terre encore quelque temps (j'ai encore pas mal de choses à faire ici-bas et ça fait une éternité que je n'ai pas nettoyé ma voiture, alors, désolé, vraiment désolé, je ne peux pas m'en aller comme ça, ce serait un peu cavalier...), il me reste à espérer que lorsque la Grande Faucheuse m'appellera, les racines des pissenlits que j'aurai alors à manger seront un peu plus digestes... A ce propos, à quelle heure on mange ?

  • Dekismokton ?


    Je reviens aux propos que tenait dimanche soir sur Europe 1 notre cher ministre de l’Intérieur, Dominique De Villepin. Etant au volant de ma voiture, quelque part entre Meuse et Meurthe-et-Moselle, par un temps gris et tristounet, j’ai donc eu tout le loisir d’essayer de comprendre ce qui se tramait sous ses petites phrases, en particulier lorsqu’il a évoqué un changement de politique après le référendum du 29 mai.
    Je note cependant que depuis hier soir, on glose beaucoup sur «l’altercation» entre De Villepin et un Raffarin vert de rage de se sentir brutalement mis en cause, mais qu’avant ce non événement, aucun journaliste n’a eu à ma connaissance la lucidité de décoder le message que certains de nos gouvernants essaient de nous envoyer.
    Certains de nos gouvernants… c’est idiot ce que j’écris car c’est Chirac qui bataille tout seul et, lorsque l’on connaît ses talents de visionnaire, son ambition pour la France, je me permets d’esquisser un tout petit rictus car je vois bien qu’il nous prend tous pour des billes !
    Car quel est son problème majeur ? Sa situation personnelle après son mandat présidentiel, c’est évident ! Il lui est nécessaire d’être réélu en 2007 s’il veut continuer à jouir de tous ses droits et ne pas prendre le risque de faire l’objet de poursuites judiciaires.
    Il lui faut donc garder le maximum de bonnes cartes dans son jeu et, en tout premier lieu, concentrer ses efforts pour repousser l’ennemi juré, le petit Nicolas qui devrait en toute logique le laminer au premier tour de l’élection présidentielle et l’exposer à un avenir qu’il redoute probablement. Après avoir usé autant que faire se peut le fusible Raffarin, notre Chi imagine (lui ou ses conseillers en communication) que l’atout De Villepin pourrait lui être utile dans les prochains mois, afin de redorer son blason et de le placer dans les meilleures conditions pour la grande campagne présidentielle. Car Chirac vient aussi de comprendre comment le piège du référendum sur la constitution européenne était en train de se refermer sur lui : impossible de tirer profit d’un éventuel oui puisqu’en ce cas les français n’auraient pas confondu projet européen et politique intérieure ; à l’inverse, le non des français serait d’abord un non à Chirac et à son gouvernement, bien plus qu’un non à l’Europe (car même si ce non existe, il reste minoritaire). Après s’être lamentablement écrasé sur les plateaux de TF1 jeudi dernier, notre grandissime Président cherche LA solution qui pourrait lui laisser caresser l’espoir qu’il restera aux commandes de la France jusqu’en 2012 (Non mais ça va pas ? Vous imaginez, vous, 17 ans cumulés de Chirac président ? Moi pas !!!). Et sa grande idée, c’est de nous dire (je traduis, hein ?) : « Si vous êtes bien sages – en d’autres termes si vous votez oui au référendum – vous serez récompensés, nous allons gouverner autrement ! Nous allons vous écouter ! » Mais tu nous prends pour qui, Chichi ? Te rappelles-tu ce soir de mai 2002 où les français ont repoussé Le Pen plus qu’ils n’ont voté pour toi ? Te souviens-tu leur avoir promis que tu saurais te souvenir de cette situation particulière ? Ici, beaucoup de gens ont gardé tes propos en mémoire ! Au lieu de quoi tu nous a vendu du baron Sellières, massacré une décentralisation par trop de précipitation, entamé la longue destruction des services publics, saupoudré ici et là, sans projet. Et je ne parle même pas des artistes que tu as soulevés contre toi en leur imposant un régime draconien alors que les coupables étaient ailleurs…
    Alors tes promesses… pour ce qui me concerne, je voterai oui le 29 mai car je n’aime pas le mélange des genres, mais ne viens pas t’étonner si le non l’emporte car tu sais très bien que ta promesse est contradictoire : car si je me mets dans la peau du citoyen lambda et que, par mon vote, je souhaite te sanctionner, la promesse de changement (même si je n’y crois guère) risque fort de m’inciter à voter encore plus fort pour le non, car tu m'avoues ainsi que tu es aux abois !!!
    Et pendant ce temps-là, en face, c’est aussi le règne de la médiocrité… Du côté du PS, on nous annonce des remises en ordre, certains vont même fricoter avec je ne sais quels obscurs lambertistes (oui, oui, ça existe encore ces choses-là), les démagogues de tout poil jouent les ramasse-miettes et fédèrent leur non dans une logique qui m’échappe totalement !
    Et ça m’énerve vraiment que tous ces braves professionnels de la politique continuent à vivre leur petite vie dans leur bulle, ayant perdu tout contact avec la réalité.
    Pas terrible ce que je viens d’écrire aujourd’hui… faut pas m’en vouloir, j’ai du mal à trouver l’inspiration devant de si piètres modèles.
    Heureusement, Chinois et japonais viennent me sauver la mise avec ces manifestations d’hostilité probablement télécommandées par le gouvernement de Pékin. Car il est bien connu que lorsque la Chine s’agite, les nippons frémissent !

  • L’histoire pas drôle de monsieur J.


    J’ai un peu hésité avant de publier cette note, mais il est des rencontres qui vous laissent un peu abasourdis, et qui vous jettent en pleine figure la brutalité de notre monde. Alors je vous raconte en quelques lignes l’histoire de monsieur J.

    Il s’appelle monsieur J., je conserve son anonymat, par délicatesse, parce qu’il vit des moments si pénibles qu’il n’aurait pas besoin d’une telle publicité. Monsieur J. était employé voici deux ans dans une grande surface culturelle où il avait la responsabilité du rayon des disques de jazz. Professionnel sérieux, on pouvait lui faire confiance pour vous donner de bons conseils, mettre en avant les disques qu’il appréciait et faire vivre au mieux les quelques bacs que son employeur lui laissait consacrer à la musique qu’il aimait. Car monsieur J, à ses heures perdues, était aussi clarinettiste. Monsieur J. allait se marier et être père de famille. Tout allait vraiment très bien.
    Sauf que son agitateur d’employeur était un pingre et lui octroyait un salaire de misère après plus de 10 ans d’ancienneté. Monsieur J. décida donc de voguer vers d’autres horizons et se mit à travailler pour une compagnie d’assurance : beaucoup de travail, des heures qui ne se comptaient plus, un salaire multiplié par deux ou trois, jusqu’au jour fatidique où la future madame J. décida, quelques jours avant le mariage, de filer à l’anglaise, sans la moindre explication. Première déflagration.
    Je garde le souvenir de monsieur J., quelques jours après cette brutale séparation : égaré dans une fanfare de jazz Dixieland… lors d’un mariage auquel nous étions conviés !
    Monsieur J. tint bon, continua de travailler et devint même un excellent professionnel qui jouissait d’une très bonne réputation dans le secteur où il exerçait son métier. Les contrats pleuvaient, et monsieur J. put tout doucement remonter la pente et consacrer un peu de temps à son bébé de fils, qu’il lui était possible de voir régulièrement.
    Monsieur J. engagea alors de l’argent pour prendre des parts dans une affaire, afin de mieux construire son avenir. Un emprunt, des mensualités avec, en retour, la promesse de nouveaux revenus.
    C’était il y a trois ou quatre mois seulement.
    Mais les «amis» de monsieur J. n’en étaient visiblement pas et ruinèrent ses espoirs en l’arnaquant… Deuxième déflagration.
    Pas de revenus supplémentaires, des dettes à rembourser chaque mois jusqu'au jour où l’institution bancaire décida de bloquer ses comptes. Plus moyen de payer son loyer, plus d’argent pour mettre de l’essence dans une voiture devenue outil de travail et… plus de travail.
    Démarches pénibles, expulsion malgré de nombreux appels lancés à un préfet sourd. Quelques amis pour l’héberger, lui permettre de prendre une douche et rester présentable aux yeux des autres.
    Monsieur J. attend de pouvoir toucher quelques allocations, d’ici à deux mois et en attendant, erre dans les rues de la ville, les yeux brillants, l’haleine un peu chargée en alcool.
    Tout s’est écroulé en quelques semaines, il ne peut même plus être un père épisodique car il n’a plus de toit.
    Lundi soir, monsieur J. viendra sonner à la porte de mon bureau, nous parerons à l’urgence, la rédaction d’un CV, son impression en plusieurs exemplaires, je crois que nous collerons aussi des timbres sur les enveloppes car les timbres ne sont pas gratuits. Monsieur J. n’aime pas demander, en quelques secondes, ses yeux s’embuent de larmes et une présence, même discrète, est essentielle.
    Parce qu’une troisième déflagration serait vraiment insupportable.

  • Z'ont peur des mots ?


    La télévision est parfois un bon somnifère, elle nous propose également, de temps à autre, de réfléchir. Pas trop, hein ? Faut que nos cerveaux soient disponibles, je vous le rappelle ! Hier soir, un petit zapping m'a fait tomber sur un débat sur le thème du référendum (oui, je sais, j'en parle souvent) dans le cadre de l'émission "N'ayons pas peur des mots" sur i-Télévision. Autour de l'animateur, un politique pro-non (Mélenchon), un publicitaire (??? cherchez l'erreur) pro-oui et deux journalistes, chacun retranché dans son propre camp.
    Je ne dis pas que ces 20 minutes étaient inintéressantes, bien loin de là, les échanges étaient vifs, il y avait même de l'humour mais... qu'ils soient pro ou anti constitution, nos débatteurs ne nous ont pas délivré un seul vrai argument justifiant leur position. Ils sont OUI, ils sont NON, mais j'avoue que je ne sais toujours pas bien pourquoi. Ah si, ils sont tous d'accord pour dire que le texte de cette désormais célèbre consititution est bien trop dense pour qu'on puisse imaginer que les électeurs le liront avant d'entrer dans les bureaux de vote.
    Heureusement il y a Chirac !!! Ce soir, flanqué de l'intelligentsia parisienne (Patrick Poivre d'Arvor, Marc-Olivier Fogiel, Jean-Luc Delarue), je sens qu'il va nous convaincre, qu'il obéira au doigt et à l'oeil aux instructions données par sa fine stratège de fille !!! De toutes façons, je ne regarderai pas ce programme, car j'ai mieux à faire (eh oui, la vie associative a ses petites contraintes, pendant que le Président essaie péniblement de nous faire croire qu'il parle le jeune, nous, on bosse...).
    Et ça me fait penser à une image vue récemment l'autre jour aux informations (quand je dis récemment, c'était peut-être au mois de janvier) ! Jacques Chirac serrant chaleureusement la main de Silvio Berlusconi... Et là, je me disais : "Qu'ils sont beaux nos dirigeants, comme l'Europe donne une belle image d'elle-même avec ces deux grands visionnaires !".
    Mais je voterai quand même oui le 29 mai, parce que je ne veux pas confondre mon rejet de l'actuel gouvernement avec mon besoin de me sentir membre d'une communauté qui dépasse de très loin la médiocrité raffarinienne. Et la meilleure preuve que je ne suis pas rancunier, c'est que dans moins de deux semaines, je serai quelque part, en Toscane, et j'oublierai même qui est le Président du Conseil italien. Ce qui ne sera pas un mince effort et témoignera de ma sympathie pour un peuple avec lequel je partage 6,25% de mon sang !

  • Gauche viarca


    J'apprends hier soir en écoutant les informations qu'après s'être extasiés un peu démagogiquement il y a quelques années en découvrant le langage fleuri et inversé des banlieues et des cités, les linguistes s'inquiètent en constatant que pour bon nombre de jeunes, les pires difficultés s'annoncent puisque le corpus du vocabulaire de certains n'est constitué que d'environ 400 mots, alors que 2500 seraient un minimum nécessaire.
    Aussitôt, une contre-analyse nous est proposée et l'on entend l'écrivain Erik Orsenna dédramatiser la question en nous expliquant qu'il est bon que notre langue subisse régulièrement des coups de boutoir et évolue au gré des époques. Il cite pour appuyer son propos l'expression "avoir la haine", sensée être la plus fidèle traduction du sentiment de haine.
    Pas très convaincant, m'sieur Orsenna, vraiment pas. Une observation assez digne d'un certain état d'esprit "gauche caviar", du genre j'habite dans le XVIème mais je vous ai bien compris mes amis. Sur le principe, on ne peut qu'être d'accord avec l'idée qu'une langue doit vivre, accueillir de nouveaux mots, en refouler d'autres, malaxer, triturer mais... à condition toutefois qu'il s'agisse pour celui qui la parle d'un enrichissement conscient, et que cette évolution contribue, pour chacun d'entre nous, à une meilleure maîtrise de la pensée et de la manipulation des idées. Or, sans être alarmiste ni excessivement pessimiste, je suis bien obligé de constater que la fracture est là, que le fossé s'élargit entre ceux qui savent (ou essaient de savoir) et les autres. Et qu'avec 400 mots, on est nu face aux autres, sans beaucoup de défenses.
    Alors, par pitié, arrêtons avec ces discours cucul la praline et revendiquons, inlassablement, le besoin de partager cette vraie richesse qui s'appelle langue française, avec son passé, son présent et son avenir.

  • Marabout de ficelle


    Je ne saurais résister au plaisir de porter à votre connaissance, dans son intégralité - fautes comprises, le courrier tombé hier matin dans ma boîte aux lettres.

    PAIEMENT APRES RESULTATS OU FACILITE DE PAIEMENT
    Si vous avez des problèmes qu'ont échoué contactez MR. KOLY Célèbre Voyant Médium

    Vous aide à résoudre tous vos problèmes inquiétants, il vous aide à gagner selon votre préférence. Spécialiste du retour rapide et définitif de la personne que vous aimez. Fidélité entre époux ou couple en déséquilibre, stabilité au foyer conjugale, permis de conduit. Je guéris les maladies inconnues, désenvoûtement, l'impuissance sexuel, protection dans votre affaire, clientèle pour commerce grâce à la conclusion des secrets de la forêt africaine et les dons héréditaires. D'autres possibilités sont offertes, mais une consultation s'impose. Résultats efficaces rapides et garantit à 100% dans 3 jours. Reçoit tous les jours sur RDV de 8h à 20h.


    Ainsi donc, tout près de chez moi se trouve la solution miracle ! Et on ne me disait rien... Je constate en outre que mon cher monsieur Koly est un homme très raisonnable, puisque s'il nous fait comprendre que les problèmes de couple sont avant tout liés à des problèmes sexuels, il nous attribue (si j'ose dire...) dans le but de les résoudre un permis de conduit, ce qui en ce domaine est vraiment un minimum, mais qu'en outre il faut penser à prendre d'élémentaires précautions et nous encourage à être prudents en nous promettant de protéger notre affaire !
    Et comme je ne suis pas chien, à mon tour de proposer à monsieur Koly les services de Marabout Fillon-Réjécolor qui, à grands coups de socle commun, va désenvoûter le français fatigué de notre cher médium. Et si cela ne lui suffit pas, on lui enverra les troupes du baron Médef, qui saura lui faire comprendre où est son intérêt.

  • Passages


    Silence du blog n’est pas mort du blog. Juste le temps de la réflexion, quelques activités assez prenantes et pour finir, en vrac, quelques idées jetées ci-dessous dans le désordre, sous une unique bannière, celle des passages (pas sages ?).

    Passage de vie à trépas.
    Le pape est mort, OK. Le Prince Rainier est mort, OK. Paix à leurs âmes, il me reste de tout cela un sentiment très contrasté, particulièrement lorsque j’ai vu comment la télévision – temple du matérialisme et de la société de consommation la plus veule qui soit, au moins dans la tranche horaire dite de «prime time» – avait l’impudence de se draper d’une cape religieuse et de célébrer sans fin cette fin. Pire encore, le comportement de tous ces chefs d’état, Bush en premier lieu, qui affichaient ostensiblement une mine de pénitents, tout en jouant des coudes pour être les premiers à s’incliner devant la dépouille mortelle de Jean-Paul II. Ridicule aussi notre bon Président, quémandant la poignée de mains d'un Bush qui, tout aussi ostensiblement, ne voulait pas le voir. Heureusement, il m’est apparu que les radios avaient, du moins pour certaines, tenté de prendre un peu de recul lorsqu’elles nous ont proposé des débats plus contradictoires. J’ai le souvenir d’échanges très instructifs dans l’émission de Laurent Bazin, sur Europe 1, où les points de vue divergents pouvaient disposer de suffisamment de temps pour s’exprimer clairement. Il y fut rappelé d’un côté que le pape avait contribué grandement à l’effondrement de la dictature communiste dans le bloc de l’Est et qu’il avait aussi déployé mille efforts pour rapprocher les religions et diffuser un message de paix. Sans oublier néanmoins que pour d’obscures raisons de réal politique, il avait aussi, en son temps, adoubé un certain Pinochet en le qualifiant de «preux chevalier». Comme si certaines oppressions étaient moins intolérables que d’autres…

    Passage de bague au doigt.
    Surréaliste, cette émission interminable et bavarde sur BBC Prime, pour la retransmission du mariage du Prince Charles et de Camilla. Derrick, à côté, c’est James Bond, c’est un hyperactif !!! Tout aussi improbable, la tronche de la reine, visiblement mortifiée d’avoir à s’exposer ainsi, même fugitivement. Encore plus étonnants, tous ces anglais venant manifester leur mécontentement, on avait l’impression qu’ils réclamaient le retour de Diana ! A l’intention de ces braves anglais à l’accent tellement prononcé qu’on en finit par se demander s’ils parlent la même langue que celle que nous ont apprise nos enseignants descendants de Maurice Chevalier, un scoop : la princesse Diana est morte accidentellement sous le pont de l’Alma, le 31 août 1997. Si quelqu’un veut bien se charger de leur annoncer la triste nouvelle à ma place, je suis d’accord.

    Passages à la vie professionnelle.
    Je crois que nous sommes, nous parents, en passe de changer de statut ! Jusqu’à présent, lorsqu’on nous demandait ce que faisaient nos enfants, la réponse était assez simple : étudiants ! S’ensuivaient quelques explications plus détaillées sur le cursus franco-anglais de notre fille, ses difficultés à tenir le coup dans sa deuxième ascension de la face nord de l’agrégation d’anglais et sur le fait que, bien que musicien, notre fils avait une vraie activité. Tout cela aura bientôt une fin : miss Tagada – croisons les doigts – va devenir enseignante et son frère… sous-officier ! Hein, quoi, sous-off’ ? Oui, m’sieurs dames, Saxoman a joué un tour pendable à ses concurrents vendredi matin en se présentant au concours de recrutement pour le Big Band de jazz de l’Armée de l’Air. Et hop, le voilà qui nous revient avec un poste de deuxième alto et un contrat de cinq ans… et, semble-t-il, pas mal de temps pour se consacrer à l’approfondissement de son cursus musical à Paris. Par moments, j’ai l’impression qu’il n’en revient pas lui-même !

    Blogueuses de passage.
    Fin des épreuves d’agrégation, retrouvailles entre copines, décompression. Il y avait mille raisons d’expliquer la concentration de quelques blogmaniaques (ou commentatrices de blogs) ce week-end à la maison. Comme si le virtuel se matérialisait ! Les échanges furent néanmoins d’une nature toute différente de ceux qui nous sont donnés à lire régulièrement sur les pages amies : Tagada, Blick ou encore Blogi ont surtout goûté le plaisir d’un «vrai repas de dimanche» ! Oui, je le reconnais, ces commentaires sont d’une portée philosophique assez mince, mais ils exprimaient une sorte de soulagement bien compréhensible, un début de sortie du tunnel, un ouf alimentaire… qui a totalement ruiné : un rosbif pourtant généreux et prévu pour deux repas, mon camembert de campagne à moi que je m’achète pour la semaine et qui n’est plus qu’un souvenir, sans parler de mes bananes qui ont subi un assaut violent et conjugué de la part de trois filles affamées. Je vais manger quoi, moi, maintenant ?

    Passage vers le «Oui».
    Je me suis trouvé nez à nez avec le faciès de Jean-Marie Le Pen, vendredi soir à la télévision. C’est toujours un choc pour moi. Le vieux chef décati du F-Haine vote un non sans restriction au référendum sur le projet de constitution européenne. Le voir, l’entendre, tout cela est totalement insupportable, c’est un spectacle qui me donne envie de vomir. J’en aurai tiré au moins une conclusion : même si je ne suis pas naïf et sais que mon vote sera récupéré par l’actuel gouvernement, je vais voter un gros «OUI» le 29 mai prochain. Me retrouver dans le même camp que Le Pen ou De Villiers, ça… jamais ! Leur compagnie m’est beaucoup plus intolérable que celle de Rastaffarin ou même de Chirac. Ces deux-là, on va s’en occuper dans deux ans…

    Passage de la Pologne à la France.
    J’ai à nouveau enfilé mon costume de mari, laissant tomber les oripeaux de vieux garçon qui me tendaient les bras. Ma femme est revenue de son séjour en Pologne et, telle un petit père Noël, a sorti de ses bagages quelques sympathiques fioles dont nous avons testé collectivement les doux nectars. Une vodka aux feuilles d’or au nez et au goût délicieux (ah, ce petit retour sur le palais fleurant bon la réglisse), une autre à l’herbe de bison, très différente de la première mais tout aussi chatoyante. Nom d’un chien, ça c’est de la bonne Europe. Encore une bonne raison de voter oui !

    Passage d’un ordinateur à l’autre.
    Je possède plusieurs centaines de 33 tours chers à mon cœur, qu’il m’est toutefois assez inconfortable d’écouter aujourd’hui, parce que je suis devenu un grand paresseux et que, le plus souvent, je n’ai pas le courage de me relever toutes les 20 minutes pour retourner la galette de vinyle et faire durer le plaisir. Chance pour moi, un ami possède un grand nombre de ces disques en version numérique et me le mets à disposition sans restriction. Je vous vois venir, les kikis !!! Alors, on télécharge ? Pas du tout, je me contente de copier sous ce format des disques que je possède déjà, j’en stocke donc un double qu’il me sera ensuite possible d’écouter dans d’autres conditions, avec mon précieux iPod en particulier. C’est tout à fait légal. Je pourrais effectuer tout ce travail moi-même : transférer les disques sur mon ordinateur au moyen d’un logiciel approprié, puis constituer les fichiers au format mp3. Mais puisque ce boulot est déjà effectué, pourquoi perdre du temps. Et je continuerai, à chaque fois qu’il me sera possible, de préférer les versions LP, dont le son est incomparable. Je reste cependant impressionné par la technologie actuelle, qui m’autorise à me brancher en direct sur un ordinateur distant et à rapatrier bon nombre de fichiers. Comme deux êtres humains reliés l’un à l’autre pour une transfusion sanguine…

    Passage à l'hôpital.
    Habile transition avec le paragraphe précédent, je reviens en quelques lignes sur la petite visite que nous avons faite hier après-midi à un ami de la famille, qui vient de subir une délicate opération du coeur. Je ne suis pas certain d'avoir tout compris, mais une malformation de naissance contrariait chez lui le fonctionnement d'un des deux ventricules. Il a donc fallu réactiver ce dernier, ce qui a provoqué - effet en chaîne - un problème de synchronisation qu'il a fallu ensuite régler. Compliqué, délicat et surtout fatigant... En parcourant les couloirs du CHR de Brabois, je suis très étonné de voir à quel point ces lieux n'ont pas changé le moins du monde depuis l'époque où j'avais dû être longuement hospitalisé, au printemps 1979. Les mêmes peintures, les mêmes papiers-peints, les mêmes odeurs, les mêmes bruits. Ô temps, suspends ton vol ! Et aux dires de notre ami, la bouffe - bien que sous-traitée désormais - est toujours aussi mauvaise. Quand voudra-t-on bien comprendre qu'une bonne alimentation contribue largement au rétablissement de bon nombre de malades ? Jamais ? Ah oui, c'est vrai, j'oubliais, rationalisation, gestion, économies, déficit budgétaire, trou de la Sécu... Je suis un étourdi !

    Passage de ligne.
    Non mais, c'est qui cet obscur éthiopien venu s'intercaler entre NOS kényans au Marathon de Paris, leur piquant la troisième place alors qu'ils devaient faire carton plein et occuper les trois marches du podium ?

  • Ami du soir, bonsoir !


    Les virus et autres chevaux de Troie ayant encore frappé, j'ai dû batailler ferme hier soir pour redonner vie à mon ordinateur, qui s'était - semble-t-il - laissé abuser par un ennemi malgré la présence d'une protection, visiblement insuffisante. Le plus amusant dans cette histoire, c'est que quelques symptômes m'avaient mis en alerte et que j'avais justement choisi d'installer un nouveau dispositif plus efficace (anti-virus + pare-feu) pour me rassurer. Bou diou de bou diou, voilà t'y pas que cette saloperie de virus contrariait l'installation du logiciel lui-même !!! Hé, les mecs, on fait comment ? Ben... on appelle la ligne chaude du fournisseur et on gère au mieux ! Je ne serai pas chien et ne me joindrai point à la meute des râleurs professionnels, car je dois bien avouer que j'ai reçu un accueil très courtois, les explications et les démarches à suivre ont été très claires, aussi bien au téléphone que par messagerie dans un second temps.
    Au final, presque trois heures plus tard après moult redémarrages en modes variés, nettoyage de fichiers et installation rigoureuse de la barrière sanitaire ainsi correctement configurée, j'ai pu rejoindre ma Tagada de fille - la pauvre, à la veille de son premier écrit d'agrégation d'anglais, stressée comme pas deux, le teint livide, accrochée, vissée même, à son téléphone portable et réussissant l'exploit de réaliser à une seule main une sauce de salade, mais tout de même pas l'essorage ! - et avaler distraitement quelques tortellini un peu tièdes, et pour cause, les pauvres m'attendaient depuis longtemps.
    Nom d'un chien, j'ai beau être familiarisé depuis longtemps avec la chose informatique, je ne peux m'empêcher de bougonner devant la complexité de l'utilisation d'un ordinateur ! On parle de démocratisation de l'objet, de taux d'équipement des familles, de couverture du territoire en haut débit mais... imaginez-vous quel peut être le calvaire du citoyen lambda qui n'a pas eu la chance d'apprendre à parler au minimum un esperanto du PC ? J'ai toujours réussi, avec ou sans aide, à débrouiller ces situations pénibles mais je n'ose penser à l'angoisse de celui ou celle qui vient d'investir une somme rondelette dans un ordinateur pour s'apercevoir ensuite qu'il entre dans une ère de forte dépendance vis-à-vis de ceux qui savent, encore plus pénible lorsque ces derniers sont auss ceux qui vendent...
    Alors je vous laisse deviner quel bonheur paisible fut le moment de retrouver mon bon ami le livre. Ah, le plaisir de se glisser sous la couette, de l'empoigner et de découvrir la suite de l'histoire, de vivre avec les personnages, en toute proximité, de souffrir ou rire avec eux. Un livre, au moins, ça ne vous casse pas les pieds avec des histoires de setup, de redémarrage en mode sans échec ou de msconfig... Les problèmes techniques du livre, ils sont pour les imprimeurs, chacun son boulot. Les livres existent, ils sont des êtres vivants - j'ai déjà expliqué quelle relation tactilo-sensuelle j'entretenais avec eux - et rien ne remplace ce sentiment d'abandon qui vous gagne à entrer dans leur univers.
    Et ce matin, j'étais frais et dispo pour convoyer dans la banlieue profonde de Metz quelques agrégatives (featuring Miss Tagada, obviously) ainsi délestées du fardeau d'un trajet qui ne s'annonçait pas comme particulièrement touristique. Il est parfois essentiel, quand on est père, de se satisfaire ainsi du travail bien accompli. Et pour le coup, les histoires de virus ou de plantage d'ordinateur, on les oublie, on s'en moque comme de l'an 40, on les a même oubliées et on attend avidement la prochaine rencontre avec son ami du soir, le bouquin.
    Sauf qu'il reste un truc d'ordre technique qui me contrarie un peu la lecture : ce sont ces p... de b... de m... d'yeux de quasi-quinqua qui réclament leurs lunettes qu'évidemment j'ai laissées dans mon sac (ben oui, vous savez bien que j'ai plus de poches, sauf sous les yeux...) et qu'il faut que je me relève alors que j'étais déjà bien installé au chaud dans mon lit et que ça m'énerve de me dire qu'il va falloir que je recommence mon petit cérémonial...
    Au secours, ma petite femme, reviens-moi vite de Pologne, parce que je m'aperçois qu'en moins de deux jours, je commence à attraper des manies de vieux garçon !!!