Je viens moi-même de me confronter à la vie complexe de l'heureux propriétaire tellement malhabile qu'il lui faut impérativement se mettre sous la tutelle de ces mystérieux professionnels :
- c'est l'histoire de la recherche d'un ramoneur qui, pour de mystérieuses raisons, avait oublié de noter notre rendez-vous dans son agenda et que nous n'avons jamais revu, car nous avons préféré faire appel à l'un de ses collègues, qui travaille pourtant à 30 kilomètres de chez moi et que nous pûmes mobiliser en quarante-huit heures ;
- voulant aménager un escalier intérieur pour faciliter l'accès à un second étage refuge sous les toits de ma maison, j'ai découvert que la menuiserie était une science finalement aléatoire. Une première visite d'un professionnel se solda par un projet fantaisiste, consistant à ouvrir mon salon pour faire arriver l'escalier face à la cheminée, rendant par là-même l'usage de cette dernière tout à fait impossible. Ayant refusé cette malhonnête proposition, on me suggéra de creuser le plafond de ma salle à manger et de détruire en grande partie la cloison principale de la vaste pièce où j'envisage pourtant d'installer une bibliothèque, discothèque ou vidéothèque. Non non, cher ami, votre idée n'est pas fameuse ! Enfin, alors que je commençais à être gagné par le doute, un cinquième menuisier (oui, parce qu'entre temps, d'autres avaient été contactés, mais n'ont jamais donné signe de vie, pas besoin de travailler semble-t-il...) accéda en tous points à ma demande, dessinant illico un projet intelligent, qui voyait notre escalier prendre place dans une petite pièce bureau et grimper avec naturel dans un espace qui, depuis le début, nous paraissait être le seul plausible. Notre choix était fait, mais que de points d'interrogation cependant !
- je ne peux passer sous silence les relations très téléphoniques que j'entretiens avec mon chauffagiste. J'ai la chance d'habiter une maison équipée d'une chaudière récente, dotée de perfectionnements électroniques et programmables mais qui, un beau matin, afficha le message suivant : "Défaut brûleur". La coquine s'étant arrêté de fonctionner, je téléphonai sans attendre à celui qui l'avait installé et qui, Ô bonheur, déboula chez moi une heure après pour se répandre en explications confuses sur les aléas de la météo, de la pression atmosphérique et des conséquences que ceux-ci avaient inéluctablement sur la bonne santé de mon appareil dernier cri. Il quitta les lieux rapidement, satisfait de sa prestation, non sans me propoer un rendez-vous pour un nécessaire entretien annuel, ce que j'acceptai volontiers. Et pan, le lendemain : "Défaut brûleur" !!! Coup de téléphone au grand manitou de la chaudière : "C'est pas grave, vous éteignez la chaudière, vous la rallumez et ça va repartir". J'appliquai méticuleusement la méthode et, en effet, l'usine à gaz prodigua à nouveau ses douces chaleurs mais rien n'y fit, j'étais habité par l'angoisse. Tous les quarts d'heure, j'éprouvais le besoin de descendre à la buanderie et d'engager une conversation silencieuse avec ma chaudière qui restait cette fois muette et ne se vantait plus de mettre mon brûleur en défaut. Il ne me restait plus qu'à attendre le rendez-vous pris quelque temps plus tôt pour me rasséréner enfin. Par sécurité, je téléphonai à mon chirurgien des tuyaux à gaz la veille au soir afin de m'assurer de sa présence le lendemain. "Oui oui, c'est noté, je serai là vers 10 heures !". Aaaah, ouf, je respirai un grand coup, j'allais enfin pouvoir me chauffer les pieds sans la moindre inquiétude. Sauf que... j'attends toujours ce monsieur qui n'est jamais venu, ne s'est même pas décommandé. J'en viens à me demander s'il ne redoute pas lui-même la confrontation avec une chaudière un tantinet farceuse. Pendant quelques fugaces instants, j'ai même craint pour sa vie, redoutant qu'il ait perdu un combat dans une autre buanderie face à un cumulus meurtrier. J'attends qu'il me rappelle pour être définitivement certain qu'il est toujours des nôtres.
Et j'y regarderai à deux fois avant de choisir un artisan pour effectuer des travaux... Ce qui me fait penser que je n'ai pas encore pris le temps de téléphoner à mon peintre et à mon électricien. Mais qu'est-ce qu'ils vont bien pouvoir trouver pour être dignes de leurs confrères ? J'en tremble d'avance.
Un jour, il faudra aussi que je vous raconte comment je n'ai pas recruté une "employée de maison" (j'emploie cette expression à dessein parce que les chiennes de garde risqueraient de me tomber sur le poil si j'avais écrit "femme de ménage")... car cette corporation réserve aussi d'incroyables surprises !