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WHAT ELSE ? - Page 24

  • ILS ont encore frappé !


    Dans une note du mois dernier, je m'étais un peu emporté contre certains - je devrais plutôt dire certaine - de mes collègues dont la pensée vagabonde en permanence bien au-dessous du niveau de l'intelligence d'une huître fatiguée. Leur truc, c'est la référence permanence à un ennemi invisible, dont on connaît l'identité qui se résume à un seul mot : ILS !
    Aujourd'hui, la crise de paranoïa a encore provoqué quelques dégâts ! Mais dans sa grande clémence, l'ennem'ILS nous a laissé quelques rarissimes perles dont on ne sait si elles doivent déclencher chez nous crise de fou rire ou larmes de tristesse.
    Je vous plante le décor : il est 8h25, j'arrive au bureau et une bonne partie de l'équipe (5 personnes en moyenne à cette heure), pourtant sensée travailler à partir de 8 heures, a encore le derrière vissé dans le petit réduit jaune criard qu'on appelle "la cafét". Chaque matin, sous l'impulsion perverse des plus aigris, un nouveau sujet de conversation convoque ILS à se manifester. On pourrait appeler ce moment de la journée le café du commerce, je préfère néanmoins le baptiser "commerce du café", car c'est bien entendu ce dernier qui est le prétexte à repousser au plus tard le moment de s'avachir devant son bureau, en attendant la pause bien méritée de 10h30.
    J'arrive, je salue chacun et, juste au moment où je m'apprête à monter au premier étage, voilà... PAF ! - l'ennemi qui s'avance, même pas masqué : il vient de frapper sur la Place Stanislas, dont la rénovation avance à grands pas et qui va redonner à ce lieu historique toute le lustre qu'il mérite. Voitures chassées, pavage identique à ce qu'il était à l'origine, nettoyage des façades, aménagement de trois rues voisines qui deviennent piétonnes elles aussi. Un vrai bonheur de citoyen, une attraction pour les touristes, un sentiment de réussite pour nous, pétitionneurs de la première heure, qui allons pouvoir enfin flâner en ce lieu magique en toute tranquillité.
    Oui mais voilà : ont-ILS vraiment refait la Place à l'identique ? Pas sûr, car ILS disent que c'est faux, d'ailleurs, la preuve, c'est que les pavés sont tellement clairs qu'on en a les yeux éblouis. Et puis, cette légère pente dans le sens de la montée, de l'extérieur vers le centre, là où se trouve la statue du bon roi Stanislas... "Hé, vous vous rendez compte ? Quand on est Rue des Dominicains, on ne voit même plus la Pépinière" (notre parc de centre ville). J'ergote un minimum, étonné de cette vision exceptionnelle : "Ah bon, tu réussissais à voir le Parc depuis le Rue des Dominicains ?"... "Euh, non, enfin, on ne voit plus la façade des Césars" (une pizzeria).
    Ouh la la la la, nous y voilà, on touche à l'essentiel ! C'est l'estomac qui parle... Mais comment elle s'y prend pour arriver à ne plus voir cette précieuse façade ? Elle se couche par terre, sur le ventre, en regardant dans l'autre sens ? Franchement, j'ai beau chercher, j'ai du mal à comprendre.
    Ou plutôt je comprends trop bien : une nouvelle manifestation de la résistance à tout changement. Ah, où est-il le bon temps de la Place Stanislas plane, formidable mini-circuit automodébile pour les brutes épaisses adeptes du sprint en zone urbaine ? Mieux encore, pourquoi ne pas revenir aux années 60, quand la place était non seulement autorisée à la circulation des engins motorisés mais qu'en outre, elle était un magnifique parking, dégueulant de bagnoles à n'en plus finir, reflet fidèle de cette paresse anti-écologique qui vous interdit d'imaginer qu'au-delà de 100 mètres, un trajet ne puisse plus être piéton ?
    Pardon pour cette phrase interminable, mais là... ce matin, j'avais la machine à coups de pied au cul qui me démangeait. J'ai vite quitté le bocal empuanti par la clope et je me suis réfugié dans mon bureau où, histoire de rester en accord avec moi-même, je me suis mis au travail, en rêvant du mois de mai et du jour où je pourrais m'installer au soleil de la Place Stanislas, en sirotant in Ti Punch bien mérité.

  • L'ami Henri


    J’aurais pu vous parler de la mort du Pape et si j’avais eu le moindre talent de dessinateur, je vous aurais volontiers proposé, à la manière de Plantu, un petit dessin vous mettant en scène un Jean-Paul II levant le bras rageur du vainqueur dans la dernière ligne droite d’une course vers l’au-delà et regardant derrière lui la mine déconfite du Prince Rainier, battu sur le fil.
    Mais tout ceci n’aurait pas été très politiquement correct. Il faut dire que cette idée m’avait traversé l’esprit en entendant, samedi matin, les journalistes d’Europe 1 nous lire successivement les bulletins médicaux des deux mourants, comme s’ils étaient embarqués dans je ne sais quelle course vers l’éternité.
    Donc, pas de pape, pas de Jean-Paul II, pas de raillerie sur Monaco, c’est pas bien !
    Alors je vais revenir à vendredi soir, à une si belle soirée passée dans le sud meusien, à Commercy (oui, le pays des madeleines, les seules, les vraies, je dis cela aux habitants de Liverdun qui osent baptiser de la même manière leurs propres petites brioches. Or, seule celle de Commercy peut revendiquer le nom de Madeleine, c’est historique !).
    C’était la soirée d’ouverture de la nouvelle édition du Festival de Jazz de cette petite ville, avec à l’affiche un grand monsieur, un très grand monsieur devrais-je même dire : le contrebassiste Henri Texier.
    Henri Texier, on l’imagine volontiers chez lui, chantant à tue-tête les thèmes de ses compositions avant de les écrire et de les arranger. Car sa musique, c’est d’abord un chant : d’amour, de révolte, de fraternité, c’est une source d’énergie assez unique à laquelle il est si bon de puiser qu’on y revient sans cesse. Autour de lui et formant pour l’occasion le Strada Quintet (un nom donné en hommage à Fellini, car Henri Texier entretient avec le cinéma de très belles relations, et en particulier avec le cinéma italien), il y avait Sébastien Texier, le fiston saxophoniste et clarinettiste, au jeu lyrique et dissonant, François Corneloup dont le saxophone baryton est un enchantement mélodique, Gueorgui Kornazov, tromboniste explosif et tonitruant et, le temps d’un soir, intérimaire jubilant du plaisir d’être d’une si belle fête, Franck Agulhon et sa batterie, faussement appliqué et parfaitement intégré.
    Vendredi soir, ce si beau Strada Quintet a largement puisé dans le répertoire du dernier disques d’Henri Texier, « (V)Ivre », nous offrant même une composition inédite en introduction : « Work Revolt Song ». Durant une heure et demie, le temps s’est comme arrêté, nous avons tous retenu notre souffle, comme si nous ne voulions pas priver d’oxygène cette fanfare endiablée et multicolore, puisant ses influences aux quatre coins du monde, en Inde, en Afrique, en Amérique… dans une communion qui ne porta jamais si bien son nom.
    Henri Texier, c’est aussi un être humain qui a su garder sur le monde le regard d’un enfant effrayé par la brutalité des hommes, de ce système totalitaro-capitaliste qui broie tout sur son passage, au mépris de ceux qui souffrent. Henri Texier est homme de compassion, sa musique suinte la révolte (« Mais ce n’est pas toujours facile de se révolter », confiera-t-il entre deux morceaux) tout en nous encourageant à rester humbles. Une fois de plus, il nous met en garde face à ceux pour qui la culture est l’ennemi, il ne baisse pas les bras et entame avec sa contrebasse un nouvel acte d’amour.
    Nous avons la chance de connaître Henri Texier personnellement : voici quelques années, nous fûmes par le plus grand des hasards voisins de vacances à Saint-Gilles Croix-de-Vie et, déjà un grand fan, j’avais osé l’aborder et lui dire tout le bien que je pensais de sa musique. Depuis, nous avons gardé le contact et nous ne manquons jamais une occasion d’aller le voir lorsqu’il se produit dans la région, voire même à Paris. Chaque année, nous échangeons nos vœux et c’est toujours avec une certaine impatience que nous attendons le petit « bricolage » cartonné qu’il aura inventé pour nous souhaiter amicalement une bonne année.
    Dans les loges, Henri Texier est exténué, non par le concert qui fut pour tout le groupe un moment privilégié, mais plutôt par le voyage qui le précéda. Néanmoins, il nous accueille avec beaucoup de chaleur, demande des nouvelles de chacun d’entre nous, ses yeux pétillent de malice et de douceur, sa courte barbe devenue blanche (monsieur Henri va fêter ses 60 ans) est celle d’un sage dont on recherche la compagnie.
    Sur l’instant, nous sommes conscients de vivre un de ces moments dont on sait qu’ils resteront gravés pour longtemps dans nos mémoires. Son héros est là, devant nous, d’une désarmante simplicité et nous savourons, seconde après seconde, le plaisir qu’il nous procure.
    Il ne reste qu’un mot à dire, à lui dire : MERCI, monsieur Henri, à très bientôt.

  • Jeunesse éternelle


    J'ai du mal entendre... ou plutôt, j'ai trop bien compris ! Nos amis les banquiers nous aiment tellement qu'ils envisagent des prêts immobiliers sur 50 ans, en réponse à la flambée des prix dans ce secteur. Ainsi, les mensualités seront réduites et les jeunes pourront plus facilement acquérir leur premier logement.
    Sont vraiment trop gentils ces gens-là, j'aime beaucoup leur démarche tout empreinte de philantropie au point qu'ils consentent à nous faire ainsi le cadeau d'un radieux avenir. Ou peut-être qu'avec cette espérance de vie qui ne cesse d'augmenter, ils voient là un moyen supplémentaire de grossir le porte-feuille de leurs actionnaires. C'est juste une question de calcul risque après tout. Une histoire de probabilités.
    En plus, comme ça, c'est super chouette car si je sors ma calculette et que je prends l'hypothèse d'un jeune disons de... 25 ans, qui achète son premier logement : "Bonjour monsieur le banquier, je voudrais des sous pour 50 ans siouplaît". Le jeune, pendant 50 ans, il essaie de trouver du travail (pas sûr, ça) et lorsqu'il aura 75 ans, non seulement ce toujours jeune sera propriétaire mais en plus il pourra envisager un nouvel achat car, au rythme où vont les choses (paraît qu'on gagne trois mois de vie par an), il sera parvenu enfin à l'âge adulte et aura devant lui plus de 25 ans à vivre, au bas mot, puisqu'il sera quasi-certain de devenir plus que centenaire. Chouette, tout ça, non ? Et surtout, je suis heureux pour vous les jeunes qui allez pouvoir vous offrir, tous, un véritable parc immobilier pour votre descendance...
    Vraiment, je ne trouve pas les mots... merci mes amis banquiers !
    Y a juste un truc qui me chiffonne... J'avais cru comprendre que les banques contribuaient elles-même un peu à la flambée de l'immobilier... Mais j'ai dû me tromper...

  • La Pravda existe encore, je l'ai rencontrée


    Je rêve… ou plutôt c’est un cauchemar. Quand j’écrivais l’autre jour que je comprenais pourquoi certains, voici maintenant quelques années, voulaient dégraisser le mammouth de l’Education Nationale, je n’imaginais pas à quel point les faits allaient encore me donner raison.
    Je vous situe le problème : je bosse moi-même dans l’Education Nationale, au sein d’une unité dont la mission est d’éditer des publications destinées aux élèves, aux enseignants, à tous les prescripteurs des informations utiles au bon déroulement de la scolarité de notre irremplaçable jeunesse. J’essaie de faire mon boulot du mieux que je peux, sans réellement être téléguidé par un « plan de carrière », en conservant en filigrane l’idée du service public, donc du service à rendre aux publics. Appartenant à l’Education Nationale, je suis également affilié à un régime de sécurité sociale et une mutuelle spécifiques, cette dernière nous faisant parvenir chaque mois une revue d’informations. Jusque là, rien de bien passionnant… Sauf que dans son dernier numéro, ce magazine a consacré deux pages à la maison pour laquelle je travaille avec interview et photo de notre vénéré directeur, pour vanter les mérites d’un nouveau dispositif d’information mis à la disposition des établissements scolaires. M’enfin, « mis à la disposition », c’est d’ailleurs un peu exagéré car la chose est à vendre, mais ceci est une autre histoire.
    C’est là que les choses se gâtent. Non pas en raison de l’article lui-même, plutôt bien fait, informatif et reflet assez fidèle des objectifs fixés par la nouveauté présentée. Non, le truc qui énerve, il est ailleurs, pas très loin mais franchement, il vous donne l’envie de coller des baffes à ceux qui, parfois, semblent appartenir à un vieux système post-soviétique digne des plus belles heures de la Pravda.
    Imaginez que la semaine dernière, l’ensemble des responsables de nos Délégations Régionales ont été convoqués en binôme à une réunion au siège de la Direction pour entendre, comme à l’habitude dans un silence religieux, l’échine courbée, la bonne parole et se voir confier la mission de nous communiquer les lignes directrices de la politique éditoriale de notre chère boutique. Chaque participant s’est vu remettre un dossier composé de différents documents, parmi lesquels un exemplaire de la revue mutualiste célébrant notre Directeur et son nouveau jouet ! Jusque-là, on sent que le terrain, petit à petit, se mine, mais rien de bien extraordinaire… sauf que… pour chaque exemplaire, soit plus de 60, un(e) gratte-papier (quoique dans le cas qui nous occupe, il s'agirait plutôt d'un colle-papier...) avait eu pour mission essentielle de coller un post-it sur la page consacrée au grand chef, car on n’imagine bien que notre aréopage était dans l’incapacité de découvrir lui-même la noble prose !!!
    Ô bonheur, ô joie ! Imaginons le plaisir de nos hiérarques, ouvrant leur dossier, découvrant le petit autocollant jaune, et le sourire béat du grand Maître !
    Je vous donne peut-être l’impression de plaisanter sauf qu’en l’occurrence, voilà l’exemple même de fonctionnement qui me laisse penser que non seulement :
    - y a des coups de pied au cul qui se perdent ;
    - on gaspille l’argent du contribuable ;
    - pourquoi personne n’a-t-il fait la moindre remarque face à une telle dérive autocratique ?
    Ça ne vous énerve pas, vous, un truc pareil ?

  • Le dessus de la pile


    Il y a moins de deux semaines, je vous avais parlé de "Quarantaine", un livre de Jim Crace que j'avais acheté comme ça, subitement, par un après-midi de beau temps, un vendredi estival, un jour de ciel bleu.
    Mais hier, j'ai une fois encore été victime de mon syndrôme préféré, celui de la pile à ordre variable... Laissez-moi vous expliquer.
    Alors qu'une fois encore je flânais quelques minutes au rayon bouquins d'une "grande surface culturelle", je tombe nez à nez avec la réédition en collection de poche d'un bouquin de l'écrivain américain Pat Conroy, "Le prince des marées". Or, je garde depuis près de sept ans un souvenir formidable d'un autre livre du même auteur, "Beach Music". Pat Conroy, ce sont de grandes et belles histoires (certains le disent héritier de Faulkner et Tennessee Williams, mais je me garderai bien de donner mon opinion, car je ne connais pas suffisamment ces derniers...), ce sont des personnages qui aiment, qui souffrent, qui rient, c'est une Amérique dite profonde (ici, l'histoire se déroule en Caroline du Sud), à des années lumières de la nation triomphante que nous desservent les Bush-médias à longueur de CNN ou Fox News... Pour ne rien gâter, Pat Conroy écrit de gros pavés, ce "Prince des Marées" compte plus de 1000 pages et c'est le genre de détails qui me font un peu saliver car je sais que je vais pouvoir passer un bon paquet d'heures immergé dans une grande histoire dont je sortirai un peu lessivé mais avec l'impression d'avoir côtoyé des êtres humains à la fois proches et pourtant tellement extra-ordinaires !
    Donc, vous avez compris, j'ai acheté ce livre (10,36€ - 10€ de chèque cadeau = 0,36€, ça fait pas cher la page, vous en conviendrez) et je l'ai aussitôt placé en deuxième position sur ma liste de bouquins en souffrance, juste sous "Quarantaine" dont il était question un peu plus haut, ce livre dont il me reste un peu plus de 200 pages à lire.
    Seulement voilà : ce "Prince des Marées" a commencé à me narguer... Je le voyais, là, confortable, dodu, avec ses histoires qui commençaient à suinter, à me tendre les bras. Alors je l'ai empoigné, j'ai regardé l'illustration en première de couverture, j'ai relu le résumé, miam miam, y a bon cette histoire. Et puis je suis allé cherché mes lunettes, j'ai allumé une lampe, vous savez, celle qui est juste à côté du fauteuil club en cuir rouge, celui qui, justement, est là pour vous installer confortablement dans la peau d'un lecteur tranquille. Et j'ai commencé à entre dans l'histoire.
    Trop tard, j'étais contaminé : adieu, non plutôt au-revoir "Quarantaine", ce sera pour plus tard, désolé, le gars Conroy m'a encore eu, je sais déjà que cette histoire va me happer durant un sacré moment, que je n'aurai de cesse, chaque soir en posant le livre pour dormir, de le retrouver le lendemain pour continuer.
    C'est un peu mon travers, ça, plusieurs bouquins entamés, des histoires qui risquent de se mélanger, une certaine impatience parfois en mettant le nez sur un livre auquel je ne pensais pas quelques minutes auparavant et qui emporte tout avec lui. Comme s'il était là exprès pour moi, comme si nos routes devaient se croiser.
    C'est idiot ce que je raconte... c'est en pleine contradiction avec une précédente note, celle où je disais que je ne croyais pas à une certaine prédestination. M'en fous, même mes contradictions, je les assume.
    Profitez-en, c'est mon jour de bonté !!!

  • Déblogage


    Je m'aperçois que je n'ai rien écrit depuis plusieurs jours... Dans un premier temps, je me dis : "Euh, pas bien, tu te fixes des objectifs et moins de trois semaines plus tard, ça y est, ça commence à patiner, le rythme s'est ralenti jusqu'au stade de la sécheresse."
    Peut-être. N'empêche qu'il y a comme des moments où l'on se dit qu'un blog doit rester au minimum un plaisir (celui d'écrire évidemment) mais qu'il ne doit pas non plus être suspendu, menaçant, au-dessus de votre tête. Alors j'assume ma non productivité, et je reconnais m'être consacré à d'autres activités : l'écriture d'un article consacré à Simon Goubert pour le deuxième numéro d'Ascension, un petit lifting apporté au site Web de mes amis du groupe Setna, du temps consacré au site de Seventh Records et puis... une petite cure de cinéma durant le week-end pascal (faudra que je vous parle du cinéma, un jour).
    Et je ne sais pas pourquoi je présente ainsi mes excuses, c'est mon blog à moi après tout !

  • Cercle & Variations

    Pierre Desassis, Cercle & Variations, 24 mars 2005


    Jeudi 24 mars 2005, le Blue Note à Nancy, entre 22 heures et minuit. Le caveau est habité d'un public plutôt épars, où les amis et les familles viennent se retrouver pour un nouveau concert du quartet CERCLE & VARIATIONS. Cette formation, créée à l'intiative du pianiste Guillaume Cherpitel voici maintenant deux ans, s'est d'abord fait connaître en s'appuyant sur un répertoire que l'on qualifiera hâtivement de "latino-jazz", avant d'évoluer, petit à petit, vers une musique où les compositions originales occupent désormais une place prépondérante. Autour de Guillaume, dont la présence discrète est aujourd'hui comme une marque de fabrique, trois complices qui, eux, recherchent une explosion permanente : la contrebasse de Mathieu Loigerot est l'assise nécessaire et énergique au jeu d'Alexandre Ambroziak, dont la batterie a d'évidence hérité beaucoup des maîtres que sont pour lui Elvin Jones et Tony Williams. Cet instrument n'est certainement pas là pour "marquer" le tempo, mais avant tout pour badigeonner avec fougue un répertoire exigeant. Le quatrième larron n'est pas en reste, puisque Pierre Desassis - aux saxophones ténor et soprano - ne cesse, après l'exposition des thèmes, de s'envoler vers des contrées où lyrisme et déchirement emportent le groupe vers des sommets sur lesquels planent avec bienveillance les ombres tutélaires d'un John Coltrane ou d'un Sonny Rollins.
    Il ne s'agit pas - on l'aura compris - de flatter les oreilles du public avec une "petite musique de nuit", mais plutôt de les inciter à s'ouvrir à la belle expérience de la découverte de chemins rocailleux et escarpés. Parfois, les sentiers s'aplanissent, une pause est la bienvenue avant de reprendre l'ascension.
    La fin du concert verra l'invitation faite à Mathieu Ambroziak (guitare) et Renaldo Greco (flûte) de se joindre à cette fête pour l'interprétation très libre d'un compositeur du XIXème siècle, Scriabine. Nouvelles couleurs, nappes sonores et souffle crié dans un final généreux, en guise de récompense à tous ceux qui avaient fait l'effort de quitter le confort douillet de leurs intérieurs pour un voyage nocturne.
    C'est peut-être là la seule fausse note de cette soirée... celle qui vous laisse un goût légèrement amer, celui du constat de la plus grande difficulté : réveiller les gens, leur faire comprendre que la vie n'est peut-être pas devant leur écran de télévision. Le prix d'entrée était modeste (5€), la communication avait été plutôt large, jusque dans la presse quotidienne régionale et... au final, on ne se bouscule pas...
    Ce n'est que partie remise, les musiciens de jazz savent parfaitement à quoi ils s'exposent, surtout lorsqu'ils prétendent vivre au plus près chaque note jouée. Dans la musique de Cercle & Variations hier soir, il n'y avait pas de tricherie, pas d'effet facile, aucune flatterie vulgaire, juste l'expression la plus fidèle de ce que vivaient intérieurement les musiciens.
    Là est bien l'essentiel ; à nous, jour après jour, de rester vigilants et de savoir les accompagner.

  • Contretemps


    Après quelques commentaires politico-économiques nous expliquant que le référendum sur la constitution européenne est comme prise en otage par les français qui veulent ainsi signifier au gouvernement qu'ils se sentent méprisés par une certaine suffisance de nos dirigeants (la chose n'a pas été ainsi dite, je la traduis à ma manière même si, au fond, les deux se valent), j'entends ce matin à la radio qu'après la période des soldes, la consommation des français a subi un fort ralentissement. Somnolant comme à l'habitude devant mon mug de café aux couleurs des Simpsons (le mug, pas le café...), je suis en train de me rendre compte que, selon une redoutable mécanique, j'ai - une fois de plus - réussi l'exploit de ne commettre aucun achat particulier pendant ces six semaines de folie et qu'au contraire, j'ai payé "plein pot" quelques coûteux oripeaux voici peu de temps. Levant avec une certaine difficulté le nez de son bol de céréales aux pépites de chocolat, j'entends Tagada me dire qu'une telle remarque devrait faire l'objet d'une note dans mon blog...
    "Mouais", réponds-je laconiquement. Faut voir, ou plutôt, faudrait écrire...
    Alors si je pense aux soldes, ai-je vraiment quelque chose d'intéressant à dire ? Hmmm, pas sûr, même si me reviennent à l'esprit deux ou trois remarques qu'il m'est arrivé de faire en direct et en pensée au plus chaud de la bataille de ce sommet de la consommation... Je pense savoir pourquoi je fuis devant cette armée d'acheteurs levée sans difficultés par les hypermarchés, les grands magasins et autres boutiques.
    Avez-vous déjà vu un reportage vous montrant comment, dès 7 heures du matin, soit plus d'une heure avant l'ouverture, un bataillon entier de caddies fumants trépigne devant les grilles d'un Auchan, Leclerc ou Carrefour ? Ils sont là, tels les Schumacher des grandes surfaces, on sent les roues qui chauffent, la concentration est à son maximum ! Attention, bientôt le feu vert, les grilles se lèvent, les bolides vrombissent et c'est le départ, dérapages contrôlés dans les allées, chocs, accidents même, chutes vertigineuses, engueulades, tous au rayon hi-fi électro-ménager !!! On va l'avoir notre lecteur de DVD, notre téléviseur à écran plat (ce qui paraît un minimum compte tenu du nombre d'heures creuses qu'on pourra y mirer, faudrait inventer l'écran creux), notre lave-linge programmable six mois à l'avance, notre robot magique "deux minutes pour le jus de fruit, trois heures pour laver les ustensiles" ! Et je te roule dessus, et j'attrape au vol le carton, porté sur la tête, j'enfourne dans le caddie, je fonce au rayon suivant, ouais, JE SUIS LE PREMIER !!! A moi la caisse, attention, la carte bancaire va fumer encore plus que le bolide !
    Cet héroïsme consumériste me plonge dans des abîmes de perplexité... Je suis toujours effaré de constater à quel point il est possible de "téléguider" des gens par millions, de les entraîner vers des actes qui leur deviennent subitement une nécessité au point qu'on se demande si, en nos sociétés dites évoluées, nous n'avons pas atteint un point de non retour...
    Je ne suis guère plus à l'aise au milieu de ces innombrables hommes et femmes picorant frénétiquement dans les magasins de vêtements, retournant des piles entières de fringues fabriquées spécialement pour l'occasion. Ces vêtements qui, subitement, font leur apparition dans les rayons, comme par miracle et qu'on nous annonce à prix bradés.
    Moi, j'ai besoin de calme, il faut que la vendeuse (vendeurs, passez votre chemin, depuis mon enfance où un dentiste aux bras velus m'a fait souffrir infiniment et pour l'éternité, je ne supporte plus les commerces de quelque nature que ce soit me mettant aux prises avec un mâle...) s'occupe de moi exclusivement, il faut qu'elle puisse subir les innombrables stupidités que je ne vais pas manquer de lui débiter, elle doit me dire que je suis mince, que je ne fais pas mon âge, que j'ai de l'humour, qu'on ne doit pas s'ennuyer avec moi... bref que je suis le plus beau, le meilleur des clients... et ainsi, elle peut me fourguer beaucoup plus de vêtements que je n'avais l'intention d'en acheter en entrant dans le magasin... et au prix maximum, s'il vous plaît.
    Je me demande si le vrai couillon, finalement, ce n'est pas moi... promis, je vais passer mon permis de caddie, je vais m'entraîner comme un fou, me mettre au régime, avoir la super forme et l'année prochaine, je serai en pole position devant la grille, je vais battre le record du monde du Leclerc, je vais acheter des tas de trucs dont je n'aurai pas besoin, mais j'm'en fous : je serai enfin LE PREMIER !


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  • De Coltrane à Magma


    Je devine qu'on me presse d'expliquer pourquoi, comme beaucoup d'autres d'ailleurs, j'établis un lien fort entre la musique de John Coltrane et celle de Magma, donc de Christian Vander.
    Qu'on ne se méprenne pas cependant : quiconque connaît bien l'univers du saxophoniste (je pense en faire partie) aura du mal à trouver dans la musique de Magma un quelconque apparentement formel avec celle de Coltrane. On peut même assez difficilement imaginer deux planètes en apparence plus dissemblables. En dehors de deux allusions explicites dans la discographie de Magma : une composition sur le disque "Köhntarkösz" intitulée "Coltrane Sundïa" (Coltrane repose en paix) où le thème initial interprété à la guitare reprend les premières notes de "Love Supreme" ; une autre, sur l'album "Merci" où Christian Vander, sur "Eliphas Levi", joue au piano, note pour note, le solo de McCoy Tyner (pianiste de Coltrane de 1960 à 1965 et membre du quartet le plus flamboyant de l'histoire du jazz) sur "My Favorite Things".
    Vouloir établir une comparaison Coltrane / Magma serait donc une idée assez saugrenue et vouée à l'échec, très probablement.
    En fait, ce que l'on doit comprendre, c'est que John Coltrane est pour Christian Vander LE musicien de référence, celui dans le quel il a toujours puisé son inspiration et sa force, depuis son enfance, au point que le jour de sa mort, le 17 juillet 1967, ce fut pour lui comme l'effondrement d'un rêve, une douleur si violente qu'il faillit en mourir. Pour Vander, Coltrane représentait une sorte d'absolu, le chant du saxophoniste s'apparentait à un magnifique CRI (terme souvent utilisée dans l'exégèse magmaïenne), il était LA musique, sans la moindre vulgarité. Sa propre démarche s'en inspire fortement dans la mesure où la musique de Magma est celle d'un engagement total (quiconque a déjà vu au moins une fois Christian Vander sur scène comprendra ce que je veux dire) et qu'elle est née d'un déchirement dont l'un des pôles d'attraction est la musique de Coltrane. Sur le disque "Mythes et légendes", sorte de compilation avec ajout de commentaires en voix off, on entend Vander dire : "La musique de Magma est née de mon amour pour John Coltrane et de mon désespoir profond face à l'incompréhension entre les hommes". L'existence même de la musique de Coltrane était donc pour Vander la preuve de tout ce que l'homme pouvait réaliser de beau, une preuve démentie chaque jour par la misère du monde.
    Mais là où la musique de Coltrane était d'essence africaine et noire, celle d'une quête universelle, porteuse de longues improvisations, celle de Magma est, elle, avant tout européenne et blanche, écrite en sa quasi totalité, influencée directement par Bartok, Stravinsky et Carl Orff : d'ailleurs, le thème premier de "Mekanïk Destruktïw Kommandöh" n'est-il pas celui des "Invocazione dell'imeneo" des Triomphes d'Aphrodite ?
    Pour "entendre" de plus directes références à la musique de Coltrane, il faudra aller chercher du côté des autres formations créées par Christian Vander : Offering, où les thèmes de "Love Supreme" sont chantés, où les improvisations vocales évoquent souvent le jeu d'un saxophone déchiré (sans oublier les citations complètes de compositions de Pharoah Sanders, alter ego de Coltrane, comme "Upper and Lower Egypt") ; le Trio (ou le Quartet) Jazz de Vander, dont le répertoire est essentiellement constitué de celui de Coltrane ("un espace pour se ressourcer") ou bien encore l'éphémère et magnifique Welcome, septet à deux batteries avec la présence chaleureuse de Simon Goubert.
    En ce qui me concerne, et j'ai d'ailleurs eu l'occasion d'en parler à Christian, les mots magnifiques qu'il employait pour parler de la musique de Coltrane ont été pour moi une formidable porte d'entrée vers son univers foisonnant, un outil merveilleux pour explorer sa discographie abondante. C'est d'ailleurs en me souvenant de tout ce que j'avais lu lorsque j'avais 15 ou 16 ans (c'est-à-dire bien longtemps avant de m'intéresser au jazz) dans les articles consacrés à Magma qu'un beau jour de 1999 m'est venue l'idée de créer le Magma Web Press Book, aujourd'hui reconnu comme site de référence pour qui veut connaître l'histoire du groupe. Mais ceci est une autre histoire !

  • Errances automobiles


    J'ai mis à profit ce week-end estival pour explorer deux ou trois méandres de notre chère contrée Lorraine : quoi de plus exaltant, en effet, que de profiter d'un soleil toujours aussi estival pour découvrir quelques joyaux locaux, quelques trésors cachés... vous savez, ces hauts lieux touristiques que le monde entier nous jalouse ?

    Première phase : samedi après-midi !
    Devant nous rendre à Metz (à des fins lèche-vitrinesques mais aussi un peu musicales), nous avons profité de l'occasion pour mettre au point l'itinéraire le plus rapide nous conduisant de chez nous au collège Paul Valéry de Metz, là où miss Tagada et ses congénères doivent, comme on dit, subir les épreuves de l'agrégation d'anglais. Itinéraire Mappy en main (enfin, pas les miennes car je conduisais), nous suivons à la lettre les instructions données par le robot et... petit à petit, notre inquiétude grandit. Pas là tout de même ? Non ! Ben si... Imaginez le bâtiment le plus reculé d'une zone probablement très sensible, un collège méthodiquement éloigné de la gare SNCF (entre quatre et cinq kilomètres), une zone totalement dénuée du moindre charme... Et bien, mes amis, c'est là, vous y êtes, terminus, tout le monde descend ! Je ne voudrais pas jouer les fines gueules, mais tout de même... Par quelle aberration administrative, sous l'impulsion de quel gratte-papier bien au chaud derrière son bureau a pu germer une initiative aussi incongrue ? Qui peut avoir pris une telle décision et pour quelle raison ? Pour bien montrer à ces frimeurs d'agrégatifs le monde réel, celui qu'ils ne connaitront peut-être jamais ? Pour les punir d'avoir révisé, potassé, accumulé les insomnies ? En outre, je réfléchis rapidement et je me dis que les dates des épreuves écrites ne tombent pas pendant les congés scolaires, par conséquent, les "examinés" vont devoir, quatre jours consécutifs et durant sept heures d'affilée, travailler dans le bruit !!! C'est un peu comme si, quelque part, tapi dans l'ombre, un obscur rond-de-cuir avait voulu se venger et faisant montre d'une stupidité sans égale... Il y a des moments où je me dis que lorsqu'un certain Allègre parlait de "dégraisser le mammouth", il parlait avec la voix de la raison, et je le dis avec d'autant plus de détachement que j'appartiens au bestiau en question. Je suis même bien placé pour savoir à quel point, dans ma propre maison, une cure d'amaigrissement serait bénéfique... Mais ce n'est pas le sujet du jour.

    Phase 2 : dimanche après-midi !
    Le temps étant toujours au beau, un besoin de nous coltiner Dame Nature se fait jour en nous ! Allez, hop, pas de quartiers, je démonte les sièges arrière de la Y a K.Amobile, j'y installe à la place deux vélos aux pneus dûment gonflés dans les règles de l'art (une pression de 3,5 ATM, c'est écrit dessus) et nous voguons en direction des lacs de Pierre Percée, quelque part entre Meurthe-et-Moselle et Vosges. Balade à pied en forêt, une petite heure de bicyclette (nous n'avons pas la prétention de faire du vélo, il nous manque : le bidon spécial à téter comme un nourrisson, les lunettes panoramiques à verres jaune fluo, le maillot du meilleur grimpeur à pois rouges, le cuissard moule-boules, les chaussures spéciales qui claquent quand on les accroche aux pédales et qui vous font réaliser de magnifiques vols planés dès que vous essayez de marcher avec et surtout... pas eu le temps de me raser les jambes), un truc sympa qui allait nous conduire pour finir vers notre destin : la déviation de Raon l'Etape ! Oui oui... ça existe un truc pareil, Raon l'Etape, c'est une bourgade sise entre Lunéville et Saint-Dié, ça vit sa petite vie tranquille pendant que nous, urbains frénétiques, nous nous coltinons la dure réalité de la ville. Oui, mais voilà, hier, Raon l'Etape était en fête, tout son centre était neutralisé pour je ne sais quelle manifestation en costumes et nous dûmes contourner la chose en suivant - aussi méthodiquement que la veille - les instructions données non par Mappy mais par les panneaux "Déviation". Euh, y aurait-y pas un léger problème, une couille dans le potage comme aurait dit mon grand-père (je ne l'ai jamais entendu dire une telle chose mais ça m'arrange de lui prêter ce genre de propos, car ainsi, je peux l'écrire sans être taxé de vulgarité, puisque ça vient de mon grand-père. CQFD) ? Parce que là, la déviation vient de nous faire faire un demi-tour complet !!! Bien oui, le supermarché Leclerc, c'est par là qu'on est arrivés. Ah ouais... Bon, ben, on recommence ou plutôt, on va demander au gentil petit flic qui fait le planton s'il y a une solution... Là, ma femme lui explique le truc bizarre, elle lui dit aussi que nous souhaitons rentrer à Nancy... Visage interloqué de notre interlocuteur ! Visiblement, les organisateurs de la manifestation et de la déviation n'avaient pas imaginé une seule seconde qu'un nancéen puisse sinuer dans les rues de Raon l'Etape ! Quand je vous dis que cette mégalopole vit sa petite vie tranquille, dans le coin, ils n'ont même pas l'air de connaître Nancy !!! "Ah, oui, Nancy..." Le planton-gentil réfléchit quelques secondes et trouve la solution : "Vous suivez la direction Saint-Dié" ! Oui, mais... on en vient de cette direction, m'sieur ! "Pas grave, suivez Saint-Dié, rattrapez la voie expresse et à la première sortie, vous rentrez"... Gasp... Sont compliqués les zigotos mais bon, ça y est, on a pigé le truc : vous nous dites qu'il faut d'abord qu'on s'éloigne et dès que possible, on repart dans l'autre sens et on rentre à toute allure, on fonce comme des malades et on ne regarde même pas Raon l'Etape de loin, on vous laisse tranquilles, faites la fête sans nous, ce sera mieux. De toutes façons, on n'a pas le temps ce soir, c'est cinéma ("De battre mon coeur s'est arrêté", bien, très bien même) et on voudrait pas déranger.
    Et puis, faut qu'on garde des forces pour retourner au collège Paul Valéry de Metz, c'est trop de la balle ce coin là, je crois même que je vais y emmener Tagadaughter tous les jours tellement je me suis éclaté dans cet endroit de rêve...