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WHAT ELSE ? - Page 8

  • frogNstein : le batracien est à l'air libre

    a4cec419f872c3ae713eb2c94ac7889b.jpgJ'avais évoqué ici-même au mois de décembre la parution programmée du premier CD de frogNstein, "Electrify My Soul". Le projet a mis un peu plus de temps que prévu à voir le jour, c'est-à-dire à être disponible dans les bacs. Mais cette fois, ça y est, vous pouvez enfin vous procurer cette belle galette aux accents "électro - groove - jazz", pour reprendre la définition donnée par les deux leaders du groupe, Bertrand Béruard et Cédric Hanriot.

    Tous deux étaient hier en effet dans la Maison Rose où je les avais invités pour une interview qui sera prochainement en lecture sur l'indispensable site www.citizenjazz.com. Dont, bien sûr, je ne vous livre rien d'autre car je sais que vous irez flâner sur ce bel espace dédié au jazz. Etant associé à sa rédaction, vous comprendrez que j'ai un tant soit peu le sens de l'exclusivité ! C'est normal...

    Néanmoins, je ne peux résister au plaisir de vous dire qu'une écoute attentive de cette production, ce matin, me confirme dans mes premières impressions hivernales : "Electrify My Soul" est vraiment une excellente surprise, pleine de culot et de pistes nouvelles qui ne demandent qu'à être explorées dans un proche avenir ; il devrait quoi qu'il en soit séduire pas mal d'oreilles ouvertes aux formes actuelles de la musique. Il a tous les atouts pour attirer les amateurs de jazz, parce que les notions de thème et d'improvisation lui sont intrinsèques, mais aussi bien d'autres publics parce qu'avec frogNstein, il est beaucoup question de rhythme et de pulsion. Surtout, la paire Béruard / Hanriot n'hésite jamais à marier les couleurs sonores sans que jamais le résultat n'en paraisse artificiel. Et l'on est presque étonné de constater à quel point la cohabitation d'une rythmique très funk avec des samples et un quatuor à cordes fonctionne naturellement.

    Enfin, ce disque est l'occasion pour quelques musiciens amis de venir faire un petit tour et d'ajouter à la qualité existante leur propre talent : Franck Agulhon à la batterie, 2TH ou bien Coco Zhao au chant... pour n'en citer que quelques uns.

    Voici pour vous donner un avant goût et surtout l'envie d'en savoir plus (et donc d'acheter le disque, please mes amis, pas de téléchargement sauvage, ces musiciens sont passionnés et tentent de vivre de leur art, alors aidez-les !), je vous propose un extrait du disque, "Funky Booster" où toute la bonne énergie du groupe est immédiatement perceptible.

    Vous pouvez vous procurer ce disque soit sur le site www.fnac.com, soit - et c'est encore mieux directement auprès du label, Cristal Records

  • Pour une provisoire conclusion

    medium_htsunset_070420.jpgBon, cette fois, ça y est... Je vous ai narré tout récemment avec ma trilogie printanière les conditions dans lesquelles j'avais préparé, réalisé et détruit puis reconstitué une interview du contrebassiste Henri Texier pour le magazine Citizen Jazz. Après un certain nombre d'heures passées au téléphone avec ce musicien hors du commun, le texte est en ligne depuis ce matin !!!

    Vous pouvez le lire en suivant ce lien :
    http://www.citizenjazz.com/article3459587.html

  • Monsieur Météo

    C'est pas normal... Voici des semaines qu'il règne en Lorraine un temps quasi estival : un grand soleil, un ciel bleu comme on voit rarement en cette région, de très douces températures. Ou comment le réchauffement de la planète va transformer l'est de la France en un eldorado météorologique que tous les sudistes de l'Hexagone - et même ceux de l'Ile de Malte - nous envieront bientôt, surtout à partir du jour où ils viendront nous manger dans la main, ou plutôt nous boire, pour quémander quelques litres d'une eau qui leur fera cruellement défaut. D'autant que nous, septentrionaux patentés, seront à l'abri d'une montée des eaux qui détruira leurs marinas et coulera inexorablement leurs yachts.

    Ah... est-ce vraiment le moment d'évoquer ce type de bateaux ?

    Oui, mille fois oui ! Parce que le retour à la grisaille coïncide étrangement avec le résultat de l'élection présidentielle et je me permets de lancer ce cri : "J'accuse !" le nouveau Président d'être à l'origine de cette première remise en ordre céleste ! Il ne sait pas à quel point cette décision de nous faire entrer à nouveau dans une zone nuageuse risque d'avoir de terribles conséquences au plan économique. J'avais par exemple envisagé tout récemment de faire appel à un artisan pour l'aménagement de mon jardin en une terrasse en bois - du mélèze - à deux niveaux entourée d'un joli gazon et de pas japonais, sans compter quelques subtils et discrets éclairages. Un budget de 3500 à 4000 €, soit l'équivalent d'environ 3 heures de location du bateau de son ami Bolloré. Vais-je laisser ce projet aboutir si j'ai la certitude de rester confiné en les murs de la Maison Rose pour cause de grisaille perpétuelle ? Par conséquent, cette première mesure de rétorsion ne risque-t-elle pas de nuire au développement d'une entreprise qui se réjouissait, comme des dizaines de milliers d'autres, depuis des mois, des nombreuses promesses électorales dont, tous, nous fumes abreuvés depuis des mois ? Et qui n'engagent, on le sait, que ceux qui les croient...

    J'en appelle donc à sa responsabilité : monsieur le néo-Président, veuillez s'il vous plaît quitter votre somptueuse embarcation et revenir au plus vite parmi nous. Il en va de la santé de notre économie et, comme vous l'avez souvent proclamé, du tissu essentiel que forment toutes ces petites entreprises seules vraies créatrices d'emploi. Dites à vos chanteurs favoris d'arrêter de bêler et de provoquer les nuages qui n'ont pas manqué de se déverser sur nous depuis qu'ils ont entonné tous ces hymnes à votre gloire.

    Non mais... euh, Johnny, pourrais-tu rester en Suisse s'il te plaît ? Tu ne nous manquais pas du tout, tu sais... Et si tu pouvais demander à quelques uns de tes petits camarades de te rejoindre, tu sais, ceux de la Place de la Concorde, dimanche soir, je n'y verrais aucun inconvénient non plus...

  • Modèle social

    Ah, ça commence bien ! Les premiers gestes du futur président de la République me paraissent fortement chargés du point de vue de leur symbolique : une soirée au Fouquet's - petite cantine populaire bon marché - pour fêter sa victoire, suivie d'une croisière de trois jours au large de l'Ile de Malte sur un yacht de 60 mètres appartenant à un groupe médiatique "ami", et dont le prix de location hebdomadaire est, dit-on, de 193000 €. Voilà qui nous fournit quelques précieuses indications sur le modèle social que Minicolas entend nous proposer. Pendant ce temps-là, le Baron Machintruc, ancien président du MEDEF et ci-devant patron des patrons européens (oui, ça existe...) nous apprend que le milieu des affaires se réjouit du résultat des élections. Je vais pouvoir dormir tranquille à l'annonce d'une si bonne nouvelle, c'est certain. Tiens, et puis, tant qu'on y est, réjouissons-nous de savoir que Johnny Smet, finalement, va rentrer en France. C'est vrai qu'il nous manquait celui-là.

    Je vais sans attendre me fabriquer une petite compil avec des chansons de Faudel, Gilbert Montagné, Mireille Mathieu, Enrico Macias et je ne sais plus qui d'autre, je l'écouterai en boucle, histoire de me décrasser les oreilles de toutes les pollutions dont je les ai gavées depuis des décennies à force d'écouter des musiques bizarroïdes et pas toujours consensuelles, je vais regarder des films avec Jean Reno et Christian Clavier exclusivement et je me préparerai ainsi psychologiquement à ma nouvelle et ambitieuse vie culturelle. Celle que je gardais secrètement en moi depuis la nuit de mes temps.

    Je sens que je vais passer cinq années absolument passionnantes. Tiens, du coup, voilà que je viens d'écrire un texte court.... Pas normal tout ça.

  • Le retour du jeudi

    A quelque chose malheur est bon, dit-on... Après "La traque au trac" et "Mini-disc et maxi poisse", j'aimerais conclure sous la forme du troisième volet d'une humble trilogie l'épisode initialement navrant de mon interview envolée...

    J'en étais donc resté au vertige de la solitude que je connus subitement au moment où je me rendis compte que pas un seul mot du long entretien que m'avait accordé Henri Texier n'avait été finalement enregistré. Soutenu par le duo qui, à ce moment précis, était à mes côtés - me femme m'expliquant qu'on allait retrouver l'essentiel à condition de s'adonner à un bel exercice de mémoire, Kangou voulant me faire penser à autre chose et me certifiant que mon fils avait accompli une belle performance lors du dernier concert du groupe Présent au Festival RIO de Carmaux - je réussis  à me convaincre que, oui finalement, il fallait bien opter pour une solution qui aboutisse à la production d'un texte pour le compte du magazine Citizen Jazz. Me croirez-vous ou pas, mais dix jours plus tard, je me rends compte que cet aléa technique m'a permis de connaître des instants passionnants sur lesquels j'aimerais revenir... rapidement, comme il se doit !

    Il y eut tout d'abord notre retour rue de Grenelle après le concert du Strada Quartet. Il était deux heures du matin et nous contemplions le spectacle vraiment désolant de tous ces jeunes, bouteille à la main, à la dérive. Ils semblaient tous errer à la recherche d'un alleurs perdu, les yeux hagards ou, pour les plus en forme, éructant quelques propos inintelligibles. Même la cohorte des adeptes du Pont des Arts, en route pour une nuit à la belle étoile, ne semblait pas animée d'une énergie positive. Ils étaient là, assis, en attente... Une désolation sur laquelle nous échangions, madame Maître Chronique et moi, quelques propos un peu amers par dessus lesquels venaient se fracasser comme de drôles d'éclairs mentaux les souvenirs tout récents de l'interview : "Ah oui, et puis il a dit ça...", "Tu te souviens, ce qui l'avait touché chez Isabelle Carré, c'est qu'elle aimait son travail mais c'est parce qu'il trouve que c'est une actrice vraiment bien, sérieuse...", "Il ne faut pas oublier le mot zapperie qu'il a employé", "Le dernier disque de Bashung"... Tous ces fragments complètement éparpillés commençaient à dessiner un tout dont je parvins à délimiter les premiers contours en notant fiévreusement sur une feuille tous les mots qui me venaient à l'esprit dès le retour dans notre chambre. Je cochai également les questions que j'avais pu poser (j'en avais près de 40 au total...) et tentai d'y raccorder les idées qu'Henri Texier avaient expliqué... Et je pus, contrairement à ce que j'aurais volontiers parié, m'engouffrer très vite dans une longue nuit de quatre heures.

    Le lendemain, alors que nous rentrions par le train en Lorraine et tout en achevant la lecture du gros bouquin de Ken Follett, "Les piliers de la terre", je décidai que mon texte serait une trilogie dont le titre m'était venu la veille : "Henri Texier à cordes ouvertes", les cordes étant celles de sa contrebasse bien sûr mais aussi celles de sa voix, très présente sur scène ainsi que dans l'idée de chant, essentielle à son oeuvre. Je consacrerais le premier volet à une rapide chronique de son dernier disque, le second à l'interview et le troisième au concert du Sunset. J'étais stimulé aussi en me rappelant cet instant délicieux où, juste avant la reprise du second set, Henri Texier était venu me rassurer en me disant qu'on trouverait bien un moyen de "boucher les trous" par téléphone. Ce type est vraiment épatant !

    J'en restai là, avec ce schéma en tête et les incessants appels de ma mémoire qui travaillait malgré moi à la reconstitution de l'interview, tout le temps, à la moindre occasion, avec les idées qui fusent, les phrases qui dansent, les propos qui ressurgissent. Vous n'imaginez pas à quel point cet exercice involontaire peut être éprouvant. J'eus d'ailleurs la conviction que le métier d'écrivain doit parfois être difficile à vivre. C'est vrai que quand j'étais gamin, j'écrivais fiévreusement des tas d'histoires policières, sur des cahiers Cathédrale à gros carreaux, avec un stylo plume et une encre bleu des mers du sud et je rêvais, un jour, de vivre de ma passion, assis devant un bureau de bois sur lequel aurait été posé un sous-main de cuir vert foncé, depuis lequel j'aurais aperçu un paysage de moyenne montagne avec, peut-être, juste derrière, une étendue d'eau, mer ou lac... Fort heureusement pour nous tous, et vous en particulier, je n'en suis jamais arrivé là et lorsque je perçois à quel point l'écriture d'un simple article peut me hanter jusqu'au moment de son aboutissement, j'imagine bien volontiers que le quotidien d'un écrivain doit être la plupart du temps insupportable. Comme s'il était impossible de se libérer d'un travail en cours et de penser à autre chose. Comme si la fin prévisible d'un bouquin devait engendrer mécaniquement le travail de réflexion sur le suivant, dans un implacable engrenage tournant sans fin. Une espèce de prison mentale dont il est bien difficile de s'évader. Mais ceci est une autre histoire.
     
    L'un de mes collègues eut la bonne idée de me convier à une réunion en région parisienne en milieu de semaine. Ainsi, j'allais pouvoir mettre à profit un aller retour en train (l'un des derniers à vitesse réduite avant l'arrivée du TGV au mois de juin, chance pour moi) pour parachever mon travail. C'est donc sans attendre - nous avions à peine franchi la gare de Champigneulles - que mercredi, confortablement installé dans mon wagon, côté couloir pour pouvoir étendre mes jambes, je commençai par une écoute attentive de "Alerte à l'eau", le dernier CD d'Henri Texier. Bien au chaud sous mes petits écouteurs Bose, je notais fiévreusement tout ce qui me passait par la tête, sans oublier tous les chorus et l'ordre dans lequel ils intervenaient. Très vite, je trouvai un angle d'attaque pour écrire ma chronique et dès la fin du CD, je commençai à rédiger, quasiment sans rature, le texte auquel je pensais. Ma main notait méthodiquement tout ce que j'avais stocké dans ma mémoire vive et je pus conclure au bout d'une heure d'écriture quasiment sans pause. Une première relecture m'indiqua que j'étais sur la bonne voie et je décidai d'interrompre l'exercice.
     
    Tard le soir, dans ma chambre d'hôtel, pendant qu'une candidate à l'élection présidentielle nous expliquait tout ce qu'elle allait entreprendre durant les cinq années à venir, je mis un peu d'ordre dans mes idées toujours embrouillées et réussis à trouver un ordre logique à la fausse retranscription de mon interview. Ce n'est que le lendemain jeudi qu'une fois assis tranquillement dans le train qui me remmenait en Lorraine, je m'attaquai à la rédaction de ce long texte qui n'aurait jamais dû exister. Enfin, pas sous cette forme reconstituée. Sous mes yeux, je voyais les pages se noircir, je réussissais toujours à écrire d'un seul jet et je sentais un vrai soulagement me gagner au fur et à mesure de l'avancée du travail, comme dans un phénomène de vases communiquants. Je vidais ma tête et remplissais du même coup les feuilles qui semblaient attendre cette écriture décidément fiévreuse. Leur papier en devenait craquant sous les assauts de mon stylo à bille...

    Par chance, dès mon arrivée dans la Maison Rose, le premier commentaire de Madame Maître Chronique fut encourageant : elle trouvait en effet que l'atmosphère de l'interview était correctement restituée, elle me fit part de quelques oublis que je m'empressai de rajouter. Le lendemain, Henri Texier m'adressa un petit message dans lequel il me prodiguait encouragements et se disait prêt à la relecture. Ouf ! Il ne me restait plus qu'à "mettre tous ces écrits au propre" et à rédiger le troisième volet. J'avais enfin réussi à déjouer le piège que m'avait tendu mon magnétophone six jours plus tôt... Et qui, dès le lendemain, s'avérerait totalement opérationnel à l'occasion d'un concert du magnifique pianiste Eric Legnini. Allez comprendre. Est-ce que, par hasard, mon mini-disc manifesterait une légère aversion pour Henri Texier ? Je tâcherai d'en savoir plus prochainement et je peux vous garantir qu'à la moindre récidive de sa part, il sera mis au chômage technique et illico remplacé par un petit dictaphone numérique qui, lui, sera acquis à ma cause. Il faut savoir être impitoyable.

    A quelque chose malheur est bon, disais-je un peu plus haut ! Oui, en effet. Car j'ai pris le temps de réfléchir à toute cette mésaventure qui, j'en conviens, n'est rien d'autre qu'un pépin mineur sur l'échelle des malheurs qui incendient notre monde : aurais-je vraiment connu le charme si particulier de ces heures fiévreuses s'il ne métait resté qu'un fastidieux travail de retranscription d'un enregistrement ? Rien n'est moins sûr. Aurais-je pu percevoir tous ces signaux, ces encouragements venus de mon entourage ? Encore moins. Aurais éprouvé le même plaisir d'écriture ? Pas forcément.

    Alors voilà... encore un peu de patience et je vous laisserai les clés de mon travail, vous pourrez me donner votre point de vue, me dire si tout cela en valait la peine. En attendant, il me faut attaquer mon article suivant...

  • Orthograve

    On dit de cette grande enseigne du commerce des biens culturels qu'elle fut à sa naissance en 1954 un "agitateur". Possible, bien que difficile à admettre aujourd'hui... mais en 2007, ses responsables, à défaut d'agiter quoique ce soit à l'exception du chiffon rouge des restructurations si plaisantes au portefeuille rebondi de ses actionnaires spectateurs, ont comme un problème avec l'orthographe qui, elle, pour le coup, nous semble victime d'une agitation hasardeuse !

    En témoigne ce panneau indicateur qui trône depuis des années au rez-de-chaussée du hall de l'une de ses succursales, celle de Nancy pour ne rien vous cacher.

    medium_ascenseur.jpg

     

    J'aime bien mes vieux amis de la culture...

  • Mini disc et maxi poisse

    Je pense que je vais probablement me reconvertir. Ma nouvelle voie est toute tracée, je serai bientôt médium ! J’ai encore un peu de boulot pour affiner mes compétences, mais je constate que désormais, démonstration aura été faite de mon possible don de prémonition et que vous en aurez été les témoins, sans qu’aucune contestation ne puisse être opposée à mes affirmations. Oui, oui, j’ai bien dit prémonition vérifiable et si vous ne me croyez pas, jetez donc un petit coup d’œil à ma récente «Traque au trac». Je vous y faisais part de la panique naissante qui commençait à me gagner à quelques heures d’un rendez-vous pris, pour une interview, avec ce grand monsieur qu’est le contrebassiste Henri Texier. J’y expliquais le luxe de précautions prises pour parer à tout pépin majeur. Le dernier soir encore, toujours angoissé, j’avais multiplié les tests d’enregistrements pour m’assurer que le disque numérique que j’avais choisi n’était pas défectueux. Tout était prêt, il ne restait plus qu’à prendre le train en compagnie de Madame Maître Chronique, de poser nos bagages dans notre refuge de la rue de Grenelle et de rallier le Sunset, rue des Lombards, où l’ami Kangou devait nous rejoindre. J’étais toujours gagné par le trac, hanté par la peur de ne pas être au niveau de celui qui m’accordait une heure de son précieux temps, mais au moins, j’avais mis en œuvre tellement de procédures de sécurité que je pouvais, tout doucement, souffler et attendre ce bon moment.

    medium_200704201928_DSC0247.jpgTout s’est merveilleusement passé ! Un ciel printanier, un soleil quasi estival qui nous servait de guide céleste, une longue balade à pied dans les rues de la capitale, une petite pause gourmande rue du Bac – excellente, cette petite gaufre au chocolat –, pas trop de parisiens en bagnole (enfin, si, quand même quelques uns, mais moins que d’habitude pour cause de vacances), un synchronisme parfait entre Henri Texier et nous-mêmes qui arrivâmes pile poil en même temps à l’endroit convenu, un petit coin au sous-sol, près du bar, tranquille, nous étions entre nous et après l’installation du précieux matériel, c’était parti pour une heure de discussion à bâtons rompus.

    Car il faut dire que si le musicien est exceptionnel, l’homme est passionnant aussi, toujours sur la brèche, en révolte constante – il faut imaginer son regard qui brille dès lors qu’on lui le laisse le temps de s’exprimer, fourmillant de projets, lançant quelques phrases inquiètes à deux jours d’une échéance politique de premier plan. Un type habité, en quelque sorte.

    Top là mes amis ! Je ne vous en dirai pas plus sur cet entretien, j’en réserve la primeur, et c’est normal, au magazine Citizen Jazz pour le compte duquel j’avais ménagé cette rencontre du vendredi 20 avril 2007.

    Laissez-moi vous dire que lorsque j’ai appuyé sur le bouton Stop de mon petit magnétophone numérique, le compteur affichait 60 minutes et 15 secondes. La retranscription s’annonçait particulièrement longue et je ne pouvais m’empêcher d’avoir une pensée pour ma fille qui était censée en assurer l’essentiel. Beau boulot ! Et je n’étais pas peu fier de mes questions qui, toutes, avaient suscité des propos enflammés la plupart du temps.

    Ah, si, tout de même, je peux bien vous le dire parce qu’a priori, les dernières minutes de la conversation étaient hors sujet (enfin, pas tant que ça finalement) et, comme on dit, off the record : ce fut un bonheur d’entendre Henri Texier fulminer, déjà rhabillé et attendu par sa femme Josie venue nous rejoindre quelques minutes plus tôt, contre certains critiques de jazz qui émettent des avis définitifs sur un concert alors qu’ils n’ont pris le temps d’en écouter la musique que pendant une très courte durée. « Et nous, nous jouons trois heures, nous jouons pour ceux qui restent du début à la fin, il y en a même qui viennent plusieurs soirs de suite, de loin parfois. Un concert, c’est un tout ».

    C’est donc en toute sérénité que nous pûmes nous installer tranquillement en compagnie d’une succulente côte de veau en croûte de tomme d’Auvergne, juste à côté, dans un restaurant appelé de la rue des Lavandières Sainte Opportune (à ce sujet, j’ai l’impression que les prix y ont bien flambé depuis deux ans, faut payer les travaux de rénovation, on dirait… mais bon, c’est pas le sujet), encore sous le charme de ce monsieur pas comme les autres. Moi, j’étais super content parce qu’il me semblait bien qu’Henri Texier avait lui aussi apprécié cette heure de conversation, d’autant que l’ami Kangou en avait rajouté une couche en lui disant que c’était toujours agréable pour un musicien d’être questionné par quelqu’un qui, visiblement connaît son sujet.

    Oui. Bon ? C’est quoi le problème alors ? Parce que tu ne vas peut-être pas passer des semaines à nous raconter que tu as fait du bon boulot, que c’était vachement réussi, que tout le monde il est beau tout le monde il est gentil content. Tu crois que c’est avec ce genre de prose que tu vas capter plus que tes trois lecteurs quotidiens ?

    Oh ! Hé ! Non mais ça va pas ? On n’est pas aux pièces, j’y viens… Car vous avez compris depuis longtemps, je n’en doute pas, qu’il y a eu un petit problème, une «couille dans le potage», comme dirait je ne sais plus qui (on s’en fout de toutes façons), dont j’ai pour l’instant omis de vous parler. Parce que tout au bonheur de l’heure passée et du bon plat qui m’attendait, arrosé d’un sympathique petit verre de Gaillac, je ne pus résister au plaisir de ré-écouter les premières secondes de mon précieux enregistrement.

    Et là, ce fut le drame !

    Saloperie de foutue connerie de bordel de merde d’appareil à la con ! Vous savez quoi ? Je glisse le petit disque dans le magnétophone, j’attends qu’il soit prêt à la lecture et que vois-je ? «Blank MD» ! Comment ça, blank MD ? Mais y a une heure de conversation dans mon mini disc ? Elle est où ? «Attends, pas de panique, me dit Kangou, c’est peut-être pas le bon disque.» Mais si, c’est le bon disque, j’en avais sorti qu’un seul de son emballage, ça peut pas être un autre. «Bon, tu sais quoi, me susurre Madame Maître Chronique, visiblement impressionnée par ma mine déconfite, on va tous essayer de rassembler nos souvenirs et tu vas écrire un texte autrement. C’est que les choses devaient se passer ainsi, c’est un signe. Je vais t’aider…» Je pense que je vais canoniser mon épouse dans un avenir proche. Plutôt que de se laisser aller à la soudaine et très brutale morosité qui m’avait gagné – je vous laisse imaginer quelle fut l’intensité du grand moment de solitude que j’ai connu pendant plusieurs minutes – elle possède en une fraction de seconde une solution de rechange, elle y croit dur comme fer, elle va me donner un coup de main, on se débrouillera autrement. Kangou n’est pas mal non plus dans le genre restons zen : « Bon, parlons plutôt de ton fils samedi dernier à Carmaux, il a été excellent ! Le concert de Présent fut vraiment le grand moment du Festival RIO. » Ah oui, mon fils, c’est vrai que ça avait l’air d’être bien pour lui ce soir là. Entouré de la bande des américano-belges de ce drôle de groupe dont j’avais acheté le premier disque bien avant qu’il ne soit né, j’ai cru comprendre que le concert s’était terminé par une longue ovation debout. Ben oui, vous avez raison tous les deux… Vous avez raison. Mais j’avais une heure d’enregistrement, j’avais déjà en tête tout l’enchaînement de mon travail d’écriture. Fait suer tout ça, en plus, je vais passer pour un branquignole, le mec qui paume une interview exclusive. Mais c’est pas de ma faute non plus, hein ? C’est le disque qui était défectueux, y avait un secteur endommagé, quelque part et quand la procédure d’écriture s’est enclenchée, ben elle a planté. Je vois pas d’autre explication.
     
    Qui c’est qui avait raison ? C’est Maître Chronique ! Je vous avais bien prévenus avec ma traque au trac. C’était pas normal d’être angoissé de la sorte, y avait un truc maléfique qui planait au-dessus de ma tête. J’étais guetté par une force qui me voulait du mal, à moi et à personne d’autre ! Et ben voilà, en plein dans le mille : elle m’a flingué tout mon boulot, j’avais bossé comme un malade pour que tout soit nickel et eux, au-dessus, les malfaisants, ils claquent des doigts et tout disparaît. La suite… Ben, le concert fut chouette, avec ses trois sets qui nous ont emmenés jusqu’à 1h30 du matin, nous proposant de larges extraits du dernier album «Water Alert», mais aussi de «(V)Ivre» ou de «Holy Lola» ; Henri Texier, adorable, me disant qu’on pourrait s’arranger au téléphone, ; sa femme Josie venue bavarder avec nous, pour parler de ses enfants, de l’étonnante complicité entre son mari et son fils – Sébastien, saxophoniste et membre du Strada Quartet de son popa. Des gens extraordinaires et humbles tout à la fois. Tiens, pourquoi ne pas aller visiter tranquillement l’album photo en ligne de Kangou et découvrir de magnifiques portraits pris sur le vif durant cette soirée ?
     
    Ensuite, ce fut le retour rue de Grenelle, tous ces jeunes alcoolisés dérivant dans les rues de Paris, canettes de bière ou bouteilles d’alcool à la main, un drôle de calme troublé de temps à autre par une sinistre auto-engueulade d’une jeune femme ivre, rue des Saint-Pères ou bien encore cette démarche vacillante d’un drôle de type, complètement saoul et écoutant de la musique avec son baladeur tout en chantant «Alegria ! Alegria ! Alegria !». A peine posé dans ma chambre, je pris les quelques notes d’urgence qui s’imposaient, histoire de fixer sur les papier les indispensables points de repères dont j’aurais besoin pour écrire mon texte. Il était 3 heures du matin.
     
    Nous avions tout de même passé une sacrée soirée ! Mais c’est juré, promis, craché ! On ne m’y reprendra plus et j’ai déjà mis en place mon dispositif de sauvegarde le plus absolu, l’arme fatale, la baguette magique de la mémoire que le monde entier m’enviera très vite : un carnet et un stylo, que je confierai à Madame Maître Chronique, qui sera déléguée à la prise de notes. Au moins, elle, elle ne me fera pas le coup du «Blank Wife», elle a une mémoire d’éléphant, elle capte tout à la vitesse de l’éclair et je serai bien tranquille.
     
    Connard de mini disc !

  • Traque au trac

    C’est bête. Je commence à être gagné par la trouille. Oh, je vous rassure, pas la trouille du résultat des prochaines élections. Je vais faire tout ce que je peux pour barrer la route au minicolas, et j’espère que nous serons au moins 50,1 % d’électeurs dans ce cas. Non, j’ai un peu la pétoche en raison d’un prochain rendez-vous parisien. Tout cela parce qu’il m’est venu l’idée, voici quelque temps déjà, de profiter d’une semaine de concerts d’Henri Texier au Sunset (Paris) pour lui demander s’il serait d’accord pour m’accorder une interview. Ayant entamé depuis peu une collaboration avec le magazine Citizen Jazz, j’imaginais qu’il s’agissait là d’une initiative qui contenterait tout le monde.

    medium_ht.jpgEt c’est bien le cas ! Car non seulement mon idée fut aussitôt approuvée par mes « chefs » (à ce sujet, je tiens à préciser que mon travail pour le magazine est bénévole… OK, vous ne me l’avez pas demandé, mais j’aime mieux que les choses soient claires entre nous), mais notre cher Henri en accepta lui-même le principe sans réserve. Car ce grand contrebassiste ne se contente pas d’être un musicien de premier plan, il est aussi un être humain adorable. Il me disait hier au téléphone que nous pourrions envisager notre entretien durant une heure, me fixant une heure et un lieu pour que tout se passe bien ! Vous imaginez déjà le boulot de retranscription ? Une heure à clavioter. Même que je songe à déléguer cette tâche à une certaine moitié de ma progéniture. Donc, tout va bien, je suis un petit veinard et je me réjouis déjà de cette rencontre, de ces retrouvailles devrais-je dire car non seulement j’ai déjà eu l’occasion de voir Henri Texier sur scène à de nombreuses reprises, mais il se trouve que je le connais un peu à titre personnel et qu’au minimum, nous nous adressons réciproquement un petit courrier au moment des vœux de nouvel an. Cerise sur le gâteau, mon pote Kangou viendra nous rejoindre, armé de son appareil photo de dernière génération et pourra jouer le rôle d’illustrateur. Pour finir, on nous annonce un temps ensoleillé et c’est probablement en terrasse, autour d’un verre, que nous allons pouvoir bavarder tranquillement aux alentours de 19 heures. Voilà.

    Alors où est-il le problème ? Ben mon truc, c’est que j’ai une petite tendance au perfectionnisme, un grave défaut j’en conviens. J’angoisse, j’ai peur de ne pas y arriver, je pense systématiquement au grain de sable qui ne va pas manquer de se glisser dans la belle mécanique que je m’efforce d’huiler depuis plusieurs semaines. Déjà que la charmante personne grâce à laquelle nous avons la chance de nous loger facilement dans Paris depuis plusieurs années a commis la stupide erreur d’imaginer que les chauffards n’avaient pas droit de cité près de chez elle et qu’un abruti l’a expédié dans l’autre monde samedi dernier… j’en suis tout retourné. Voilà une personne qui ne faisait que du bien autour d’elle, intelligente de surcroît… Et hop, parce qu’un crétin à roues a confondu sa bagnole avec un char d’assaut… elle nous abandonne. La vie est injuste.

    Revenons néanmoins à nos moutons journalistiques. Forcément, vous comprendrez que dans de telles conditions, je me dois de mettre en place une stratégie de limitation du trac, je prends des précautions, j’installe toute une batterie (c’est le cas de le dire, cf. supra) de mesures pour me rassurer. En voulez-vous quelques exemples ?

    Voici déjà 24 heures que mon petit magnétophone numérique est branché sur secteur et bien que se chargeant en un court après-midi et disposant ensuite d’une autonomie de cinq heures, je pense d’ores et déjà à acheter quelques piles LR06 à glisser dans le petit boîtier externe destiné aux cas d’urgence (une batterie de secours en quelque sorte).

    Allez savoir pourquoi, alors que jamais je n’ai commis la moindre fausse manœuvre, je vais réviser dès ce soir toutes les manipulations nécessaires au bon fonctionnement de l’appareil et de toutes les subtilités des techniques d’enregistrement. Réglage du niveau d’entrée, indexation automatique toutes les cinq minutes, pause, reprise, vitesse d’enregistrement.

    J’ai beau savoir que sur un même mini-disc, je peux stocker 160 minutes d’enregistrement en stéréo (soit près de trois heures tout de même) et 320 en mono, je vais en embarquer trois ou quatre pour le cas où je rencontrerais un problème technique, comme par exemple le disque qui ne fonctionne pas. Ce qui ne m’est encore jamais arrivé, soit dit en passant. Tiens, je vais même en prendre cinq. On ne sait jamais.

    Je me sens obligé de dire à l’ami Kangou : « Alors tu vois, ce serait bien si tu pouvais capter les expressions d’Henri Texier pendant qu’il parle, si tu parvenais à fixer son regard qui pétille… » Comme s’il ne connaissait pas son boulot alors que je sais, pour avoir parcouru son site en long et en large, qu’il réalise de magnifiques portraits.

    Et puis, il y a les questions ! Je me connais, quand j’aurai fini de les noter noir sur blanc, il y en aura pour une semaine. Je crois que le sieur Texier risque de partir avant la fin, si je continue ainsi. Alors je les écris en vrac, je les classe par thèmes, je cherche un peu de documentation, je récupère une biographie synthétique, juste comme ça, une façon de me fabriquer des anti-sèches, je recopie sa discographie (que je pourrais pourtant presque réciter par cœur).

    Puis je pense au moment où il faudra que je les imprime, toutes ces questions. Parce que je ne vais tout de même pas embarquer mon ordinateur portable. Je ne suis pas fou. Et dans quel format le papier ? Parce que ce n’est peut-être pas la peine de me pointer là-bas avec un classeur sous le bras, hein ? Alors A4 ? A5 pour que le document passe dans une poche et que je n’aie pas l’air d’un étudiant venu là pour passer un examen ? Ou plutôt un mec plus très jeune se présentant à un entretien d’embauche. Notez qu’il y a au moins un détail sympa : connaissant Henri Texier, je ne suis pas obligé de me pointer avec le déguisement requis dans ce genre de situation (vous savez, le truc qui tue : la chemisette avec une cravate, ouh la la, l’horreur…). L’homme est toujours élégant, arborant de belles chemises colorées impeccablement repassées, mais sans frime, avec beaucoup de simplicité.

    Non, vraiment, y a des jours où je me dis que je suis quand même un peu con. Des centaines de personnes aimeraient être à ma place et je suis là à me tarabuster pour des peccadilles. Et je crois que j’en rigolerai enfin, samedi matin, sous un soleil plus que printanier, lorsque je commencerai ma petite balade dans les rues de Paris au bras de Madame Maître Chronique.
     
    Zut, où est-ce que j’ai rangé mon micro ?

  • Politiques

    J'avais prévu de vous livrer mes chroniques de vacances. Mais en quelques lignes, et parce que l'époque s'y prête, je vous livre d'abord trois ou quatre courts paragraphes à coloration politique. Ensuite seulement, je reviendrai sur ces journées passées du côté de la Côte d'Azur. 

    La présidente du MEDEF s'étonne de constater qu'aucun candidat ne comprenne l'économie libérale. La pauvre. Mais pourquoi est-elle si surprise de ce splendide isolement alors qu'il me semble bien plus logique de partir de l'idée qu'elle seule - flanquée toutefois de sa cohorte de Forgeard sans le sou et autres "chroniqueurs mondains moulins à paroles des implacables mécanismes du marché auquel nous sommes tous soumis et face auquel  toute tentative de résistance est vouée à l'échec" - est capable de maîtriser la théorie mal digérée de l'économie ultra-conservatrice dont elle se gargarise sur le dos du monde du travail ? Un mystère du genre humain, probablement.

    René Rémond nous a quittés. Ce brillant politologue encyclopédique, dont les propos étaient toujours d'une clarté quasi magique (ah, ces soirées électorales... pendant que les hommes politiques, tous satisfaits des résultats, se chamaillaient comme des gamins, lui venait toujours temporiser, expliquer, il parlait comme il écrivait, il savait situer chacun de ses propos dans son contexte historique et nous laissait l'illusion que nous-mêmes étions intelligents) va nous manquer cruellement et je veux bien ajouter ma voix à tous ceux qui recommandent la (re)lecture de son excellent bouquin : "Les droites en France", auquel j'ajouterais volontiers "Le XXe siècle". On trouve tout cela dans le livre de poche. C'est vraiment un grand monsieur qui s'en est allé et je ne vois pour l'instant personne qui lui arrive à la cheville. Il va nous manquer cruellement.

    La campagne électorale en est à sa dernière ligne droite. Du moins pour ce qui concerne le premier tour. Ouf ! Heureusement, elle nous donne ici ou là l'occasion de nous retrouver face à des instants privilégiés. Comme celui qu'il m'a été donné de vivre la semaine dernière du côté de Golfe Juan et que j'ai immortalisé en pensant à mes lecteurs. C'est Marie-George qui va être contente !

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    Et pour finir, une recommandation. "Le candidat", le très beau film du comédien / réalisateur Niels Arestrup. Ou comment l'arroseur se fait arroser jusqu'au crucial moment du débat télévisé entre les deux candidats à la magistrature suprême. Les acteurs sont tous excellents.

  • 574,8

    De retour de quelques jours de vacances du côté de Grasse, la ville des parfumeurs, je repense à cette étrange conjonction qui m'a en quelque sorte sauté à la figure le mardi 3 avril. En effet, en quelques minutes, le pire et le meilleur se sont côtoyés, résumant bizarrement une double France presque schizophrénique.
     
    Il y eut d'abord cette incroyable performance du TGV Est dont la vitesse de pointe atteignit ce jour-là 574,8 km/h ! J'ai eu la chance de vivre cet extraordinaire moment en direct, à la télévision et la première idée qui m'a traversé l'esprit fut celle d'une France qu'enfin, on ne flagellait pas chaque jour à grands coups d'éditoriaux néo-libéraux vengeurs et assassins pour nous expliquer que nous sommes nuls, que tout est mieux ailleurs, ce qui n'empêche pas d'ailleurs tous ces brillants esprits de soutenir la candidature d'un homme qui est aux affaires depuis cinq ans maintenant et dont on aimerait savoir comment, avec les mêmes complices, il serait l'homme de je ne sais quelle rupture, allez comprendre ! Hé, franchement,, vous avez vu côte à côte Raffarin, Méhaignerie et Fillon, et je ne sais plus qui... vous trouvez qu'ils ont une tête de rupture ces notables ? Et puis, faut être sérieux tout de même... Comment peut-on se présenter comme ZE candidat et avoir comme ambition culturelle le soutien de Doc Gynéco, Johnny Halliday et Pascal Sevran ? Il y a une erreur là-dessous, c'est certain.

    Au sujet de ces éditoriaux, j'enrage car Télérama vient de nous proposer un excellent article consacré au chroniqueur soit disant économique Jean-Marc Sylvestre. J'avais sous le coude depuis pas mal de temps un petit texte que je pensais publier mais... c'est inutile désormais. L'hebdomadaire l'a fait avant moi, beaucoup mieux très certainement et je n'ai guère envie d'ajouter une couche et de tirer sur ce porte-drapeau d'un prétendu journalisme avisé.

    Oui, donc, j'étais heureux à l'idée de constater que l'alliance d'une grande entreprise publique (la SNCF) et d'une entreprise privée (Alstom) avait pu aboutir à cette magnifique réussite. Une preuve que l'économie mixte a aussi beaucoup à voir dans une telle avancée. Et qu'au lieu de se gargariser de thèses simplistes, certains feraient mieux d'y regarder de plus près et de comprendre pourquoi le monde est un peu plus compliqué qu'ils ne l'imaginent.

    Mais quelques minutes plus tard, patatras ! L'autre France, celle d'un parti d'extrême droite dont l'inusable candidat continue de hanter les nuits de bien des hommes politiques, affichait ses tristes couleurs : une nouvelle idée venait de germer dans le cerveau du leader octogénaire ! Sus aux limitations de vitesse sur l'autoroute (sur lesquelles il préconise de rouler à 150 km/h), non à un taux d'alcoolémie ridiculement bas (ben voyons, picolons tous en coeur et prenons le volant ensuite). Une sorte de double appel à plus de violence routière encore, à plus d'assassinats sur roues ! Il ne faut pourtant pas être doué d'une intelligence exceptionnelle pour savoir et comprendre que vitesse et alcool sont les deux causes majeures des 5000 morts annuels sur nos routes. On a pu vérifier par les faits qu'une politique coercitive en ce domaine était particulièrement efficace (division par deux du nombre de morts en quelques années). Pourtant, personne ne pourra me soupçonner d'éprouver quelque sympathie que ce soit pour l'actuel gouvernement et pour tout ce qui touche à ce que j'appelle volontiers la Chirakozie dont je redoute qu'elle continue pour cinq ans encore de garder tous les pouvoirs, mais je sais tout de même reconnaître les réussites lorsqu'elles sont flagrantes, au point que j'en veux souvent à une certaine gauche de se cacher derrière son petit doigt lorsqu'il s'agit d'émettre des avis et de prendre des décisions qui pourraient heurter son potentiel électorat qu'elle imagine peut-être différent de ce qu'il est en réalité (mais c'est une autre histoire). Mais le vieux chef n'en a cure, il souhaite seulement engranger les voix, s'immiscer dans le débat même s'il sait parfaitement qu'il n'exercera jamais la moindre responsabilité politique, ce dont il s'est méthodiquement abstenu depuis 50 ans et s'appuyer sur les instincts les plus bas pour y parvenir. Il sait que la répression automobile est souvent très impopulaire auprès de certaines couches de la population dans notre beau pays et n'hésite pas à flatter la beaufitude s'il le faut.

    Moi, j'étais là, interloqué entre ces deux France ! L'une qui va de l'avant, qui se bat, qui s'expose face au monde et affiche ses réussites. L'autre, recroquevillée sur l'illusion d'un passé fantasmé et repliée sur ses frontières imaginaires et prête à s'agenouiller devant un homme qui propose des solutions simplistes aux problèmes les plus complexes.

    Et je reste très inquiet face à l'efficacité de tels arguments qui pourraient, à nouveau, nous valoir un second tour maudit à la prochaine élection présidentielle. J'ai déjà bien du mal à admettre que ces thèses nauséabondes vont jusqu'à gangrener l'esprit d'un artiste que j'ai longtemps admiré et dont la musique, aujourd'hui, ne me nourrit plus comme elle le fit autrefois parce que ses idées ont une fâcheuse tendance à me brouiller l'écoute.

    Alors je préfère admirer ces hommes dont l'énergie, l'imagination et l'intelligence ont surmonté des milliers d'obstacles pour aboutir à un si beau résultat et je retrouve, petit à petit, le bonheur de la musique avec d'autres grands hommes dont je ne manquerai pas de parler ici même ou pour le compte d'un magazine qui me fait l'honneur de m'accepter parmi les siens.

    J'avais juste envie de le dire, à sept jours d'une date importante.